Contenu du sommaire : Afriques
Revue | Les Cahiers d'Outre-Mer |
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Numéro | no 226-227, avril-septembre 2004 |
Titre du numéro | Afriques |
Texte intégral en ligne | Accessible sur l'internet |
- Afriques - François Bart p. 1
- Le négoce caravanier au Sahara central : histoire, évolution des pratiques et enjeux chez les Touaregs Kel Aïr (Niger) - Julien Brachet p. 2 Les aristocrates guerriers (imajeghen) Kel Aïr étaient impliqués de diverses manières dans les échanges caravaniers sahariens et transsahariens, ce qui leur permettaient d'exercer une domination politique, économique et sociale, sur un certain nombre d'espaces et sur les populations qui y vivaient. Ce contrôle sociospatial concourait à définir un ensemble de territoires politiques et marchands, et participait à l'organisation des groupes. À partir de la seconde moitié du XIXe siècle, un ensemble de facteurs a perturbé la tenue de ce négoce caravanier, amorçant son déclin. Les rapports sociaux deproduction et d'échange, les rapports de domination, ainsi que les rapports despopulations à l'espace ont pour une bonne part été bouleversés. Ce sont donc les structures qui permettaient la reproduction sociale et matérielle des groupes Kel Aïr qui ont été modifiées, entraînant ces populations dans une situation de crise.
- Migration, chefferie et accès aux ressources foncières dans le canton de Torodi (Ouest du Niger) - Harouna Mounkaïla p. 3 Les mouvements de colonisation agricole constituent l'une des dynamiques démographiques les plus significatives de ces 30 dernières années dans le canton de Torodi. Ces mouvements affectent les modes d'accès, d'utilisation et de gestion des ressources agro-écologiques, en particulier la terre, et aggravent les confrontations pour s'approprier l'espace et ses ressources. Il s'ensuit le développement de tensions foncières entre les principaux utilisateurs de cet espace qui débouchent parfois sur des conflits d'usage de la terre dans la gestion desquels la chefferie traditionnelle joue un rôle important. À travers l'exemple de quatre villages du canton de Torodi qui ont connu ou connaissent encore l'installation d'immigrants, cet article vise à cerner l'évolution et les enjeux majeurs des mouvements de colonisation agricole. Il tente en particulier de mettre en évidence les dynamiques foncières résultant de l'immigration et l'insécurité de la tenure foncière.
- Aire protégée et construction de territoire en patrimoine : l'exemple de l'île de Karey Kopto (Niger) - Boureima Amadou p. 4 Le village de Karey Kopto est situé à environ 180 km au sud de Niamey à la périphérie du Parc du « W ». Celui-ci fut créé en 1954 dans un souci de conservation de la biodiversité. Le Parc du « W », réserve de biosphère, dans sa délimitation inclut les îles du fleuve Niger dont celles de Karey Kopto. Cette île, avant sonclassement, et même plusieurs années après, servait de lieux de cultes, de pratiques thérapeutiques et d'exploitation agropastorale aux populations riveraines. L'appropriation rigoureuse de la législation en matière de conservation et de gestion a abouti à une expropriation de l'île. Nous essayons dans ce texte de faire ressortir la revendication patrimoniale des populations de cette île à travers le discours et les pratiques. Nous tentons également de montrer les conséquences de cette expropriation sur les pasteurs peuls. Ces derniers, occupant le plateau, ont à leur tour été chassés par les populations autochtones. Cette expulsion en chaîne rend compte des nouvelles mobilités des éleveurs dans cette région.
