Contenu du sommaire : Le déplacement du secret : la communication privée en question

Revue Revue française d'études américaines Mir@bel
Numéro no 123, 1er trimestre 2010
Titre du numéro Le déplacement du secret : la communication privée en question
Texte intégral en ligne Accessible sur l'internet
  • Dossier : Le déplacement du secret : la communication privée en question

    • Introduction - Claire Bruyère p. 3-9 accès libre
    • Chronology : Postal Mail and Telecommunications in the U.S. - p. 10-12 accès libre
    • Glossary - p. 13-14 accès libre
    • Le contrôle du courrier postal, question d'interprétations - Claire Bruyère p. 15-32 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      La privatisation du service postal s'accentue, mais l'État américain tient à conserver la maîtrise de ce mode de communication. À l'ère du cyberespace, de l'image et du son, les envois postaux (colis, correspondance, livres et périodiques) gérés par la Poste (et les Douanes) ont conservé leur importance. Ils permettent à l'État diverses formes de contrôle, dont la surveillance, légale et illégale, fait partie. Des sociétés privées s'y intéressent aussi de plus en plus, dans un but commercial. Entre mœurs et politique, les véritables enjeux du contrôle, parmi lesquels l'obscénité occupe une place importante, ne sont pas toujours ce qu'il semble. La lecture, l'interprétation de textes et de signes multiples sont ses outils.
      The postal service is being gradually privatized in the U.S., but the federal government insists on preserving its power over this mode of communication. In the age of cyberspace, image and sound, regular mail through the Postal Service and Customs (packages, private correspondence, books and periodicals) still matters to the government. On the one hand, it enables the government to exert several forms of control, including legal and illegal surveillance, on the other, it is attractive to private companies for commercial purposes. What is at stake in this control, which involves mores and politics, and in which obscenity occupies a prominent place, is not always what it seems. Reading and interpreting a multitude of texts and signs are its tools.
    • Surveillance des correspondances privées dans le cyberespace aux États-Unis : un contrôle marqué au sceau du secret - Sébastien Mort p. 33-53 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      Depuis le début des années 2000, le dispositif de surveillance et de collecte du renseignement aux États-Unis a évolué dans le sens d'une approche préventive et non plus réactive. La surveillance des correspondances privées dans le cyberspace n'a pas échappé à cette tendance. Cependant, si le Patriot Act a eu pour effet d'assouplir de façon significative les modalités de collecte du renseignement, la surveillance du cyberespace a fait l'objet d'une réflexion dès le premier mandat du Président Clinton et le 111e Congrès élu en novembre 2008, n'a semble-t-il engagé que de timides efforts pour garantir une plus grande protection du droit à la vie privée des citoyens. En examinant le cadre légal et les modes opératoires du dispositif de surveillance depuis la fin du premier XXe siècle à nos jours, cet article tente de montrer comment la définition des modalités de surveillance s'est faite au détriment du droit du citoyen à la vie privée d'une part, et à la faveur d'un déséquilibre, souvent consenti par le Congrès, entre l'exécutif et le législatif d'autre part. Cet article suggère enfin que ce phénomène relève moins de l'opposition entre démocrates et républicains que de la tendance de l'État à empiéter sur les libertés individuelles.
      Since the early 2000s, the apparatus of surveillance and intelligence gathering in the U.S. has followed a preemptive approach instead of a reactive one. The surveillance of private correspondence in cyberspace has been no exception to this rule. However, while the Patriot Act has resulted in a looser legal framework for intelligence gathering as a whole, the legislation on cyberspace surveillance dates back to President Clinton's first term, and the 111th Congress (2009-2011) seems to have undertaken minimal efforts to protect the citizens' rights to privacy. By exploring the legal framework of the surveillance apparatus from the mid-twentieth century to today, this article attempts to show that the definition of the surveillance legislation has intensified the government's infringement on civil liberties, and has prompted an imbalance between the executive and the legislative branches. Lastly, it argues that the government's tendency to encroach on individual rights, rather than the opposition between Democrats and Republicans, accounts for such a phenomenon.
    • "The Right to Be Let Alone" : Privacy and Anonymity at the U.S. Supreme Court - Marjorie Heins p. 54-72 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      À la fin des années cinquante, la Cour suprême des États-Unis a reconnu le droit à l'intimité dans les communications privées. Depuis les listes de membres des organisations de défense des droits civiques à l'époque des violences racistes dans le Sud jusqu'à la liberté de choix des citoyens spectateurs de chaînes câblées de télévision, la Cour a défendu la nature privée de la transmission et de la réception de l'information. Avec l'arrivée de l'Internet et le développement de la « société de surveillance », cependant, l'engagement de la Cour suprême sur ce principe est devenu plus hésitant. À terme, il faudra une volonté politique pour mettre un frein aux intrusions dans la vie privée qui se sont multipliées au nom de la sécurité nationale.
      Since the late 1950s, the U.S. Supreme Court has recognized the right to privacy for personal communication. From membership lists of civil rights organizations at a time of racist violence in the American South to cable TV-viewing choices of ordinary Americans, the Court has defended privacy in both the transmission and receipt of information. With the advent of Internet and the “surveillance society,” however, the Supreme Court's commitment to this principle may be wavering. Ultimately, political leverage will be needed to rein in invasions of privacy that are now proliferating in the name of national security.
    • "Public Interest Groups: What for". Interview with Alissa Cooper - Claire Bruyère p. 73-78 accès libre avec résumé
      Une loi fédérale contestée en tout ou en partie dans sa constitutionnalité, une action de la puissance publique dénoncée comme abusive, une manœuvre de société commerciale jugée attentatoire à la vie privée ? L'initiative et la conduite de ces actions – en justice, auprès du Congrès, dans les États, dans la presse, ou bien en réponse aux particuliers – sont très souvent le fait de citoyens qui s'associent pour défendre les libertés dont ils sont censés bénéficier. La plus connue des associations est l'American Civil Liberties Union (ACLU), mais elles sont de plus en plus nombreuses, actives et diversifiées ; elles se composent de juristes et de spécialistes des multiples domaines concernés, auxquels se joignent ponctuellement des membres de professions qui s'estiment lésées dans leurs droits. C'est un processus cumulatif, idéalement préventif, dont les effets sont souvent très concrets. Il nous a paru important de faire entendre au moins une voix représentative.Alissa Cooper, une jeune informaticienne responsable des travaux du Center for Democracy and Technology (CDT) dans le domaine des techniques, a bien voulu s'entretenir avec nous. Elle est chargée de concevoir et de présenter des politiques de protection de la vie privée et de l'innovation en ligne, de mener des travaux de recherche et d'assumer des fonctions de liaison à divers niveaux. Elle étudie la protection de l'intimité du consommateur (consumer privacy), la neutralité de l'architecture informatique (net neutrality) et des critères techniques (technical standards) afin de préconiser des solutions légales et techniques satisfaisantes. Elle a témoigné devant plusieurs commissions fédérales et co-préside un groupe de travail au sein de la Internet Engineering Task Force (IETF), l'un des organismes internationaux qui interviennent dans la définition des standards informatiques.
    • From Secrecy 1.0 to Privacy 2.0: Who Controls What? Critical Review Essay - Divina Frau-Meigs p. 79-95 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      Cet essai critique examine quatre ouvrages récents traitant de la vie privée à l'ère du numérique. Il se focalise sur trois dimensions qui reflètent les dilemmes actuels créés par les Technologies de l'Information et de la Communication (TIC) dont la puissance intrusive est décuplée par de nouveaux usages sociaux et commerciaux : la couche technique de la sécurité des réseaux, la couche légale du mauvais usage par un tiers et la couche sociale des limites de l'intimité. Cette typologie tri-dimensionnelle rend compte des déplacements de la vie privée, du secret à la traçabilité, ainsi que du passage d'une approche contrôlée par le marché à une approche où les usagers ont un pouvoir de levier et de contrepoids. Les différents modèles de régulation et d'auto-régulation de la vie privée sont considérés alors qu'ils font débat aux États-Unis. Ces modèles sont interprétés à la lumière de la spécificité américaine, où la vie privée est encore considérée comme relevant de la propriété individuelle, tandis que les pressions des usagers visent à promouvoir une option plus démocratique, distribuée et générative qui pourrait éventuellement correspondre à une vision européenne de la vie privée en relation à la dignité et à l'autonomie de la personne.
      This critical review essay focuses on three areas that reflect the current dilemmas raised by ICTs in relation to privacy: the technical layer of network security, the content layer of misuse by third party and the social layer of intimacy boundaries. This layered typology takes into account the displacement of privacy issues from secrecy to anonymity and traceability as well as the move from a market-controlled view of privacy towards leverage by the end-users. It considers the various models for privacy regulation and self-regulation that are currently being debated in the United States. Finally, it interprets these models in the light of the US context specificity, where privacy is still considered as private property, while pressures from the end-users tend to promote a more democratic, distributed and generative option that could eventually mesh with European visions of privacy as dignity and self-empowerment.
    • Bibliographie générale : Émission/réception de messages : poste, douane, cyberespace. Sélection biblio- et webographique - p. 96-100 accès libre
  • Varia

