Contenu du sommaire : Féminin / Masculin

Revue Le Mouvement social Mir@bel
Numéro no 198, janvier-mars 2002
Titre du numéro Féminin / Masculin
Texte intégral en ligne Accessible sur l'internet
  • Féminin et masculin - Anne-Marie Sohn p. 3-8 accès libre
  • Les figures du féminin à travers deux revues féminines, l'une catholique, l'autre protestante, La Femme dans la Vie Sociale et Jeunes Femmes, dans les années 1950-1960 - Mathilde Dubesset p. 9-34 accès libre avec résumé
    Dans les années 1950-1960, des femmes, catholiques et protestantes, ont participé à l'évolution des représentations du féminin, à travers des revues comme La Femme dans la vie sociale, publiée par l'U.F.C.S. (catholique), et Jeunes Femmes, revue du mouvement protestant du même nom. Certes, la maternité demeure au c?ur du féminin, surtout pour les catholiques, mais elle est désormais questionnée et ne rime plus avec le sacrifice de soi. De nouveaux horizons s'ouvrent, l'idée d'autonomie personnelle, au féminin, fait son chemin. Le célibat (plus propice à cette autonomie) suscite cependant des interrogations, surtout du côté protestant où l'on est très attaché à l'idéal du couple, lieu de la rencontre du féminin et du masculin. La réflexion sur la différence des sexes est plus poussée dans Jeunes Femmes où l'on parle de l'égalité entre les sexes, tandis que le thème de la complémentarité entre hommes et femmes revient souvent du côté des catholiques. Malgré leurs divergences (sur le « planning familial » par exemple) ces femmes ont en commun une vision du féminin synonyme d'initiative, d'action et de prise sur le monde, même si elles ne se reconnaissent guère dans le féminisme. Des protestantes et des catholiques ont, à leur manière, participé à la remise en cause du primat du masculin, événement majeur du XXe siècle.
  • Le semeur, la semence et le fidèle combattant de l'avenir ou la masculinité dans la social-démocratie autrichienne (1888-1934) - Paul Pasteur p. 35-53 accès libre avec résumé
    La social-démocratie autrichienne tend à légitimer le masculin en tant que valeur universelle, en tant qu'unique genre de la classe ouvrière consciente de ses intérêts de classe. Le parti, les associations culturelles sont des lieux privilégiés où se construit et se transmet le masculin. Dès le départ, les hommes luttent contre l'entrée des femmes dans la sphère politique. A leurs yeux celles-ci menacent leur domination sur l'ensemble du mouvement, mais aussi sur l'ensemble de la société. Ils adoptent donc des stratégies d'exclusion des femmes qui se traduisent par le recours à une misogynie sans fard, qui conjugue l'emploi de l'humour, les arguments d'autorité, l'intérêt suprême du parti. D'autres moyens consistent au travers de la presse, de la construction de l'histoire politique et culturelle, des statistiques, des loisirs à ne proposer que des modèles ou des références masculines qui s'imposent comme les seules envisageables. Même la mixité et la « coéducation » servent à renforcer le masculin.
  • A propos des représentations et des rapports sociaux sexués : identité professionnelle et masculinité chez les dockers français ( XIXe - XXe siècles) - Michel Pigenet p. 55-74 accès libre avec résumé
    Figure emblématique d'une virilité ouvrière synonyme de force, d'endurance, de bravoure physiques et morales, les dockers n'ont jamais refusé l'image et les attributs que, pour le meilleur et le pire, le regard des autres leur renvoyait. En dépit d'une histoire plus ou moins exclusivement masculine que ne le dit la légende, les modalités sociales et matérielles d'exercice du travail ont contribué à inclure la virilité au nombre des composantes majeures d'une identité de métier à forte tonalité communautaire. A travers le cas « exemplaire » des dockers, l'article revient sur les fondements et les enjeux de l'identification sexuée d'une profession.