- Environnement institutionnel et gestion traditionnelle des espaces forestiers : cas de la région des Monts Kouffé au Centre du Bénin - Gaston S. Akouehou p. 5 La gestion des ressources forestières mobilise en Afrique au sud du Sahara une multitude d'acteurs. Chaque type d'acteur élabore un système de représentation sociale de ces ressources qui varie selon ses intérêts. Pour évaluer les différentes normes traditionnelles de gestion des espaces forestiers afin de voir les possibilités de l'action concertée autour du massif forestier des monts Kouffé, la démarche utilisée est essentiellement basée sur des entretiens semi-directifs avec une centaine d'acteurs appartenant à différentes catégories socio-professionnelles. Le résultat de l'analyse des discours a permis de constater que les communautés locales, parce qu'elles constituent les premiers occupants, s'identifient aux forêts et ont implicitement une représentation sociale très forte. Alors que pour les allochtones, qui sont des colons agricoles, c'est une réserve de terre. Pour les pasteurs sédentaires ou transhumants, les végétations vertes des galeries des différents interfluves constituent des ressources pastorales dont le seul et principal propriétaire est Dieu. Or, pour les exploitants, c'est seulement une ressource ligneuse tarissable dont chacun doit prendre sa part avant d'aller dans une autre forêt et, pour l'État, les forêts classées sont constituées par les terres vacantes qu'il faut protéger. Ces différences perceptions socio-économiques des acteurs montrent les difficultés d'élaboration de normes de gestion en foresterie communautaire dans les régions subsahariennes en général et au Centre du Bénin en particulier.
- Le tourisme international au Bénin : une activité en pleine expansion - Jean-Philippe Principaud p. 6 Cet article étudie le tourisme international au Bénin, petit pays d'Afrique de l'Ouest. Comme beaucoup de pays d'Afrique subsaharienne, celui-ci mise sur le tourisme pour participer au développement du pays, considéré comme l'un des plus pauvres du monde. Depuis le processus de démocratisation du régime en 1990, les flux touristiques internationaux ont doublé mais malgré des atouts indéniables (histoire et culture originales, paysages, artisanat?), le tourisme d'agrément reste mineur faute de véritable promotion et surtout de professionnalisme. Le tout récent plan de développement touristique et les nouvelles options retenues pour un tourisme durable au Bénin laissent entrevoir l'espoir d'un tourisme de qualité dans certaines régions du pays et une bien meilleure maîtrise de ce secteur d'activité par les autochtones.
- Bioko (Guinée équatoriale) : un espace insulaire stratégique au centre du golfe de Guinée - Jean Rieucau p. 7 La Guinée équatoriale se caractérise par l'émiettement de sa construction territoriale, scindée en un bloc continental (Río Muni) et une composante insulaire, elle-même dispersée. Bioko, île la plus vaste du golfe de Guinée, par son adossement à de vastes réserves d'hydrocarbures offshore, parce qu'elle porte la ville de Malabo, capitale politique du troisième pays producteur de pétrole de l'Afrique subsaharienne, est devenue un espace insulaire stratégique.
- Échanges maritimes et enclavement en Afrique de l'Ouest : le cas des ports d'Abidjan et de Cotonou - Léandre Edgard Ndjambou p. 8 Avec les indépendances et l'éclatement des grandes fédérations coloniales, l'AOF et l'AEF, l'ancienne Afrique française a vu naître un certain nombre d'États souverains sans contact avec la mer et du même coup dépendant pour leurs relations avec l'extérieur, d'autres États riverains du golfe de Guinée. D'où les efforts développés par ceux-ci en vue de capter les trafics et le souci inversement des pays enclavés de desserrer à tout prix la position de monopole qu'ils s'étaient arrogée de facto. L'échec des compagnies de navigation nationales apparues après 1960 et les développements de la conteneurisation, en permettant à des groupes étrangers de s'imposer, ont cependant depuis peu contribué à compliquer le jeu en établissant de nouvelles contraintes, mais elles sont dans ce cas plus techniques que politiques. L'objet de cet article est de faire le point sur l'état de la question à partir des relations des ports d'Abidjan et de Cotonou avec les États enclavés de leur arrière-pays, le Mali, le Burkina Faso, le Niger et plus marginalement le Tchad, et de montrer les efforts développés par quelques gros opérateurs du commerce maritime pour tisser les réseaux modernes de leur logistique.
