Contenu du sommaire : Mutations de la science et des universités en France depuis 1945

Revue Le Mouvement social Mir@bel
Numéro no 233, octobre-décembre 2010
Titre du numéro Mutations de la science et des universités en France depuis 1945
Texte intégral en ligne Accessible sur l'internet
  • Éditorial. Jalons pour une histoire sociale de la science et des établissements d'enseignement supérieur en France depuis 1945 - Jean-Michel Chapoulie, Patrick Fridenson, Antoine Prost? p. 3-12 accès libre
  • Dix thèses sur les sciences, la recherche scientifique et le monde social, 1945-2010 - Dominique Pestre? p. 13-29 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
    La science moderne n'est pas seulement une accumulation de savoirs, elle est un outil pour refaire le monde. L'article analyse les relations de cette science moderne aux techniques, à l'économique et au politique. Il offre une périodisation pour le cas de la France.
    Modern science is not simply an accumulation of knowledge, it is a tool to transform the world. The article details the relations of modern science to technology, the economy and politics. It offers a periodisation for the French case.
  • Une histoire en chiffres de l'enseignement supérieur en France - Antoine Prost, Jean-Richard Cytermann? p. 31-46 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
    Cet article offre une sélection de données statistiques pertinentes sur l'histoire de l'enseignement supérieur en France. Les domaines couverts sont les suivants : les étudiants, les diplômes, les enseignants et les BIATOSS, les dépenses et quelques comparaisons internationales.
    The article presents a selection of relevant statistics about the history of French higher education. They cover the following topic: the students, the degrees, the academic and administrative personnel, the expenses, some international comparisons.
  • La politique universitaire depuis 1968 - Patrick Fridenson p. 47-67 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
    La politique universitaire menée par l'Etat dans cette période est un compromis inégal entre les instances gouvernementales et des mouvements ou des oppositions de terrain qui cherchent à être hégémoniques. Elle aboutit à la lente conversion à l'autonomie des universités, à la professionnalisation des enseignements, à des standards européens malgré les dualismes des types d'établissements hérités de l'histoire qui ont freiné la démocratisation des publics, et à des universités de masse.
    The university policy led by governments is an uneven compromise between governments and administrations on one side, movements or field oppositions on the other side which would like to become hegemonic. It led to the slow conversion to autonomy of universities, to the professionalization of the curricula, to the promotion of European standards despite the traditional dualism of the French higher education institutions The incrased dualism, born from history, slowed down the democratization of the student population despite the growth of mass universities.
  • Les universitaires et leurs statuts depuis 1968 - Jean-Yves Mérindol p. 69-91 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
    La démocratisation de l'enseignement supérieur en France a conduit, entre 1960 et 1970, à un vif développement des corps d'assistants et de maîtres-assistants, situations universitaires auxiliaires. Après 1968 et le vote de la loi Faure permettant la constitution d'universités autonomes, les statuts des personnels ont fréquemment évolué. Ces modifications résultent à la fois de conflits sociaux, par exemple autour de la situation des assistants ou des vacataires entre 1968 et 1983 ; de conceptions variées, voire opposées, des politiques universitaires ; des changements dans les pratiques professionnelles amenant à aborder de nouvelles questions. On analyse ici les rapports, les réformes et contre-réformes, et les compromis autour desquels se sont bâtis les dispositifs actuels. Sur une cinquantaine d'années, de 1960 à nos jours, les tendances majeures, autour desquelles la gauche et la droite politiques ont fini par converger, sont : la simplification de la typologie des corps universitaires en deux grandes catégories, l'articulation de plus en forte avec les études doctorales qui ont suivi des évolutions liées à celles des statuts, l'importance de la tension entre l'autonomie de chaque universitaire et celle de chaque université. On retrouve, à travers le dernier point, des débats importants au moment des grandes lois universitaires de la fin du XIXe siècle.
    The democratisation of the student population in France in the 1960s led to a quick growth of two groups: the assistant professors and the newly created associate professors. After the bill prepared by Edgar Faure was passed in 1968, thus paving the way to the constitution of autonomous universities, the statutes of the academics changed quite often. The modifications used to result both from struggles by academics, for instance about the job security of assistant professors and of part-time lecturers between 1968 and 1983, from diverging conceptions of academic policies and from changes in actual work practices which led some of the actors to raise new issues. We focus here on the official reports, the reforms and counter-reforms and the compromises which are the foundations of the current schemes. Over the 50 years between 1960 and today we find a number of major trends around which the left and the right finally converged: the simplification of academic positions into two main categories, the closer connection between the various schemes and the evolution of doctoral studies, the importance of the tension between the autonomy of each academic and the autonomy of each university. On the latter issue, we find a similar debate at the end of the 19th century, when the Parliament of the Third Republic discussed two major bills on universities.
