Contenu du sommaire : Sud(s), reconstructions

Revue Revue française d'études américaines Mir@bel
Numéro no 120, 2ème trimestre 2009
Titre du numéro Sud(s), reconstructions
Texte intégral en ligne Accessible sur l'internet
  • Dossier : Sud(s), reconstructions

    • Sud(s), reconstructions - Nathalie Dessens, Vincent Dussol p. 3-7 accès libre
    • Illustrations - p. 8-9 accès libre
    • "Tradition can be a verb" : Covering Songs in the Post-Katrina Era - Elsa Grassy p. 10-23 accès libre avec résumé
      Quand Katrina s'abat sur la Nouvelle-Orléans en août 2005, il semble d'abord qu'on doive compter la musique parmi les victimes de l'ouragan. Pourtant, c'est à un redoublement de l'activité musicale qu'on assiste par la suite. Ressource adaptée à la récolte de fonds (de concerts et d'albums caritatifs), la musique se révèle être l'un des outils de la reconstruction matérielle et symbolique de la ville. Dans leur réponse à l'ouragan, les artistes ont privilégié les reprises, au point que ce format musical en est venu à symboliser l'après-Katrina. Cet article examine les spécificités de ces reprises, et se concentre sur leurs trois fonctions principales : maintenir une continuité culturelle, refonder la communauté et offrir une lecture historique, parmi d'autres, de l'ouragan.
    • Femmes du Sud en quête de territoire : du paysage mental de la mère à l'espace intime de l'écriture dans Sights Unseen (1995) de Kaye Gibbons - Françoise Buisson p. 24-36 accès libre avec résumé
      Dans sa fiction, Kaye Gibbons, romancière de Caroline du Nord, ne défriche pas de grands espaces mais retrace l'itinéraire des femmes du Sud en quête de territoire. Dans Sights Unseen, la narratrice Hattie essaie d'explorer le paysage mental sauvage et chaotique de sa mère Maggie, qui souffre de troubles bipolaires. Cet état maniaco-dépressif traduit le poids de la tradition sudiste, incarnée par le grand-père, qui clôture l'espace féminin. Kaye Gibbons s'efforce de le reconquérir grâce à un style sobre et dépouillé, mais aussi grâce à des stratégies narratives puisées dans la tradition orale du Sud, également source de comique. Cet article souligne aussi l'ambivalence de la guérison de la mère, car la femme " mystérique " qui a défié le phallocentrisme sudiste ou/et s'est pliée à ses lois est finalement domptée et soumise. Ce lien ambivalent entre guérison et soumission traduit l'ambivalence, voire la bipolarité, de l'écriture de Kaye Gibbons qui s'inspire toujours de la tradition sudiste alors qu'elle souhaite s'affranchir du discours patriarcal.
    • Midnight in the Garden of Good and Evil : parcours et détours du Sud - Marie Liénard p. 37-53 accès libre avec résumé
      Cet article se propose d'analyser la façon dont une même réalité factuelle (la ville de Savannah, ses habitants, un meurtre et les procès qui l'ont suivi) sont traités à la fois dans le best-seller de John Berendt et dans le film de Clint Eastwood. Les deux ?uvres offrent des points de vue très différents sur le Sud des États-Unis. Le film, en particulier grâce à son utilisation du gothique et du grotesque et à la part qu'il accorde au surnaturel, participe de la Southernness de sa source d'inspiration autant qu'il l'élabore. Il s'inscrit dans ses paradoxes et son imaginaire en les recréant, et contribue finalement à " écrire le Sud ", selon l'expression du critique Richard Gray, c'est à dire à élaborer un Sud qui est tout autant un mythe qu'une entité géographique.
    • Détours et délitements : ce qui se défait dans quelques photographies de Ralph Eugene Meatyard - Jean-Marc Victor p. 54-64 accès libre avec résumé
