Contenu du sommaire : Prismes féministes

Revue L'Homme et la société Mir@bel
Numéro no 176-177, 2e et 3e trimestre 2010
Titre du numéro Prismes féministes
Texte intégral en ligne Accessible sur l'internet
  • Éditorial (1) - Michel Kail p. 5-8 accès libre
  • Éditorial (2) - Claude Didry p. 9 accès libre
  • Prismes feministes. Qu'est-ce que l'intersectionnalité ?

    • Indissociables et irréductibles : les rapports sociaux de genre, ethniques et de classe - Elise Palomares, Armelle Testenoire p. 15-26 accès libre
    • Une sociologie à la croisée de trois mouvements sociaux - Danièle Kergoat p. 27-42 accès libre
    • De l'analogie à l'articulation : théoriser la différenciation sociale et l'inégalité complexe - Sirma Bilge p. 43-64 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      L'intersectionnalité semble être devenue le trope dominant pour parler de l'articulation des rapports sociaux structurants, et des identités/inégalités sociales multiples. S'agit-il de la dernière tendance terminologique dans la recherche et l'action féministes aux prises avec l'injonction de tenir compte de la « diversité » ou sommes-nous en face d'une nouvelle manière de penser les divisions sociales, d'une nouvelle épistémologie du pouvoir et de la domination ? L'article retrace la genèse du paradigme intersectionnel en en distinguant les théorisations principales et en s'attardant sur leurs potentialités et leurs limites respectives.
      Intersectionality seems to have become the dominant metaphor to signify the interlocking of socially structuring relationships, and of social identities and inequalities. Is this about the latest lexical trend in feminist research and activism, which is summoned to take account of « diversity », or are we faced with a new way of thinking about social divisions, a new epistemology of power and domination ? The paper traces the generation of intersectionality as a research paradigm and discusses its major conceptualizations by attending to their respective assets and shortcomings.
    • Prismes féministes : Qu'est-ce que l'intersectionnalité ? accès libre
    • « Nous » les femmes : sur l'indissociable homogénéité et hétérogénéité de la catégorie - Danielle Juteau p. 65-81 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      L'argument central de cet article, c'est que la théorisation des rapports constitutifs des classes de sexe est essentielle à l'appréhension de la catégorie femmes, tant dans son hétérogénéité que dans son homogénéité. J'y montre comment et pourquoi cette approche, d'abord articulée par les féministes matérialistes en France, apporte une contribution capitale, voire indispensable. En cernant et en approfondissant le rapport constitutif de catégories, hommes et femmes, qui sont spécifiques et indissociables, le féminisme matérialiste échappe au substantialisme et au culturalisme, et parvient à surpasser l'apparente fragmentation des femmes. Aussi faut-il combiner, dans une analyse transversale enrichie, les apports des unes, les féministes postcoloniales, et des autres, les féministes matérialistes, pour saisir dans toute sa complexité une catégorie sociale aux articulations complexes et aux déterminations multiples.
      This article argues that a focus on the relations constitutive of sex classes is central to an effective understanding of women as a category that is both homogeneous and heterogeneous. By highlighting the unequal relations underlying the construction of social categories, materialist feminism as it evolved in France offers a unique contribution, which transcends culturalist and substantialist explanations. I thus maintain that combining the insights of postcolonial feminism with those of materialist feminism will provide a multi-dimensional transversal analysis that moves beyond fragmentation, be it empirical and/or theoretical.
    • Articuler les paradigmes de la reconnaissance et de la redistribution ; la situation des femmes de chambre - Armelle Testenoire p. 83-99 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      Nancy Fraser adopte une conception bidimensionnelle de l'injustice où les dominations économique et culturelle sont étroitement liées et se renforcent mutuellement. Cet article s'appuie sur cette définition de l'injustice pour analyser la situation des femmes de chambre dans l'hôtellerie. La division du travail trace une frontière ethnique et sexuée qui les sépare des autres employés de l'hôtellerie. Cette ségrégation s'associe à leur invisibilisation sociale. Aux yeux de la clientèle elles disparaissent en tant qu'individues pour ne devenir qu'une fonction, ce qui est le propre des minoritaires. Les rapports ethniques, de classe et de genre s'inscrivent dans l'organisation du travail qui en retour les pérennise.
