Contenu du sommaire : L'engagement

Revue Tracés Mir@bel
Numéro no 11, 2006/2
Titre du numéro L'engagement
Texte intégral en ligne Accessible sur l'internet
  • Éditorial

    • Éditorial - Arnaud Fossier, Édouard Gardella p. 9-15 accès libre
  • Articles

    • La désobéissance civile à l'épreuve du principe du fair-play : entre ingratitude et reconnaissance - Hourya Bentouhami p. 19-42 accès libre avec résumé
      Le principe du fair-play, selon lequel toute participation à la coopération sociale implique la réciprocité des devoirs et la reconnaissance de sa défaite lorsque la coopération ne joue plus à notre avantage, pose que l'on peut être obligé de respecter les lois sans nécessairement penser un consentement préalable. Il permettrait ainsi de déjouer l'accusation contre la désobéissance civile qui fait de celle-ci un acte irrationnel selon lequel le citoyen se dédit en revenant sur son propre consentement ou sa propre promesse d'obéissance à la loi. Mais il l'expose à un nouveau défi en déplaçant seulement l'accusation : il s'agirait en effet à propos de la désobéissance civile de prouver qu'elle n'est pas un acte déloyal lorsqu'elle rompt la coopération. Comment en effet peut-on légitimement se délier, non pas d'un engagement pris, mais d'une règle coopérative ou mutuellement avantageuse ? Comment peut-on revendiquer un droit si de fait nous avons une dette envers la société ? La désobéissance dans ce cas ne relève-t-elle pas plutôt de l'ingratitude ? Nous soutiendrons, pour notre part, que la désobéissance civile, pour les cas les plus radicaux, est bien une forme de résistance à l'oppression témoignant d'une autre forme d'engagement que le loyalisme légaliste : l'infraction à la loi ressemble alors à une tentative d'effraction dans un système institutionnel dénoncé comme injuste ou oppressif et dont l'enjeu est la lutte pour la reconnaissance.
    • L'engagement « en réseau » contre l'impunité : des familles de « disparus » défient le « no te metas » - Alice Verstraeten p. 43-66 accès libre avec résumé
      Autour des témoignages de familles de « disparus » de la dernière dictature militaire argentine (1976-1983), autour de quelques survivants des « camps de disparition », je propose une réflexion sur la construction du mouvement de résistance à l'impunité. Il s'agit d'interroger la tension existant entre résistance, engagement et désengagement dans les modulations du lien social. Dernier mouvement des résistance à la dictature, et premier d'un nouveau genre, le mouvement des « mères de la Place de Mai » inaugure la militance « filiale » pour les droits humains. En investissant la place de Mai comme une scène - différente du « lieu de mémoire » ou du « territoire d'affrontement » -, en utilisant signes et symboles, ces femmes mettent en scène leur douleur, rejouent leur maternité. Mobilisant tous les registres de l'émotion, elles se situent à la charnière du privé et du public dans une logique combinatoire. Elles initient une action en réseau, la mise en lien de toutes les familles et l'incessante recombinaison de la solidarité entre associations. Contre le « pardon » dénaturé que réclament les gouvernements, contre une « réconciliation » performative, les familles montrent le caractère discontinu, variable, tendu, de la « mémoire collective ». Dans cette logique de « mise en réseau » de l'action, vient ensuite l'implication des chercheurs. Je m'appuie, pour l'illustrer, sur des extraits de mes carnets de terrain et sur des entretiens avec les « anthropologues légistes » qui, eux, se définissent comme des « scientifiques pour les droits humains ». Ils nous permettent d'aborder la question de la transdisciplinarité dans l'appréhension des familles, dans la participation à leur apaisement, dans la ré-élaboration du sens et dans le cheminement judiciaire?
    • L'engagement des intellectuels au sein des Universités Populaires - Christophe Premat p. 67-84 accès libre avec résumé
      L'objet de cet article est d'examiner l'une des scènes d'engagement des intellectuels au moment de l'affaire Dreyfus, à savoir les Universités Populaires. L'auteur montre comment ces expériences, initiées par des ouvriers militants, ont été prolongées et transformées par l'intervention des intellectuels sur la scène publique. Il advient de mesurer l'héritage de ces expériences pour comprendre comment la place des intellectuels y a été réellement configurée. L'engagement politique des intellectuels s'incarne en fait dans la création de lieux indépendants de discussion nécessaires à la formation d'une pensée critique.
