Contenu du sommaire : Proliférantes natures
Revue | Etudes rurales |
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Numéro | no 185, 2010 |
Titre du numéro | Proliférantes natures |
Texte intégral en ligne | Accessible sur l'internet |
- Proliférantes natures : Introduction - Cécilia Claeys, Olivier Sirost p. 9
Taxonomies
- Reweaving narratives about humans and invasive species - Brendon M.H. Larson p. 25-38 Au cours des dernières décennies, les espèces invasives sont devenues un thème majeur des sciences environnementales. En général, elles sont perçues de façon négative mais, comme beaucoup d'entre elles sont appelées à durer, nous nous devons d'adopter à leur égard une attitude plus souple, qui tienne compte des perspectives et des valeurs des différentes parties en présence. Aussi devons-nous mettre en évidence le rôle que joue l'être humain dans leur apparition et leur diffusion. Nous présentons ici diverses manières d'appréhender ces espèces dans l'espoir d'enrichir la discussion portant sur l'amélioration de la coexistence entre les humains et les espèces invasives dans les paysages hybrides de demain.Invasive species have become a key theme in environmental science over the past several decades, with our usual conception of them being quite oppositional. Since many of them are here to stay, however, we require a more flexible and evolving conception that can respond to diverse stakeholder perspectives and values. It must also highlight the role of humans in their creation and spread. Here, I present a variety of ways of looking at these species in the hope that they will contribute to more rich discussion about how we might better weave together the presence of humans and invasive species on hybrid landscapes of the future.
- De la validité d'une invasion biologique : Prunus serotina en forêt de compiègne - Aurélie Javelle, Bernard Kalaora, Guillaume Decocq p. 39-50 En Europe occidentale, la forêt primaire a depuis longtemps cédé la place à une forêt secondaire aménagée et gérée par l'homme. Aux cycles sylvigénétiques naturels se sont substitués des cycles sylviculturaux. En forêt de Compiègne, une espèce introduite, Prunus serotina, originaire d'Amérique du Sud, est en train de devenir l'élément dominant du paysage. Pourtant, cette situation d'invasion semble ne pas être perçue par les différents usagers locaux, jusqu'aux forestiers eux-mêmes. Considérant la forêt comme une construction mentale propre aux divers acteurs impliqués, nous étudierons les cadres cognitifs et pratiques dont disposent les forestiers pour agir en univers incertain face aux changements « globaux ». Cette posture questionnera, dans ce contexte, la redéfinition actuelle des liens que nous entretenons avec notre environnement.In Western Europe, primary forests were long ago replaced with secondary woodlands worked and managed by human beings. “Sylvicultural cycles” have taken the place of natural “sylvigenetic cycles». Prunus serotina, a species introduced from South America, is becoming dominant in the Compiègne forest landscape. However locals and even foresters do not seem to perceive of this situation as an invasion. By taking the forest to be a mental construct specific to stakeholders, the cognitive framework and practices available to foresters are studied as they work in an uncertain world in the throes of “global” changes. This approach raises questions about how our relations with our environment are now being redefined.
- Comment catégoriser les espèces exotiques envahissantes - Marie-Jo Menozzi p. 51-66 Une « espèce exotique envahissante », la jussie, proliférant dans les marais de la Vilaine, est appréhendée au regard des deux critères utilisés pour qualifier ces espèces dites invasives : son origine et les impacts qu'elle produit sur les écosystèmes et les usages. Le premier critère est discuté non seulement par les scientifiques mais aussi par les usagers des sites colonisés. Le second critère, jugé trop subjectif par une partie des chercheurs, est en revanche essentiel pour les profanes. La définition d'une espèce invasive n'est stabilisée ni dans la communauté scientifique ni dans la population locale. Pourtant, différentes actions sont entreprises au titre de la gestion des espèces relevant de cette catégorie. Le cas de la jussie permet de s'interroger plus largement sur les processus d'institutionnalisation d'une telle catégorie.The large-flower primrose-willow (Ludwigia grandiflora), an “exotic invasive species», is proliferating in the wetlands of the Vilaine river in Brittany, France. This perception is based on two criteria for qualifying a species as invasive: its origin and its impact on ecosystems and human practices. The first criterion is discussed not just in scientific circles but also among people dwelling or working in infested areas. Although some scientists deem the second criterion to be lacking in objectivity, it is essential when the general public decides to call a species invasive. Even though the definition of an invasive species is not stable, neither in scientific circles nor among local people, actions are undertaken to manage the species placed in this category. The case of Ludwigia grandiflora serves to inquire into the processes for institutionalizing such a category.
