Contenu du sommaire : Les piémonts argentins semi-arides
Revue | Les Cahiers d'Outre-Mer |
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Numéro | no 239, juillet-septembre 2014 |
Titre du numéro | Les piémonts argentins semi-arides |
Texte intégral en ligne | Accessible sur l'internet |
- Avant-propos - Jean-Noël Salomon p. 281-282
- Immigrants métallurgistes français et viti-viniculture moderne à Mendoza et San Juan, Argentine (1885-1930) - Eduardo Pérez Romagnoli p. 283-299 L'étude trace un panorama sur le rôle accompli par un groupe, réduit mais actif, d'immigrants métallurgistes français, aux origines du modèle vitivinicole de Mendoza et San Juan, deux provinces situées au Centre-Ouest du pays et qui constituent la région fondamentale vitivinicole argentine. Le cadre temporel correspond à la période 1885-1930, c'est-à-dire entre la connexion ferroviaire de ces deux provinces avec Buenos Aires et la grande crise de 1930. On essaie d'identifier les fondateurs et les propriétaires des ateliers réparateurs et producteurs d'équipements agricoles pour les bodegas et distilleries industrielles, et aussi de montrer quelques traits de leur activité. Le travail repose sur des enquêtes réalisées par l'auteur auprès d'informateurs qualifiés, et tout particulièrement les descendants des fondateurs et propriétaires de certains ateliers. Les sources existantes ont également été consultées dans des archives et bibliothèques provinciales et nationales de Mendoza, San Juan et Buenos Aires.
- Le Rio Atuel, un exemple d'aménagement en milieu naturel subaride (Andes de Mendoza, Argentine) - Jean-Noël Salomon p. 301-318 Le rio Atuel (Andes de Mendoza, Argentine) parcourt un bassin versant dans lequel on distingue plusieurs secteurs très différents, ce qui en fait sa grande originalité. La partie andine se caractérise par l'influence de la haute montagne (glaciers, ample vallée glaciaire, moraines) et le volcanisme (cônes sommitaux, coulées de laves, hydrothermalisme). Au débouché des Andes, il parcourt un immense piémont aride couvert de steppe rase, uniquement mis en valeur par une activité agro-pécuarienne de type extensif, aujourd'hui en déclin, mais où l'on a découvert d'importants gisements de pétrole. Puis il incise profondément un canyon, ce qui a été mis à profit pour un harnachement hydro-électrique judicieux et un tourisme récent (loisirs, rafting, etc.). Enfin, ses eaux, jointes à celles du rio Diamante, permettent le développement d'une oasis irriguée où les cultures fruitières et maraîchères le disputent à un vignoble reconnu. Les villes de San Rafaël et General Alvear organisent cet espace en expansion.
- La ressource hydro-électrique dans la Province de Mendoza (Argentine) - Emilie Lavie p. 319-339 La Province de Mendoza (Argentine) a vu se développer plusieurs oasis de piémont, bénéficiant de la présence de ríos andins, au c?ur de la diagonale aride sud-américaine. La transformation de ces espaces irrigués en oasis modernes a fait croître la demande en eau et en électricité. Or, à Mendoza, la majorité de l'alimentation énergétique est hydro-électrique. Cette dernière est au c?ur d'un ensemble de conflits d'usage, autour de la ressource en eau dans cette Province.
- Mise en valeur et organisation d'un territoire : la province de Tucuman - Philippe Laymond p. 339-362 L'évocation des grandes phases historiques de mise en valeur de la province de Tucuman permet de comprendre la structuration actuelle du territoire, avec des héritages successifs qui se sont imprimés dans les paysages. Il en ressort la grande place à accorder aux éléments du milieu dans les divers processus, même si les références culturelles, politiques et économiques entrent en jeu de manière décisive.
- La précarité paysanne argentine en milieu semi-aride : exemple de Santiago del Estero - Emilie Starck p. 363-394 Pourquoi les exploitations sans limites définies constituent-elles l'un des principaux maux de l'espace rural argentin ? L'exemple de Santiago del Estero (province du Nord-Ouest) permet une mise en évidence des caractéristiques structurelles des minifundios sans titre de propriété, aujourd'hui impliqués dans un conflit terrien sans précédent. La petite agriculture de survie, marquée par une grande pauvreté et une forte interaction avec le milieu semi-aride, est confrontée aux impératifs commerciaux internationaux. Face aux vagues d'expulsions liées à l'extension rapide du soja transgénique, jusqu'à des terres marginales, les occupants se trouvent démunis par suite d'un appareil judiciaire précaire et d'un désintérêt politique à la fois provincial et national. En réponse à cette violation territoriale, la naissance du mouvement paysan MOCASE a engendré une force de représentation identitaire pour faire entendre les droits d'une population rurale marginalisée. Or, les autorités politiques, marquées par un clientélisme ancien et assurées d'un manque de réaction de l'opinion publique, ont affaibli l'organisation paysanne aujourd'hui en crise. Les marginalisations sociale et économique des occupants continuent donc. Ce problème nécessite une remise en question de type politique : c'est sans doute le seul échappatoire à l'« anarchie » territoriale provinciale.