Contenu du sommaire : Élections de 2013 au Kenya
Revue | Afrique Contemporaine |
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Numéro | no 247, 2013/3 |
Titre du numéro | Élections de 2013 au Kenya |
Texte intégral en ligne | Accessible sur l'internet |
- Éditorial - Jean-Bernard Véron p. 7-8
Élections de 2013 au Kenya
- Prélude autour des élections de 2013 au Kenya - Christian Thibon p. 11-13
- Les élections générales de 2013 au Kenya : Les bégaiements de l'histoire politique kényane - Christian Thibon p. 15-32 Les élections kényanes de mars 2013 apparaissent exceptionnelles, du moins atypiques : pacifiques alors que la bipolarisation politique, comme les précédentes confrontations électorales violentes, laissait craindre le pire. Mais l'optimisme dégagé est mitigé par une mobilisation ethnique qui reproduit le clivage fondateur de l'histoire kényane alors que la victoire d'Uhuru Kenyatta, de justesse au premier tour, pas si surprenante au regard d'une campagne électorale fort médiatisée, ouvre un nouveau cycle politique, toujours marqué par les pesanteurs et les défis du passé. Cet événement, et les inconnues qu'il soulève, dévoilerait-il une nouvelle donne dans la vie politique kényane, dans la géopolitique et dans la société qui connaît de forts bouleversements économiques et socioculturels ?Kenya's Elections
Kenya's elections of March 2013 seem exceptional, or – at least – atypical. Even though the polarized political situation had raised the worst fears, just as it had sparked violence in previous elections, the 2013 vote was peaceful. However, the optimism was dampened by the way politicians harnessed ethnic prejudice and reproduced Kenya's founding divide. Uhuru Kenyatta's narrow, first-round victory was not all that surprising, given the media's extensive coverage of his campaign. His victory begins a new political cycle – one marked by the weight and challenges of the past. Will the 2013 elections and the unknowns accompanying it change Kenya's political and geopolitical game? Will they change a society that has seen huge economic, social and cultural upheavals? - La CPI, Dieu et les élections kényanes de 2013 : De la pentecôtisation de la vie politique à une démocratie autoritaire - Hervé Maupeu p. 33-51 L'inculpation de deux leaders politiques, Uhuru Kenyatta et William Ruto, a constitué l'un des enjeux principaux de la campagne électorale de 2013. Ces deux inculpés ont constitué une alliance politique improbable rassemblant les deux principales ethnies qui s'étaient opposées lors des violences post-électorales de 2008. Ils ont habilement recristallisé l'identité politique de leur communauté respective en diffusant des discours de victimisation et en formulant une relecture de l'histoire de leur ethnie faisant d'eux des héros. Cette stratégie a bien fonctionné car ils ont usé efficacement d'un registre religieux, de type néo-pentecôtiste, donnant une grande force à leur message de repentance et d'autojustification. Ils se sont fabriqué une nouvelle virginité et l'impunité des élites kényanes s'en est trouvé ainsi renouvelée. Ce faisant, ils ont également infléchi la culture politique du pays en développant une véritable « pentecôtisation » de la vie politique. Depuis le scrutin de 2013, l'État kényan s'est donné pour priorité absolue d'assurer l'impunité de ses dirigeants.The International Criminal Court, God and Kenya's 2013 general elections
The indictments of Uhuru Kenyatta and William Ruto, two political leaders, constituted one of the most important aspects of Kenya's 2013 elections. The accused had set up an improbable political alliance: they joined together the two largest ethnic communities that opposed one another in the 2008 postelection violence. The politicians handily redefined their respective community's political identity by broadcasting speeches about victimization and by rewriting ethnic histories, framing themselves as heroes. Their strategy worked because they used a neo-Pentecostal register, adding great power to their message of repentance and self-justification. They washed their sins clean and thus renewed the impunity of Kenya's elites. In doing so, they also altered the country's political culture through a “Pentecostalization” of