    • Dissémination et défiguration : « Hymen » de H.D. - Clément Oudart p. 101-115 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      Cet article explore l'un des premiers longs textes post-imagistes écrits par Hilda Doolittle (H.D.), figure majeure du modernisme anglo-américain dont l'œuvre demeure trop souvent réduite à une poignée de poèmes révisés et publiés par Ezra Pound dans l'anthologie Des Imagistes (1914) et ses avatars « amygistes » les années suivantes. Il s'agit de montrer que « Hymen », texte polymorphe publié dans le recueil éponyme en 1921, repose sur une poétique subversive, où sens et sensations se mêlent jusqu'à brouiller les polarités fixant traditionnellement identités subjectives et sexuelles.En porte à faux avec le credo poundien qui préconise une « présentation directe de la chose » et une attention méticuleuse au détail, « Hymen » façonne une poétique où triomphe l'art de la suggestion. Puisant dans l'imagerie saphique la force d'un nouveau regard sur le féminin et l'écriture du corps, le poème de H.D. subvertit symbolisme classique et rhétorique victorienne par l'entremise d'un langage poétique mis au service d'un processus de désubjectivation et de défiguration.
      This article investigates one of the first major post-Imagist poems written by H.D., a Modernist poet, essayist, novelist, translator and adapter of classical Greek plays whose literary output is still too often thought to boil down to a few Pound-trimmed Haiku-like poems published in the Des Imagistes anthology of 1914 and its “Amygist” avatars (1915-1917). This close reading of “Hymen” (Hymen, 1921) seeks to show that the polymorphous text hinges upon a poetics of symbolic subversion, where sense and sensation mingle to blur the polarities usually held to define subjective as well as sexual identities. At odds with the Poundian credo of the “direct presentation of the thing” and its emphasis on particulars, “Hymen” provides an alternative where the art of suggestion prevails. Drawing on Sapphic imagery to shed new light on the questions of femininity and eroticism, H.D.'s poem revisits classical symbolism and Victorian rhetoric through a language of desubjectivation and disfiguration.
  • Comptes rendus