- Éton et Manguissa, de la Lékié au Mbam-et-Kim : jeux et enjeux fonciers (Centre-Cameroun) - Joseph Gabriel Elong p. 9 Les nouveaux villages du département du Mbam-et-Kim dans la Province du Centre au Cameroun sont issus des migrations des populations rurales du département de la Lékié. En effet, depuis une vingtaine d'années, l'acquisition de nouvelles terres pour les activités agricoles sur la rive gauche de la Sanaga est devenue un problème crucial pour les générations actuelles par suite des densités de plus en plus élevées de la population rurale. Face aux nombreux litiges fonciers, la traversée de la Sanaga s'offre comme une opportunité pour ces agriculteurs qui trouvent dans la rive droite du fleuve, région peu peuplée, de vastes espaces pour leurs activités agricoles. Ils s'installent soit temporairement, soit définitivement en Mbam-et-Kim. Ces villages de migrants, dont les caractéristiques socio-économiques diffèrent de celles des villages des autochtones, ont nettement modifié le paysage de l'habitat rural de ce département. Ils présentent en effet quelques spécificités en ce qui concerne l'autorité traditionnelle, les modes de communication, l'acquisition des terres, la vie communautaire, les modes de production agricole. Pour leur structuration, ces villages ont bénéficié d'interventions étatique, para-étatique, non-gouvernementale et privée. Cet exemple montre que les migrations rurales ne sont pas seulement tournées, de nos jours, vers les centres urbains, mais aussi vers les zones rurales.
- Le développement agricole et pastoral du Nord de la Côte-d'Ivoire : problèmes de coexistence - Tanguy Le Guen p. 10 Dans les années 1970, une politique de développement et de rééquilibrage économique du Nord de la Côte-d'Ivoire a été entreprise ; nous avons particulièrement étudié les départements de Korhogo et Ferkessédougou. Après la révolution agricole « cotonnière », a succédé dans le Nord une deuxième révolution que l'on peut qualifier d'agro-pastorale. Les grands barrages hydro- agricoles ont permis la culture du riz irrigué. Les petits barrages créés pour assurer aux éleveurs la pérennisation de l'eau ont permis la sédentarisation des éleveurs peuls et une augmentation considérable de la production bovine ivoirienne. Non prévue à l'origine, la mise en culture des rives des retenues d'eau des petits barrages a permis un développement spectaculaire du maraîchage dans une zone où il n'était possible qu'en saison des pluies. Tous ces développements concomitants ont, çà et là, entraîné des problèmes de coexistence difficiles à vivre. En attendant l'intégration de l'élevage dans le secteur agricole, il reste possible d'intégrer les éleveurs peuls dans le monde agricole ivoirien.
- Burundi : une agriculture à l'épreuve de la guerre civile - Alain Cazenave-Piarrot p. 11 Le Burundi traverse depuis dix ans une éprouvante guerre civile qui a ruiné l'économie du pays. L'agriculture vivrière, qui fait vivre 93 % des Burundais, a permis d'échapper aux famines qui menacent le pays. Il s'agit d'une efficace agriculture sous pluie qui conditionne de fortes densités de population et génère des modes de vie paysans. Par ailleurs, l'aide alimentaire internationale pallie, aussi, les ravages de la guerre civile. Les cultures d'exportation, au premier rang desquelles se place le café arabica, sont en très forte baisse. Elles continuent de fournir l'essentiel des rentrées de devises du pays, mais alimentent aussi des circuits parallèles dont certains financent la rébellion. La structure très traditionnelle de la société rurale burundaise, qui permet d'amortir les effets de la guerre civile, explique celle-ci pour une bonne part. La sortie de crise ne peut s'opérer que par l'ouverture, économique pour commencer, de cette société paysanne. La réflexion pose aussi, et en filigrane, la question de la recherche géographique dans un espace en guerre.
- Patrice Cosaert et François Bart (dir.), Patrimoines et développement dans les pays tropicaux : Bordeaux, DYMSET, 2003, n° 18, 704 pages (Collection « Espaces tropicaux ») - Guy Mainet p. 12
- Jean Demangeot, Tropicalité - Géographie physique intertropicale : Paris, éd. Armand Colin, 1999, 340 pages, 109 fig., 57 tab., 48 photos - Jean-Noël Salomon p. 13
- CRET, Études urbaines à Ouagadougou (Burkina Faso) : Université de Bordeaux III, n° 11, 2003, 162 pages, 13 fig., 17 tabl. et 18 photos (Collection « Pays enclavés ») - Guy Mainet p. 14