Contenu du sommaire : Voice !
Revue | Raisons Politiques |
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Numéro | no 29, avril 2008 |
Titre du numéro | Voice ! |
Texte intégral en ligne | Accessible sur l'internet |
Editorial
- Voice ! : Identités et mobilisations - Astrid von Busekist p. 5-7
Dossier
- Le flash-mob : forme d'action privilégiée des jeunes contestataires en Biélorussie - Tatyana Shukan p. 9-21 Cet article se propose de poursuivre la réflexion engagée par les auteurs nord-américains sur l'action collective dans un contexte politique répressif, ainsi que sur le travail d'adaptation des acteurs contestataires aux pratiques punitives des autorités, à partir de l'exemple de la mobilisation des jeunes contre le régime autoritaire en Biélorussie. La thèse de l'adaptation est ici abordée à travers l'exemple d'un répertoire d'action privilégié de ces jeunes contestataires l'action éclair ou, selon leurs propres termes, le flash-mob. S'attachant à restituer les caractéristiques et les modalités d'organisation de cette forme d'action fort originale, ce travail montre que si elle permet de multiplier les actions protestataires malgré les répressions et aide les jeunes opposants à s'adapter à leur position de mouvement de résistance, elle les enferme dans cette même position, en réduisant les effets de leurs mobilisations.
- Les voies silencieuses de la contestation : les Frères musulmans égyptiens, entre clientèlisme et citoyenneté alternative - Marie Vannetzel p. 23-37 L'analyse de la mobilisation électorale des Frères musulmans en Egypte, lors des élections parlementaires de 2005, met en lumière comment ceux-ci assurent la continuation, dans la voie légaliste, de leur action contestataire. Les spécificités pratiques et symboliques de leur politique clientèlaire leur conférant tant les attributs de l'éligible et de l'opposant, les Frères favorisent, par des procédés progressifs et silencieux, l'appropriation sociale du vote comme ressort de protestation, mais encore, contribuent à la diffusion d'une vision alternative de la citoyenneté potentiellement subversive.
- L'influence des groupes d'intérêts éthniques sur la politique étrangère américaine - Thomas Grjebine p. 39-57 L'adoption le 10 octobre dernier par la Commission des Affaires étrangères de la Chambre des Repr2sentants d'une résolution reconnaissant le génocide arménien de 1915 bouscule certaines idées reçues sur les rapports de force à Washington. De façon spectaculaire, le petit lobby arménien est en mesure d'imposer au Président Bush, perçu comme tout puissant, une prise de position à laquelle l'Administration présidentielle s'est toujours formellement opposée. Comment expliquer le soutien du Congrès aux revendications des Arméniens-Américains et, plus généralement, l'intérêt des Etats-Unis pour l'Arménie ? Comment un petit groupe d'intérêt ethnique a-t-il pu faire échec aux stratégies des compagnies pétrolières américaines ? Cet article tente de répondre à ces questions.
- Mobilisations autour d'un modèle de sortie de conflit. : La Commission Nationale de Réparation et Réconciliation : une « commission de vérité et réconciliation » (CVR) colombienne ? - Delphine Lecombe p. 59-75 La Commission Nationale de Réparation et Réconciliation colombienne (CNRR) « n'est pas une Commission de Vérité et Réconciliation » plaident ses membres. En effet, le conflit colombien diffère des contextes traditionnels de création des CVR. Pourtant, la CNRR fait l'objet d'investissements nationaux et internationaux financiers, cognitifs et normatifs. Elle mobilise les acteurs « traditionnels » du modèle des CVR qui la pensent comme un lieu de reproduction des « bonnes pratiques » internationales en matière de sortie de conflit. La CNRR s'invente dans un jeu de va-et-vient entre l'identification et la singularisation du modèle des CVR. Les spécificités du contexte colombien imposent aux acteurs mobilisés dans et autour de la CNRR des « bricolages » : le modèle est travaillé pour être adapté aux contraintes colombiennes.
- Des microphones symboles de participation sociale : le cas des radios communautaires en Colombie - Erica Guevara p. 77-91 Cet article s'intéresse à la constitution du secteur des professionnels de la communication participative au sein des radios communautaires en Colombie, en tant qu'élément déstabilisateur du mythe de l'état de nature des médias participatifs. Ni isolées, ni éphémères, ni naturelles, ni résistantes, les radios participatives mobilisent une grande quantité d'acteurs, cristallisant des intérêts différents. D'éducative à citoyenne, en passant par résistante, l'évolution de la radio participative colombienne est exemplaire du rapport que peuvent avoir les citoyens à la participation sociale et des paradoxes que ceux-ci entraînent. L'article analyse finalement comment mesurer l'impact que ces médias peuvent avoir sur leurs cibles, à partir d'une analyse des producteurs de radio, plutôt que des audiences.
- Participation institutionnalisée et confiance : un lien conflictuel - Matias Landau p. 93-105 L'article vise à réfléchir sur le rapport existant entre la confiance et la participation institutionnalisée. Tout d'abord, la confiance est définie comme une attente face au monde qui peut être déçue. Cette attente suppose une relation au temps, une mobilisation du savoir, un lien à l'autorité et la possibilité d'une évaluation rétrospective. à partir de cette définition le lien entre participation et confiance est analysé dans les relations établies entre autorités publiques et citoyens dans les démocraties libérales. On examine ensuite comment dans l'actualité la participation institutionnalisée est considérée comme un outil nécessaire pour résoudre le problème de la méfiance que les citadins éprouvent à l'égard des institutions et des autorités publiques. Enfin, on analyse comment le développement de cette participation institutionnalisée ne conduit pas à une réduction de la défiance mais à une transformation de la liaison autorité publique-citoyen, caractérisé par le « gouvernement de la méfiance ».
