Contenu du sommaire : Consentir : domination, consentement et déni

Revue Tracés Mir@bel
Numéro no 14, 2008/1
Titre du numéro Consentir : domination, consentement et déni
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  • Éditorial

  • Articles

    • Perspectives antiques sur la philosophie du consentement - Laetitia Monteils-Lang p. 31-43 accès libre avec résumé
      Sous quelles conditions - psychologiques, éthiques, voire cosmiques - le concept de consentement naît-il ? Sa thématisation philosophique, relativement tardive, peut être assignée aux stoïciens. Pourquoi sont-ce eux, et non pas Platon ou Aristote, qui le conceptualisent ? C'est la question à laquelle on s'efforcera de répondre en montrant comment une conception du monde et de l'âme favorise l'émergence du consentement qui, loin de recevoir une définition imprécise de la part des stoïciens, se voit d'emblée défini comme l'acceptation d'un ordre qui ne dépend pas de nous, mais acceptation constitutive de notre liberté.
    • Un consentement négocié. L'administration et les plaintes des contribuables en Seine-et-Oise (1860-1914) - Nicolas Delalande p. 43-54 accès libre avec résumé
      Pourquoi les individus consentent-ils à payer l'impôt ? Érigé en principe fondateur de la modernité politique par la Révolution française, le consentement à l'impôt est appréhendé dans cet article à partir d'une analyse microsociale des plaintes et des réclamations formulées par les contribuables de l'ancien département de Seine-et-Oise, des années 1860 à la première guerre mondiale. Dans la lignée de travaux de science politique critiques à l'égard du réductionnisme des théories du choix rationnel, cette étude de cas insiste sur le rôle de la confiance et montre que le consentement est constamment négocié, au travers d'épreuves qui permettent d'expliciter à quelles conditions les contribuables sont prêts à se soumettre à l'obligation fiscale.
    • Le consentement à la domination littéraire. Degrés et diversité de ses formes chez les écrivains « les moins reconnus » de l'univers littéraire - Géraldine Bois p. 55-76 accès libre avec résumé
      À partir de l'étude des manières de faire et de voir que mettent en oeuvre, dans les différents contextes de leur activité littéraire, des écrivains dominés, l'article souligne la complexité de leurs rapports à la domination littéraire. Ces derniers revêtent des formes multiples que l'on s'efforce de préciser, en adoptant une posture critique vis-à-vis du légitimisme culturel. Le consentement, en tant que forme parmi d'autres possibles de rapport à la domination, est plus particulièrement examiné. Un aperçu de la variété de ses degrés et de ses formes est donné au travers de quelques résultats d'une enquête par questionnaires et par entretiens. L'analyse présente successivement trois types de variations des degrés et des formes du consentement : selon les différentes instances de consécration littéraire, selon les enquêtés (« variations interindividuelles ») et selon les contextes que chacun d'eux rencontre (« variations intra-individuelles »).
    • Entre crainte et consentement. Le rapport du citoyen au souverain chez Hobbes - Paul Munier p. 77-101 accès libre avec résumé
      Hobbes fait du consentement de l'individu au souverain l'acte de naissance de l'État, qui est ainsi la conjonction légitime et artificielle des volontés humaines s'accordant sur le pouvoir qui protégera les citoyens. Mais la nature même de ce consentement fait du contractant un individu qui n'est pas entièrement libre et rationnel, du moins pas au sens où son consentement politique serait imperméable aux passions. Bien plus, Hobbes nuance la valeur fondatrice et conservatrice du consentement au regard de la société civile. Cette entreprise inattendue souligne l'importance de la crainte, assurant la cohésion de l'État mais autorisant également dans certains cas la désobéissance de ses membres, et elle permet de définir de façon précise le rôle subtil que Hobbes entend faire jouer au consentement.
    • Consentir sous tutelle. La place du consentement chez les majeurs placés sous mesures de protection - Benoît Eyraud p. 103-127 accès libre avec résumé
      La tutelle et la curatelle sont des mesures destinées à protéger les biens des personnes vulnérables. En général imposées par le juge, ces mesures ne dépendent pas du consentement de leurs destinataires. Or, le droit tutélaire tend à faire aujourd'hui une place importante au consentement pour deux raisons principales : son recueil garantit en effet la dignité de la personne « incapable » ; le consentement obtenu est par ailleurs un indicateur positif dans les trajectoires d'autonomisation des personnes. En s'appuyant sur deux études de cas, traitées sur un mode ethnographique, les auteurs dégagent différentes facettes du consentement, dont une part inaccessible : le consentement « intime » ou « incertain », qu'ils analysent comme une marge de liberté à préserver chez ceux dont les capacités à consentir ont été juridiquement disqualifiées.
    • Le troisième protagoniste des rapports de domination. Resituer la direction administrative au coeur de la Herrschaftsoziologie de Max Weber - Karim Hammou p. 129-152 accès libre avec résumé
      On attribue généralement à Weber l'idée que les dominés se soumettraient aux dominants parce qu'ils croient en la légitimité de la domination. Cette thèse est celle qu'a privilégiée Raymond Aron lorsqu'il travailla à la diffusion en France de la sociologie wébérienne. Une fois réexaminés à la lumière de leurs élaborations successives, les travaux de Weber permettent de soutenir une lecture différente. La Herrschaftsoziologie y apparaît comme une sociologie de l'exercice de la domination, dans laquelle la direction administrative occupe une place éminente. Elle est l'instance qui relaie le pouvoir d'un chef vers les dominés, et son action procède notamment de l'horizon de menace qu'elle fait peser sur ces derniers.
    • L'aliénation dans l'enseignement de Jacques Lacan. Introduction à cette opération logique et à ses effets dans la structure du sujet - Sophie Genet p. 153-173 accès libre avec résumé
      En 1964, Jacques Lacan introduit dans la théorie de la psychanalyse la logique de l'aliénation ou choix forcé. Cette opération préside au fondement du sujet de l'inconscient qui, d'en passer par le champ de l'Autre, n'a d'être que divisé par le signifiant. Les effets de cette aliénation se retrouvent dans les structures de la névrose et de la psychose, dont elle détermine les symptômes. Refoulement et forclusion ont été définis par Sigmund Freud à partir d'un jugement primordial. Lacan formalise cet enseignement en accordant le primat au symbolique, c'est-à-dire au langage.
    • Le consentement limité au travail. Résistances et consentements des salariés dans l'ingénierie automobile - Lucie Goussard p. 175-194 accès libre avec résumé
      Le consentement, tel qu'il est fabriqué par l'entreprise, se définit par l'absence de conflits ouverts et collectifs. Mais cette négation du conflit n'est pas sans poser problème puisque les résistances, en tant que formes de régulation, participent de l'acceptation productive des salariés. Des résistances individuelles émergent donc dans les interstices des contraintes managériales et constituent une composante essentielle du consentement au travail. En revanche, leur portée reste à questionner dans la mesure où elles ne semblent plus orientées vers une mise à mal des politiques mises en place dans l'entreprise. La notion de « consentement limité » permet de penser conjointement les deux dimensions paradoxales que sont l'implication comportementale des salariés, incarnée par la faible amplitude de résistances contre-productives, et leur désengagement subjectif, entendu comme un défaut d'intégration aux choix organisationnels et stratégiques de l'entreprise.
  • Traduction

  • Entretiens

  • Notes