Contenu du sommaire : Autour de 68

Revue Le Mouvement social Mir@bel
Numéro no 223, avril-juin 2008
Titre du numéro Autour de 68
Texte intégral en ligne Accessible sur l'internet
  • Autour de 68

    • 68 : un élan historien - Nicolas Hatzfeld p. 3-5 accès libre
    • En l'autre bord. Filmer les forces d'opposition à Mai 68 - Sébastien Layerle p. 7-12 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      Dans l'effervescence des journées de Mai 68, les réalisateurs Peter Kassovitz et Claude Otzenberger recueillent la parole des « partis de l'ordre » et des milieux hostiles à la contestation : militants et sympathisants gaullistes, représentants du patronat et des syndicats de police, associations de rapatriés et organisations d'extrême droite. Vestige du « film de synthèse » voulu par des professionnels de l'image réunis en États généraux du cinéma, leur projet n'existera jamais vraiment en tant que film. Sept documents d'enquête sont aujourd'hui conservés au Forum des Images à Paris sous le titre d'« Inédits de Mai 68 ». En dépit (ou est-ce en raison) de leur état d'inachèvement, ils offrent un contre-champ inattendu aux mouvements étudiant et ouvrier et constituent une matière précieuse pour comprendre les motivations des forces en présence en Mai 68.
      In May 1968 two film directors, Peter Kassovitz and Claude Otzenberger, were sent by the French Film States General to interview supporters of social and political order : Gaullist activists or followers, business managers, police trade-union officials, associations of people repatriated from Algeria, activists of the far right. However, they were not able to turn their pictures into full-fledge documentary films. Seven of their film documents are now preserved in Paris, in the Forum des images. These unfinished products are a useful new source to understand the motivations of the opposite forces in French society during the movement of 1968.
    • Parcours historiens et mai 68 : pistes orales sur un moment du Mouvement Social - Nicolas Hatzfeld p. 13-15 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      Quatre historiens membres de l'équipe de la revue Le Mouvement Social en 1968, interrogés par trois membres du Comité de rédaction actuel de la revue, évoquent leur parcours personnel, l'histoire sociale et la vie universitaire françaises dans les années 1960, la place de mai 68 dans leur vie et dans celle de la revue.
      Four historians who were members of the editorial board of the French journal Le Mouvement Social are interviewed by three current board members of the journal about their biography, French social history and academic life in the 1960s, and the place of May 1968 in their life and in the life of the journal.
    • Entretien avec Nicolas Hatzfeld, 24 janvier 2008 - Michelle Perrot p. 16-20 accès libre
    • Entretien avec Patrick Fridenson, 6 février 2008 - Jacques Julliard p. 21-25 accès libre
    • Entretien avec Nicolas Hatzfeld, 15 janvier 2008 - Rolande Trempé p. 26-29 accès libre
    • Entretien avec Pierre Singaravélou, 25 janvier 2008 - Claude Willard p. 30-32 accès libre
    • Lectures : les années 1968 - p. 33-40 accès libre
  • Les tendances dans les organisations au XXe siècle

    • La jeunesse socialiste et l'action internationale durant l'entre-deux-guerres - Christine Bouneau p. 41-53 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      Fondée en 1907 au Congrès de Stuttgart, la première Internationale des jeunesses socialistes, après le choc de la révolution bolchevique et les grandes divisions consécutives, ne se reconstruisit qu'au Congrès de Hambourg en 1923. Parmi les champs de réflexion et d'action de l'IJS figuraient en priorité la protection de la jeunesse, l'éducation, la propagande et la solidarité. Regroupant plus de 200 000 adhérents, l'IJS fit une manifestation spectaculaire de ses forces en juillet 1929 à son Congrès de « Vienne la rouge », où les jeunes socialistes défilèrent massivement au cri de « plus jamais de guerre ! ». Le rejet du fascisme et de la guerre fut donc une plate-forme commune très solide mais les différences, sinon les dissensions, furent souvent très sensibles entre le groupe des fédérations latines, plus révolutionnaires mais en situation minoritaire, et les fédérations scandinaves, réformistes, qui récupérèrent le leadership de l'IJS après le retrait forcé des Allemands. L'unité fut cependant clairement maintenue, comme en témoigna le dernier Congrès de Lille en juillet 1939 où le slogan « le socialisme, c'est la paix ! » prit toute sa signification.
      Founded in 1907 at the Congress of Stuttgart, the first International of Socialist Youths was rebuilt at the Congress of Hamburg in 1923 after the impact of the Bolshevik revolution and the great divides which followed. Areas of reflection and action for the ISY were primarily the protection of youth, education, propaganda and solidarity. In July 1929, the ISY had a spectacular demonstration of its strength as it brought together more than 200 000 members for its Congress of “red Vienna”. Here the young Socialists marched en masse shouting « never another war! ». The rejection of fascism and war provided a very firm basis for solidarity. But there were also strongly-felt differences, if not outright dissensions, between the more revolutionary (minority) Latin federations and the more reformist Scandinavian federations, who recovered the ISY leadership after the forced withdrawal of the Germans. However, unity was clearly the order of the day, as demonstrated by the last Lille Congress in July 1939. At this congress, the slogan “socialism means peace !” became most meaningful.
    • L'identité du courant « unitaire » de la Fédération de l'Éducation Nationale entre 1944 et 1967 : copie conforme ou contre-modèle ? - Laurent Frajerman p. 55-68 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      Un idéal-type permet de définir le courant unitaire. S'il est minoritaire, sa bonne implantation dans la FEN témoigne de sa souplesse identitaire. Il vit une tension entre le modèle FEN et ses propres options, incarnées un temps dans la FEN-CGT. S'il développe une activité revendicative volontariste, accordant la priorité aux femmes et aux jeunes, il se calque aussi avec pragmatisme sur l'agenda de la FEN. Son hostilité à un système de tendances rigide se combine à une action et une organisation distinctes. Courant réellement syndical, il se caractérise néanmoins par une matrice communiste. L'ingérence du PCF varie selon la période et l'attitude des enseignants communistes et non-communistes. Pacifiste, anticolonialiste, il véhicule aussi l'idéologie républicaine-laïque du milieu, tout en se démarquant du sectarisme anticlérical. Loin d'incarner un modèle syndical alternatif, révolutionnaire, le courant unitaire constitue une version musclée du modèle FEN.
      This article presents a model-type of the « unitary » institutionalized faction within the FEN teachers' union. Although a minority group, its solid presence in the union reveals its flexible identity. In the “unitary” faction, there exists a tension between the FEN agenda and its own priorities, which were once represented by the FEN-CGT. Even if, in granting priority to women and young people, it makes voluntarist claims, it still remains loyal to the pragmatism of the FEN agenda. Its characteristics include a distinctive organization and program of action as well as an hostility towards any overly rigid system of operation. Although it is a real union faction, it is nevertheless marked by a communist matrix. The interference of the French Communist party (PCF) varies according to the period as well as the views of the communist and non-communist teachers. Pacifist, anti-colonialist, it embraces the secular-republican ideology of its milieu, but still separates itself from anticlerical sectarianism. Far from embodying an alternate revolutionary union model, this institutionalized faction constitutes a strong-armed version of the FEN model.
  • La surdité au XIXe siècle

