Contenu du sommaire : Restructurations de l'Etat et réforme des exécutifs en Europe

Revue Revue Internationale des Sciences Administratives Mir@bel
Numéro volume 76, no 3, septembre 2010
Titre du numéro Restructurations de l'Etat et réforme des exécutifs en Europe
Texte intégral en ligne Accessible sur l'internet
  • Introduction : Les réformes et les regroupements administratifs en Europe ? Questions de recherche et défis empiriques - Alistair Cole, Jean-Michel Eymeri-Douzans p. 423-434 accès libre
  • Le modèle de Whitehall a-t-il survécu ? - Edward Page p. 435-451 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
    L'expression « modèle de Whitehall » présente une certaine valeur heuristique pour décrire quatre caractéristiques essentielles de la fonction publique britannique, à savoir la neutralité politique, le généralisme, les schémas de carrière à vie et une forte fonction de conseil en politiques. Ce modèle a été remis en question sous l'effet de la politisation, des évolutions dans la gestion de carrière et le recrutement, ainsi que de la concurrence grandissante d'autres sources de conseils stratégiques. Le rôle de la fonction publique britannique à l'égard des ministres semble être de plus en plus défini en des termes managériaux et de moins en moins en tant que conseillers stratégiques, surtout parce qu'une série d'autres individus et organes (conseillers, consultants, think tanks, services de recherche des partis) partagent à présent cette fonction. Si elle semble jouer un rôle stratégique moins important, la haute fonction publique n'est, du moins pour l'instant, pas parvenue à sortir de la mêlée dans sa fonction managériale. Le principal changement dans le modèle concerne la chute de la confiance dans la fonction publique, non seulement parmi les citoyens, mais aussi parmi les politiciens et les agents de l'État eux-mêmes.Résumé à l'intention des praticiens. À de nombreux égards, le modèle de Whitehall, qui décrit la fonction publique britannique et son rôle politique, se montre extrêmement résilient malgré les grands changements intervenus dans le système politico-administratif britannique. La haute fonction publique a toujours évité d'être associée à la gestion de la formulation détaillée des politiques. Face à la baisse de l'influence politique de la fonction publique – l'évolution la plus évidente dans le modèle de Whitehall -, on pourrait améliorer la qualité du processus décisionnel en accordant une plus grande priorité à cette fonction de formulation des politiques.
    The expression ‘Whitehall Model' has a certain heuristic value for describing four key features of the British civil service, namely political neutrality, generalism, life-long career paths and a strong policy advisory role. This model has been challenged by politicization, changes in career management and recruitment as well as increasing competition from other sources of policy advice. The UK civil service's role in relation to ministers seems to have become increasingly defined in managerial terms and decreasingly as policy advisers, not least because a range of other individuals and bodies (advisers, consultants, think tanks, party research departments) now share this role. While it appears to be enjoying a diminishing policy role, the senior civil service has not, at least so far, managed to occupy the high ground in its managerial role. The biggest change in the model is a collapse of confidence in the civil service, not only among citizens, but also among politicians and civil servants themselves.Points for practitionersIn many of its features, the Whitehall Model, describing the UK civil service and its political role, has been remarkably resilient in the face of major changes to the UK politico-administrative system. Top civil servants have traditionally avoided becoming involved in managing the detailed development of policy. With the decline in the political power of the civil service as the most noticeable of the changes in the Whitehall Model, greater attention to this policy development role might help improve the quality of decision-making.