  • Du collégien à l'homme (aller-retour). : Rugby et masculinité en Grande-Bretagne et en France - Philip Dine p. 75-90 accès libre avec résumé
    Cet article traite du rôle du rugby dans la construction des identités locales, régionales et nationales, ainsi que du maintien et du renforcement des identités sexuelles des joueurs, des dirigeants et des spectateurs, dont la quasi-totalité sont de sexe masculin. Aussi l'article exa-mine-t-il l'évolution de ce sport en tant que véhicule de valeurs masculines traditionnelles en Angleterre et en France, mais aussi comme lieu de libération individuelle aussi bien que du contrôle social. Son argument principal est que cette pratique sportive, bien que manifestement organisée par et pour les hommes, peut être analysée à partir de ses tensions constitutives et donc de son aptitude à évoluer. Et ceci dans des directions parfois insoupçonnées, malgré une résistance traditionaliste souvent très acharnée.
  • Kinsey en France : les sexualités féminine et masculine en débat - Sylvie Chaperon p. 91-110 accès libre avec résumé
    La publication en France des deux rapports Kinsey (respectivement en 1948 et 1953) ne donna pas lieu à une polémique aussi virulente qu'aux États-Unis. La sexologie en était alors à ses débuts et la guerre froide n'offrait pas un contexte favorable. Mais un débat prend place principalement entre les psychologues et les militants de la libération sexuelle. Ces discussions offrent l'occasion d'analyser les théories de genre en matière de sexualité. Deux points surtout sont controversés : la sexualité féminine et l'homosexualité masculine.
  • Féminin/masculin : les enjeux du genre dans l'Espagne de la Seconde République au franquisme - Yannick Ripa p. 111-127 accès libre avec résumé
    La guerre civile espagnole fait du genre un enjeu, accentuant les oppositions sur la différence des sexes des années 30. Les mesures républicaines en faveur des femmes s'inscrivaient dans une stratégie de rupture avec l'ancien régime, plus que dans une volonté d'instaurer l'égalité des sexes. Mais droite conservatrice et extrême droite fustigent la dimension féministe de la république. La Phalange s'identifie à la virilité confondue avec l'hispanité; elle prône « le véritable féminisme », protecteur de la hiérarchie des sexes et sublime l'abnégation féminine. La guerre civile instrumentalise et complexifie « la question des femmes » : elle montre les limites du féminisme des gauches et renforce l'antiféminisme des nationalistes. Elle annonce la constitution de la société franquiste : masculine et hétérocentrée. Le féminin y est enfermé dans un moule rigide, propre à contrôler les femmes et à les manipuler pour renforcer la dictature.
  • Un nouveau défi : traiter à égalité féminin et masculin, ou de l'histoire des femmes à l'histoire de « tous les garçons et les filles » - Anne-Marie Sohn p. 129-150 accès libre avec résumé
    Les avancées de l'histoire des femmes ont débouché sur la nécessaire étude de la différence des sexes et des relations entre les hommes et les femmes. L'ambition d'une histoire systématiquement sexuée se heurte, néanmoins, à plusieurs obstacles qui renvoient tous à la distorsion entre les sexes générée par la société elle-même et aux représentations du féminin et du masculin que chacun, homme et femme, utilise, parfois inconsciemment. Les distorsions qui affectent la documentation contrecarrent ainsi l'ambition paritaire. L'histoire des jeunes en est un bon exemple. Les filles restent tout d'abord le point aveugle des sciences sociales des trente glorieuses. La jeune fille n'est pas perçue comme « un jeune travailleur », le travail restant l'apanage idéologique des hommes. Elle est oubliée comme lycéenne à l'heure pourtant de l'explosion scolaire. Elle est, en revanche, assignée à la catégorie « femmes » et supposée partager les valeurs féminines (et éternelles ?) de ses aînées. Lorsque les jeunes parlent d'eux-mêmes, ainsi dans l'enquête lancée par le ministère de la Jeunesse et des Sports en 1966, les mêmes biais affectent leurs discours. Travail rime avec masculin et enfants avec féminin. Les sources interdisent donc une histoire parfaitement paritaire. L'historien, cependant, ne doit pas renoncer à cet objectif, d'autant que la critique à laquelle il doit soumettre les textes permet justement de mieux traquer le féminin et le masculin implicites.
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