    • L'éducation des sourds-muets auXIXe siècle. Description d'une activité sociale - François Buton p. 69-82 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      Au XIXe siècle, l'éducation des sourds-muets est une activité au succès croissant, dont le développement repose essentiellement sur les congrégations catholiques. Mais c'est aussi une activité dépourvue d'encadrement juridique et de forme durable de régulation en ce qui concerne la création des établissements, le choix des méthodes d'enseignement, le recrutement des instituteurs ou celui des élèves. Seule l'Institution de Paris, la plus ancienne et la plus importante des écoles, protégée par l'État depuis la Révolution, possède les ressources susceptibles d'enrayer l'éclatement institutionnel et pédagogique de l'activité. Cette double caractéristique de l'éducation des sourds-muets (domination des congrégations, prestige de l'Institution parisienne) détermine la réforme des années 1880, qui n'est pas seulement pédagogique (imposition généralisée de la méthode orale), mais aussi institutionnelle (spécialisation renforcée par rapport à l'instruction publique « ordinaire »).
      In the 19th century, the education of the deaf-mute was an increasingly successful endeavor which developed mainly in Catholic congregations. However, it was not an institutionalized practice in that it lacked a legal framework as well as consistent regulations concerning the opening of schools, the hiring of teachers or the admission of pupils. Only the Institution of Paris, the oldest and biggest school, protected by the State since the Revolution, possessed the resources capable of stopping the institutional and pedagogical fragmentation of the practice. This double feature of the education of the deaf-mute – the dominance of Catholic congregations and the prestige of the Paris Institution – strongly shaped the reform efforts of the 1880s, which were not only pedagogical (general imposition of the oral method) but also institutional (developing a « special » curriculum in relation to « ordinary » public education).
    • Réflexions sur le congrès de Milan et ses conséquences sur la langue des signes française à la fin du XIXe siècle - Florence Encrevé p. 83-98 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      En 1880 se tient à Milan un congrès international sur l'éducation des sourds qui conclut à des résolutions affirmant que la « méthode orale » doit être préférée à la « méthode gestuelle ». Ce congrès est l'aboutissement logique du conflit qui oppose ces deux méthodes tout au long du XIXe siècle. Deux délégations officielles françaises représentant les ministères de l'Intérieur et de l'Instruction publique y sont présentes. Bien que tous partisans de la méthode orale, les membres de ces délégations sont en opposition et les résolutions finalement votées ne conviennent qu'aux représentants du ministère de l'Intérieur. À la suite de ce congrès, le gouvernement français est décidé à faire appliquer ces résolutions sur tout le territoire : désormais la langue des signes n'est plus utilisée dans les écoles pour sourds, ce sont la parole et la lecture sur les lèvres qui sont principalement enseignées. Les conséquences de cette décision se retrouvent encore aujourd'hui : comme la langue des signes n'est plus employée dans les établissements scolaires, les sourds qui naissent dans des familles entendantes ne la pratiquant pas n'ont aucune possibilité de l'apprendre. Ainsi, le nombre de ses locuteurs stagne et son usage est réservé à la sphère familiale ou associative jusque dans les années 1970, moment où la langue des signes commence à se développer à nouveau en France.
      In 1880 an international congress on deaf children's education was held in Milan. Among its resolutions was the declaration that the “oral method” was preferable to the “signing method”. This congress was the end result of a conflict between the two methods which had developed over the course of the nineteenth century. Two official French delegations were present : the representatives of the Ministry of the Interior and the representatives of the Ministry of Public Education. Although both were supporters of the oral method, members of these delegations clashed on other issues, and the final resolutions voted by the congress catered primarily to the wishes of the Ministry of the Interior. After this congress, the French government decided to implement these resolutions everywhere on French territory: henceforth sign language was no longer used in schools for deaf children; instead mainly speech and lip-reading were taught. The consequences of that decision can still be felt today: since sign language is no longer used in the schools, deaf children born to hearing families who do not practice sign language have no opportunities to learn it. Hence the number of sign-language users stagnated, and until the 1970s, its practice remained limited to the spheres of family and non-profit organisations. Since that period, sign language has started to develop once again in France.
  • Informations et initiatives - p. 129-133 accès libre
  • Notes de lecture - p. 99-127 accès libre