  • Fusionner pour durer ? Légitimité institutionnelle et rétributions matérielles dans les recompositions de corps en France - Julie Gervais p. 453-468 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
    L'article porte sur les fusions de corps de hauts fonctionnaires techniques français envisagées sous deux angles : leurs dimensions institutionnelle et matérielle. Il repose sur un matériau composé d'archives relatives aux négociations qui ont ponctuées les processus de réforme, et d'entretiens auprès des acteurs de la réforme au sein des ministères, dans les cabinets et les associations et syndicats professionnels des corps concernés. Plutôt que de considérer les hauts fonctionnaires comme de simples supports du changement sur lesquels celui-ci agit (ou non), voire comme des freins aux réformes étudiées, l'article interroge leur capacité à se mobiliser, à défendre leurs intérêts et leurs privilèges et à se réformer en vue de se pérenniser. Au cœur de l'intérêt pour les fusions réside ainsi la question du maintien et de la reproduction des formes de la domination des grands corps sur l'appareil d'Etat. C'est la permanence dans et par le changement qui est au cœur de la réflexion.Résumé à l'intention des praticiens. L'objectif de réduction drastique du nombre de corps en France a mis à l'ordre du jour la question de leurs fusions. Basé sur un travail empirique approfondi et de nombreuses sources de première main, cet article examine les enjeux de telles fusions à deux niveaux. D'une part, dans les changements qu'elles peuvent induire dans les relations entre un corps de l'Etat et sa tutelle ministérielle. Et, d'autre part, dans la dimension proprement matérielle des négociations à l'œuvre. Il semble ainsi que les réformes qui visent à réaliser des économies d'échelle nécessitent, dans un premier temps, d'intéresser directement à l'effort consenti ceux-là mêmes qu'elles sont censées cibler.
    The article sets out to examine the mergers of corps of top technical civil servants in France from two angles: their institutional and material dimensions. Its findings are based on archive material relating to the negotiations that marked the reform processes and on interviews with the protagonists of the reform within the ministries, cabinets, professional associations and trade unions of the corps in question. Rather than consider the top civil servants simply as the instruments of change, affected (or otherwise) by it, or even as obstacles to the reforms under examination, the article looks at their capacity to take action, to defend their interests and their privileges and to accompany the reform in order to ensure their long-term survival. One of the central questions raised by this study into the mergers is whether they make it possible to maintain and reproduce the models of domination of the great corps on the machinery of government. Continuity in and through change is at the heart of the debate.Points for practitionersThe idea of merger was prompted by the decision to drastically reduce the number of corps in France. In the light of an in-depth empirical study and several first-hand accounts, this article looks at the issues raised by these kinds of mergers at two levels. On the one hand, from the point of view of the changes they can trigger in the relationship between a corps of the State and the Ministry to which it is answerable, and, on the other hand, from the point of view of the purely material dimension of the negotiations involved. It would therefore seem that the reforms that set out to make economies of scale first of all need to take a good look at the efforts agreed to by those very corps that they are supposed to target.
  • Des animaux dans un zoo administratif : le changement organisationnel et l'autonomie des agences en Allemagne - Tobias Bach, Werner Jann p. 469-494 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
    Même si l'Allemagne ne figure pas parmi les « précurseurs » en ce qui concerne les réformes managériales du secteur public, elle a une longue tradition d'agences et d'organes non départementaux au niveau fédéral. Au fil du temps, l'administration fédérale a évolué pour devenir un « zoo administratif » extrêmement diversifié, comprenant toute une série d'espèces, remettant en question l'image d'une bureaucratie allemande bien ordonnée. Dans notre article, nous examinons les changements organisationnels survenus au sein d'agences non ministérielles depuis vingt ans et les relations ministère-agence, en nous basant sur des données issues d'une vaste enquête sur l'administration fédérale. Les changements structurels que nous observons ne sont ni exhaustifs, ni prévus, ils sont bien plus évolutionnaires que révolutionnaires, axés sur des politiques sectorielles et non sur une quelconque politique globale, favorisés par des réformes réglementaires et non managériales, et la plupart des changements sont des regroupements horizontaux ou des successions d'organisations existantes, tandis que l'on n'observe presqu'aucun élément attestant d'un essaimage depuis les ministères vers les agences. Parallèlement à cela, les agences fédérales font état d'un grand pouvoir d'appréciation, tandis qu'elles perçoivent des niveaux considérables de « paperasserie » en raison de la réglementation administrative. On constate aussi que les modes traditionnels, hiérarchiques de supervision ministérielle dominent encore ; seules quelques agences ont défini des accords de rendement assortis d'objectifs mesurables.Résumé à l'intention des praticiens. Le présent article intéressera les praticiens qui s'intéressent à la nature et à l'orientation du changement organisationnel au sein des pouvoirs publics, et notamment aux processus de différenciation et de direction horizontales et verticales. Nous verrons que même dans un système administratif bureaucratique bien développé et classique comme le système allemand, il existe, et ce depuis longtemps, toute une série d'agences gouvernementales qui bénéficient d'une autonomie considérable. Parallèlement à cela, on observe une évolution continue et une adaptation aux nouvelles circonstances, même si tout cela n'est que très peu lié aux évolutions internationales vers la modernisation, comme le nouveau management public ou l'agencification à grande échelle.