- L'incroyable expansion d'un lapin casanier - Catherine Mougenot, Lucienne Strivay p. 67-82 Le lapin européen est une espèce dont la prolificité légendaire pourrait suffire à expliquer la formidable expansion à travers le monde. Pourtant, on dit rarement qu'Oryctolagus cuniculus est également sédentaire au dernier degré. Si on peut, sans nul doute, en certains lieux, classer le lapin parmi les espèces envahissantes, cela n'est dû qu'à l assistance obstinée des humains. Les tribulations du lapin sont marquées de « captures », « rencontres » et « bifurcations », une collection d épisodes pris entre invention et violence destructrice qu'une logique linéaire ne permet pas de décrire. Elles sont pour nous un exemple type de ces proliférations qui s'échappent des multiples nœuds de relations hommes-techniques-nature et qui expriment la pluralité des modes d existence du vivant.The European rabbit's legendary proliferation might suffice to explain its incredible expansion around the world. What is seldom pointed out however is that Oryctolagus cuniculus is the ultimate homebody. If this sedentary being can be classified as an invasive species in some areas, it is due to obstinate assistance from human beings. The rabbit's story is marked with “captures», “meetings” and “bifurcations», a series of episodes between invention and destructive violence that a linear logic cannot describe. This is a typical example of a proliferation stemming from the many relations between people, techniques and nature. It is an expression of the plurality of the modes of existence of living beings.
- Vie et mort de la manne blanche des riverains de la Saône - Nicolas Césard p. 83-98 Alors qu'avec les grandes chaleurs les invasions d'espèces allochtones se multiplient, des invertébrés emblématiques des fleuves de plaine, connus pour leur prolifération, disparaissent sans que l'on puisse en déterminer précisément la cause. L'observation des émergences massives d'éphémères, tout comme leur exploitation, témoigne de l'intérêt qu'on leur porte : essaimages spectaculaires pour les uns, aberrants ou envahissants pour les autres. L'émergence des insectes aquatiques en une multitude d'adultes ailés est désignée du nom de « manne blanche », phénomène bien connu des pêcheurs et des riverains de la Grande Saône, qui, en saison, en exploitaient les chutes à des fins économiques. Attendue, bien qu'irrégulière et espacée dans le temps, la manne, dès lors qu'elle est absente, interpelle les acteurs sur les aménagements de la Saône et leurs conséquences écologiques.While allochthonous species of insects multiply and become invasive during hot spells, the invertebrates associated with river plains are vanishing that are known for their proliferation. Little is known about the causes. The uses of these ephemera and the observation of their swarming period are evidence of the interest shown in them: these swarms can be seen as spectacular, aberrant or invasive. The metamorphosis of water insects into a multitude of winged adults is called a manne blanche, a phenomenon with which fishers and the people who work the Grande Saône for economic reasons, are familiar. This proliferation is expected but occurs at irregular intervals. When it does not occur, it forces people to raise questions about developing the Saône River and the environmental impact of their actions.
- Reweaving narratives about humans and invasive species - Brendon M.H. Larson p. 25-38
Controverses
- Les « bonnes » et les « mauvaises » proliférantes : Controverses camarguaises - Cécilia Claeys p. 101-118 Cet article propose une approche territorialisée des controverses relatives aux espèces dites invasives ou proliférantes. Sur le sol de Camargue – symbole international d'une nature sauvage mais néanmoins issue de plusieurs siècles d'aménagement – les débats semblent exacerbés, rendant le dualisme anthropocentrisme versus biocentrisme plus frontal et plus paradoxal. Tandis que le naturaliste, au nom de considérations biocentriques, s'implique dans un interventionnisme en chaîne, s'alliant pour ce faire avec ses frères ennemis que sont les chasseurs et les pêcheurs, à l'extrême inverse, le paysagiste avant-gardiste, au nom de considérations esthétiques anthropocentriques, invite les jardiniers du dimanche à laisser les espèces cultivées et sauvages s'entremêler librement.A territorialized approach is taken to controversies about so-called invasive or proliferating species. Camargue in France is an international symbol of a “wilderness” even though it has come out of several centuries of human toil. The controversy there about these species has exacerbated to the point of making the anthropocentrism/biocentrism dualism sharper and paradoxical. Whereas, for biocentric reasons, naturalists have taken part in a chain of interventions and thus become allies with their “natural” enemies – hunters and fishers – the avant-garde of landscape-developers are, for anthropocentric and aesthetic reasons, urging amateur gardeners to allow wild and domestic species to mix freely.
