Contenu du sommaire : Le mal et le pardon
Revue | Archives de philosophie |
---|---|
Numéro | tome 77, no 3, juillet 2014 |
Titre du numéro | Le mal et le pardon |
Texte intégral en ligne | Accessible sur l'internet |
Le mal et le pardon
- Penser le pardon - Yves Charles Zarka p. 387-388
- De l'aveu et du pardon : Lecture de la dialectique du « Mal et de son pardon » dans la Phénoménologie de l'Esprit de Hegel - Joseph Cohen p. 389-406 Résumé : Nous nous proposons dans cette étude de relire la dialectique du « Mal et de son pardon » dans la Phénoménologie de l'Esprit. Cette dialectique constitue l'accomplissement spéculatif de la « reconnaissance » chez Hegel en ce qu'elle déploie ce nous pourrions nommer une « grammaire de la réconciliation ». Il s'agira donc de montrer en quoi s'y ouvre l'espace d'un différentiel infini entre l'agir et le juger et donc que la réconciliation que déploie ici Hegel marque une discontinuité différenciante où se maintiendrait toujours l'écart entre l'aveu et le pardon. Nous verrons donc que ce que Hegel nomme la « réconciliation » entre l'« agir » et le « juger » loin de simplement confondre l'aveu et le pardon situera l'impossibilité d'inscrire l'aveu du mal en une téléologie pardonnante ou inversement à faire du pardon un effacement du mal avoué.Abstract: We propose in this study to reinterpret the dialectic of « Evil and its Forgiveness » in Phenomenology of Spirit. This dialectic constitutes the speculative accomplishment of « recognition » in Hegel's philosophy as it deploys what we could here name a « grammar of reconciliation ». We will thus show in which manner this dialectic opens to the space of an infinite differential between the « acting consciousness » and the « judging consciousness » and thus that the reconciliation here deployed by Hegel marks a differing and differentiating discontinuity where is always maintained a distance between avowal and forgiveness. We will see, in this manner, that what Hegel calls the « reconciliation » between « acting » and « judging » far from confounding avowal and forgiveness situates the impossibility of inscribing the avowal of evil in a teleology of forgiveness or inversely of making of forgiveness the negation of the avowed evil.
- Le pardon entre oubli et partage : La généalogie de l'homme désenfermé dans L'Étoile de la Rédemption - Gérard Bensussan p. 407-420 Résumé : Dans L'Étoile de la rédemption de Franz Rosenzweig, une topologie articule la question du pardon en tant que non-originaire. La distribution qui scande, organise et tisse toute une série de reliaisons faisant « système » dans L'Étoile, c'est : Création / révélation / rédemption comme modes relationnels et temporels déterminant des façons pour l'homme de se trouver pris dans des liaisons spécifiques avec Dieu, avec le monde, avec les autres hommes. Dans ces réseaux tissés par L'Étoile, la question est de savoir si le pardon est chose humaine ou grâce divine, « propre de l'homme » ou « propre de dieu » et de quoi il pourrait bien être, du coup, l'« impropre ».Abstract: In the Star of Redemption of Franz Rosenzweig the forgiveness ist not really originary. The dispatching or distribution model who rules a multiplicity of « systematic » relations in the Star is the triplicity Creation/Revelation/Redemption. Thus the question is: is forgiveness a human affair or a divine favor ? Is it practicable in the community or is it a matter of intersubjectivity ? The themes of time, love, forgiveness and otherness are central in this reflexion.
- L'impardonnable chez Jankélévitch - Nicolas de Warren p. 421-433 Résumé : Parmi les diverses tentatives pour clarifier la possibilité et le sens du pardon, l'une des plus originales, et l'un des premiers textes sur la question suite à la Shoah, revient à Vladimir Jankélévitch. Dans le présent article, je propose une esquisse de ce qui est unique et important dans la conception du pardon chez Jankélévitch qui implique un rejet des deux formes paradigmatiques du pardon : le pardon théologique et le pardon non religieux, pour penser l'impossibilité de pardonner l'impardonnable – le mal absolu – en un acte qui transfigure les capacités de l'homme : l'homme qui pardonne devient « inhumain », une présence unheimlich parmi les hommes.Abstract: Among the various efforts to clarify the possibility and meaning of forgiveness, one of the most original, and one of the first writings on the question of forgiveness after the Holocaust, was Vladimir Jankélévitch's Forgiveness. In this article, I propose to delineate what is unique and significant with the conception of forgiveness in Jankélévitch, which implies a rejection of the two paradigmatic forms of forgiveness : theological forgiveness and secular forgiveness. Forgiving the unforgivable transforms the capactities of human existence : the one who forgives becomes inhuman, an unheimlich presence among men.
- Le pardon de l'impardonnable : Derrida en question - Yves Charles Zarka p. 435-447 Résumé : La divergence entre Vladimir Jankélévitch et Jacques Derrida sur le pardon touche une question fondamentale : celle de l'impardonnable. Mais cette divergence n'a, en principe, pas du tout le statut d'une opposition entre deux doctrines hétérogènes, deux écoles et encore moins deux traditions. Nous tâchons de montrer dans cet article que Derrida ne peut à la fois rompre avec la condition, fût-elle minimale, d'une éthique pourtant hyperbolique, sans remettre en question le pardon lui-même. N'aurait-il pas mieux valu sortir de l'éthique hyperbolique du pardon, pour aller vers autre chose : peut-être une éthique sans pardon, « s'il y en a » bien entendu.Abstract: The divergence between Vladimir Jankélévitch and Jacques Derrida on forgiveness touches on a fundamental question : that of the unforgivable. But this divergence, in principle, has nothing of the status of an opposition between two heterogeneous doctrines, two schools, and even less between two traditions. We attempt to show in this article that Derrida cannot break with the condition, albeit minimal, of an ethics which is yet hyperbolical, without calling forgiveness itself into question. It might have been better to leave behind a hyperbolical ethics of forgiveness, to move towards something else, perhaps an ethics without forgiveness, if of course there is such a thing.