- Le quartier, lieu de réinvention des relations Etat-société en Chine urbaine : l'exemple des comités de résidents à Pékin - Judith Audin p. 107-117 Depuis la fin des années 1990, un nouveau système émerge en Chine, issu du déclin du système de l'unité de travail (danwei) et de la pluralisation de la vie citadine en une mosaïque d'individus et de situations. Dans le contexte d'une exigence accrue de bien-être et de la nouvelle symbolique du lieu de résidence, la « communauté de quartier » (shequ) investit le quartier en vue de légitimer le pouvoir politique chinois. Les comités de résidents, situés à l'échelon le plus local des institutions de gestion urbaine, participent de cette évolution, en combinant des nouvelles formes de surveillance et d'assistance sociale.
- La « voix » institutionnalisée : approche comparée de la mobilisation de migrants-citoyens en France et aux Etats-Unis - Audrey Célestine p. 119-131 Dans cet article, nous nous attacherons à étudier deux groupes de migrants, l'un en France, l'autre aux Etats-Unis, qui ont la particularité d'être des citoyens du pays vers lequel s'effectue la migration. Dans les deux cas, la migration a été largement organisée par les pouvoirs publics par le biais d'organisations chargées de recruter et d'acheminer ces migrants-citoyens d'un genre particulier. Notre hypothèse est que l'institutionnalisation de la migration et la prise en charge des migrants par ce type d'organisme ont durablement façonné les formes et les espaces de leurs revendications en créant des canaux spécifiques d'expression pour ces citoyens marqués par l'ambivalence.
- Voix discordantes, actions concordantes - Samuel Bronowski p. 133-145 Social-démocratie et trotskisme sont généralement présentés comme deux idéologies contraires, l'une prônant le réformisme tandis que l'autre se fonde sur une exigence révolutionnaire. Pourtant, si l'on s'intéresse aux pratiques engendrées par ces idéologies dans les organisations qui s'en réclament, l'opposition ne paraît pas aussi évidente. Cet article s'appuie sur des entretiens réalisés auprès de responsables d'une organisation proche du courant social-démocrate du Parti socialiste, l'association Ré-So, et vise à montrer qu'il existe une réelle convergence entre les deux idéologies sur le plan des techniques de mobilisation, de l'entrisme trotskiste jusqu'à la pratique de construction de réseaux propre aux organisations social-démocrates. Il ne s'agit pas pour autant d'une convergence simplement technique ou pragmatique. Elle se fonde d'un point de vue théorique sur une exigence commune d'ouverture des organisations, et de primat donné à l'individu militant plutôt qu'à l'unité de l'organisation.
- Le flash-mob : forme d'action privilégiée des jeunes contestataires en Biélorussie - Tatyana Shukan p. 9-21
Varia
- Racisme, xénophobie et idéologies politiques dans les stades de football - Dominique Bodinas, Luc Robène, Stéphane Héas p. 147-167 Récemment les manifestations racistes et xénophobes semblent se multiplier dans les stades au point qu'hommes politiques, dirigeants sportifs, voire le pape en personne, les dénoncent et annoncent des mesures pour éradiquer le phénomène. Mais ces problèmes sont ils si récents ? L'annonce de mesures pour éradiquer ce qui se donne à voir dans les stades de football ne répond elle pas de la logique de l'urgence médiatique face à un trouble de « l'ordre en public » ? Ces prises de position amalgament de fait des manifestations et des comportements qui n'ont bien souvent rien à voir entre eux, bien que hautement condamnables, au lieu de chercher à interpréter ce qui se donne à voir dans les stades afin d'adapter les réponses politiques et sociales et tenter de s'en prémunir. C'est à l'analyse des idéologies existantes ou émergentes dans les stades, réalisée à partir d'une recherche sur le hooliganisme commencée depuis bientôt dix ans que s'intéresse cet article, en examinant à travers différents exemples de manifestations racistes les constructions identitaires et sociales mais aussi les processus sociaux à l'?uvre dans les tribunes des stades européens.
- L'éducation à la citoyenneté - Audric Vitiello p. 169-187 Notion récente, l'éducation à la citoyenneté se présente comme une inflexion de la formation civique, visant un renouvellement de sa forme pour mieux assurer sa fonction institutionnelle d'intégration des individus au collectif. Mais, l'éducation ôtant une praxis où moyens et fins sont interdépendants, une modification des modalités de l'éducation induit logiquement celle de la finalité. De fait, l'éducation à la citoyenneté s'indexe à une conception originale du politique pensé non plus comme lieu, mais comme moment spécifique dédié à la régulation de tout collectif. Le mécanisme d'abstraction civique perdure, mais il s'effectue à partir des situations concrètes dans lesquelles l'individu est inscrit, et par une réflexion à fondement dialogique. Se dessine alors une forme de démocratie générale et dialogique, où le politique est déconcentré et démultiplié mais où la décision prise en commun après délibération reste le mode de structuration privilégié du collectif. Mais la démocratie procédurale et dialogique a des limites, dans la mesure où elle suppose d'être fondée dans un corpus substantiel de valeurs qui lui confère sa légitimité.
- Racisme, xénophobie et idéologies politiques dans les stades de football - Dominique Bodinas, Luc Robène, Stéphane Héas p. 147-167
- Lecture critique - p. 189-191