Contenu du sommaire : Nouveaux historiens israéliens
Revue | Annales. Histoire, Sciences Sociales |
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Numéro | vol. 59, no 1, janvier 2004 |
Titre du numéro | Nouveaux historiens israéliens |
Texte intégral en ligne | Accessible sur l'internet |
Le marché de l'art
- Éloge de la copie. Le marché napolitain (1614-1764) - Gérard Labrot p. 7-35 Six cent vingt-neuf copies de tableaux distribuées entre cent quatre collections échelonnées de 1614 à 1764 illustrent la vigueur d'un marché diversifié. Genre aux fonctions complexes, différentes selon les milieux, la copie peut en effet compléter une collection lacunaire, y remplacer un original inaccessible ou trop coûteux, et devenir, lorsqu'elle reproduit une grande oeuvre du passé, un instrument efficace de distinction sociale. Multipliant les copies de peintres locaux bons ou médiocres qu'assurent des professionnels de la reproduction, le marché napolitain enrôle également, en particulier pour sa « branche exportation », de grands peintres tels que Luca Giordano et Paolo De Matteis, pour lesquels ce produit rentable allie les avantages de l'art et de l'industrie.
- Éloge de la copie. Le marché napolitain (1614-1764) - Gérard Labrot p. 7-35
Processus d'urbanisation
- Le citadin et les liens tribaux à Mohenjo-daro : Habitat, parenté, voisinage - Shereen Ratnagar p. 39-71 On peut poser pour hypothèse plausible que l'administration harappéenne était une structure duelle : d'une part, des institutions étatiques précoces (royauté, législation royale, organisation du travail, normalisation des poids et mesures, etc.), d'autre part, des institutions « tribales » (poids de la parenté dans les réseaux de production, etc.). Ce dualisme se reflète-t-il dans l'urbanisme de Mohenjo-daro, ville principale de cette civilisation ? La répartition du mobilier archéologique à travers la cité, les habitations, regroupées en blocs, l'emplacement des puits, l'usage de la mitoyenneté et l'intrigante insertion de structures artisanales dans les plus grandes demeures incitent à proposer la conclusion, toujours hypothétique, que les différents quartiers ont pu correspondre à des groupes de parenté ou « maisons ».
- Nature et dynamique des cités mayas - Marie-Charlotte Arnauld, Dominique Michelet p. 73-108 Des controverses récentes se sont développées concernant l'urbanisme en Méso-Amérique préhispanique. Elles ont été nourries par la comparaison entre les cités du centre de l'ancien Mexique avec celles des Basses Terres mayas, mais n'ont pris en compte que les plus grandes agglomérations à leur apogée : Teotihuacan et Tenochtitlan, d'un côté, Tikal principalement, de l'autre. Pour progresser dans ce débat, on s'intéressera ici d'abord aux facteurs qui ont conduit au regroupement des populations dans les régions mayas dès le dernier millénaire avant notre ère, ce qui revient à poser la question du pourquoi de la formation d'agglomérations. La deuxième question à traiter est celle des processus par lesquels se sont constituées les cités : par quelles modalités socio-politiques et selon quelles contraintes - agraires notamment - les gens se sont-ils regroupés ? C'est en tenant compte de ces paramètres fondamentaux que l'on peut parvenir à une compréhension des formes et des fonctions urbaines des cités mayas classiques. Quant aux dimensions variables des agglomérations, elles posent le problème du réseau hiérarchisé dans lequel les cités fonctionnaient nécessairement.
- La construction de la ville : Sur l'urbanisation dans l'Italie médiévale - Étienne Hubert p. 109-139 La reprise de l'urbanisation et la croissance des villes, qui reposent sur une immigration massive, ont entraîné une expansion considérable de la superficie urbaine entourée par le circuit des murailles successives à partir du XIe et jusqu'au XIVe siècle. L'essor démographique a suscité avant tout une augmentation formidable des besoins en constructions nouvelles pour répondre à la demande massive de logements. L'article examine les modalités contractuelles et les conséquences juridiques et sociales des processus d'urbanisation; il cherche également à identifier les promoteurs de l'expansion urbaine, mettant en relief le rôle majeur joué par les établissements ecclésiastiques et les grands propriétaires laïcs dans la mise en oeuvre des lotissements ainsi que le contrôle voire la programmation de l'expansion par les autorités communales aux XIIIe et XIVe siècles.
