Contenu du sommaire : Les espaces frontières

Revue Annales. Histoire, Sciences Sociales Mir@bel
Numéro vol. 58, no 5, octobre 2003
Titre du numéro Les espaces frontières
Texte intégral en ligne Accessible sur l'internet
  • Figures de la liberté

    • Trois figures de la liberté - Philippe d'Iribarne p. 953-978 accès libre avec résumé
      Comment expliquer la variété des formes d'organisation de la société que l'on rencontre en Europe; le rôle donné au marché en Grande-Bretagne (comme, de manière plus générale, dans les pays anglo-saxons), l'attachement germanique à la concertation, les attentes vis-à-vis de l'État en France ? Si ces sociétés considèrent toutes que la liberté est le premier des droits de l'homme, elles la conçoivent différemment. Cela apparaît bien en analysant les visions de celle-ci, qui marquent les ?uvres de Locke ou Burke en Angleterre, Kant, Fichte ou Habermas en Allemagne, Sieyès ou Tocqueville en France. Ces visions restent marquées par la figure traditionnelle de l'homme libre, qui prévalait dans l'univers culturel de chacun : en Grande-Bretagne, le propriétaire qui gère ses propres affaires à l'abri de l'intervention d'autrui; en Allemagne, le membre d'une communauté de pairs prêts à se soumettre à ce que tous ont décidé de conserve. En France, le noble attaché à ses privilèges et à son honneur.
  • Les espaces frontières

    • Dossier - p. 979-980 accès libre
    • Espace régional et construction de l'État dans l'archipel japonais au Moyen Âge - Murai Sh?suke p. 981-1008 accès libre avec résumé
      Pour les Japonais de l'époque ancienne, la souillure et les stratégies pour l'éviter relèvent d'un ensemble idéologique cohérent qui détermine les attitudes devant la vie et les actes sociaux. La dialectique pureté/souillure donne aussi naissance à une conception de l'espace autour d'un centre supposé pur (l'empereur/la cour/la capitale), des régions intermédiaires chargées d'impureté et des périphéries souillées, mal connues et peu contrôlées. Sur ces marges vivent des êtres qui ne peuvent donc être considérés tout à fait comme des humains. L'auteur montre comment cette conception originale de l'espace propre à l'aristocratie de Ky? to se met en place au cours de la période Heian, puis se défait avec la montée du commerce et des échanges au cours des siècles médiévaux, en même temps qu'à l'ordre aristocratique ancien se substitue celui des guerriers.
    • Défense de la Chrétienté et naissance d'une identité : Hongrie, Pologne et péninsule Ibérique au Moyen Âge - Nora Berend p. 1009-1027 accès libre avec résumé
      Au milieu du XIIIe siècle, les rois de Hongrie comme de la péninsule Ibérique et, au milieu du siècle suivant, le roi de Pologne déclarèrent chacun que la défense de la Chrétienté dépendait de leur royaume. En conséquence, ils revendiquaient subventions et privilèges auprès de la papauté. Ce discours, certes fondé sur des réalités historiques, dévoile surtout l'invention d'une « identité » dans les cours royales. De plus en plus, hors contexte d'un danger immédiat, la position de « défenseur de la Chrétienté » servit de justification pour renforcer l'établissement du pouvoir royal sur les Églises locales. Néanmoins, cette rhétorique s'était forgée dans l'interaction avec la cour pontificale, d'où émana l'idée d'une Chrétienté territoriale dotée de frontières à défendre et à élargir. Fondamentale pour penser les frontières à l'échelle de la Chrétienté était, par ailleurs, l'existence préalable de limites locales.
    • Frontières de France, vues de Chine - Christian Lamouroux p. 1029-1039 accès libre avec résumé
      L'ouvrage de Daniel Nordman, Frontières de France. De l'espace au territoire, XVIe - XIXe siècle (Paris, Gallimard, 1998), a représenté une avancée significative dans l'historiographie de la frontière et, au-delà, des rapports entre État moderne et territoire. Deux historiens, l'un de la Chine des Song, l'autre de l'Amérique latine, relisent leur objet particulier à la lumière des propositions de l'auteur : envisager les phénomènes de frontières à partir de l'échelle locale et les considérer sous l'angle des négociations entre les pouvoirs centraux et locaux. La fécondité de ces propositions est ainsi démontrée, au risque de la comparaison.
    • Frontières des Amériques ibériques - Juan Carlos Garavaglia p. 1041-1048 accès libre avec résumé
      L'ouvrage de Daniel Nordman, Frontières de France. De l'espace au territoire, XVIe - XIXe siècle (Paris, Gallimard, 1998), a représenté une avancée significative dans l'historiographie de la frontière et, au-delà, des rapports entre État moderne et territoire. Deux historiens, l'un de la Chine des Song, l'autre de l'Amérique latine, relisent leur objet particulier à la lumière des propositions de l'auteur : envisager les phénomènes de frontières à partir de l'échelle locale et les considérer sous l'angle des négociations entre les pouvoirs centraux et locaux. La fécondité de ces propositions est ainsi démontrée, au risque de la comparaison.
    • Des frontières Au miroir de la France - Daniel Nordman p. 1049-1053 accès libre avec résumé
      L'ouvrage de Daniel Nordman, Frontières de France. De l'espace au territoire, XVIe - XIXe siècle (Paris, Gallimard, 1998), a représenté une avancée significative dans l'historiographie de la frontière et, au-delà, des rapports entre État moderne et territoire. Deux historiens, l'un de la Chine des Song, l'autre de l'Amérique latine, relisent leur objet particulier à la lumière des propositions de l'auteur : envisager les phénomènes de frontières à partir de l'échelle locale et les considérer sous l'angle des négociations entre les pouvoirs centraux et locaux. La fécondité de ces propositions est ainsi démontrée, au risque de la comparaison.
  • Lieux de la ville: le quartier

