Contenu du sommaire : Diasporas marocaines
Revue | Hommes et migrations |
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Numéro | no 1303, juillet-août-septembre 2013 |
Titre du numéro | Diasporas marocaines |
Texte intégral en ligne | Accessible sur l'internet |
- Marocains du monde, pionniers d'une communauté transnationale - Marie Poinsot p. 1
Dossier
- Peut-on parler de diaspora marocaine ? - Rachid Alaoui p. 7-15 La migration marocaine concerne aujourd'hui plus de 100 pays et représente 10 % de la population totale marocaine. Les Marocains résidant à l'étranger, principalement dans les pays européens, arabes ou aux États-Unis, entretiennent des liens culturels et économiques privilégiés avec leur pays d'origine. Néanmoins, caractériser cette population comme une diaspora demeure problématique. Or, le choix des termes est crucial pour permettre aux migrants marocains de définir leur identité entre plusieurs territoires.
- Des ajustements différenciés : comparaison des femmes marocaines immigrées aux Pays-Bas et en France - Hakima Mounir p. 17-25 Préserver les traditions de leur pays d'origine constitue une gageure pour les femmes marocaines en situation migratoire. Une étude comparative entre la France et les Pays-Bas montre combien l'identité des migrants marocains se construit en étroite négociation avec les dispositifs sociaux et politiques dominants dans leur société d'accueil. Que celle-ci opte pour le respect des différences culturelles, comme aux Pays-Bas, ou pour une laïcité sans partage, comme en France, il s'agit pour les migrants d'une adaptation par compromis.
- La mémoire des migrants marocains : Entre transmission et lutte pour la reconnaissance - Piero-D. Galloro p. 27-34 Pour un migrant dont la vie est partagée entre deux espaces et deux univers de référence, la transmission de la mémoire s'avère une opération problématique. L'entre-deux constitue souvent un souvenir douloureux, non reconnu par la société d'accueil, et difficilement assimilable dans l'imaginaire de ses descendants. Pour pallier ces silences de la mémoire individuelle et collective, des migrants marocains en France et leurs descendants, par leurs actions associatives, ont à cœur d'affermir le lien entre les générations.
- Les jeunes d'origine marocaine : Une nouvelle génération qui a « les pieds trempés dans l'ancienne » (Sayad, 1991) - Evelyne Barthou p. 37-45 Les jeunes d'origine marocaine entretiennent des liens complexes et étroits avec le pays de leurs parents ou grands-parents. Le Maroc est pour eux une référence culturelle forte, un territoire où se construit leur imaginaire. L'ascendance marocaine constitue également un marqueur identitaire, plus prégnant encore pour ceux qui rentrent régulièrement au Maroc pendant les vacances. Ils maintiennent donc un double ancrage entre la France et le Maroc, une double présence que les réseaux sociaux ne cessent de nourrir et de renforcer.
- Le troisième âge : le ?migrant inutile? - Chadia Arab p. 47-55 La raison d'être du travailleur immigré dans la société française semble tout entière tenir à son utilité économique. Et c'est sa force de travail qui lui permet d'envoyer de l'argent dans son pays d'origine. La vieillesse du migrant contredit cette double fonction. Vieux, malade, il devient improductif donc inutile. Il est relégué dans l'ombre, comme une machine devenue obsolète. Son existence partagée entre deux espaces qu'il a contribué à construire ne bénéficie d'aucune reconnaissance.
- Alimentation et identité entre deux rives - Marie-Pierre Étien, Laurence Tibère p. 57-64 Que l'on soit né au Maroc ou en France de parents marocains, l'alimentation occupe une place centrale dans le tissage du lien avec ses origines réelles, rêvées ou mythiques. À travers l'analyse de récits de vie de Marocains vivant en France, il s'agit de comprendre comment l'alimentation nourrit les constructions identitaires, individuelles et collectives, comment elle intervient dans la construction de sentiments d'appartenance et d'intégration, et comment elle permet à l'esprit et au corps de s'amarrer à un ici ou à un ailleurs.
