Contenu du sommaire : Voyages et construction du territoire
Revue | Rives méditerranéennes |
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Numéro | no 34, 2009/3 |
Titre du numéro | Voyages et construction du territoire |
Texte intégral en ligne | Accessible sur l'internet |
- Voyages et construction du territoire, XVIIe-XIXe siècle : Introduction - p. 7-9
- De l'itinéraire au territoire : Pratiques et mises en représentation de l'espace - Antonio Stopani p. 11-26 En s'inspirant de la récente réévaluation historiographique des pratiques corporelles dans la formation des savoirs scientifiques, l'article jette les premiers jalons d'une réflexion sur la façon dont les représentations de l'espace restituent (ou taisent) l'expérience perceptive qui en a été à l'origine. Cette tâche est abordée à travers l'analyse de documents : la description des possessions foncières, le récit érudit de géographes et d'historiens, celui, scientifique, des naturalistes. Par delà leurs différences, les descriptions documentaires analysées partagent une même référence à la figure de l'itinéraire, en tant que succession de lieux organisée par l'acte de déplacement du locuteur. Mais cet itinéraire est-il une réalité ou une fiction narrative ?Drawing on a recent historiographic reevaluation of physical practices for creating scientific knowledge, this article offers the first premises for a reflection on the way in which representations of space establish - or conceal – the original perceptive experience. This is achieved by an analysis of documents: description of properties, academic descriptions by geographers and historians and scientific descriptions by naturalists. Quite apart from the differences between these views, the documents have in common references to the journey as a series of places linked by the traveler's travel between them. But is this journey real or a narrative fiction?
- Les relations entre voyage, construction du savoir et connaissance des territoires à travers l'?uvre de Giovanni Tomaso Borgonio - Etienne Bourdon p. 27-43 Les voyages de Giovanni Tomaso Borgonio (vers 1620-1683) sont à l'origine d'un accroissement important des savoirs cartographiques et géographiques sur les régions alpines. Cartographe de Victor Amédée II, duc de Savoie de 1675 à 1730, il se voit confier l'élaboration de la Carta generale de Stati (1680) et la coordination du précieux Theatrum Sabaudiae (1682) dans lequel il fait figurer une cinquantaine de gravures. À la suite de ses voyages, il présente ainsi un nouveau visage de la Savoie à la fois riche, documenté mais aussi politisé qui participe pleinement à la politique ducale de prestige. Ses excursions cartographiques sont donc au cœur de la construction du savoir et de l'affirmation cognitive et politique du territoire savoyard.The travels of Giovanni Tomaso Borgonio (c.1620-1683) provided the basis for a substantial increase in geographical and cartographical information on the Alps. As official cartographer to Vittorio Amedeo II, Duke of Savoy from 1675 to 1730, he was responsiblefor drawing up the Carta generale de Stati (1680) and for coordinating the precious Theatrum Sabaudiae (1682), which contains approximately fifty of his etchings. As a result of his travels, Giovanni Tomaso Borgonio was well positioned to produce a new image for Savoy by producing richer and better documentation, which contributed to the ducal policy of building up its prestige. His map-making journeys are of major interest as we can see the process by which knowledge is accumulated and the cognitive and political affirmation of Savoy's territory is asserted.
- Parcours romains, parcours méditerranéens : L'impact du voyage à Rome dans la construction des territoires au siècle des Lumières - Gilles Montègre p. 45-56 Contrairement à l'image longtemps diffusée par l'historiographie d'une capitale somnolente figée dans la contemplation du passé antique, Rome fut au siècle des Lumières une ville ressource pour penser au large des territoires nouveaux et dépasser la vision restrictive de l'espace contenue dans les guides de voyage. À l'appui des écrits laissés par ces voyageurs de terrain que sont les artistes et les hommes de science, l'article montre d'abord comment s'est fait jour au XVIIIe siècle une manière nouvelle d'appréhender et d'arpenter le sol urbain romain. Il explique ensuite combien les séjours accomplis dans la Rome du Settecento ont préparé une approche rationnelle et dilatée des territoires italiens, méditerranéens et extra-européens, appelée à s'épanouir lors des grands voyages d'exploration du XIXe siècle.Contrary to the image of Rome as a sleepy city, permanently looking back to its ancient past, maintained by historiographical sources, the Italian capital proved to be, during the Enlightenment, a starting point for rethinking new territories and for going beyond the restrictive vision found in guidebooks. Through a review of travelogues written by voyagers, such as artists or scientists, this article will first examine the emergence of a new way of viewing and walking around the Roman urban space. It will then explain how visits to Rome during the Settecento opened up a rational and broader approach to Italian, Mediterranean and non-European territory, in preparation for future exploratory journeys in the 19th century.
- Pratique de l'espace et invention du territoire : La Reconnaissance au Maroc (1883-1884) de Charles de Foucauld - Aurélia Dusserre p. 57-88 À la fin du XIXe siècle, le Maroc est un pays encore largement inconnu. Quelques explorateurs l'ont parcouru, mais leurs travaux ne permettent pas encore de saisir la réalité de son espace et de son organisation ethnographique et politique. Il faut attendre le voyage réalisé par Charles de Foucauld en 1883 pour qu'une étape significative soit franchie dans la connaissance. Dans sa Reconnaissance au Maroc, le voyageur rapporte une importante quantité de matériel géographique et topographique et formule également la distinction qui existe entre deux types d'espaces, clivage pensé selon des critères à la fois sécuritaires et politiques. Cette dichotomie, fondamentale pour la compréhension du pays, n'a toutefois pas de valeur systématique, notamment sur un plan ethnographique.At the end of the 19th century, Morocco was still little known to European observers. A few explorers had visited the country but their writings provide little by way of information on its ethnographical and political structures. It was not until Charles de Foucauld's voyage in 1883 that significant progress was made towards a better understanding of the country. In his Reconnaissance au Maroc, the traveler produced an extensive amount of geographical and topographical material and identified two types of space, divided in terms of security and political criteria. Although this dichotomy is undoubtedly an important tool for understanding the country, it provides little in the way of systematic analysis, particularly on ethnographical questions.