Contenu du sommaire : Globalisation et résistances

Revue Etudes rurales Mir@bel
Numéro no 165-166, 2003
Titre du numéro Globalisation et résistances
Texte intégral en ligne Accessible sur l'internet
  • Consommer la nature et parfaire son corps : Les produits apicoles - Gilles Tétart p. 9 accès libre avec résumé
    Dans notre société, les conceptions prônant le rapprochement de l'homme et de la nature s'expriment aussi par le biais de l'alimentation. L'objet de cet article est d'examiner de quelle façon la diététique spécialisée dans les produits apicoles exploite l'argument de la nécessité biologique, notamment en faisant de la réintroduction de la nature par l'alimentation une condition de la sauvegarde du corps humain. Dans une perspective anthropologique, l'auteur montre que ce discours conduit à une vision idyllique de l'homme dans la nature, voire à une mythologie nocive de l'homme «naturel».
  • Les bateaux missionnaires en Amazonie brésilienne - Véronique Boyer p. 33-52 accès libre avec résumé
    Les interventions sanitaires et éducatives permettent aux Églises évangéliques d'intensifier leur présence dans l'intérieur amazonien. Si certaines ne disposent que d'un modeste bateau, d'autres, comme les Adventistes du septième jour ou la Mission da PAZ, ont constitué des flottes importantes. Ces Missions fonctionnent grâce à des dons et elles recrutent leurs bénévoles auprès d'agences religieuses. Pour déterminer les lieux des interventions, les Églises utilisent les relais constitués par les évangélistes résidents. Les missionnaires « permanents » affirment qu'il faut soigner les corps avant de songer à gagner les âmes, et l'emboîtement d'un discours religieux dans un argument à dominante sociale contraste avec les propos des missionnaires « intermittents » qui voient là l'occasion d'un tourisme alternatif peu onéreux. La divergence des intérêts suscite parfois des clivages révélant la fragilité de la « communauté des élus ».
  • Tribulations d'un marché de montagne du Nord-Việt Nam - Jean Michaud, Sarah Turner p. 53-80 accès libre avec résumé
    Sur le marché de Sa Pa, dans le Nord-Vietnam, depuis un siècle, les produits agricoles et forestiers apportés des hameaux isolés sont vendus ou échangés par les Montagnards à des Kinh contre des produits de première nécessité et des biens usuels. Récemment, toutefois, la situation s'est complexifiée en raison d'une mainmise de l'État socialiste sur l'économie suivie d'une forte croissance de l'activité touristique dans la région, deux facteurs qui ont contribué à stimuler le commerce et à modifier la forme de la place du marché local. Au travers d'une ethnographie des pratiques commerçantes observées à Sa Pa, les auteurs montrent qu'en dépit des tumultes politiques du XXe siècle, le marché est toujours conçu et fréquenté par la majorité des montagnards de la région sur le mode coutumier, c'est-à-dire qu'on le visite d'abord pour des motifs culturels et sociaux, et ensuite seulement pour des motifs économiques.
  • Distinctions ethniques et déforestation au Việt Nam : Un front pionnier de la province de Lâm Ðổng - Steve Déry p. 81 accès libre
  • Pourquoi les Indo-Fidjiens ne jouent-ils pas au rugby ? - Sébastien Darbon p. 103-121 accès libre avec résumé
    Lorsque l'on tente d'expliquer pourquoi certains sports, à l'image du football, se sont très largement diffusés de par le monde alors que d'autres n'ont eu qu'une diffusion restreinte, l'éclairage de l'histoire événementielle est indispensable. Cet article a pour objet de proposer une approche théorique permettant de saisir la relation entre les propriétés formelles de chaque sport et les traits culturels spécifiques des sociétés d'accueil. L'exemple utilisé ici est celui du rugby à XV qui, à la différence du cricket et du football, a été entièrement rejeté par les populations de culture hindoue.