- Du couscous au foie gras : L'investissement des Marocains du monde dans le secteur de la gastronomie et ses répercussions dans le pays d'origine - Hicham Jamid, Marie Caquel p. 67-72 Les saveurs venues d'ailleurs attirent les consommateurs des deux côtés de la Méditerranée. Dans ce contexte de mondialisation des pratiques culinaires, les entrepreneurs migrants marocains cherchent à développer de nouveaux marchés. En France, en complément de restaurants dédiés à leur gastronomie nationale, ils ouvrent des commerces ethniques proposant des produits de toutes origines. Au Maroc, ils n'hésitent pas à renouveler l'offre culinaire afin de satisfaire le besoin d'exotisme des couches sociales les plus aisées.
- Vers la fin de l'immigration marocaine en Espagne - Leïla Delezenne p. 75-82 En Espagne, les immigrés marocains sont en première ligne face à la hausse du chômage. Dans les secteurs de l'agriculture ou de la construction qui leur garantissaient du travail, ils subissent aujourd'hui la concurrence des travailleurs espagnols. La migration vers l'Espagne est devenue de moins en moins attractive et rentable. Conséquence du chômage des migrants, les transferts de fonds baissent en direction du Maroc. Mais la fin de l'eldorado espagnol pourrait bien annoncer le début d'un autre.
- Les Marocains au Canada : histoire, profil et enjeux - Myriam Abouzaïd, Houda Asal p. 85-91 Les immigrés marocains au Canada résident dans leur grande majorité dans la province francophone du Québec. Leur présence y est ancienne et concernait au départ des juifs marocains. Mais les migrants arrivés à partir des années 1990 subissent à l'heure actuelle de sérieuses difficultés d'insertion économique et sociale, à l'instar des autres migrants maghrébins. Des dynamiques de regroupement voient le jour en fonction des problèmes auxquels ils sont confrontés.
- Les médias ethniques communautaires au prisme de l'expression diasporique en construction au Québec - Mustapha Belabdi p. 93-99 La communauté marocaine résidant au Québec dispose de deux journaux qui lui délivrent une information de proximité. Ces médias ont un double rôle dans la société québécoise : faire valoir les atouts et les créations de la communauté, et améliorer le dialogue avec la société d'accueil. Entre deux cultures, ils assurent également un lien fort avec le pays d'origine des migrants. En donnant corps à leur identité diasporique, ils assurent les conditions d'une double appartenance vécue de manière apaisée.
- Deux décennies de transnationalisme associatif : continuités et changement - Thomas Lacroix p. 101-110 L'engagement associatif en faveur du pays d'origine est l'un des principaux chantiers des associations d'immigrés marocains en France. Autrefois centrés sur l'amélioration des conditions de vie dans le pays d'accueil, les projets associatifs sont désormais consacrés en majorité au développement social des régions dont les migrants sont originaires. Le dynamisme de ses différentes composantes sur le territoire français permet à ce réseau associatif de mener à bien de véritables projets transnationaux.
- Les migrants au Parlement ! : La revendication du droit de vote et d'éligibilité aux élections législatives marocaines - Antoine Dumont p. 113-117 La participation à la vie politique du Maroc est une revendication essentielle pour les émigrés marocains. En jeu, la création d'une véritable citoyenneté extraterritoriale. Au début des années 2000, la mobilisation des associations de migrants en France et en Europe a débouché sur la création d'un Conseil de la communauté marocaine à l'étranger. Si le combat de la représentation a été remporté, l'implication effective des migrants dans la vie politique marocaine reste encore en devenir.
- Les politiques de connexion avec la diaspora marocaine - Mourad Aboussi p. 119-126 L'engagement des émigrés et leur inclusion dans les institutions du pays sont l'un des enjeux majeurs au Maroc. Ces dernières années, la mise à l'agenda politique des revendications de la communauté marocaine à l'étranger a donné lieu à plusieurs initiatives étatiques. Ces politiques publiques entendent créer des opportunités permettant aux émigrés marocains de participer comme citoyens transnationaux au développement du pays. C'est auprès des associations de migrants qu'il s'agit d'évaluer leur efficacité.