    Although Germany does not figure among the ‘forerunners' of managerial reforms of the public sector, it has a long tradition of agencies and non-departmental bodies at the federal level. Over time, the federal administration has developed into a highly differentiated ‘administrative zoo' with a large number of species, questioning the image of a well-ordered German bureaucracy. The article addresses organizational changes among non-ministerial agencies during the past 20 years and ministry—agency relations, drawing on data from a comprehensive survey of the federal administration. The structural changes we observe are neither comprehensive nor planned; they are much more evolutionary than revolutionary, driven by sectoral policies and not by any overall agency policy, supported more by regulatory than by managerial reforms, and most of the changes are horizontal mergers or successions of existing organizations, while we find almost no evidence for hiving-off from ministries to agencies. At the same time, federal agencies report a lot of bureaucratic discretion, whereas they perceive substantial levels of ‘red tape' due to administrative regulations. We also find that traditional, hierarchical modes of ministerial oversight are still dominating; only few agencies have performance agreements with measurable goals.Points for practitionersThe article will be of interest to practitioners concerned about the nature and direction of organizational change within government, especially about processes of horizontal and vertical differentiation and steering. It demonstrates that even in a highly developed and classical bureaucratic administrative system such as Germany there is and has for a long time been a large variety of governmental agencies that enjoy a considerable amount of autonomy. At the same time there is continuous change and adaptation to new circumstances, even though all this has very little to do with international modernization trends such as New Public Management or comprehensive agencification.
  • Le rôle du gouvernement central espagnol dans un État à niveaux multiples - Salvador Parrado p. 495-514 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
    La structure politique espagnole est passée, ces trois dernières décennies, d'un système centralisé à un système quasi-fédéral, qui présente les caractéristiques d'un modèle à compétences partagées avec des compétences qui se chevauchent d'un niveau de gouvernement à l'autre. Le nouveau système a entraîné une évolution des fonctions du gouvernement central, qui a renoncé à la prestation de service au profit de la planification et de la formulation des politiques. Dans le présent article, nous allons plus loin que l'étude de la fonction hiérarchique/non hiérarchique du gouvernement central que l'on retrouve dans les études intergouvernementales et appliquons des notions de contrôle comme la supervision, la réciprocité, la concurrence et le hasard artificiel (« contrived randomness ») issues de la théorie culturelle du « grid-group » afin d'examiner sur le plan empirique l'évolution du rôle du gouvernement central dans les relations intergouvernementales. Même si les caractéristiques institutionnelles de la structure politique espagnole sont censées favoriser les relations intergouvernementales coopératives et une fonction de médiation du gouvernement central favorisant les relations (entre pairs) réciproques des régions, le texte laisse entendre que la pratique institutionnelle et la « jeunesse » du processus de décentralisation espagnol sont responsables de l'orientation prise par la structure étatique espagnole. Le système est caractérisé par un gouvernement central toujours ancré dans l'inertie de la supervision (avec des exemples de cas où il a encouragé la réciprocité à certains moments et dans certains domaines stratégiques) et par des régions à la recherche d'unilatéralisme au moyen d'un hasard artificiel.Remarques à l'intention des praticiens. Dans le présent article, nous tentons de découvrir deux aspects distincts du rôle du gouvernement central dans les relations intergouvernementales. Premièrement, nous ne respectons pas l'axe traditionnel (hiérarchie et autonomie) entre le gouvernement central/fédéral et les régions/États lorsque nous examinons les relations intergouvernementales en incluant des cas de concurrence et de collégialité entre les parties constitutives. Deuxièmement, nous partons du principe que les premières étapes des relations intergouvernementales ont des chances d'être conflictuelles, indépendamment du modèle institutionnel (coopératif) formel du système. En reconnaissant cela, les promoteurs de la décentralisation devraient être conscients non seulement des aspects formels de la coopération, mais aussi des mécanismes informels permettant de renforcer les pratiques coopératives.