  • Les animaux révélateurs des tensions politiques en République islamique d'Iran - Jean-Pierre Digard p. 123-131 accès libre avec résumé
    Certaines utilisations des animaux domestiques ne vont pas de soi en République islamique d'Iran : la colombophilie, les combats de taureaux, les courses de chevaux, l'équitation féminine ou la possession de chiens de compagnie, par exemple, suscitent de la part des autorités islamistes réprobation voire condamnations. L'article examine les raisons de cette sévérité ainsi que les motifs qui poussent des Iraniens à braver les interdictions, et il se penche sur la signification politique de ces attitudes.
  • Les à-côtés de l'équitation : Rapport à l'animal et pratique sportive - Catherine Tourre-Malen p. 133-146 accès libre avec résumé
    En équitation, le rapport homme-cheval présente deux composantes principales : une composante technique et une composante affective. Cette dernière prend une nouvelle dimension avec l'entrée de l'équitation dans la sphère des loisirs et sa féminisation. Les expressions de l'affectivité envers le cheval, observées lorsque le cavalier, à pied, s'occupe de sa monture, sont particulièrement marquées chez les femmes. Leur comportement traduit une modification profonde des représentations du cheval qui tend aujourd'hui à être perçu comme un animal de compagnie plus que comme un auxiliaire de travail. Cette évolution va à l'encontre d'une des bases de l'équitation sportive, à savoir l'instrumentalisation du cheval.
  • Nouveaux territoires du système agroalimentaire de la pampa - Silvia Gorenstein p. 147-169 accès libre avec résumé
    L'article étudie les principaux thèmes du débat théorique sur les changements subis par les systèmes agroalimentaires, et leur impact sur la dynamique agricole locale. Le cas particulier des transformations récentes du système agroalimentaire de la région de la Pampa en Argentine est analysé. Sur le plan local, l'influence des interdépendances techniques et de marché générées par l'agriculture perd du poids ; le dépeuplement des petits districts agricoles s'accentue ; les PME agroalimentaires déclinent ou disparaissent ; et de nouveaux mécanismes d'articulation agro-industrielle, qui accentuent la polarisation urbaine, apparaissent.
  • Du travailleur au pauvre : La question sociale en Amérique latine - Denis Merklen p. 171-196 accès libre avec résumé
    Les politiques qui se fondent sur la lutte contre la pauvreté réunissent l'ensemble des acteurs internationaux dans un consensus surprenant. Elles sont le produit d'un glissement théorique qui transforme le travailleur en pauvre. Par ce déplacement conceptuel, les sciences sociales contribuent à la construction d'un nouvel enjeu politique. Cet article retrace la genèse de la notion de pauvreté telle qu'elle s'est implantée sur le continent en soulignant la signification de cette nouvelle façon d'aborder la question sociale. L'auteur analyse également le rapport des sciences sociales aux organisations internationales, les perspectives ouvertes par la lutte contre la pauvreté, ainsi que les impasses qui en résultent aussi bien pour la recherche que pour l'action.
  • La petite propriété forestière privée dans la France contemporaine - Didier Boutet, Marc-André Philippe p. 197-208 accès libre avec résumé
    La politique forestière en France, largement encadrée par la loi d'orientation sur la forêt du 9 juillet 2001, méconnaît l'importance de la petite propriété forestière privée dans les stratégies d'aménagement du territoire. Et pourtant la gestion de ces petits bois, laissée à l'appréciation de leurs propriétaires, peut contribuer diversement au maintien de la biodiversité et surtout aux exigences du développement durable.
  • Propriété et non-propriété de la Terre : L'illusion de la propriété collective archaïque (1re partie) - Alain Testart p. 209-242 accès libre avec résumé
    Cet article critique la conception classique des droits relatifs à la terre dans les sociétés traditionnelles, l'exemple de référence étant l'Afrique précoloniale. Selon cette conception, il n'y aurait pas eu de véritable droit de propriété mais seulement une sorte d'usufruit, ce droit serait essentiellement collectif, et son titulaire serait la Terre elle-même, en tant que divinité. L'auteur soutient au contraire qu'il existait un véritable droit de propriété en Afrique, mais qu'il ne portait pas sur la même chose qu'en Occident : en Afrique, seule la terre cultivée était susceptible d'appropriation.
  • Droit de réponse