      In Nancy Frazer's bidimensional approach of injustice, economic and cultural domination are closely linked and strengthen each other. The analysis of the situation of chambermaids in the hotel industry backs up this definition of injustice. Work division erects an ethnic and gender border that separates them from other employees of the hôtel business. This segregation is associated to their social invisibilisation. For the clients, they disappear as individuals and are reduced to their function, which is a characteristic situation for minorities. Ethnic, class and gender relations are inscribed in work organization which, in return, perpetuates them.
    • Genre et ethnicité dans la division du travail en santé : la responsabilité politique des États - Marguerite Cognet p. 101-129 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      Ethnicité, classe et genre sont à la croisée des chemins où se jouent les rapports de pouvoir au profit de certaines catégories sociales et au détriment d'autres. Nous approfondirons cette thématique au travers de résultats d'enquêtes sur l'organisation du travail en santé dans deux sociétés distinctes : le Canada et la France. Nous étudierons le rôle de l'État dans l'accès différencié aux emplois. Nous verrons que les transformations des systèmes de santé, sous le coup du retrait de l'État et d'une volonté de rationalisation des coûts qui s'amorcent au Canada et en France au tournant des années quatre-vingt-dix suite aux recommandations de l'Organisation mondiale de la santé (OMS), se traduisent entre autres par une accentuation des effets du genre dans la division des tâches du soin et des services, et que cette division genrée se double aujourd'hui d'une stratification par l'ethnicité qui s'inscrit dans une division internationale du travail.
      Ethnicity, class and gender are at the crossroads where power relations operate for the benefit of certain social groups and at the expense of others. We will expand on this topic through the results of investigations into the organisation of healthcare work in two distinct societies : Canada and France. We will study the State's role in the differences in access to jobs. We will see that the healthcare system changes arising out of the State's withdrawal and a wish to rationalize costs, which were initiated in Canada and France at the turn of the 90s, are expressed, amongst others, by increased gender effects in the division of healthcare tasks and services. This gender-based division is now accompanied by an ethnicity-based stratification, which follows an international division of labour.
    • « Des syndicalistes comme les autres ? » L'expérience syndicale de migrantes et de filles d'immigrés d'Afrique du Nord et sub-saharienne - Corinne Mélis p. 131-149 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      Cet article traite des conditions sociales de l'engagement syndical de migrantes et de filles d'immigrants d'Afrique du Nord et d'Afrique sub-saharienne. Le syndicalisme français constitue un champ de reproduction comme de transformation de rapports inégalitaires et d'enjeux de pouvoir pluriels, longtemps minorés dans ses préoccupations par l'idéal de l'unité de la classe ouvrière et une primauté de l'intérêt général sur les revendications perçues comme particulières. Les militantes « issues de l'immigration » rencontrées au cours de l'enquête ne placent d'ailleurs explicitement ni la question du genre, ni celle de l'ethnicité au centre de leur engagement.Est-ce à dire que la résistance à la domination de classe vient, dans le syndicalisme, oblitérer toutes les autres dimensions d'une situation minoritaire ? On observe plutôt des configurations de motifs et de conditions d'action convoquant rapports de genre, rapports interethniques, rapports de classe et fragmentation de classe, diversement combinés selon les situations. Le sens accordé par les militantes à leur engagement est irrigué par différentes dimensions de leur expérience globale. Il s'agit alors de réfléchir en termes dynamiques d'assignations et de résistance à ces assignations entremêlées et de mieux comprendre comment ces militantes articulent intérêts spécifiques et intérêt général dans l'action syndicale.