    • Au-delà de l'engagement : la transfiguration du politique par la fiction - Alice Béja p. 85-96 accès libre avec résumé
      A travers une discussion théorique sur la question du rapport entre fiction et politique, nous poserons la question de la pertinence de l'« engagement » comme outil d'analyse de ce rapport. Il importe de bien distinguer l'engagement littéraire de l'engagement politique, mais aussi de cerner le premier avec précision. Comment rendre compte de la complexité d'un texte de fiction en partant uniquement des opinions politiques de son auteur ? Le risque est de passer du politique à l'idéologique, termes qui doivent au contraire être distingués pour voir en quoi ils interagissent dans le texte de fiction. Un détour par les Etats-Unis peut alors être utile pour remettre en perspective la question de l'engagement en littérature, et voir si l'on ne peut trouver des formulations alternatives pour rendre compte de cette étrange alliance entre fiction et politique.
    • Manières de faire : pratique et engagement de l'artiste contemporain - Nicolas Thély p. 97-115 accès libre avec résumé
      Le texte pose la question de l'engagement de l'artiste non d'un point de social et politique, mais selon ses manières de faire, ses choix plastiques et esthétiques. Ce questionnement intervient dans un moment précis : celui où la visibilité des productions amateurs gagne du terrain grâce au réseau Internet et concurrence d'une certaine manière l'influence des productions artistiques. En ce sens, le texte pose la question de l'engagement des artistes sur le Web.
    • Rhétorique de l'engagement critique. Regards de cinéastes et d'écrivains français sur la révolution cubaine (années 1960 et 1970) - Sylvain Dreyer p. 117-134 accès libre avec résumé
      L'étiquette « oeuvre engagée » recouvre une grande diversité de pratiques et de formes. Dans les années 1960 fleurissent des oeuvres militantes portées par un souci d'efficacité immédiate, des films et des textes qui réactualisent la tradition de la rhétorique politique. Certaines d'entre elles, les « oeuvres d'engagement critique », prennent un caractère particulier : elles s'interrogent notamment sur la possibilité, la légitimité et le fonctionnement de l'engagement artistique. Elles portent souvent, de façon significative sur les luttes révolutionnaires étrangères, les « révolutions des autres », en particulier la révolution cubaine qui apparaît comme une « révolution dans la révolution », un modèle socialiste alternatif. Ces textes et ces films, à la fois engagés et critiques, ne renoncent pas à la fonction traditionnelle de l'oeuvre militante (informer, critiquer, mobiliser) : ils obéissent bien à une rhétorique concertée visant à une prise de conscience et un engagement pratique du destinataire. Mais en même temps, ils opèrent un déplacement : l'actualité ou les revendications politiques sont concurrencées par des questions de représentation, d'idéologie, de guerre des images. Mieux : dans un retour autoréflexif, ces oeuvres se prennent elles-mêmes comme production idéologique à défaire, comme discours à critiquer. Mais cette notion d'oeuvre engagée « critique » doit elle-même être critiquée : l'autocritique pourrait être une ultime ruse pour immuniser l'oeuvre contre toute critique externe, et l'autoréflexivité risquerait de devenir un réflexe rhétorique stéréotypé. Il s'agira donc d'étudier l'« oeuvre engagée critique », en tant qu'elle est travaillée par un double souci rhétorique : la rhétorique politique (qui est critiquée comme idéologique), et la rhétorique de l'engagement critique.
  • Note

  • Entretien

  • Traduction

    • « Notes sur le concept d'engagement» - Camille Debras, Anton Perdoncin, Howard S. Becker p. 177-192 accès libre avec résumé
      L'utilisation du concept d'engagement (commitment) est largement répandue, mais ce concept n'a que rarement fait l'objet d'une analyse formelle. Il contient une explication sous-jacente de l'un des mécanismes générateurs de comportements humains cohérents. On parle d'engagement lorsqu'un individu, en prenant un pari subsidiaire, associe à une ligne d'action cohérente des intérêts étrangers à celle-ci. Les paris subsidiaires sont souvent la conséquence de la participation d'un individu à des organisations sociales. Une analyse du système de valeurs depuis lequel sont pris les paris subsidiaires est nécessaire pour comprendre pleinement les engagements.
  • Ex cursus