Contenu du sommaire : Musiques rock et metal : regards et perspectives des sciences humaines et sociales

Le but de cet article est d'interpréter le sens socio-anthropologique de l'énergétique et de l'esthétisation de la colère dans le rock. On définira d'abord le rock, au sens large, de façon structurale et par son état d'esprit créatif, puis, la notion d'esthétique de la colère ; la pulsion colérique sera conçue comme un phénomène devant être nécessairement sublimée pour entrer sur la scène sociale. Puis, nous verrons dans quelle mesure cette sublimation de la colère s'articule à une philosophie de l'ordo amoris. Ce qui reconfigurera les fonctions et le sens de la rage dans l'expression et la création rock. Nous aborderons, dans une troisième partie, quelques exemples illustratifs.

Cet article dresse le tableau des travaux britanniques issus du courant des Cultural Studies de 1957 à nos jours. Le regard est plus particulièrement porté sur l'appréciation et l'étude de la musique rock des travaux de Richard Hoggart, pionnier du courant, à Simon Frith considérant la musique comme accompagnateur du quotidien. De la conception des cultures populaires aux modes de consommation des jeunes, en passant par la subculture punk étudiée par D. Hedbige, les Cultural Studies opèrent un tournant épistémologique en considérant le rock et plus largement les musiques populaires, comme des objets sociologiques à part entière.

Mettre en relation culture et masses a toujours été délicat. La télévision, medium de masse par excellence, s'est cependant bien vite détournée de ce clivage historique pour diffuser des contenus culturels. Parmi eux figure inévitablement la musique, dont la prédisposition au canal sonore implique une certaine adaptation entraînant la naissance de dispositifs hybrides empruntant à la fois aux scènes de concert et aux plateaux habituels. À l'inverse, les genres musicaux vont être réappropriés, codifiés et hiérarchisés par le medium. Cette hétérogénéité de traitement ramène alors inévitablement à s'interroger sur la notion bourdieusienne de légitimité culturelle et le bien-fondé de l'opposition entre arts savant et populaire habituellement avancée par la sociologie classique.

Ce texte décrit comment, à Poitiers et Genève entre 1980 et 2012, des amateurs de musiques rock sont devenus des acteurs urbains à part entière, véritables aménageurs de leurs villes à long terme, en créant des lieux culturels aujourd'hui encore en activité. Il s'agit d'analyser des actions collectives à dimensions culturelles, en y incluant l'univers des significations auxquelles leurs acteurs se réfèrent (Becker, 1963).

En Amérique latine, les années 1970 sont des années noires dont le souvenir reste douloureux. Le Sud du continent est sous le joug de dictatures plus ou moins violentes à fortes dimensions idéologiques. Dans ce contexte, l'Argentine, dont les nombreux disparus restent un douloureux souvenir, représente une exception. À Buenos Aires, le temps de la dictature est également un moment d'effervescence musicale sans précédent, de véritables légendes se forment malgré la sévère répression ambiante. Cet article propose donc de donner un aperçu de ce qu'a pu représenter le rock pendant la dictature de 1976-1983 en termes d'identification collective et de construction politique.

Cet article propose une étude exploratoire du DVD de musique metal en tant que dispositif de médiation. L'approche communicationnelle permet d'analyser les modalités d'instauration du sentiment d'« être-ensemble », si cher aux fans de musique metal, et ce même lorsqu'un DVD est regardé seul et en privé. Cette médiation passe essentiellement par trois modalités, qui se construisent aux niveaux de l'énonciation, de la textualité et des représentations véhiculées par le film. Ainsi, quand Metallica, Iron Maiden ou Motörhead fondent la relation au spectateur sur l'intimité dévoilée de ses membres (avec des procédés filmiques proches de ceux utilisés par la téléréalité), Slipknot ou Down préfèrent placer le spectateur en immersion dans l'ambiance (et l'inconfort) du concert, tout en jouant sur les codes et les représentations les plus « rebelles » du metal.

Le nombre de groupes/artistes en activité n'a cessé d'augmenter depuis les trente glorieuses. Leurs partenaires traditionnels, les maisons de disques, connaissent depuis le début des années 2000 une baisse importante de leurs revenus et ont réduit leurs dépenses dans le développement des projets émergents. Internet s'est imposé comme moyen d'autopromotion à la portée de tous, mais la concurrence y est tout aussi importante. Certains artistes sont parvenus à se démarquer en développant des liens avec une audience de passionnés, souvent artistes eux-mêmes ou impliqués dans les médias numériques (webzines, webradios). Ces passionnés sont souvent le premier public des artistes émergents. Désireux de pouvoir développer une relation personnalisée avec l'artiste, leur investissement peut s'avérer suffisant pour permettre à des groupes/projets/artistes de développer leur carrière, pour peu que ceux-ci parviennent à utiliser au mieux les potentialités offertes par le réseau et à développer un lien avec leur public qui dépasse le simple cadre producteur/acheteur.

Le metal est un phénomène musical apparu au début des années 1970. Rapidement, il se scinde en de nombreux sous-genres dont certains puisent leurs références dans les images de guerre. Ces références prennent des contours variés. Certains artistes construisent leur imaginaire autour de réflexions et de symboles associés à la guerre pour renforcer le poids d'un message pacifiste. Pour d'autres, la thématique est développée de manière plus complaisante, en une sorte d'attirance fanatique. Enfin, certains musiciens s'inspirent d'épisodes militaires héroïques et/ou mythologiques pour bâtir leur imaginaire. L'utilisation de ces images participe d'une volonté globale de réagir face à la violence des sociétés. Elle révèle aussi un intérêt pour la diffusion d'images de guerre, diffusion accrue depuis le début des années 1980, de même qu'une perte de confiance dans un contexte de crise économique, sociale et morale qui touche les pays occidentaux.

Depuis le milieu des années 1990, le groupe de metal symphonique Therion est identifié au compositeur Richard Wagner, en incorporant des orchestres symphoniques et des chanteurs lyriques dans ses compositions ; il se voit d'ailleurs qualifier de « wagnérien » par le sociologue Fabien Hein. Pourtant, comme la musique metal est un courant découlant de la tradition musicale populaire, il serait légitime de se questionner sur la véritable proportion d'éléments wagnériens dans la musique de Therion. Afin de découvrir les similitudes entre ces courants musicaux, je me baserai sur les paramètres analytiques de la musique populaire élaborés par le musicologue Serge Lacasse, que j'appliquerai à une des chansons les plus « wagnériennes » de Therion, « Schwarzalbenheim » (Secret of the Runes, 2001). Toutefois, il sera démontré que la seule analyse musicologique ne permet pas d'expliquer totalement l'impression wagnérienne qui se dégage de l'œuvre et que ces rapprochements prennent tout leur sens lorsque l'on s'attarde sur les plans idéologiques et esthétiques de la musique de Wagner et de Therion.

Dans ce texte nous essayons d'exposer certains aspects de la puissance concrète de la spiritualité catholique pendant l'époque des colonisations, au XVIe siècle. La confluence parmi le répertoire mythique chrétien de cette époque-là, avec ses stratégies de domination symbolique et matérielle, et le répertoire religieux africain et indigène des colonies, et autres références andines, arabes, juives, etc., est le noyau symbolique de ce que nous comprenons aujourd'hui comme la résurgence de la magie dans les systèmes sociaux et de communication, et aussi de sa « matérialité » poignante dans le processus de changement social et culturel. Il s'agit ici d'une première analyse à partir des rapports historiques et de quelques observations dans le champ de recherche au nord du Brésil.