Contenu du sommaire : État et réformes en Russie - Aux origines de la Russie : Novgorod - Le concours académique - Institutions marchandes au Moyen Âge

Revue Annales. Histoire, Sciences Sociales Mir@bel
Numéro vol. 64, no 3, juin 2009
Titre du numéro État et réformes en Russie - Aux origines de la Russie : Novgorod - Le concours académique - Institutions marchandes au Moyen Âge
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  • État et réformes en Russie

    • Les réformes russes du XVIe siècle : un mythe historiographique ? - Mihail M. Krom p. 561-578 accès libre avec résumé
      L'historiographie russe considère traditionnellement le long règne d'Ivan IV le Terrible (1533-1584) comme étant une période de profondes réformes, concernant à la fois la monnaie, la police, ou la justice. Cet article montre les limites d'une telle conception, qui fait un usage anachronique de la notion de « réforme » et suppose une action consciente, réfléchie et planifiée, alors que les sources révèlent plutôt un ensemble de mesures temporaires et locales, visant davantage à restaurer un ordre traditionnel qu'à proposer une mutation volontariste. Il faut donc s'interroger plutôt sur la dynamique de ces décisions, sur le rôle du tsar et des différents acteurs politique, ainsi que sur les conditions des expérimentations locales. C'est alors une nouvelle image du XVIe siècle russe qui apparaît, celle d'un système politique pratiquant à différentes échelles la « correction selon la tradition ».
    • Les res publicae russes. Discours sur la propriété publique à la fin de l'empire - Ekaterina Pravilova p. 579-609 accès libre avec résumé
      Cet article analyse l'émergence d'un discours sur la « propriété publique » à la fin de l'empire russe et trace la façon dont se construit la notion d'un bien public à travers le cas de l'eau. Alors qu'en Europe occidentale, à la suite de la Révolution française, les transformations politiques et sociales ont conduit à l'émergence d'un « domaine public » et à son affirmation dans la législation, dans la Russie monarchique, au contraire, la doctrine de la propriété publique a trouvé ailleurs ses origines : les transformations du rôle de l'État et l'essor de l'étatisme économique; le colonialisme russe en Transcaucasie et Asie centrale (qui a provoqué l'invention de nouvelles formes de puissance et de propriété); l'exploitation industrielle des ressources naturelles (eau, minerais) et l'élargissement de la sphère du « public » à travers l'intérêt pour la nature, l'art national et l'architecture (toutes choses vues comme du bien commun); et enfin le développement d'une idéologie libérale russe et la reconsidération des valeurs individualistes qui en forment le coeur.
  • Aux origines de la Russie : Novgorod

    • Aux origines de la Russie : Novgorod - André Berelowitch p. 611-614 accès libre
    • Les récentes découvertes archéologiques à Novgorod - Valentin L. Janin p. 615-630 accès libre avec résumé
      Le chantier archéologique de Novgorod est, depuis les années 1930, un haut-lieu d'exploration des origines médiévales de la Russie. Valentin L. Janin, qui est le meilleur spécialiste de ces fouilles, montre ici l'importance des dernières découvertes, et la nécessité de confronter différentes sources archéologiques, au-delà des fameuses écorces de bouleau qui ont eu un tel retentissement dans l'historiographie russe. Ce sont non seulement les origines du peuplement de cette région, mais aussi l'organisation des institutions politiques de la principauté de Novgorod qui sont réinterprétées à la lumière de ces découvertes. De même, un psautier du début du XIe siècle, exhumé récemment, porte le plus ancien texte slavon d'origine russe et devrait permettre de renouveller la compréhension de la christianisation de la Russie.
  • Le concours académique

    • Prendre part au siècle des Lumières Le concours académique et la culture intellectuelle au XVIIIe siècle - Jeremy L. Caradonna p. 633-662 accès libre avec résumé
      L'article propose une histoire culturelle du concours académique dans la France du XVIIIe siècle. Il met en avant trois arguments complémentaires. Premièrement, le concours académique était une activité littéraire socialement diverse à laquelle participaient des milliers d'écrivains amateurs ou professionnels, hommes et femmes, riches et pauvres. Deuxièmement, le concours était peut-être la pratique intellectuelle la plus démocratique, permettant une participation à l'espace public des Lumières. Enfin, les questions mises au concours par les académies touchaient souvent des sujets sociaux et politiques controversés. Tout compte fait, l'étude du concours académique offre un nouveau regard sur les Lumières, en révélant une participation nombreuse et relativement égalitaire au débat intellectuel.
  • Institutions marchandes au Moyen Âge

    • Institutions marchandes au Moyen Âge - p. 663-664 accès libre
    • Historiens et économistes face à l'émergence des institutions du marché - Robert Boyer p. 665-693 accès libre avec résumé
      Les outils de la théorie des jeux permettent-ils d'ouvrir un nouveau programme de recherche en histoire économique en montrant comment les institutions du marché ont émergé des stratégies rationnelles des marchands eux-même ? L'ouvrage d'Avner Greif constitue à ce jour le plaidoyer le plus méticuleux, mais aussi le plus ambitieux, en faveur d'une telle approche. Il allie en effet des recherches proprement historiques avec un usage virtuose de toute une série de jeux répétés. L'auteur s'adresse plus à ses collègues théoriciens économistes qu'aux historiens, car il postule, même s'il ne cesse de s'en défendre, que les marchands du Xe au XIVe siècle ont les cartes cognitives comportant les notions d'actualisation, de calcul des probabilité, d'équilibre parfait d'un jeu et bien d'autres notions encore plus sophistiquées. Le rapport aux archives se distend et l'auteur ne s'inquiète pas des contre-exemples qu'il fournit lui-même et qui soulignent la fragilité d'une superbe construction intellectuelle sur des bases documentaires lacunaires. De ce fait, la narration analytique vient enrichir la boîte à outils de l'historien sans constituer pour autant la révolution attendue par A. Greif.
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