    The Spanish polity has made the transition in the last three decades from a centralized system to a quasi-federal one characterized as having features of a shared power model with overlapping powers among levels of government. The new system has implied a change in the functions of central government from service delivery to planning and policy design. Enquiring beyond the hierarchy—non-hierarchy role of central government of intergovernmental studies, this article applies control concepts of oversight, mutuality, competition and contrived randomness from grid & group cultural theory in order to empirically examine the evolution of the role of central government in intergovernmental relations. Although the institutional features of the Spanish polity are expected to foster cooperative intergovernmental relations and a brokerage role of central government fostering mutual (peer) relations of the regions, the text suggests that institutional praxis and the ‘youth' of the Spanish decentralization process are accountable for the direction taken by the Spanish polity. The system is characterized by central government still embedded in the inertia of oversight (with examples of fostering mutuality at times and in some policy fields) and by the regions seeking unilateralism through contrived randomness.Points for practitionersThis text tries to unveil two distinct aspects of central government's role in intergovernmental relations. First, it crosses the traditional axis (hierarchy and autonomy) between central/federal government and the regions/states when examining intergovernmental relations by including cases of competition and collegiality among the constituent parts. Second, it assumes that early stages of intergovernmental relations are likely to be conflictual regardless of the formal (cooperative) institutional design of the system. By acknowledging this, promoters of decentralization should be aware not only of the formal aspects of cooperation, but also of the informal mechanisms for building up cooperative practices.
  • Comment gérer le changement émergent et complexe: le cas de l'agencification néerlandaise - Walter J.M. Kickert p. 515-541 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
    Nous allons analyser la réforme basée sur l'agencification aux Pays-Bas du point de vue de la gestion des processus de changement complexe. Nous allons présenter une analyse processuelle du processus de changement complexe de la réforme basée sur l'agencification au moyen des informations scientifiques organisationnelles sur le « changement émergent » et des informations scientifiques administratives sur les « réseaux complexes ». L'analyse du processus de changement révèle qu'il ne s'agit pas d'un exemple de changement programmé et contrôlé par le centre. La réforme est plutôt un exemple de « changement émergent et complexe ». La réforme est un système complexe de différents processus de changement inextricablement liés, aux acteurs excentrés multiples, qui est « géré » par différents « agents du changement » centraux. Les « gestionnaires du changement » forment eux-mêmes aussi un système complexe.Résumé à l'intention des praticiens. L'une des tendances de réforme importantes dans l'administration centrale néerlandaise est « l'agencification » des organisations publiques exécutives, c'est-à-dire le renforcement de l'autonomie managériale des services exécutifs des départements ministériels. Dans le présent article, nous examinons comment ce processus de réforme, qui s'étend sur deux décennies, a été géré » par différents acteurs comme le Parlement, le bureau national de vérification, le ministère des Finances, le ministère de l'Intérieur, divers comités consultatifs internes et externes et autres comités de supervision. Il s'avère que la réforme ne peut guère être qualifiée de processus programmé et contrôlé depuis le centre. Les initiatives de réforme ont surgi au niveau local au sein des différents ministères et agences. Le processus de réforme était plutôt une accumulation continue d'initiatives locales en faveur de l'agencification. Les différents acteurs centraux ont tenté d'exercer une certaine influence au niveau de la coordination ou de la supervision, mais elle était relativement indirecte, réactive et limitée.