politics. Ever since the 2013 elections, Kenya has made it a priority to ensure that its leaders' are exempt from punishment. - Commission électorale et Cour suprême kényane à l'épreuve du scrutin : Deux nouvelles institutions fragilisées - Marie Wolfrom p. 53-71 Après les terribles violences qui ont suivi les élections de décembre 2007, le Kenya s'est doté en 2010 d'une nouvelle constitution. Celle-ci prévoyait notamment la création d'une commission électorale (Independant Electoral and Boundaries Commission, IEBC) et d'une Cour suprême chargée d'arbitrer tout litige lié à une élection présidentielle. Le scrutin du 4 mars 2013 constituait donc une première mise à l'épreuve pour ces deux institutions. Mais, si celles-ci ont contribué à assurer des élections plus paisibles, elles ne sont pas parvenues à éviter tous les écueils. Les coûteux systèmes électroniques mis en place par la commission électorale pour tenter de garantir la transparence et l'équité du scrutin ont failli et le dépouillement des résultats a été lent et sujet au doute. Quant à la Cour suprême, qui a finalement validé le scrutin, elle a vu son jugement critiqué comme manquant de profondeur et d'une solide argumentation juridique. Ces deux institutions, qui devaient symboliser une renaissance démocratique après le désastre de 2007-2008, sont sorties fragilisées des élections de mars 2013.The Election Commission and the Supreme Court
In the wake of the terrible post-election violence of December 2007, Kenya devised a new constitution in 2010. Its framers foresaw the creation of an electoral commission, the Independent Electoral and Boundaries Commission (IEBC), and a Supreme Court; the latter was to arbitrate legal complaints arising from presidential elections. The elections of 4 March 2013 provided a first test of the two institutions. Both helped ensure more peaceful elections, but were unable to avoid some pitfalls. The election commission, striving for transparency and equity, set up expensive electronic systems that often failed; ballot-counting proceeded slowly and provided questionable results. When the Supreme Court finally validated the election results, many argued that the ruling lacked depth or a solid legal basis; this in turn reflected poorly on the panel's leadership. Both institutions, intended to symbolize a democratic renaissance after the 2007-2008 disaster, emerged weakened by the March 2013 elections. - Les élections générales du 4 mars 2013 au Kenya : De tensions latentes en violences contenues - Mathieu Mérino p. 73-86 Compte tenu de la gravité de la crise post-électorale de 2007-2008 (plus d'un millier de morts et 600 000 déplacés), les élections générales du 4 mars 2013 devaient servir de test majeur quant à la capacité du Kenya à reconstruire un cadre pacifié pour la compétition politique. Alors même que les résultats ont de nouveau été contestés, l'absence de crise a rassuré, en même temps qu'elle a surpris. Pour autant, l'acceptation sans heurts des résultats ne doit pas conduire à conclure à une disparition de la violence électorale. Les primaires des partis sont demeurées chaotiques et les défaillances en matière d'organisation du scrutin bien réelles, conduisant à des débordements. Les appels au calme qui ont inondé le scrutin ne doivent pas masquer les tensions, parfois violentes, qui caractérisent tout exercice de répartition du pouvoir au Kenya.The 4 March 2013 General Elections in Kenya
Given the seriousness of the violence that followed Kenya's 2007-2008 general elections, with more than a thousand citizens killed and 600,000 displaced, the general elections on 4 March 2013 would appear an important test of the country's ability to rebuild a peaceful electoral framework. Despite some contesting of the results, the absence of crisis reassured and surprised most observers. However, the generally calm acceptance of the outcomes does not mean that election-related violence may never recur. Polling during the party primaries remains chaotic and disorganized; this chaos leads to excesses and disruptive acts. The calls for calm that prevailed during the 2013 elections should not mask the underlying, sometimes violent tensions that characterize all power-sharing exercises in Kenya. - Marginalisation