Contenu du sommaire : L'histoire économique entre France et Espagne, XIXe-XXe siècles
Revue | Rives méditerranéennes |
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Numéro | no 45, 2013/2 |
Titre du numéro | L'histoire économique entre France et Espagne, XIXe-XXe siècles |
Texte intégral en ligne | Accessible sur l'internet |
- Avant-Propos - Laurence Américi, Xavier Daumalin, Olivier Raveux, Céline Regnard, Isabelle Renaudet p. 5-7
- La réussite d'un catalan émigré à Marseille : Antoine Vidal et le négoce maritime (1806-1868) - Éliane Richard, Roland Caty p. 9-17 Originaire de la Catalogne espagnole, Antoine Vidal s'impose dans le négoce maritime à Marseille dès la monarchie de Juillet et parvient ainsi à se hisser dans le groupe des grandes fortunes locales du Second Empire. Sa stratégie économique d'ascension se fonde sur un commerce diversifié et une large ouverture internationale, intégrant la Méditerranée dans un espace mondial et s'ouvrant notamment sur l'Asie. La carrière de cet homme n'ayant jamais rompu ses attaches catalanes symbolise le pouvoir d'attraction exercé par Marseille au XIXe siècle et le caractère souvent fugace de l'aventure phocéenne pour nombre de familles d'entrepreneurs étrangers.Originally from Cataluña in Spain, Antoine Vidal became a leading figure in Marseilles' maritime trade under the July Monarchy and managed to amass one of the largest fortunes in the city during the Second Empire. His strategy for developing his business affairs focused on offering a diversity of goods and developing an international clientele by including the Mediterranean in his global trading area and, in particular, by opening up Asian markets. As a man who never forgot his Catalan origins, his career symbolizes the strong attraction of Marseilles as a trading centre during the 19th century and the often precarious nature of trade in Marseilles for numerous foreign entrepreneurs.
- Aux origines de l'industrie moderne marseillaise : l'oeuvre de Louis Benet et de Philip Taylor (années 1830-1850) - Xavier Daumalin, Olivier Raveux p. 19-35 Les carrières industrielles et les conceptions sociales de Louis Benet et de Philip Taylor permettent de mieux comprendre la diversité des attitudes du patronat marseillais face aux défis de la première révolution industrielle. Que les entrepreneurs disposent d'une formation de haut niveau ou qu'ils aient été formés « sur le tas », qu'ils soient autochtones ou étrangers, ils bénéficient localement d'un remarquable terrain d'opportunités pour leurs projets industriels. Une seule condition compte finalement : savoir s'insérer dans les réseaux relationnels permettant de surmonter les problèmes de capitaux, de marchés et de technologies. Si ces deux hommes ont terminé leurs carrières par des échecs, ils n'en ont pas moins été de grands capitaines d'industrie, laissant derrière eux un héritage imposant et durable. Leurs itinéraires soulignent aussi la diversité des comportements dans la façon de percevoir et d'aborder la question ouvrière, des différences qui sont assez symptomatiques de l'époque et du lieu.The business careers of, and social attitudes adopted by, Louis Benet and Philip Taylor offer an opportunity to develop a better idea of the diversity of positions taken by Marseilles entrepreneurs with regard to the challenges they faced during the first Industrial Revolution. Whether they had received gained high level training in business or developed their expertise ‘on the job', whether they were native or foreign traders, these entrepreneurs had the advantage of belonging to a rich local business community with many opportunities for industrial projects. In the end, there was only one key issue: knowing how to join the business networks that would allow them to overcome difficulties in obtaining capital, developing markets and taking advantage of new technologies. Even though the careers of both men ended in failure, they were nevertheless important captains of industry and established an impressive and long-lasting heritage. Their itineraries also highlight the diversity of methods in handling the management of workers, a diversity which was also symptomatic for the period and the area.
- La grande dépression immobilière de la fin du XIXe siècle en France - Michel Lescure p. 37-54 Cet article étudie le changement de régulation intervenu sur le marché immobilier parisien à l'occasion de la grande dépression que ce marché a connu à la fin du XIXe siècle et au début du XXe siècle. Il montre le rôle décisif joué par le secteur financier dans les nouvelles procédures d'ajustement du marché à la crise (visibles dans la résistance à la baisse du cours des immeubles malgré la baisse de rentabilité du placement immobilier, envolée du prix des terrains au creux de la crise, arrêt de la construction de logements populaires). Ce sont ces nouvelles procédures qui vont mettre fin au long cycle haussmannien et par là, à terme, provoquer la mise en place d'un nouveau mode d'organisation de la production immobilière.This paper studies the shift operated in the regulation of the property market of Paris during the great depression experienced by this market at the end of the 19th century and at the beginning of the 20th. It underlines the crucial role played by the financial system in creating new procedures in the market' adjustment (which issues can be seen in the non-fall of the property value while the profitability of investment dropped, or the soaring rise in the price of urban lands, or the decreasing tendency to build for popular households). The consequence of these new procedures was to put an end to the long Haussmannian building cycle and to call for the setting up of a new mode of building production.