    An analysis is made of agencification reform in the Netherlands from the viewpoint of the management of the complex change process. We will present a processual analysis of the complex change process of agencification reform by means of organization science insights on emergent change'and administrative science insights on complex networks. The analysis of the process of change events shows that it is not an example of centrally planned and controlled change. The reform is rather an example of ‘emergent and complex change'. The reform is a complex system of different intertwined change processes with many different decentralized actors, which is managed by different central change agents. The change managers themselves form a complex system as well.Points for practitionersOne of the important reform trends in Dutch central administration is the ‘agencification' of executive government organizations, that is, the increase of managerial autonomy of executive parts of ministerial departments. In this article we analyse how this two-decades-long reform process was ‘managed' by various central actors like Parliament, the National Audit Office, the Ministry of Finance, the Ministry of Home Affairs, various internal and external advisory committees and supervisory committees. It turned out that the reform can hardly be described as a centrally planned and controlled process. Initiatives for reform, in fact, popped up locally within the various ministries and agencies. The reform process was more a continuous accumulation of local initiatives for agencification. The various central actors tried to exercise some coordinating or supervisory influence, but that was rather indirect, reactive and limited.
  • En quoi fait-on confiance ? Une étude multi-niveaux de la confiance dans le Parlement en guise d'évaluation des caractéristiques de l'État - Tom van der Meer p. 543-561 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
    On considère un niveau de base de confiance dans le système politique comme la pierre angulaire de la démocratie moderne. En conséquence, chercheurs et politiciens sont préoccupés par les niveaux faibles ou en baisse de confiance dans les institutions politiques. Le présent article porte sur la confiance dans le Parlement. Bon nombre de théories ont été proposées pour expliquer les différences transnationales ou les évolutions longitudinales en matière de confiance, mais elles n'ont pas fait l'objet de vérifications empiriques systématiques. Le présent article a pour but de combler cette lacune théorique et empirique. Je conceptualise la confiance dans le Parlement comme l'évaluation relativement rationnelle par les citoyens de la relation État-citoyen dans le cadre de quatre aspects : la compétence, la bienveillance (« care ») intrinsèque, l'imputabilité et la fiabilité. J'établis ensuite un lien entre les caractéristiques de l'État et chacun de ces quatre aspects et me livre à des hypothèses sur leur influence potentielle sur la confiance politique. Ces hypothèses sont simultanément vérifiées dans le cadre d'une analyse multi-niveaux sur des données intégrées issues de l'Enquête sociale européenne 2002-2006. Les tests révèlent que trois facteurs expliquent très bien les différences transnationales au niveau de la confiance : la corruption, le système électoral et le type de régime antérieur. Les résultats économiques ne sont assez étrangement pas liés à la confiance dans le Parlement. Même si les analyses n'expliquent pas très bien les variations dans la confiance au fil du temps, elles permettent au moins d'écarter certaines des explications existantes.Remarques à l'intention des praticiens. Le présent article décrit la mesure dans laquelle les niveaux de confiance dans le Parlement varient d'un pays à l'autre et au fil du temps et vérifie plusieurs explications aux niveaux de confiance comparativement faibles ou longitudinalement en baisse. Il offre aux praticiens une approche théorique permettant de comprendre les questions de confiance en distinguant quatre aspects dans ce domaine. Il révèle en outre que les caractéristiques objectives de l'État sont déterminantes pour expliquer les différences transnationales. Les perceptions de corruption généralisées sont le plus dommageables à la confiance dans le Parlement, tandis que le règne démocratique et le système électoral proportionnel sont bénéfiques. Tout aussi important, les résultats économiques réels ne sont pas liés à la confiance. Les structures institutionnelles qui mettent l'accent sur la bienveillance et l'intégrité s'avèrent plus bénéfiques que celles qui mettent l'accent sur la compétence et les performances.
