Contenu du sommaire : Mobilisations en Inde
Revue | Mouvements |
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Numéro | no 77, printemps 2014 |
Titre du numéro | Mobilisations en Inde |
Texte intégral en ligne | Accessible sur l'internet |
Dossier : Mobilisations en Inde. La modernité à l'épreuve de l'universalité
- Éditorial - Fabrice Flipo, Stéphanie Tawa Lama-Rewal, Jean-Paul Gaudillière p. 7-13
- Féminisme indien ou féminisme « tout court » ? Quelques remarques sur la spécificité de la pensée et la pratique féministes en Inde - Virginie Dutoya p. 15-24 Sans prétendre présenter de façon exhaustive le mouvement féministe en Inde, ce texte revient de façon subjective et fragmentaire sur certaines de ses caractéristiques et sur son histoire. Tout en soulignant l'importance de comprendre le contexte spécifique du développement du mouvement des femmes en Inde, la contribution des féministes indiennes à la pensée féministe, au-delà d'une supposée spécificité culturelle, est soulignée.
- La question sociale de la dépossession - Joël Cabalion p. 25-33 La dépossession est un enjeu majeur des luttes en Inde, comme le montre ici Joël Cabalion, à partir du cas des barrages. Le principe du « droit éminent » permet à l'État, en tant que représentant de l'intérêt général, via l'élection, de faire prévaloir l'intérêt commun sur l'intérêt particulier, ce qui se traduit ici par des déplacements de population. Entre mouvements sociaux et régulation étatique, la circulation des terres suit un principe qui oscille entre l'intérêt général et l'intérêt particulier, comme on peut le voir aussi en France autour de la contestation de certaines autoroutes ou de l'aéroport de Notre-Dame-des-Landes.
- Les idéologies de l'écologisme - Ramachandra Guha, Fabrice Flipo p. 34-47 Ce texte est un extrait du rapport rendu1 par Ramachandra Guha et Madhav Gadgil pour l'unrisd, en 1992. Il reste pertinent au sens où la classification proposée et les exemples donnés restent largement représentatifs de ce qu'il en est de ce que l'on peut appeler le « mouvement écologiste » en Inde aujourd'hui, dénomination qui peut prêter à discussion. On constate aussi que les catégories proposées, sans recouper exactement les divisions proposées dans le cas des mouvements français, ne leur sont pas non plus totalement étrangères.
- L'ambedkarisme : abolir la société de castes depuis les marges ? - Nicolas Jaoul p. 48-56 Ambedkar1, auteur principal de la Constitution indienne et leader historique du mouvement dalit, fut aussi le théoricien radical de l'abolition de la caste, opposé au conservatisme de Gandhi. Nicolas Jaoul présente ici les résistances rencontrées par sa pensée et souligne l'importance des luttes des dalits pour sortir leur grand homme de l'oubli, ainsi que les paradoxes de la ghettoisation de ce mouvement.
- La lutte révolutionnaire des maoïstes continue en Inde - Alpa Shah, Samira Ouardi, Jean-Paul Gaudillère, Stéphanie Tawa Lama-Rewal p. 57-75 Alpa Shah fait partie des rares chercheurs qui ont observé, de près et sur la durée, le mouvement maoïste qui fait rage au centre de l'Inde. Elle offre ici une vision à la fois panoramique et engagée de ce mouvement et de la contre-offensive que lui oppose l'État indien.
- Une trouble transparence. La fabrique de la loi sur le droit à l'information en Inde - Prashant Sharma, Olivier Roueff p. 76-88 L'Inde a adopté, en 2005, une loi sur le droit à l'information, qui oblige l'administration publique à tous les niveaux à remettre, à tout citoyen en faisant la demande, une copie de n'importe quel document (même si des exemptions existent1). Cette loi a été unanimement célébrée comme un signe que la démocratie indienne est en voie « d'approfondissement ». Prashant Sharma soumet ici2 à un examen critique à la fois ce discours sur la loi, et le processus qui a mené à son adoption, et offre une vision plus fine et plus complexe de la question de la démocratisation de la démocratie.
- Le mouvement contre la corruption. Un printemps de la société civile indienne ? - Niraja Gopal Jayal, Stéphanie Tawa Lama-Rewal p. 89-94 L'année 2011 a été marquée, en Inde, par l'émergence d'un mouvement social d'un type nouveau, mené par un vieil activiste, Anna Hazare1. Ce mouvement propose de lutter contre la corruption à travers la création d'une institution, le Jan Lokpal, doté d'un grand pouvoir d'investigation, y compris sur les élus et le gouvernement. Ce mouvement a souvent été présenté, dans les médias – notamment français – comme un mouvement de masse contre la corruption qui gangrène la vie politique indienne. Niraja Gopal Jayal propose ici2 un retour sur ce mouvement, qu'on a souvent rapproché d'autres grandes mobilisations de 2011 – le printemps arabe, Occupy etc. – pour montrer qu'en dépit des apparences, le mouvement Hazare allait à rebours des mobilisations dans le reste du monde.