- Comment gérer une prolifération : Peut-on composer avec les criquets pèlerins ? - Antoine Doré p. 119-132 Les criquets pèlerins ont cette particularité de disparaître (ou presque) et de se faire oublier pour resurgir brusquement, quelques années plus tard, en immenses essaims. La faible fréquence des invasions, et la très grande amplitude du phénomène, invite à s'interroger sur la capacité des personnes affectées à réagir face à ces recrudescences spectaculaires qualifiées souvent de « catastrophes naturelles ». Cet article s'intéresse à la gestion des invasions de criquets pèlerins, et ce à partir d'un travail d'observation participante effectué au sein du Centre national de lutte antiacridienne de Mauritanie au cours de la dernière grande invasion de 2003-2005. Après avoir décrit la difficile « mise en risque » des proliférations acridiennes et mis en évidence l'existence d'une gestion plurielle de ces phénomènes, nous réinterrogeons l'efficacité de la lutte antiacridienne menée par les différents acteurs concernés.Migratory locusts vanish (or nearly so) and then are forgotten only to suddenly swarm back a few years later. Given the low frequency and very wide amplitude of these invasions, are the affected human populations able to react to the spectacular recrudescence of these insects? How to manage a locust invasion, which is often said to be a “natural catastrophe”? Information is presented from a stint of participant observation at the Centre national de lutte antiacridienne in Mauritania during the last major invasion in 2003-2005. After describing the jeopardies related to the proliferation of locusts and the plural management of this phenomenon, the effectiveness of the fight against the locusts is brought under review.
- Les goélands leucophée sont-ils trop nombreux ? : L'émergence d'un problème public - Christelle Gramaglia p. 133-148 Cet article revient sur la genèse des savoirs et des controverses ayant trait à la prolifération des goélands leucophée. Il présente le travail qu'ont effectué les naturalistes pour évaluer leur nombre et leur impact sur l'environnement. Il montre comment, avec l'expansion territoriale de ces oiseaux, s'est peu à peu élargie la controverse. En ville, comme dans certains espaces naturels sensibles, les goélands provoquent des nuisances : non seulement ils sont bruyants et salissants, mais ils sont en outre agressifs. Ce qui pose problème, c'est moins leur nombre que leur comportement transgressif dans l'espace domestique. Les différentes mesures qui ont été prises n'ont fait qu'atténuer localement les dommages. Les solutions manquent encore pour promouvoir des modes de cohabitation plus harmonieux avec ces animaux.The state of knowledge and controversies related to the proliferation of yellow-legged seagulls is described, along with the work done by naturalists to assess this population and its environmental impact. The controversy has gradually grown as these gulls have expanded their territory. In the city as well as certain natural sites, these gulls are causing a nuisance. They are noisy, dirty and, in addition, aggressive. The problem has less to do with the number of these birds than with their transgressive behavior. The measures adopted have at best alleviated the nuisance locally. No solutions have yet been found for improving our cohabitation with this species.
