Contenu du sommaire : Varia
Revue | Revue économique |
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Numéro | vol. 65, no 5, septembre 2014 |
Titre du numéro | Varia |
Texte intégral en ligne | Accessible sur l'internet |
- Négociation stratégique et utilité non espérée : L'approche par la prime de risque de désaccord - Jean-Max Koskievic p. 653-674 Nous introduisons un modèle stratégique de négociations à deux joueurs avec des préférences dans le risque de type utilité non espérée. Nous définissons la notion de prime de risque de désaccord, un analogue séquentiel du concept d'audace, afin de prendre en compte le rôle central joué par l'attitude des joueurs vis-à-vis du risque de ruine (i.e. la possibilité de perdre l'intégralité de sa richesse si le jeu se rompt sur un désaccord), observé dans la littérature appliquée sur les négociations. La prime de risque de désaccord d'un joueur mesure la prime minimale – en supplément de sa part actuelle du bien – qu'un joueur voudrait se voir garanti d'obtenir à la prochaine période de négociation afin d'être disposé à rejeter l'offre certaine de répartition du gâteau de la période courante et supporter le risque de tout perdre avec une probabilité positive si le jeu se termine par un désaccord.Strategic bargaining and non-eu
The main object of the paper is to use the Non-Expected Utility Theory extension of the concept of boldness or fear of disagreement, in order to highlight the central role played by the risk posture of the bargainer in a sequential bargaining game. This yields to the notion of bargainer's disagreement risk premium as measuring the minimum premium (in excess of his present share of the pie) that the bargainer would have to be guaranteed in the next period of bargaining in order to be willing to reject the present offer of partition and bear the risk of getting zero with positive probability if disagreement takes place. Classification JEL : C70 ; C72 ; C78 - Efficience et pouvoir de marché des banques en Thaïlande suite aux crises financières - Ion Lapteacru, Delphine Lahet p. 675-698 L'article étudie, sur la période 1993-2010, l'évolution du pouvoir de marché (indice de Lerner) des banques en Thaïlande ainsi que l'efficience de coût, à la fois sur toutes les activités des banques et sur différents secteurs : le crédit et les activités de marché. L'objectif est de voir l'impact de la crise de 1997-1998 et des réformes consécutives, ainsi que celui de la crise de 2007-2008 qui a affecté les grandes banques internationales-créancières, sur le pouvoir de marché et les scores d'efficience des banques thaïlandaises. Globalement, les résultats montrent que, pendant la crise de 1997-1998, la concurrence entre les banques a augmenté, puis baissé après cette crise. La crise récente n'a pas eu globalement d'impact sur le pouvoir de marché des banques. Ce dernier a augmenté uniquement sur les activités de marché. L'efficience de coût, quant à elle, a diminué à la suite de la crise de 1997-1998 pour les activités de crédit, et sur l'ensemble du marché sur la période 1995-2000. La crise récente n'a pas eu non plus d'effet sur l'efficience des banques thaïlandaises.Efficiency and market power of thai banks : in the aftermath of financial crises
This paper studies, over the 1993-2010 period, the evolution of the market power (Lerner index) of the banks in Thailand as well as the cost efficiency scores on two main banking markets – lending and investment activities – and on the whole banking market. Its objective is to measure the impact of the 1997-1998 crisis and of the consecutive reforms, as well as of the 2007-2008 crisis, on the competitive behaviour and cost efficiency scores of the Thai banks. All in all, results show that, during the crisis of 1997-1998, competition among banks increased, and then dropped after this crisis. The recent crisis did not have any impact on the market power of the Thai banks regarding their traditional lending activities and their activities as a whole. As for cost efficiency, it decreased following the crisis of 1997-1998 for the lending activities, and on the whole market over the 1995-2000 period. The recent crisis did not have any effect on the efficiency of the banks in Thailand too. Classification JEL : D43, D82, G21, L13. - The Effect of Asymmetric Information on Turkish Banking Sector and Credit Markets - H. Ayd?n Okuyan p. 699-708 L'asymétrie d'information est un facteur qui diminue l'efficacité des marchés. L'objectif de l'article est d'étudier si l'asymétrie d'information provoque des problèmes sur les marchés du crédit. Les données mensuelles pour la période 1986:01–2010:12 sont analysées à partir de tests de causalité (Todave Yamamoto [1995]) pour considérer la relation entre le ratio de mauvais crédits et le ratio du total des crédits. À partir des tests de causalité, une causalité unidirectionnelle est trouvée qui peut être expliquée par l'existence de problème de rationnement du crédit.JEL Code: G14, G21Asymmetric information is a factor that decreases the efficiency of markets. The aim of the study is to expose whether asymmetric information causes problems in credit markets. The monthly data between 1986:01–2010:12 is analyzed with the causality tests (Toda ve Yamamoto [1995]) to examine the relationship between the bad credits ratio and total credits ratio. According to the causality tests a unidirectional causality which is explained by the existence of credit rationig problems.