- Le citadin et les liens tribaux à Mohenjo-daro : Habitat, parenté, voisinage - Shereen Ratnagar p. 39-71
Nouveaux historiens israéliens
- Nouveaux historiens israéliens - p. 141-142
- Post-sionisme : un bilan provisoire : À propos des historiens « agréés » et « non agréés » en Israël - Shlomo Sand p. 143-160 Pour appréhender l'essence de la controverse qu'a suscitée le débat autour du « post-sionisme » au cours de la décennie passée en Israël, il est nécessaire de s'attarder en premier lieu sur les structures de la production du savoir historique dans les universités israéliennes. Dès sa création, l'université hébraïque de Jérusalem d'abord, suivie par toutes les universités d'Israël, instaura la division univoque des domaines de recherche du passé : d'une part, les départements d'« histoire générale » et, de l'autre, les départements d'« histoire juive », sans liens institutionnels entre eux. Aucun historien professionnel formé au sein de ces départements d'histoire juive ne s'est trouvé aux premiers rangs des contestataires de l'historiographie officielle. On y retrouve surtout des orientalistes, des politologues, des sociologues et même des linguistes, amenés à engager et gérer ce dur débat. Quelles furent donc les conséquences de cette donnée d'ordre institutionnel sur la gestion même du débat ? L'article, dont l'objectif est de cerner les thèmes sur lesquels on a fait des percées majeures, amorce une tentative de cartographie des axes d'articulation de la controverse : 1) les conditions du déroulement de la guerre de 1948; 2) les positions et actions des dirigeants sionistes face à la Shoah et à ses survivants, ainsi que vis-à-vis des immigrés des pays islamiques; 3) la nature de la colonisation, dès la fin du XIXe siècle; 4) les représentations officielles du passé juif en tant qu'histoire nationale.
- La guerre des historiens israéliens - Avi Shlaim p. 161-169 L'article retrace l'émergence à la fin des années 1980 d'une nouvelle école historiographique israélienne critiquant les universitaires de l'école traditionaliste. Il pointe cinq axes principaux de discussion dans le débat entre « nouveaux » et « anciens » historiens à propos du conflit de 1948. En un second temps, sont examinés deux livres récents sur le sujet, l'un par Benny Morris, l'autre de la plume de l'auteur, ainsi que les réponses critiques qui leur furent adressés. Enfin, l'auteur tente d'apprécier l'impact de cette nouvelle histoire sur les politiques, l'opinion publique et l'enseignement de l'histoire dans les écoles israéliennes.
- Nouvelles orientations de l'historiographie israélienne : Au-delà du révisionnisme - Derek J. Penslar p. 171-193 L'article traite de la « new history » du conflit israélo-arabe, qui ne constitue plus une force révolutionnaire au sein de l'université et n'y représente plus qu'une petite portion du renouveau historiographique en ce qui concerne les quinze dernières années. Les arguments des historiens « révisionnistes » ont été intégrés à un degré ou à un autre au courant principal du consensus historiographique, et l'extrémisme en la matière s'est vu marginalisé. En même temps, l'intérêt académique a dépassé l'histoire politique et militaire d'Israël pour toucher aux questions de l'immigration de masse dans les toutes premières années, de l'impact de l'Holocauste et de ses survivants sur l'État, de la transformation de la communauté orthodoxe et ses relations avec la majorité laïque, ainsi que toute une variété de formes d'histoire économique, culturelle et du genre. Dans l'historiographie israélienne contemporaine, le révisionnisme affiché et conscient est pour finir moins signifiant que le caractère innovant de la recherche, accru.
COMPTES RENDUS
- Comptes rendus. Études juives - p. 197-247