- Une politique en faveur de la participation culturelle et citoyenne des Marocains du monde : Entretien avec Driss El Yazami, président du Conseil de la communauté marocaine à l'étranger (CCME). - Rachid Alaoui p. 128-133
- Diasporas et développement - Jean-Baptiste Meyer p. 134-137
- Le Maroc, un carrefour migratoire pour les circulations euro-africaines ? - Mehdi Alioua p. 139-145 Le Maroc est devenu une étape clé pour les migrants subsahariens qui cherchent à quitter le continent africain. La durée de l'étape n'étant pas fixée à l'avance, ils ont besoin de se loger, de travailler et d'obtenir toutes sortes d'informations nécessaires à la poursuite de leur aventure. Dans les grandes villes du royaume chérifien où ils font halte, les migrants trouvent des relais sociaux essentiels auprès des migrants installés précédemment ou de la population locale. Ainsi se met en place un tissu économique fondé sur la débrouille et la circulation.
- Les politiques mises en place par le Maroc envers ses ressortissants - Macarena Nuno, Farida Souiah p. 147-150 L'émigration a un poids social, économique et politique au Maroc. Les autorités marocaines ont conscience des enjeux de l'émigration et cherchent à mettre en place des dispositifs pour tenter de maintenir les liens économiques, culturels et politiques avec les émigrés. Cet article se focalise sur ces dispositifs. Comment les autorités perçoivent-elles l'émigration ? Quelles instances sont chargées des émigrés ? Quels sont les dispositifs mis en œuvre afin de maintenir des liens forts avec eux ?
- Peut-on parler de diaspora marocaine ? - Rachid Alaoui p. 7-15
Chroniques
- Musique sans frontières : Zahia Ziouani, chef d'orchestre - Hélène Du mazaubrun p. 154-157
- Constituer un nouveau fonds au sein des collections du Musée national de l'histoire et des cultures de l'immigration : la bande dessinée - Hélène Bouillon p. 158-162
- Quand la bande dessinée s'empare de la mémoire : Entretien avec Anne-Hélène Hoog - Hélène Bouillon, Marie Poinsot p. 164-169
- La bande dessinée, alliée pédagogique de la transmission de l'histoire de l'immigration - Peggy Derder p. 170-171
- Des migrants marocains acteurs du développement : Un nouveau regard sur la migration et sur le développement - Yves Bourron, Jacques Ould Aoudia p. 176-180
- L'émigration irrégulière en Tunisie après le 14 janvier 2011 : Le problème des disparus : pouvoirs publics et société civile - Riadh Ben Khalifa p. 182-188
- Janus ou la logique de la calculette - Mustapha Harzoune p. 189-192
- Le Kaneka par ses acteurs - François Bensignor p. 193-197
- Ilo Ilo : Film singapourien de Anthony Chen (2013) - Anaïs Vincent p. 200-201
- L'Attentat : Film libanais de Ziad Doueiri (2013) - Thomas Namer p. 201-202
- Apart together : Film chinois de Wang Quan'an (2010, sortie en DVD, 2013) - Simon Peligry p. 203-204
- Né quelque part : Film français de Mohamed Hamidi (2013) - Simon Pellegry p. 204-205
- Enfants valises : Film français de Xavier de Lauzanne (2013) - Anaïs Vincent p. 206
- Yves Bourron, Jamal, un migrant acteur de développement. La revanche du territoire : Paris, Publisud, 2011, 270 p., 16 ?. - Jacques Ould Aoudia p. 207
- Nadia Salmi, Des étoiles sombres dans le ciel, : Paris, Oh éditions, 2011, 262 p., 17,90 ?. - Mustapha Harzoune p. 208-209
- Jean-Baptiste Harang, Bordeaux-Vintimille, : Paris, Grasset, 2012, 122 p., 12,10 ?. - Mustapha Harzoune p. 209-210
- Mourad Boudjellal (avec Arnaud Ramsay), Ma mauvaise réputation, : Paris, La Martinière, 2013, 256 p., 18 ?. - Mustapha Harzoune p. 210-211
- René Goscinny, Jean-Jacques Sempé, Le Petit Nicolas en arabe maghrébin, : Paris, IMAV éditions, 2013, 15 ?. - Marie Lazaridis p. 211-212