      This article deals with social conditions of unionist commitment of migrant women from nothern African and subsaharan Africa and their daughters. French trade unionism is a field of reproduction and transformation of inegalitarian relations and plural power issues. Trade unionists did not have much concern for these plural power issues for a long time because of the working class unity ideal and the priority accorded to general interest over claims perceived as specific. Trade unionists women « with an immigrant background » met during fieldwork do not place gender nor ethnicity in the centre of their commitment explicitly. Does that means that resistance to class domination in trade unionism obliterates all other dimensions of their minoritarian situation ? This article argues that one can observe complex configurations of motives and conditions of action embedded in gender, ethnic, class relations and class fragmentation, combined in various ways according to situations. The meaning that these unionist women give to their commitment derives from their global life experience, which implies to explore dynamics of entangled ascriptions and their resistance to them. Finally, this article provides understanding on how these unionist women combine specific and general interests in trade union action.
    • Lorsque les silences parlent dans les récits de vie : comment analyser la complexité du social ? - Blandine Veith p. 151-169 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      Les silences sur des événements biographiques et les réticences dans les récits de vie peuvent-ils être des moyens pour analyser la violence de situations extrêmes et l'intrication des dominations (genre, classe, race) ? Dans quelles conditions et comment les sociologues peuvent-ils mobiliser les non-dits et le semi-dire, sans le recours à la psychanalyse ? Contextualiser les récits, les croiser entre eux au sein de collectifs (famille, entreprise, association, village...) permettent de repérer et d'élucider certains silences ou réticences. La rhétorique et l'analyse de discours fournissent des outils pour préciser les formes narratives du semi-dire. Pour étayer son propos, l'auteur présente deux cas extraits d'une recherche sur la précarisation sociale et l'individuation de femmes migrantes par l'engagement associatif et la création de micro-entreprises, une individuation souvent initiée dans les pays d'origine. En faisant entendre des différences, les silences et réticences introduisent des nuances dans l'interprétation des récits, enrichissent le corpus et soulignent à quel point l'individuation des femmes est un processus complexe, discontinu et fragile.
      Can silences on biographical events and reticence in life story narratives be fruitful to analyze situations of extreme violence and intricacy of dominations (gender, class, race) ? Under what conditions and how can sociologists use unsaid and semi-said things, without mobilizing psychoanalysis ? First by contextualizing life stories, by crossing them in groups (family, company, association, village...) it is possible to identify and elucidate some silences or reticences. Second the rhetoric and discourse analysis provide tools to clarify the narrative forms of reticence. To support her intention, the author presents two case studies taken from research on precariousness and individuation of female migrants by the involvement in local and multicultural associations and the creation of micro-enterprises, individuation often initiated in the country of origin. Silences and reticences add nuances in the interpretation of life story telling, enrich the corpus and highlight how the individuation of women is complex, discontinuous and fragile.
    • Jeunes issus de l'immigration nord-africaine en fin de formation : une reproduction de la division des sexes ? - Alain Frickey, Jean-luc Primon p. 171-192 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      Dans cet article, nous analysons le passage de l'école à la vie professionnelle des jeunes hommes et des jeunes femmes issus des familles immigrées nord-africaines en nous servant des données statistiques de l'enquête dite « Génération 98 » du CEREQ, enquête qui a été réalisée en 2001 auprès des élèves et étudiants en fin d'études en 1998. Nous nous centrons sur les inégalités hommes-femmes, dans le contexte d'une jeunesse souvent issue des fractions les plus paupérisées du monde ouvrier et, de surcroît, confrontée aux discriminations d'origine raciste. C'est avec cette grille de lecture que nous lirons les inégalités de sexe et les divisions dans l'emploi.
      In this paper we focus on the transition between school and employment of young men and women with a North African background. Our empirical data is grounded on the French 2001 Cereq survey « Generation 98 ». Our aim is to try to understand the gender relationship on the labour market, once the initial training is over. More precisely, our frame of reference tries to underline the gender inequalities within a social context where second generation youths are very often labelled as children of the most precarious part of the working class and, furthermore, face racial discrimination.
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