- Contrainte de crédit et convergence vers la frontière technologique : Qu'en est-il des pays de la zone CFA ? - Abdou-Aziz Niang, Bertrand Djembissi p. 706-717 Ce travail a pour objectif d'étudier les effets de l'imperfection du marché du crédit sur la convergence des pays de la communauté financière africaine (cfa) vers la frontière de croissance mondiale. Il met l'accent sur le fait qu'un marché du crédit moins performant constitue une contrainte qui empêche ces pays de profiter pleinement du transfert de technologie et les pousse à s'écarter de la frontière de croissance. L'analyse empirique basée sur la méthode des moments généralisés en panel dynamique révèle qu'un bas niveau de développement financier peut ralentir considérablement la vitesse de convergence de ces pays.Credit constraint and convergence to the technology frontier
This work aims to study the effects of credit-market imperfection on the convergence of the cfa zone to the frontier growth rate. It focuses on the fact that a less efficient credit market is a constraint that prevents these countries to benefit from technology transfer and causes them to deviate from the frontier of growth. The empirical approach based on generalized method of moments (gmm) in dynamic panel shows that a low level of financial development significantly slow the rate of convergence of these countries. Classification JEL : F20, G18, O16, O4. - Pouvoir et économie politique : L'apport de François Perroux à l'analyse positive de la firme - Virgile Chassagnon p. 719-742 Cet article est une contribution à l'économie de la firme qui vise à montrer la richesse et la portée théorique des réflexions et des conceptualisations proposées par François Perroux dans l'analyse positive de la nature des firmes capitalistes. À contre-courant de l'économie dominante, le social et le politique constituent, dans la pensée perrouxienne, les deux ingrédients qui permettent d'analyser substantiellement les relations de pouvoir guidant les dynamiques et le régime de gouvernement des firmes. La relation Janus entre l'agonisme et la coopération apparaît alors comme l'épicentre de ces processus de pouvoir intra-firme.Power and political economy
This article is a contribution to the economics of the firm that aims at showing the theoretical relevance of the arguments and conceptualizations proposed by the French economist François Perroux to analyze the capitalist firms in a positive perspective. At the opposite of the mainstream economics, the social and political dimensions constitute in the Perrouxian thought the two crucial ingredients that allow to accurately analyze the power relationships that characterize the dynamics and the government regime of firms. The Janus relationship between agonism and cooperation seems to be at the heart of intra-firm power processes. Code JEL : A10 ; B40 ; L10 ; L20 ; P12 - Le paradoxe d'Allais : Comment lui rendre sa signification perdue ? - Philippe Mongin p. 743-779 De tous les problèmes conçus par la théorie de la décision, le paradoxe d'Allais est peut-être celui qui aura suscité l'intérêt le plus persistant. La théorie y a consacré assez de travaux techniques remarquables pour qu'il soit désormais possible à l'histoire et à la philosophie des sciences de l'examiner réflexivement.Dans sa partie historique, l'article restitue le contexte d'apparition du paradoxe – le colloque de Paris, en 1952, auquel assistaient les principaux théoriciens de la décision du moment. L'axiomatique de von Neumann et Morgenstern en 1947 leur avait donné des raisons nouvelles d'approuver l'hypothèse de l'utilité attendue, et le contre-exemple d'Allais visait précisément à ébranler leur conviction. Les questions de la controverse étaient de type normatif, mais elles se perdirent quand le « paradoxe d'Allais » gagna tardivement la célébrité dans les travaux des années 1980. Ceux-ci le traitèrent comme une simple réfutation empirique et ils en firent l'enjeu de « théories de l'utilité non espérée » qu'ils développaient de même sous le seul angle empirique.Dans sa partie philosophique, l'article cherche à évaluer ce déplacement d'interprétation. D'un certain côté, les théoriciens de la décision firent bien de libérer leur travail expérimental des complications du normatif, car ils parvinrent ainsi à des résultats éclairants : l'hypothèse de l'utilité espérée était empiriquement réfutée, la responsabilité principale en revenait à l'axiome d'indépendance de von Neumann-Morgenstern, et l'étape