- Wilhelm Dilthey et la recherche d'un concept historique de temps - Guillaume Fagniez p. 449-470 Résumé : La pensée de W. Dilthey est ici interrogée dans la perspective de sa contribution au dégagement des éléments principaux d'un concept historique de temps. Dans le contexte de son projet de fondation des sciences de l'esprit, Dilthey tente de reconquérir la réalité du temps – contre son idéalisation transcendantale – en le reconduisant à son origine dans la vie psychique. Mais ce foyer psychologique de la conception diltheyenne du temps lui barre l'accès à un concept de temps véritablement adapté à l'histoire. En envisageant le temps et l'histoire dans la perspective du présent et sur la base d'une anthropologie encore tributaire de la tradition moderne, Dilthey indique ainsi a contrario de possibles voies pour parvenir à un véritable concept historique de temps.Abstract: This paper will examine Dilthey's contribution to defining the main elements of a historical concept of time. In the framework of his attempt to lay the philosophical foundations of the human sciences, Dilthey aims to reclaim the reality of time against its transcendental idealization by returning it to its origins in psychic life. However, the psychological focus of the Diltheyian conception of time prevents it from accessing a time concept properly suited to history. On the other hand, by approaching time from the perspective of the present and on the basis of modern anthropology, Dilthey indicates possible pathways for achieving a proper historical concept of time.
- La métaphysique en dialogue : Sur l'appropriation herméneutique de Platon par H.-G. Gadamer - Rudolf Boutet p. 471-488 Résumé : Notre étude a pour objectif de lever un malentendu concernant l'appropriation herméneutique de la philosophie platonicienne par H.-G. Gadamer. On suggère couramment que la lecture que propose Gadamer du corpus platonicien, ou bien évacue son caractère métaphysique, en y privilégiant la mobilité du dialogue sur les thèses qui s'y développent, ou bien assimile l'aspect métaphysique du platonisme à l'oubli du langage que condamne la dernière partie de Vérité et Méthode. En réponse à ces deux grilles d'interprétation, nous proposons d'examiner les vues de Gadamer sur la métaphysique platonicienne du Beau, afin de mettre en lumière le lien positif qu'entretient l'herméneutique avec un certain aspect de la métaphysique de Platon et a fortiori avec la tradition métaphysique en général.Abstract: By showing the importance of the metaphysics of the beauty in Gadamer's interpretation of Plato, this paper argues that Gadamer does not interpret Plato only in non-metaphysical terms, contrary to what is often suggested. This is why one has to reconsider the relation between Gadamer's hermeneutics and Plato's metaphysic, and even the metaphysical tradition in general. We think that if Gadamer discredits a certain aspect of the classical metaphysics, at the same time he is able to reveal a more positive aspect of it.
- Levinas. L'esprit, la lettre : Notes en marge de « Simone Weil contre la Bible » (1952) - Guy Petitdemange p. 489-505 Résumé : Dans les années d'après-guerre, Simone Weil devint pour un temps une référence puissante. Camus lui-même en salua la force et l'actualité. Levinas prit lui aussi position dans un article bref, mais retentissant. Il y évoque la réflexion de Simone Weil en son entier, mais sur la base d'un seul point d'appui, sa lecture de la Bible, laquelle éclaire en partie une interprétation violente et injuste du judaïsme biblique. Ici la critique de Levinas n'empêche pas l'admiration. Et cette étude n'est pas le dernier mot du dialogue entre les deux philosophes.Abstract: In the post-war years, for a time, Simone Weil became a strong reference. Albert Camus himself welcomed her strength and relevance. Levinas too got involved with the publication of a brief but resounding article. He reminds of Simone Weil's thinking as a whole, however only on the basis of her reading of the Bible, which sheds some light on her violent and unfair portrayal of the biblical Judaism. Levinas's critique doesn't prevent his admiration. Moreover, the study is not the last word of the dialogue between the two philosophers.
- Complexité et invisibilité de l'être-ensemble : Des racines et d'un arbre à cernes - Dov Bernard Hercenberg p. 507-522 Résumé : Une observation attentive de ce qui se passe à la base d'un arbre à cernes, entre tronc et racines est l'occasion d'une méditation sur le rapport entre unité et pluralité, complexité et invisibilité. Mais cette lecture n'est pas seulement l'occasion d'une démarche phénoménologique entre botanique et philosophie. Elle amène à s'interroger sur ce qui dépasse la seule phénoménologie et la guide peut être dans cette réflexion qui n'est pas sans rappeler la problématique de l'arbre de la connaissance des premiers chapitres de la Genèse.Abstract: A careful observation of what happens at the base of a tree with rings, between trunk and roots, allows to meditate about the relationship between unity and plurality, complexity and invisibility. However, this reading provides not only the opportunity for a phenomenological approach between botany and philosophy. It raises questions about what goes beyond the only phenomenology and, perhaps, moves it in a way of thinking which is reminiscent of the theme of the tree of knowledge in the early chapters of Genesis.
Bulletin de Philosophie médiévale XVI
- Comptes rendus - p. 523-533
- Bulletin de Philosophie médiévale XVI : Compte rendu d'ouvrage paru en 2011 (complément) - p. 539-558