- Navayana : une voix pour les sans-voix : Entretien avec S. Anand - Roland Lardinois p. 95-104 Navayana est une maison d'édition indépendante qui fête ses dix ans d'existence en 2013. Le titre emblématique de cet éditeur est le roman graphique Bhimayana. Histoire de vie de Bhimrao Ramji Ambedkar, qui a été traduit en français et publié aux éditions MeMo en 2012. Ce livre conte la vie du Dr Ambedkar (1891-1956), homme politique indien, rédacteur de la constitution de l'Inde indépendante et leader des Intouchables, qu'il a conduits sur le chemin de l'émancipation en prônant la conversion au bouddhisme. S. Anand, cofondateur et directeur de Navayana, revient dans cet entretien sur les conditions de création de cette maison d'édition et sur le sens qu'il donne à son activité d'éditeur dans le contexte d'une société indienne profondément divisée par des inégalités de castes, de classes et de genre.
- Contre Dumont. L'universalisme moderne à l'épreuve de l'Inde des castes - Fabrice Flipo p. 105-118 L'Inde joue fréquemment, dans la conceptualisation que la modernité propose d'elle-même, le rôle de contrepoint négatif, celui d'un lieu qui serait le plus contraire à tout ce qui a été inventé de meilleur, en Occident. Louis Dumont joue à cet égard un rôle pivot, étant à la fois spécialiste reconnu de l'Inde et l'auteur d'essais très remarqués sur ce qui distinguerait en propre la modernité. Fabrice Flipo réinterroge les deux pans de l'œuvre, à la lumière des critiques qui leur ont été adressées, souvent de manières ignorantes les unes des autres, et met en évidence à la fois l'ethnocentrisme de Dumont, et son conservatisme.
- L'Inde, une ressource pour penser ? Retour vers les années 1920 - Guillaume Bridet p. 119-130 Que l'Occident soit crise provoque un certain attrait envers l'Orient, en tant que réservoir de manières alternatives de vivre et de penser. Guillaume Bridet nous montre que la situation actuelle présente un certain air de déjà-vu. Dans les années 1920, déjà, dans un contexte très différent de poussée décoloniale et de fascisme montant, s'était timidement ouvert entre l'Inde et l'Occident ce que l'auteur appelle « un universalisme de l'espace public partagé, de l'élaboration à plusieurs et dans la réciprocité ».
Itinéraire
- Actualité du gandhisme : Ekta Parishad : Entretien avec Rajagopal P. V. - Karima Delli, Benjamin Joyeux, Fabrice Flipo p. 131-140 Rajagopal P. V. est le fondateur et président d'honneur du mouvement social Ekta Parishad et vice-président de la Gandhi Peace Foundation. Mouvements1 a souhaité faire cet itinéraire pour donner à voir au travers de son initiateur l'activité d'une organisation qui, tout en étant indienne, ne méconnaît pas les réalités occidentales, puisque la marche qu'elle a organisée et dirigée a aussi été mise en œuvre en Europe.
- Actualité du gandhisme : Ekta Parishad : Entretien avec Rajagopal P. V. - Karima Delli, Benjamin Joyeux, Fabrice Flipo p. 131-140
Glossaire et carte
- Glossaire - p. 141-144
Thème
- La démocratie locale, ils n'en ont pas voulu - Fabien Desage, David Guéranger p. 145-156 Au moment où se déroulent les élections municipales, on peut se demander pourquoi les structures intercommunales sont si rarement enjeux de débats politiques, alors que leurs prérogatives touchent à une multitude d'aspects de la vie quotidienne. Les auteurs1 replacent cette « dispense démocratique » dans l'histoire de la Ve République, en examinant notamment les positions des élus locaux de gauche et leurs évolutions. Cette histoire souligne le rôle des maires – sorte de « vaches sacrées » de la République – et de leurs logiques corporatistes. Elle appelle à repolitiser les institutions locales et à se mobiliser pour reprendre ce que ces élus ont confisqué, seuls moyens pour que se réalisent à nouveau des politiques locales « de gauche ».
- La démocratie locale, ils n'en ont pas voulu - Fabien Desage, David Guéranger p. 145-156
Livre
- À propos du livre Sociologie du genre, d'Isabelle Clair, Paris, Armand Colin, coll. « 128/Sociologies contemporaines », 2012 - Marie Mathieu, Lucile Ruault p. 157-164