    A basic level of trust in the political system is considered to be the cornerstone of modern-day democracy. Consequently, scholars and politicians have been concerned with low or declining levels of trust in political institutions. This article focuses on trust in parliament. Many theories have been offered to explain cross-national differences or longitudinal changes in trust, but they have not been subject to systematic empirical tests. This article aims to fill that theoretical and empirical gap. I conceptualize trust in parliament as citizens' rather rational evaluation of the state–citizen relationship along four dimensions: competence, intrinsic care, accountability, and reliability. Next, I relate state characteristics to each of these four aspects, and hypothesize how they might affect political trust. These hypotheses are tested simultaneously by multi-level analysis on stapled data from the European Social Survey 2002–06. The tests show that three factors explain very well the cross-national differences in trust: corruption, the electoral system, and former regime type. Somewhat surprisingly, economic performance is not related to trust in parliament. Although the analyses do not explain changes in trust across time very well, they at least dismiss some of the existing explanations.Points for practitionersThis article describes to what extent levels of trust in parliament differ across countries and change across time, and tests several explanations for comparatively low or longitudinally declining levels of trust. It offers practitioners a theoretical approach to make sense of trust issues by distinguishing four trust aspects. Moreover, it shows that objective state characteristics are crucial in explaining cross-national differences. Widespread perceptions of corruption are most harmful to trust in parliament, while democratic rule and a proportional electoral system are beneficial. Equally important, actual economic performance is unrelated to trust. Institutional designs that emphasize care and integrity appear to be more beneficial than ones that emphasize competence and performance.
  • Les conséquences des IPSAS sur la réforme des systèmes d'information financière publique : étude comparative - Johan Christiaens, Brecht Reyniers, Caroline Rollé p. 563-581 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
    Face à la diversité des systèmes d'information financière publique réformés, des normes comptables internationales harmonisées se sont imposées, ce qui a débouché sur la définition des IPSAS (International Public Sector Accounting Standards). La présente étude examine, au moyen d'une enquête menée auprès d'experts, la mesure dans laquelle les gouvernements européens ont adopté la comptabilité d'exercice propre aux IPSAS et comment expliquer les niveaux d'adoption variables. Notre étude fait apparaître une certaine diversité dans le processus d'adoption des IPSAS et de la comptabilité d'exercice. Certains pouvoirs publics continuent à tenir une comptabilité de caisse. Seule une minorité applique les IPSAS. La majorité des gouvernements locaux et centraux appliquent la comptabilité d'exercice en ne tenant pas compte des IPSAS. L'évolution vers la comptabilité d'exercice peut s'expliquer par le besoin de transparence et d'efficience. Le fait que les IPSAS soient particulières et offrent un savoir-faire spécifique est le principal argument en faveur de leur usage. Un certain nombre d'autorités ont cependant choisi de ne pas adopter les IPSAS parce qu'elles ont préféré transférer leurs propres règles de comptabilité d'entreprise locales.Résumé à l'intention des praticiens. La transition vers la comptabilité d'entreprise est un élément important du nouveau management public dans la mesure où la gestion gouvernementale modernisée exige des informations financières utiles et la comptabilité d'entreprise est censée combler ce besoin. L'une des caractéristiques importantes des normes comptables IPSAS est le fait que les gouvernements ne sont pas tenus de les adopter et par conséquent, leur adoption dépend d'un choix libre. Il est dès lors évident que le succès des IPSAS est en grande partie déterminé par la mise en évidence de leurs avantages et des conditions nécessaires à satisfaire. Sur la base du présent article, l'une des conditions importantes est que les praticiens n'oublient pas qu'au sein des pouvoirs publics, les règles de comptabilité d'exercice des entreprises ne remplacent pas les IPSAS.