    • Fêtes et logiques territoriales dans les quartiers d'Edo au XIXe siècle - Guillaume Carré p. 1057-1078 accès libre avec résumé
      L'étendue et la complexité de l'organisation spatiale, sociale et administrative de la ville d'Edo au XIXe siècle rendent difficile l'appréhension des divers éléments constitutifs de ces identités territoriales. Les fêtes, liées aux établissements religieux, et en particulier celles des sanctuaires shintō, constituent cependant un moment privilégié pour l'expression des représentations qu'avaient les habitants des quartiers bourgeois de leur rapport à l'espace urbain. Les communautés vicinales tenues par les propriétaires et leurs représentants tentent en effet d'y conjuguer l'exaltation du sentiment communautaire avec l'affirmation des hiérarchies de la bourgeoisie. Mais la fête sert aussi de lieu d'exhibition pour d'autres groupes sociaux, locataires, journaliers, etc., structurés selon des logiques propres dépendant de leurs formes d'insertion dans la société urbaine. Se dessine ainsi une pluralité de modes de construction de l'appartenance territoriale, parfois conflictuels, mais dont la coexistence et l'interpénétration fondent les fortes identités locales de certains quartiers.
    • Naples 1943. Espaces urbains et insurrection - Gabriella Gribaudi p. 1079-1104 accès libre avec résumé
      Dans cet article, l'auteur élabore une analyse de l'insurrection napolitaine contre l'armée allemande (28 septembre-1er octobre 1943) dans une perspective sociale et territoriale. Les acteurs, les espaces dans lesquels ils ont agi et leurs représentations sont placés au centre de l'enquête. Le quartier et le voisinage surgissent dans toute leur complexité sociale ; le réseau de relations qui les anime, avec les échanges symboliques et matériels, constitue la structure sur laquelle se tisse la trame de la lutte. L'analyse de l'insurrection au jour le jour comme de ses espaces géographiques et sociaux permet de comprendre les dynamiques des combats et les motivations des insurgés, pour conduire à la critique des interprétations construites sur le temps long et enracinées dans l'imaginaire national et local.
  • Le lien monétaire

    • Les transitions monétaires en URSS et en Russie : une continuité par-delà la rupture - Pepita Ould-Ahmed p. 1107-1135 accès libre avec résumé
      Les transformations monétaires, à l'oeuvre depuis le début des années 1990 en Russie, sont le plus souvent appréhendées sur le mode de la rupture radicale avec le passé socialiste. Cet article s'inscrit en marge d'une telle interprétation. Sans nier les métamorphoses radicales qui ont affecté à la fois le système monétaire, l'organisation du système bancaire, les mécanismes de financement et les modalités de paiement, l'analyse des ruptures entre l'URSS et la Russie des années 1990 permet, paradoxalement, de faire apparaître des continuités monétaires sous-jacentes de long terme. Les deux parties qui structurent cet article mettent en lumière trois séries de continuités tant au niveau des idées monétaires qu'au niveau des comportements financiers des acteurs publics et privés. La première partie montre qu'entre les approches monétaires élaborées lors des deux grandes transitions (au socialisme, puis au capitalisme) se tissent des convergences frappantes dans l'ordre des discours et des doctrines monétaires. La deuxième partie met en évidence une même similarité dans les enchaînements de la régulation monétaire-financière d'une période à l'autre.
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