suivante était de transformer adéquatement cet axiome. D'un autre côté, ils eurent tort de négliger un trait fondamental de leur domaine : les comportements observés ne sont informatifs que si les agents sont prêts à les assumer de manière réfléchie, c'est-à-dire à leur prêter une certaine valeur normative. D'après la reconstruction proposée ici, Allais ne voulait faire porter les expériences de choix que sur des sujets rationnels, ou bien sélectionnés au départ, ou bien révélés comme tels par l'expérience. L'article développe ces intuitions en revenant aux travaux des années 1970, aujourd'hui très peu connus, qui, sous l'influence d'Allais, proposèrent des traductions expérimentales de la rationalité, et il invite finalement la théorie de la décision à diversifier ses méthodes en s'inspirant de ces tentatives originales.Allais's paradox: How to give it back its lost meaning?
Few problems in decision theory have raised more persisting interest than the Allais paradox. It appears that sufficiently many brilliant works have addressed it from within decision theory proper for history and philosophy of science now to enter the stage. In its historical side, the paper recounts the paradox as it arose, i.e., in 1952, at a Paris conference attended by the main decision theorists of the time. They had drawn renewed confidence in expected utility theory (eut) from the way von Neumann and Morgenstern had axiomatized it in 1947, and Allais devised his puzzle precisely to shaken their confidence. The issues between the two camps were normative, but they became lost in the developments of the 1980s that belatedly brought fame to the « Allais paradox ». These works restricted the paradox to be a straightforward empirical refutation, turning it into a stake of also exclusively empirically oriented non-eu theories. In its philosophical vein, the paper tries to evaluate this shift of interpretation. To an extent, decision theorists were right because their experimental work was thus freed from a major complication and amenable to illuminating results: eut was empirically refuted, the independence axiom of von Neumann and Morgenstern was the main culprit, and the next theoretical stage was to modify this axiom appropriately. However, they were also wrong in not addressing an essential feature of their field: i.e., that observed behaviour is informative only if agents are prepared to endorse it reflectingly, i.e., to endow it with some normative value. As reconstructed here, Allais meant to reserve choice experiments to rational subjects, who were either selected at the outset, or identified as such by the experimental results. The paper tries to flesh out Allais's intuitions by turning to by now little known works of the 1970s, which under his influence provided experimental renderings of rationality, and it eventually suggests that decision theory might diversify its methods by taking inspiration from these original attempts. Classification JEL : B21, B31, B41, C91, D81 - Actif sous-jacent et produits dérivés financiers de la Compagnie des Mers du Sud : La rationalité de la bulle reconsidérée - Nesrine Bentemessek Kahia p. 781-803 L'analyse systématiquement dualiste des bulles spéculatives ne permet pas d'identifier les différents comportements des investisseurs selon qu'ils opèrent sur le marché des actifs sous-jacents ou sur le marché des produits dérivés. L'étude de la Bulle des Mers du Sud est, à cet égard, éclairante. Dans cet article, nous montrons qu'en dépit d'une évaluation rationnelle des produits dérivés financiers de la Compagnie des Mers du Sud (les titres de souscription) en tant qu'options d'achat, l'évaluation de l'actif sous-jacent (l'action cms) a souffert d'une confusion liée aux revenus futurs de l'activité de restructuration de la dette publique.Underlying asset and derivatives: the rationality of the South Sea Bubble reviewed
The systematically dualist analysis of speculative bubbles is not sufficient to capture the differences in investors behavior according to whether they operate in the underlying asset market or the derivatives market. This is particularly well evidenced in the South Sea Bubble study. In this article, we show that in spite of the rational pricing of the South Sea Company's subscription shares as call options, the valuation of the underlying asset, (i.e.) the South Sea Share, did suffer from a confusion regarding future public debt restructuring revenues. Classification JEL : G12, G13, G14, N23