    The diversity in reformed governmental financial information systems created a need for harmonized international accounting standards, resulting in the elaboration of the IPSAS (International Public Sector Accounting Standards). By means of a survey on experts, this study examines the extent to which European governments adopt IPSAS accrual accounting and how the differing levels of adoption can be explained. The study reveals diversity in the adoption process of IPSAS and accrual accounting. Some governments still use cash based accounting. Only a minority apply IPSAS. The majority of local and central governments apply accrual accounting disregarding IPSAS. The trend toward accrual accounting can be explained by the need for transparency and efficiency. The fact that the IPSAS are unique and offer specific know-how is the main argument for making use of them. However, a number of jurisdictions do not adopt IPSAS because they transfer their own local business accounting rules.Points for practitionersThe transition to business accounting is an important element of New Public Management in that modernized governmental management needs useful financial information, and business accounting is supposed to accomplish this need. An important characteristic of the IPSAS accounting standards is that governments are not obliged to adopt them and thus their adoption depends on a free choice. Therefore, it is clear that the success of IPSAS strongly depends on setting out its strengths and highlighting the necessary conditions to be met. Based on this article, an important condition is that practitioners keep in mind that in governments business accrual accounting rules are not a substitute for IPSAS.
  • Améliorer la responsabilité à l'égard du public en alignant les systèmes de notification sur les changements organisationnels dans la prestation de service public ? étude empirique sur les sites Web des villes et des États autrichiens, allemands - Ulf Papenfuß, Christina Schaefer p. 583-604 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
    Face à la consolidation des budgets du secteur public, au respect des conditions de la politique financière et aux réformes dans la prestation de services publics, la coopération devient de plus en plus importante sur la scène internationale. Du point de vue de la théorie de la délégation, cela a renforcé les asymétries de l'information et a fait évoluer les besoins en information. Aucune étude empirique représentative ne s'est cependant encore intéressée aux informations fournies sur l'Internet sur les types de coopération dans le cadre desquels les activités publiques sont réalisées. Un recensement effectué pour 498 sites Web au niveau des gouvernements locaux, des États et fédéral pour l'Allemagne, l'Autriche et la Suisse révèle que les besoins en informations ne sont pas satisfaits dans la pratique. Au niveau local en Allemagne, sur les 414 villes de plus de 30 000 habitants, des rapports sur la coopération étaient disponibles en ligne pour 143 villes, ce qui correspond à 34,5 %. Durant la période d'enquête, aucune ville en Autriche ou en Suisse n'a proposé un rapport sur la coopération en ligne. Nous formulons quatre grandes recommandations en vue d'une application pratique.Résumé à l'intention des praticiens. Les citoyens doivent avoir la possibilité d'obtenir aisément des informations sur la situation organisationnelle de la prestation de service. En outre, il est essentiel d'avoir une vision claire et transparente sur la structure organisationnelle de l'autorité publique, y compris sur ses types de coopération, pour permettre une prise de décisions de base et permettre à des personnes comme les politiciens et les professionnels dans les administrations de garantir une prestation durable, effective et efficiente des activités du secteur public. Le rapport sur la coopération est un outil de gestion qui a fait ses preuves dans le secteur privé et les praticiens peuvent, grâce à celui-ci, obtenir des informations transnationales lorsque le grand public a accès aux informations qu'il contient. Cela pourrait constituer des approches intéressantes pour beaucoup de pays connaissant des situations similaires.