  • Les transformations de la carte universitaire depuis les années 1960 : constats et enjeux - Myriam Baron? p. 93-105 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
    Évoquer les transformations de la carte universitaire en France au cours des 50 dernières années conduit à s'interroger sur le niveau géographique privilégié mais aussi sur la production et l'utilisation de tels documents. Ces quelques jalons posés, la carte universitaire du début des années 2000 est brossée à grands traits : d'une part, en se référant aux villes et à leur hiérarchie, très présente dans la structuration du « fait universitaire » ; d'autre part, en accordant une place significative à la dimension régionale, qui révèle de remarquables évolutions au cours des 25 dernières années. Ces caractéristiques ne peuvent être uniquement les conséquences du dernier plan « U 2 000 ». Les exemples de la Bretagne et de l'Ile-de-France montrent que les décisions ont été prises dès le début des années 1960. Ce qui conduit à s'interroger sur les relations entre productions cartographiques et aménagements du territoire.
    When changes in universities map during the past 5 decades are considered, one can first ask: which geographical level can be retained? who produced and who used such documents? Then, the map of French universities in the beginning of the 3rd millennium is sketched: on one hand, the urban hierarchy structuring the academic reality; on the other hand, the regional level revealing remarkable trajectories within the 25 past years. All these characteristics are not only consequences of the last national plan “Université 2 000” (1990-1995). Regions such as Brittany and Ile-de-France show that political decisions were taken in the beginning of the 1960's. Finally, what about the relations between cartographic productions and town and country planning?
  • Quand l'université s'ancre au territoire. Collaborations académiques et territoriales à Lyon (1958-2009) - Jérôme Aust? p. 107-125 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
    L'article analyse le développement des relations entre universités et territoires dans l'agglomération lyonnaise. En adoptant une perspective historique (1958-2009), il montre que l'intensification des relations entre universités et territoires prend sens au carrefour de logiques internationales, nationales et locales. Le renouvellement des exécutifs locaux et académiques, l'internationalisation de la concurrence universitaire et urbaine, les recompositions de la gestion publique territoriale et des politiques universitaires incitent universitaires et élus locaux à renforcer leur coopération. L'article montre ensuite que les coopérations académiques et territoriales sont aussi marquées par des évolutions progressives dans leur contenu. En s'institutionnalisant au fil du temps, ces collaborations se redéfinissent partiellement pour donner de nouveaux visages aux liens entre universités et territoires.
    The article analyses the growth of relationships between universities and territories of the urban area of Lyons. Using a historical approach (from 1958 to 2009), it shows that the intensification of relations between universities and territories makes sense at the crossroad of international, national and local logics. The election of new local and academic executives, the internationalisation of academic competition, the reshuffles of public local management and of university policies led academics and local elected representatives to strengthen their cooperation. Then the article shows that the contents of such cooperation gradually shifted. As they became institutionalised over time, these collaborations were partly redefined to give new faces to the links between universities and territories.
  • Une discipline « utile » dans l'enseignement supérieur : promotion et appropriations de la gestion (1965-1975) - Fabienne Pavis? p. 127-142 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
    Centré sur l'enseignement supérieur de gestion en France, cet article vise à rendre compte des conditions et des effets, notamment pour les étudiants, de l'académisation d'une discipline « utile ». Il restitue tout d'abord l'argumentaire utilisé pour promouvoir et rénover l'enseignement supérieur de gestion à partir du milieu des années 1960 : cet enseignement doit favoriser la modernisation économique du pays. Puis il se focalise sur la mise en œuvre de cette politique en insistant sur ses appropriations différenciées en fonction de la position dans l'espace, très hiérarchisé, des institutions de formation et en fonction des ressources des agents qui s'y investissent comme enseignants jeunes diplômés et comme étudiants. Une offre de nouvelles positions académiques apparaît au sein des écoles de commerce et à l'université. Si les nouveaux spécialistes sont devenus incontournables dans les institutions de formation à la gestion, leur position professionnelle demeure ambiguë : leurs tutelles leur reprochent ou de trop se prendre au jeu académique ou de trop se prendre au jeu entrepreneurial. Les étudiants quant à eux ont pu profiter du renouvellement pédagogique et de la revalorisation des études commerciales, mais un constat d'inertie s'impose : une ségrégation sociale forte des étudiants demeure dans cet enseignement de gestion massifié.
    Focusing on management education in France, this article aims at explaining how a discipline considered as “useful” became an academic one and what was the impact of such a process on students. It first details the arguments that were used to promote and renovate management education from the mid1960s onward: they were related to the economic modernization of the country. Then it deals with the enforcement of this policy: its appropriations were quite differentiated in keeping with the position of each institution in the highly hierarchical social space of management education and with the various resources of the actors who invested in it as academics, young graduates and as students. A supply of new academic positions emerged both in business schools and in universities. In both kinds of institutions, the new specialists became essential, but their professional status remained ambiguous: their controlling authorities reproached them with becoming either too academic or too entrepreneurial. As for students, they were able to profit by the renewal of pedagogy and by the new value put on business studies. However, there was a measure of inertia: social segregation of students remained strong despite the considerable increase of their number.
