Contenu du sommaire : (Science) Fiction

De manière analogue au genre fantastique, la science-fiction met en scène des créatures et des phénomènes fabuleux qui sont aussi parallèlement des objets de croyance (extraterrestres, clones, engins secrets supe-rpuissants). La différence est que dans le premier cas il est fait appel au surnaturel alors que dans le second on est dans le domaine de la rationalité et de la vraisemblance scientifique. Il s'agit bien toutefois de formes de croyances. Cet article montre la symétrie inverse entre la position des écrivains et celle du public. Les auteurs privilégient l'esthétique (l'art d'émouvoir) sur l'axiologique (croyance ou incroyance) tandis que le public tend à sélectionner des contenus esthétiques en fonction de positions axiologiques préexistantes. On aboutit ainsi à ne plus différencier aussi radicalement ce qui est du domaine de la croyance et ce qui est du domaine de la fiction.

Martin Heidegger entrevoit deux maux liés à la contraction de l'espace et du temps induite par la technique moderne. Le premier est que la recherche de représentations exactes du monde découle d'une conception subjectiviste de la perception qui transforme les humains et les choses en purs objets. Le deuxième mal relève du fait que la pro-vocation est un mode de dévoilement qui, en se produisant, occulte le fait qu'elle est un mode de dévoilement et, par extension, occulte le fait qu'elle est dans un processus d'occultation. Comment cette occultation se produit-elle, et quel est le sens d'une entreprise philosophique de dévoilement de ce qui est occulté ? Le concept de mimétisme permettra dans ce texte, sous le mode du dégrisement, de rendre compte des différents aspects du mécanisme d'occultation propre à la technique moderne.

Cet article souligne la dimension sociologique de l'œuvre du romancier James Graham Ballard (1930-2009), à travers deux grands corpus dans lesquels domine le thème de la catastrophe : le Cycle des apocalypses et la Trilogie de béton. La catastrophe est appréhendée ici comme l'exutoire et la résultante d'un monde trop aseptisé.

Cet article se propose de comprendre la manière dont un univers science-fictionnel comme Star Wars s'articule dans la réalité sociale. L'individu qui s'aventure sur les traces de Luke Skywalker se laisse envahir par un imaginaire initiatique qui vient considérablement bouleverser sa manière d'être dans le monde : la rencontre avec le héros exemplaire est une ouverture au sacré qui participe à la construction sociale de l'individu. Ce qu'il convient de déterminer également, c'est l'intentionnalité du fan à travers certaines pratiques sociales comme le ciné-tourisme ou le cosplay.

La mythocritique et la mythanalyse de Gilbert Durand sont des méthodes d'investigation des textes et de leur contexte. Leur application aux textes de la science-fiction contemporaine peut permettre de dégager certains grands mythes qui irriguent non seulement ces textes littéraires mais également le contexte social dans lequel nous vivons et le rapport que nous entretenons avec la technoscience. L'exemple ici développé est celui du mythe de l'apothéose dont on s'attache à montrer qu'il se dissimule derrière les idées dites transhumanistes. Le parcours proposé part donc des textes science-fictionnels pour aboutir aux discours scientifiques, philosophiques et spirituels qui critiquent ou défendent le courant transhumaniste afin de montrer que les récits de science-fiction sont le miroir mythique des grands courants qui traversent la société.

Le labyrinthe est une référence récurrente dans l'imaginaire spatial de la postmodernité. Il est un système d'organisation spatiale chaotique et codifié qui se nourrit de l'erreur. Nous habitons la ville contemporaine comme un labyrinthe. Or, en tant que pulsion urbaine, cet archétype spatial nous permet d'aller de la fiction littéraire à la « friction » sociale. Dans un court récit, J. L. Borges analyse les conditions psychologiques de celui qui a un labyrinthe pour demeure. La demeure d'Astérion raconte le quotidien d'un monstre dans un espace où il se sent chez lui. Au travers de la fiction borgésienne, comment comprendre ce passage de l'archétype spatial vers la condition cosmique, voire cosmétologique, de l'habitat urbain contemporain ?

En produisant une fiction de sa vie, l'Homme évolue dans un entre-deux fantasmatique où se construit une identité narrative qui lui permet d'être présent à lui-même. Dans le cadre d'un jeu en ligne, écrire sur forum le récit d'un personnage joué, sorte de persona fiction, c'est, là aussi, se poser comme sujet en construction, vouloir donner à comprendre, à soi et aux autres, le comportement psychique de son personnage, avancer dans son histoire, intégrer les événements, et construire son identité.

La science-fiction est un genre littéraire à part entière. Elle nous offre tout un monde d'auteurs, de styles et de visions du monde et de la science. C'est au travers d'une de ces visions, celle de Gustave Le Rouge, que nous abordons ici la question de la narration, de la fiction et du monde dans lequel elle émerge. Gustave Le Rouge est un auteur populaire qui nous propose une vision inattendue de la science-fiction dans laquelle se mêlent poésie, fantastique et sciences. Au travers de cet article, nous essayons de montrer comment la littérature de science-fiction est un outil sociologique important pour saisir l'esprit d'innovation et d'invention d'une société. Gustave Le Rouge, contrairement à Jules Verne, ouvre ainsi la voie à une étude de l'esprit scientifique par le biais des plis du réel où se terre l'irréel.

Le présent article entend émettre quelques commentaires sur le court-métrage Le Ballon rouge d'Albert Lamorisse. Après plus de cinquante ans d'existence, ce film d'une durée de trente-six minutes a su conserver les enchantements de l'imaginaire poétique, marqué de l'empreinte d'un langage narratif symbolique. Il a reçu la Palme d'Or au Festival de Cannes, l'Oscar du Meilleur Scénario Original et le prix du Meilleur Film de la Décennie (1968) aux Educational Film Award.

Cette monographie se propose d'étudier les associations et les réseaux humains qui promeuvent actuellement l'entraide et la convivialité au niveau local, tentant ainsi de réenchanter et de réhumaniser un lien social que l'individualisme et la technologie, associés au phénomène de la mondialisation, n'ont cessé de diluer. Ces mouvements de solidarité fondés sur la proximité géographique, qui se développent depuis quelques années, en effet, nous paraissent caractéristiques de l'ère postmoderne dans laquelle nous sommes entrés. Il convient donc de saisir la nature et les différents modes d'expression, mais surtout les enjeux que recouvrent ces nouvelles formes de la sociabilité.