- Governing moth and man : Political Strategies to Manage Demands for Spraying - Rolf Lidskog p. 149-162 Ce texte analyse, dans la partie méridionale de l'île de Gotland, située sur la côte sud-est de la Suède, le traitement politique de l'invasion de la mite, un insecte provoquant des réactions allergiques chez l'homme. Compte tenu de cette nuisance et de ses effets possibles à terme sur le tourisme, la population affectée exigea l'aspersion de produits pour réduire et contrôler cet insecte. Cependant, on se prononça contre ce type de traitement, et ce en raison du manque de connaissances quant à ses répercussions écologiques, notamment sur la biodiversité. Des entretiens furent menés avec des acteurs de premier plan afin de comprendre comment ils appréhendaient ce problème et comment ils essayaient de le gérer. Le postulat de cette étude, c'est que la régulation ne porte pas seulement sur des objets spécifiques mais qu'elle contribue aussi largement à créer ces objets. L'approche empirique s'intéressera à la façon dont les acteurs perçoivent le problème et aux solutions qu'ils proposent. En dépit des demandes des résidents locaux pour que soient aspergés des insecticides, les instances publiques n'entreprirent aucune action particulière pour contrôler la population d'insectes mais choisirent délibérément de gérer les demandes formulées par la population locale. Le résultat en fut qu'on ne se contenta pas de gérer des mites mais qu'on géra aussi des hommes.This paper analyses, in southern Gotland, an island located on the southeast coast of Sweden, the political process for handling the outbreak of an insect, the moth, causing human allergic reactions. Given the human nuisance and possible long-term damage to the tourist industry, the affected populace demanded spraying to reduce and control the insect population. However, there were warnings against such a treatment because of gaps in knowledge of its wider ecological consequences, not least its effects on biodiversity. Key actors were interviewed to investigate their understanding of the problem and how they tried to make it governable. The point of departure is that regulation not only governs specific objects, but is also deeply involved in their construction. The empirical analysis investigates involved actors' conceptualizations of the problem and the proposed remedy. Despite local residents' demands for spraying, public agencies took no substantial action to control the insect population, but instead deliberately acted to manage the local population's claim-making. Thus, what took place was a process of governing not just moths, but men too.
- Les « bonnes » et les « mauvaises » proliférantes : Controverses camarguaises - Cécilia Claeys p. 101-118
Mythologies
- Cultural representations of problem animals in national geographic - Linda Kalof, Ramona Fruja Amthor p. 165-180 Les représentations des animaux et de la nature sont porteuses de sens, et nulle part ces représentations ne sont plus éloquentes que dans la revue National Geographic. Nous examinons ici les représentations d'animaux considérés comme dangereux et menaçants, une notion largement répandue dans nos sociétés, pour lesquelles le risque est une préoccupation majeure. L'analyse d'un échantillon aléatoire de photographies d'animaux dits problématiques, prises entre 1900 et 2000, permet de les classer en trois catégories : 1) les animaux dangereux et qui perturbent les hommes et leurs biens (35,6 %) ; 2) les humains dangereux et qui perturbent le milieu naturel (34,9 %) ; 3) les animaux dangereux et qui perturbent le milieu naturel (29,6 %). L'iconographie de National Geographic contribue ainsi à présenter les animaux comme nocifs et « invasifs » et à inclure, dans la catégorie des nuisibles, l'animal qu'est l'être humain.Linda Kalof and Ramona Fruja Amthor, Cultural Representations of Problem Animals in National Geographic The cultural representations of animals and nature are important sources of meaning-making, and nowhere are those representations more pervasive than in National Geographic magazine. We examine the representation of animals as dangerous and threatening, a notion widespread in our risk-focused society. Analysis of a random sample of animal photographs published between 1900 and 2000 documents that animals depicted as problems fall into three categories: 1) Animals as dangerous and disruptive to humans and their property (35.6%); 2) Humans as dangerous and disruptive to the natural world (34.9%); 3) Animals as dangerous and disruptive to the natural world (29.6%). We conclude that National Geographic iconography contributes to a discourse of animality as noxious and invasive, a discourse that also includes human animals as harmful to the natural world.
- Les natures apocryphes de la seine : L'envasement des plages du Calvados - Olivier Sirost p. 181-196 Au début des années 2000, les experts et élus du Calvados tirent le signal d'alarme à propos de l'envasement massif des plages du littoral et de la dégradation du tourisme dus à la construction du pont de Normandie et au développement portuaire du Havre. Derrière cette menace, on découvre une gestion plus sociale que savante du phénomène, qui puise ses origines dans la mythologie « vaseuse » construite par les romantiques, les impressionnistes et les naturalistes. Si pour le grand public la vase reste largement absente, pour les scientifiques elle entre dans le cadre du débat sur les proliférantes natures. L'envasement revêt, dans cette société balnéaire, la figure du pullulement et de l'intrusion. Ce décalage entre une vision technoscientifique et la vision des usagers met en avant une conception apocryphe de l'estuaire, dans laquelle la mystérieuse prolifération de la vase réenchante une vision culpabilisante de la nature.At the start of the new millennium, experts and elected officials in Calvados Department, France, warned about the massive buildup of silt on beaches there and the poorer conditions for tourism owing to the construction of the Normandy Bridge and the development of the port in Le Havre. Underlying this warning, we discover a form of management that, social rather than scientific, has its origins in the “murky” mythology constructed by the proponents of Romanticism, Impressionism and Naturalism. Whereas silt is not a problem for the general public, it is, for scientists, an issue in the debate about proliferation in nature. In coastal areas, silted beaches provide the very image of proliferation and intrusion. This difference between a technoscientific viewpoint and that of users sheds light on an apocryphal conception of the Seine River's estuary, whereby the mysterious proliferation of silt re-enchants a vision of nature that arouses guilt feelings.