      Cet article interroge l'influence du contexte sudiste sur quelques photographies de Ralph Eugene Meatyard, qui s'approprient et recyclent de grands motifs conventionnels relevant de la tradition du Southern Gothic pour mieux les brouiller et les défamiliariser. L'acte photographique chez Meatyard s'y dessine comme un art de la perte, comme une réflexion métapoétique sur ses propres conditions d'existence et sur l'épuisement de ses thèmes, de ses modèles et de ses modalités de représentation.
    • A Dissenting Voice in Alabama: Virginia Foster Durr's Correspondence (1951-68) - Anne Stefani p. 65-78 accès libre avec résumé
      Quel rôle la correspondance privée peut-elle jouer dans un contexte d'intolérance politique et sociale ? L'analyse du cas de Virginia Durr, militante blanche intégrationniste dans le Sud des États-Unis, entre la Seconde Guerre mondiale et la fin des années 60, permet de répondre à cette question. La publication, en 2003, d'une sélection de lettres écrites pendant la crise liée à la déségrégation, indique, en effet, l'importance particulière de ces écrits pour les réformistes blancs du Sud à cette époque. L'exemple de V. Durr, loin d'être isolé, est emblématique d'une tranche méconnue de la communauté blanche sudiste de l'époque, que les gardiens de la suprématie blanche tentèrent de réduire au silence. Dans un tel contexte, la correspondance privée remplit au moins trois fonctions. Elle peut tout d'abord permettre à la voix minoritaire, intégrationniste, de s'exprimer contre le consensus dominant, et de lutter contre l'ostracisme résultant de sa position dissidente. Elle permet également à l'individu de témoigner, pour le monde extérieur, sur la crise liée à la déségrégation dans la région ? en particulier sur la répression exercée par les autorités régionales ? et par là d'apporter sa contribution au mouvement des droits civiques. Enfin, la correspondance prend souvent la forme d'un appel à l'intervention extérieure contre les forces ségrégationnistes déterminées à empêcher toute forme de déségrégation.
    • Le « poor white trash » ou la pauvreté odieuse du blanc américain - Sylvie Laurent p. 79-95 accès libre avec résumé
      Le poor white trash est celui que chacun connaît aux États-Unis, mais dont il est convenu de taire le nom. Objet de stigmatisation sociale, symbolisant la dégradation physique, la vilénie morale et l'infamie, il est représenté comme un hybride racial, à la marge de la " normalité blanche ", mais aussi un instrument idéologique. Cet article propose une chronique de l'écriture de ce personnage ambigu, à la fois mythe littéraire et social, depuis son apparition vers 1820 jusqu'aux développements les plus contemporains des Whiteness Studies.
  • Varia

    • Évoquer le Réel ou la charité selon le philosophe Hilary Putnam - Arnaud Schmitt p. 96-109 accès libre avec résumé
      Le pragmatisme, courant majeur de la philosophie américaine depuis des décennies, oscille entre deux tendances : la première est incarnée par Richard Rorty et ses épigones selon lesquels la réalité n'a d'existence qu'au travers de son expression linguistique ; la seconde par Hilary Putnam, chantre du " réalisme externe ", principe selon lequel il existe bien un réel au-delà du signifiant. Ces deux possibilités reprennent plus ou moins le credo nominaliste, mais Putnam nous aide à envisager comment, en dépit du caractère forcément arbitraire du lien unissant signe et référent, nous pouvons appréhender des textes qui nous parlent, par exemple, de la nature tout en utilisant notre bagage empirique. Cependant, cette approche n'est possible, selon Putnam, qu'à condition d'être " charitable ", c'est-à-dire de faire preuve, dans certains cas, de souplesse sémantique. En dernier lieu, faire référence aux attributs de la nature par le biais des mots peut seulement être réalisé si l'auteur partage avec ses lecteurs un fonds référentiel et culturel commun, tout en gardant à l'esprit que ce contexte idéal n'est jamais facile à atteindre.
  • Comptes rendus