politique et politisation des structures alternatives de pouvoir dans la province de la côte au Kenya en 2013 : Analyses des dynamiques électorales et des pouvoirs politiques locaux - Killian Ngala Chome p. 87-105 Cet article s'intéresse à la manière dont le sentiment de marginalisation éprouvé par les habitants de la province de la côte, au Kenya, a entraîné la politisation de structures alternatives de pouvoir. De nouvelles figures sont apparues, qui ont contesté la légitimité des représentants élus de la Province en assumant divers rôles politiques, dont un appel au boycott des élections. Pour l'auteur, cette situation résulte de la marginalisation politique des députés de la côte dans l'espace politique national et de l'incapacité qui s'ensuit de mobiliser un pouvoir politique local. Cette caractéristique lui sert d'angle d'analyse des dynamiques électorales à l'œuvre dans la Province lors du scrutin général de 2013 et lui permet d'observer les stratégies déployées par les structures alternatives de pouvoir pour orienter le verdict des urnes, avec plus ou moins de succès.“The grassroots are very complicated.” Marginalization, delegitimized leadership and the emergence of alternative authority in the Kenyan Coast 2013 ElectionsThis article looks at the way the political marginalization felt by those living in Kenya's Coast Province has politicized alternative power structures. These have seized on this feeling and succeeded in undermining the influence of the region's elected representatives. New political figures have emerged: they contest the legitimacy of Coast lawmakers. They also take on various political roles, including calling for an election boycott. The author of this article believes this situation arose from these lawmakers' own marginalization in national politics, and their resulting inability to command political authority locally. The author uses this angle to analyze the dynamics of the 2013 elections in Coast Province, observing how alternative power structures, such as the Mombasa Republican Council (MRC), Coast People's Forum (CPF), Mijikenda Council of Elders Association (MOCOSEA), guide voting outcomes with varying success.
Repères
- Du parti-État à l'apprentissage du multipartisme. Une histoire politique des élections au Kenya - p. 108-109
- Décentralisation et élections au Kenya. De la gestion décentralisée des affaires publiques - p. 110-111
- Élections de mars 2013 au Kenya. Les femmes kényanes ont-elles fait leur entrée en politique ? - Christian Thibon p. 112-113
- Élections, milices et Mungiki. Une comparaison entre 2007-2008 et 2013 - Hervé Maupeu p. 114-116
Histoire
- « Mayotte département », la fin d'un combat ? : Le Mouvement populaire mahorais : entre opposition et francophilie (1958-1976) - Mamaye Idriss p. 119-135 La départementalisation de Mayotte, en mars 2011, est venue satisfaire une des plus vieilles revendications portées par le Mouvement populaire mahorais (MPM). Une rétrospective sur le combat de ce parti méconnu et sur les origines de cette revendication s'impose. La posture francophile adoptée par le MPM, dès sa formation, témoigne en effet de pratiques politiques originales. L'étude de ses différents discours et de ses pratiques permet de mieux comprendre l'enjeu que constituait l'accession au statut de département français et sur quels fondements reposait cette revendication.
- « Mayotte département », la fin d'un combat ? : Le Mouvement populaire mahorais : entre opposition et francophilie (1958-1976) - Mamaye Idriss p. 119-135
Notes de lecture
- Tierno Monénembo. Le Terroriste noir - Florian Alix p. 139-141
- Robert Skidelsky, Edward Skidelsky. How Much is Enough ? The Love of Money, and the Case for the Good Life - Armand Rioust de Largentaye p. 142-144
- Michel Galy (dir.). La Guerre au Mali. Comprendre la crise au Sahel et au Sahara. Enjeux et zones d'ombre - Jean-Pierre Bat p. 145-148
- Tidiane Diakité. Louis XIV et l'Afrique noire - Yves Gounin p. 149-150
- Jean-Pierre Bat. Le Syndrome Foccart. La politique française en Afrique, de 1959 à nos jours - Yves Gounin p. 151-153
- Rémy Bazenguissa-Ganga et Sami Makki (dir.). Sociétés en guerres. Ethnographies des mobilisations violentes - Jean-Vincent Holeindre p. 154-156