- Un investissement mouvementé : Solvay en Espagne, 1908-1942 - Philippe Mioche p. 55-72 Cet article relate l'implantation du groupe Solvay à Torrelavega (Cantabrie) à partir de 1908. L'usine s'installe près des salines qui constituent la matière première de la fabrication de la soude avec le procédé Solvay ; à proximité aussi d'un port à la Requejada permettant d'exporter les productions. Ce travail repose sur des archives inédites et examine l'adaptation de l'entreprise belge à l'environnement économique, social et politique découvert en Espagne. Conformément à ses pratiques, Solvay met en place en peu d'années un dispositif social et diverses réalisations architecturales. Entamée par une soudière à l'ammoniac en 1908, la production est considérablement étendue avec l'électrolyse en 1935. L'organisation syndicale ouvrière s'implante précocement et la première grève a lieu en 1911. La crise majeure intervient avec la grève insurrectionnelle d'octobre 1934, « La révolte des Asturies ». Lors du pronunciamiento de juillet 1936, l'usine se retrouve dans la poche républicaine du Nord, tout près du front. Pour autant, la production n'a quasiment jamais cessé.The contribution tells the setting-up of the group Solvay in Torrelavega (Cantabria) from 1908. The factory settled near the saltworks which constituted the raw material of the manufacturing of the soda with the process Solvay; nearly also of a port in Requejada which allowed to export the productions. This work is based on new archives and it concerns the adaptation of the Belgian company to the economic, social and political environment which they discovered in Spain. According to its practices, Solvay set up few years a social environment and diverse architectural realizations. Beginning to produce soda ash with ammoniac in 1908, the production was considerably widened with the electrolysis in 1935. The labor union became established prematurely and the first strike takes place in 1911. The major crisis intervened with the insurrectionary strike of October, 1934, "The revolt of the Asturias". During the pronunciamento of July 1936, the factory was itself in the “republican pocket” of the North, near the battle. However, the production had almost never stopped.
- Les « Bauxiteurs » 1936-1943 : Enjeux et difficultés d'une organisation patronale marginale - Jean-Marie Guillon p. 73-84 Les « bauxiteurs », ce sont les exploitants des carrières et mines de bauxite dont l'essentiel de la production se situe dans le sud de la France et surtout dans le Var. Peu homogènes en dépit de leur petit nombre, ces exploitants, contrôlés par de grandes compagnies internationales, ont attendu le Front populaire pour s'organiser en syndicat. Ce sont les débats au sein du syndicat que ce texte étudie. La période 1940-1944 met cette organisation à rude épreuve puisque la bauxite – produit hautement stratégique – est l'objet d'une partie de bras de fer entre les intérêts allemands et les Français. En arrière-fond, tout au long de la période, pèse l'influence déterminante d'Alais, Froges et Camargue (AFC) – Pechiney – qui contrôle le marché français de l'aluminium et dont la mainmise sur la bauxite va s'affirmer ouvertement au sortir de la guerre. Né de circonstances qui impliquaient une solidarité relative, le syndicat des « bauxiteurs » se défait dans le contexte de l'Occupation, alors que l'avenir de la production se joue, de fait, ailleurs.The « bauxiteurs », so are named the operators running quarries and bauxite mines, located for the most part in the south of France, especially in the Var area. Lacking homogeneity despite their relatively low number, those operators – controlled by large international companies – waited for the Front Populaire to organise themselves in a union. This article looks at the debates that occurred within this union. During the 1940-1944 period, this organisation goes through a rocky time as bauxite – a highly strategic product – is central to a power struggle between German interests and the French. Looming in the background throughout the period, is the pivotal influence of Alais, Forges and Camargues (AFC) – Pechiney – which control the aluminium market in France et which will openly assert its dominance on bauxite at the end of the war. The union of “bauxiteurs”, which appeared at a time requiring a relative solidarity among its members, disappears de facto during the Occupation, while the future of the production is decided, actually, elsewhere.