- The Myth of Plant-invaded Gardens and Landscapes - Gert Gröning, Joachim Wolschke-Bulmahn p. 197-218 Au cours des dernières décennies, la notion de « plantes envahissantes » s'est de plus en plus imposée. Cet article tente de comprendre pourquoi on cherche tant à créer un mythe de jardins et de paysages envahis par les plantes, lesquelles prennent la figure de démons. Les auteurs puisent leurs références dans l'histoire ancienne des plantes, des jardins et des paysages, et s'intéressent tout particulièrement aux développements qui sont intervenus après la publication de l'ouvrage Essai sur la Géographie des Plantes de Humboldt et Bonpland (1805) et de l'ouvrage Generelle Morphologie der Organismen de Haeckel (1866). Des exemples empruntés à des sources allemandes et américaines montrent que ce qui était une science reconnue de façon internationale au début du XIXe siècle est progressivement devenu une science nationaliste et réactionnaire allant jusqu'à manipuler les résultats des enquêtes académiques. Au début du XXIe siècle, ceux qui plaident en faveur des espèces « indigènes » sont ceux qui, dans le même temps, considèrent les plantes « étrangères » ou « exotiques » comme « intrusives ». Pour eux, les plantes indigènes sont pacifiques et non envahissantes. Ce qui prouve combien leur point de vue est biaisé.In recent decades the notion of “invasive plants” gained momentum. This article tries to answer the question why there seems to be such a strong interest to create a myth of plant-invaded gardens and landscapes and to manufacture demons of invasive species. It refers to the interest in plants, gardens and landscapes in early human history and focusses upon the development after Humboldt's and Bonpland's Essai sur la Géographie des Plantes (1805) and Haeckel's Generelle Morphologie der Organismen (1866). Examples from German and American sources indicate that what began as an internationally oriented science in early 19th century deteriorated into increasingly reactionary nationalist oriented tinkering with the results of scholarly studies. In early 21st century those who doctrinarily plea for “native” plants often also condemn “foreign” or “exotic” plants as aggressive intruders. They suggest that native plants are peaceful and non-invasive and thus give evidence of their biased viewpoint.
- À propos des introductions d'espèces : Écologie et idéologies - Christian Lévêque, Jean-Claude Mounolou, Alain Pavé, Claudine Schmidt-Lainé p. 219-234 Nombre d'écologues tiennent le même discours alarmiste que les ONG de protection de la nature vis-à-vis des espèces introduites. Cet article rappelle que la science écologique, qui s'est développée autour des concepts d'« équilibre » et de « stabilité » des écosystèmes, a contribué à maintenir une vision statique de la nature. Elle reste encore imprégnée de cette idéologie d'essence créationniste, et n'a pas encore intégré le rôle du hasard et de la variabilité de l'environnement dans la mise en place des faunes et des flores.Many environmentalists are as alarmist as the NGOs that seek to protect nature from introduced species. Having developed around the concepts of the “equilibrium” and “stability” of ecosystems, the science of ecology has reinforced a static view of nature. Still imbued with a creationistic ideology, it has not yet taken into account the role of hazard and variability on the introduction of plant- and wildlife in an environment.
- Cultural representations of problem animals in national geographic - Linda Kalof, Ramona Fruja Amthor p. 165-180
Chronique
- Enjeux fonciers. deuxième partie : Amérique latine, Méditerranée, Russie - Gérard Chouquer p. 237-246
- Comptes rendus - p. 249-270