    Consolidation of public sector budgets, fulfilment of fiscal policy requirements and reforms in the provision of public services have made cooperation increasingly important on the international stage. From the perspective of agency theory, this has led to greater information asymmetries and has altered reporting requirements. However, representative empirical studies concerning the provision of information on the Internet on the types of cooperation under which public activities are performed are still not available. A census conducted for 498 websites at local, state and federal government levels for Germany, Austria and Switzerland shows that the reporting requirements have not been met in practice. At the local level in Germany, of the 414 towns with more than 30,000 inhabitants, cooperation reports were available online for 143, which corresponds to 34.5 percent. During the period of the investigation, no cooperation report was provided on the Internet by any town in Austria or Switzerland. Four main recommended actions are formulated for practical application.Points for practitionersCitizens must have opportunities to obtain with minimum effort information on the organizational status quo of public service provision. Moreover, a clear and transparent view of the organizational structure of the public authority, including its types of cooperation, is essential to enable a basis for decision-making for people such as politicians and professionals in administrations to guarantee the sustainable, effective and efficient provision of public sector activities. A cooperation report is a proven management tool in the private sector, and practitioners can gain rewarding cross-national insights if the general public has access to the required information. This could offer helpful approaches for many countries with comparable challenges.
  • Le lexique particulier et la conception consensuelle du gouvernement électronique : une perspective exploratoire - Guangwei Hu, Wenwen Pan, Jie Wang p. 605-625 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
    À l'heure actuelle, le domaine qu'est le gouvernement électronique n'a toujours pas d'identité cohérente. Pour son évolution future, il serait utile de définir un lexique propre et une conception généralement acceptée afin d'aider les scientifiques à comprendre sa nature profonde. Dans la présente étude, nous avons réalisé des travaux de recherche au moyen d'une enquête à grande échelle sur des articles axés sur le gouvernement électronique publiés entre 1993 et 2008. Au total, 752 articles issus des principales bases de données dans le monde (Science Citation Index Expanded (SCIE), Social Sciences Citation Index (SSCI), Arts & Humanities Citation Index (A&HCI) et Conference Proceedings Citation Index - Science (CPCI-S)) ont été extraits, et nous en avons analysé 528 au moyen d'un logiciel d'analyse de textes assistée par ordinateur (CATA). Sur la base de l'analyse du contenu, nous avons déterminé la conception généralement acceptée de ce domaine par ses membres et défini une méthodologie pour obtenir une définition consensuelle du domaine académique.Résumé à l'intention des praticiens. En déterminant et en présentant une conception généralement acceptée du gouvernement électronique, la présente étude a pour objet de permettre aux scientifiques, et notamment aux jeunes, de mieux comprendre l'objet et le sens de ce domaine. Cette conception consensuelle peut servir d'écran ou d'aimant aux futurs praticiens et chercheurs. La méthodologie peut s'appliquer à divers domaines académiques, comme la science administrative, la bibliothéconomie, la science de la gestion, l'informatique, etc.
    Presently, the field of e-Government still lacks a coherent identity. For its future development, it would be useful to identify a distinctive lexicon and widely shared conception to help scholars understand its essence. In this study, exploratory work was conducted using a large-scale survey of e-Government articles from 1993 to 2008. A total of 752 abstracts from the world's leading databases (i.e. Science Citation Index Expanded (SCIE), Social Sciences Citation Index (SSCI), Arts & Humanities Citation Index (A&HCI) and Conference Proceedings Citation Index-Science (CPCI-S)) were retrieved, and 528 were analyzed using Computer-Aided Text Analysis (CATA) software. Based on the content analysis, a widely shared conception of the field held by its members was determined and a methodology to obtain a consensual definition of an academic field was designed.Points for practitionersBy determining and presenting a widely shared conception of e-Government, this study aims to provide scholars, particularly the young, with a deeper understanding of the scope and meaning of the field. This consensual conception may serve either as a screen or as a magnet for future practitioners and academics. The methodology may be applied to several academic fields, including administration science, library science, management science, computer science, and others.