Contenu du sommaire : Relations de services
Revue | Le Mouvement social |
---|---|
Numéro | no 216, juillet-septembre 2006 |
Titre du numéro | Relations de services |
Texte intégral en ligne | Accessible sur l'internet |
- Les relations de services : pratiques et points de vue d'acteurs - Michel Pigenet p. 3-18
- Le nettoiement de Paris des années 1940 aux années 1970 entre mission de service public et petits services : regards des éboueurs et des usagers sur le service rendu - Barbara Prost p. 19-34 Depuis la deuxième moitié du XIXe siècle, le nettoiement des rues de la capitale et la collecte de ses ordures sont pris en charge par la Ville de Paris. Service public municipal, le service de nettoiement tente donc de satisfaire au mieux l'intérêt général, qu'il s'agisse des impératifs d'hygiène ou, pour la période plus récente, des considérations esthétiques et de confort. Sur le terrain, les éboueurs rendent aussi aux habitants de « petits services » rétribués qui améliorent le service plus qu'ils le ne parasitent. A partir des années 1960, le service doit faire face à l'augmentation des ordures, difficulté renforcée par le manque de crédits qui empêche le renouvellement du matériel et un recrutement à la hauteur des besoins. Les conditions de travail d'une activité par nature difficile vont en empirant et, associées à l'absence de statut pour les éboueurs « saisonniers » immigrés devenus majoritaires à la fin des années 1960, sont à l'origine de grèves longues et dures, menées par la CGT, à la fin de notre période. Les usagers sont globalement mécontents du service et exigent toujours plus de propreté tout en n'hésitant pas à salir de nouveau un espace nettoyé. Malgré l'annihilation quasi immédiate de leur travail, les éboueurs font montre de conscience professionnelle car ils savent leur travail nécessaire à la vie de la cité.
- Du tri manuel au traitement mécanisé des lettres : enjeux identitaires des employés des centres de tri dans les années 1970 et 1980 - Bruno Mahouche p. 35-52 L'identité professionnelle des employés des centres de tri de la Poste est appréhendée sous l'angle du rapport à leur activité de travail dans un contexte de transformation de l'organisation. L'analyse de leur rapport subjectif face aux changements qui s'amorcent dans le contenu du travail permet de saisir les aspects dynamiques et contradictoires de leur identité professionnelle. Ceux-ci dépendent de la situation concrète de l'activité de travail, considérée dans un sens large qui dépasse le simple cadre de travail, mais aussi de la façon dont les employés perçoivent et vivent leur travail, et du sens qu'ils lui attribuent. Ainsi, au cours des années 1970 et 1980, on observe des formes de recomposition de l'identité professionnelle corrélatives à une perte du sens du travail due notamment à la diffusion de la mécanisation ou de nouvelles formes d'emploi précaires dans les centres de tri qui laissent entrevoir la participation à des conflits sociaux d'un genre renouvelé.
- L'ouverture aux publics des musées (1959-1981) : missions et statut des conservateurs en question - Odile Join-Lambert p. 53-73 Du ministère d'André Malraux à celui de Jack Lang (1959-1981), les musées étendent leur mission de service public à des publics plus diversifiés et plus ciblés. Cette évolution met en tension le statut juridique et la formation des conservateurs avec la multiplicité des fonctions entre conservateurs territoriaux et nationaux. Un contraste apparaît entre l'évolution des missions et les lenteurs de celle du statut, révélant des divergences entre conservateurs nationaux et territoriaux : en fait deux corps en un, aux perspectives de carrière et aux métiers différents. Ce contraste révèle aussi l'absence de lieu de discussion pour construire un langage commun ? hormis la commission du VIe Plan de Pierre Emmanuel ? entre ceux qui tentent d'analyser les besoins et les acteurs présents dans les commissions paritaires sur l'avancement et le statut. Il révèle enfin l'absence d'intérêt des parlementaires pour une question qui, traitée directement entre les conservateurs et la Direction des musées de France, n'est portée par aucun mouvement social.
- Les travailleurs des services à Las Vegas depuis les années 1980 - Marianne Debouzy p. 75-86 A une époque où le mouvement syndical américain voit fondre ses effectifs et connaît une crise grave, Las Vegas, capitale du jeu, est la ville la plus fortement syndiquée des États-Unis. L'article s'efforce d'expliquer ce paradoxe et ce qu'il révèle sur les possibilités qu'ont les travailleurs des services de se mobiliser et d'agir collectivement afin d'obtenir des salaires, des conditions de travail et une couverture sociale satisfaisantes. Las Vegas est à la fois excentrique et typique de l'évolution du développement économique et urbain des États-Unis. Un historique de la croissance de Las Vegas, de la restructuration de l'industrie du jeu et du divertissement au profit de très grands groupes, l'étude de la composition ethnique et professionnelle des personnels de service permettent d'éclairer l'évolution du syndicat des Culinary Workers. L'histoire de ce syndicat et de ses luttes est révélatrice des spécificités du militantisme de certains travailleurs des services mais aussi des débats qui traversent le mouvement syndical concernant ses modes d'action, ses stratégies et ses orientations. Le militantisme des travailleurs des services de Las Vegas est significatif du renouveau d'une partie du mouvement syndical américain. Est-il pour autant annonciateur d'un renouveau plus global ?
- Le travail des aides à domicile pour personnes âgées : contraintes et savoir-faire - Christelle Avril p. 87-99 Les contraintes du travail des aides à domicile pour personnes âgées sont encore largement méconnues. Aussi s'agit-il ici de décrire et d'analyser la situation de travail des aides à domicile pour personnes âgées à partir de données recueillies principalement en situation d'observation participante. Ce travail comporte, comme dans d'autres emplois de service, des contraintes physiques et relationnelles importantes et sources de pénibilité. En particulier, le travail au contact des personnes âgées apparaît particulièrement pesant et envahissant, conduisant ces salariées à déployer des tactiques d'évitement. Pour faire face à cette contrainte spécifique, ces travailleuses acquièrent au fil de l'expérience des savoir-faire ajustés à leur public. Elles apprennent non seulement à faire face aux aspects physiques et psychiques du vieillissement, mais elles s'efforcent aussi, par leur action, de faire recouvrer aux personnes âgées certaines facultés. Ainsi la contrainte spécifique du travail devient-elle une source de satisfaction au travail.
- Syndicalisme et nouveaux salariés des services : aperçu sur l'expression cégétiste dans les centres d'appels d'Air France (1989-2004) - Michel Pigenet p. 101-133
- Notes de lecture - p. 135-159