  • L'agronomie, science de l'agriculture ? - Bernard Hubert p. 143-157 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
    L'agriculture est un domaine considéré comme stratégique par la plupart des pays, et si les récentes menaces d'émeutes de la faim ne manquent pas de le rappeler, la plupart des pays industrialisés en ont fait un objet de politiques publiques assez fortement affirmées, en particulier depuis la dernière moitié du XXe siècle, avec ce qu'on appelle la « modernisation » de l'agriculture. La recherche agronomique a été très impliquée dans les dispositifs étatiques mis au service de cette rationalisation d'un secteur d'activité, en complément de la formation, de l'appui technique et de l'organisation des producteurs. Ainsi l'agronomie, en tant que domaine scientifique, est très engagée dans les missions que lui confie l'État de transformation des modes de production agricole, et, partant, des paysanneries et des sociétés rurales. Après une période de développement technologique fondée sur l'augmentation de la productivité de la terre et du travail, l'amélioration génétique et le recours à des intrants divers, qui a conduit à la concentration et à la spécialisation des exploitations agricoles, l'agronomie est confrontée à l'émergence des questions environnementales et des interrogations sur la qualité de l'alimentation et ses conséquences en termes de santé publique. Saura-t-elle sortir des lock in technologiques constitués par les chemins pris depuis une cinquantaine d'années pour se refonder sur des paradigmes différents et plus soucieux des systèmes écologiques, des consommateurs et des travailleurs agricoles ? Cette question se pose désormais en France comme au niveau international, dans un monde questionné par la sécurité alimentaire et l'état de la planète à l'horizon des cinquante prochaines années.
    Agriculture has always been considered as a strategic issue, as the recent hunger riots recall us. Anyway, the industrialised countries have developed very strong agricultural policies since the mid 20th century in order to “modernise” their agricultural sector. Agricultural research has been deeply committed in those policies with training, extension and farmers' organisation. It has contributed to in depth change in the production systems but also among peasant and rural societies. If the last 50 years were driven by technological development in order to increase land and labor productivity based on genetics and increasing external inputs, leading to farms concentration and specialisation, agronomy is now addressed by environmental and food quality issues, linked to diets and public health. Will agronomy be able to overcome technological issues and develop new paradigms taking into account ecological systems, agricultural workers health and consumers demands? This question is addressed in France as well as at the global level regarding food security and global ecosystems for the fifty forthcoming years.
  • Les revues de sciences humaines et sociales face à l'évaluation - Gabriel Galvez-Behar? p. 159-164 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
    L'article souligne l'importance accrue des revues dans la vie universitaire et culturelle. Étudiant l'application des nouvelles procédures d'évaluation auxquelles elles sont soumises, l'article analyse l'ethos de l'évaluateur, les processus par lesquels évaluer, c'est choisir, et enfin les limites de l'évaluation.
    The article focuses on the increased importance of journals in both academic and cultural lives. The author studies how the new procedures of evaluation which apply to them have been working. It focuses on the ethos of referees, the processes in which scholarly evaluation means making a choice, and the limits of evaluative culture.
  • Mémoires d'un étudiant en mai 1968 : le flux des manifestations et le protagoniste de l'événement - Jacques Guilhaumou? p. 165-181 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
    J'ai rédigé mes mémoires d'étudiant en histoire à Nanterre en mai 1968 pendant le mouvement universitaire de 2009, porté tout particulièrement par les manifestations qui se sont succédé durant plusieurs semaines. Le présent extrait porte de fait sur le cycle des manifestations qui m'ont permis, de spectateur de l'événement, d'en devenir un protagoniste. J'y mets prioritairement l'accent sur la rencontre avec l'autre, et sur la part d'utopie concrète qui se manifeste dans un tel engagement collectif d'une pensée au sein même d'un mouvement d'émancipation. J'y vois même une forme de révolution permanente, à l'encontre des commentaires usuels sur le caractère obsolète de l'idéologie soixante-huitarde, qui se rejoue dans les décennies suivantes, y compris dans le récent mouvement universitaire. À ma manière, je témoigne de quelque chose qui existe au titre de l'humain et de quelqu'un qui parle au nom de l'humanité agissante et souffrante de manière permanente, donc d'une ontologie sociale de l'événement 68.
    This paper is an excerpt of my unpublished memoirs of May 1968, when I was a history student at the University of Nanterre. They were written during the academic movement of 2009, where a series of street demonstrations during several weeks were the backbone of collective action. The paper deals with the cycle of demonstrations in 1968 which enabled me not to remain a spectator of the event and to become one of its protagonists. I stress the meetings with other people and the dimension of concrete utopia which emerges thanks to the collective commitment to a thought within an emancipation movement. I even consider it as a type of permanent revolution, which is a position quite opposed to the usual comments on the obsolete character of the ideology of the 68ers, and I think it reemerged in the following decades, including the movement of 2009. In my own way, I am thus a witness of something that exists in the human nature, speaking in the name of mankind acting and suffering in a permanent way, thus of a social ontology of the event of 68.
  • Notes de lecture - p. 183-200 accès libre
  • Informations et initiatives - p. 201-206 accès libre