Contenu du sommaire : La société du contact dans l'Algérie coloniale

Revue Le Mouvement social Mir@bel
Numéro no 236, juillet-septembre 2011
Titre du numéro La société du contact dans l'Algérie coloniale
Texte intégral en ligne Accessible sur l'internet
  • Quel « monde du contact » ? Pour une histoire sociale de l'Algérie pendant la période coloniale - Emmanuel Blanchard, Sylvie Thénault p. 3-7 accès libre
  • La société du contact dans l'Algérie coloniale

    • Le moment Front populaire en Oranie : mobilisations et reconfigurations du milieu militant de gauche - Claire Marynower p. 9-22 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      Cet article traite des dynamiques politiques à l'œuvre au milieu des années trente dans les milieux militants de gauche de l'Oranie colonisée. Communistes, syndicalistes mais aussi socialistes et radicaux prirent part à une tentative de rapprochement avec les représentants des mouvements politiques « indigènes » algériens : Fédération des élus, Association des oulémas, Congrès musulman. Les interactions, bien que limitées, furent réelles et importantes. Les divisions entre le mouvement national algérien d'un côté et la gauche française de l'autre n'étaient pas fixées ni stables à cette époque. Un projet de réforme de la société coloniale fut pensé en commun et promu dans des structures communes, permettant des transferts réciproques.
      Reshaping the Algerian Left: the Popular Front in the Oran Province
      This paper deals with leftist politics in the Western Algerian region of Oran during the mid-1930s. During the Popular Front, Communists, Unionists but also Socialists and Radicals were part of a general movement which met with “indigenous” political movements, above all with the Muslim Congress. Divisions between the national Algerian movement and the French left had not at that time been addressed. Although the interactions were limited, they were also vital and important. Through the exchange of ideas, the parties involved conceived and promoted a reformist program for colonial Algeria.
    • Les lieux de sociabilité islahistes et leurs usages : la ville d'Alger (1931-1940) - Afaf Zekkour p. 23-34 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      La création de l'Association des Oulam? musulmans algériens (AUMA), le 5 mai 1931 à Alger, résulta d'une longue phase de tâtonnements. Cette association tire son origine d'une patiente confrontation d'idées entre divers lettrés algériens arabophones. L'AUMA utilisa les mosquées, les cercles et les associations de bienfaisance comme lieux de mobilisation, tandis que la rue jouait un rôle marginal. Ces lieux et leur implantation n'ont jamais été figés. Globalement, au cours des années 1930, s'opéra un triple glissement : géographique, de la Casbah vers Belcourt ; social, des grandes familles de notables vers de nouvelles couches ; politique, du réformisme concentré sur une dimension culturelle et religieuse vers le nationalisme réclamant l'indépendance.
      Muslim Reformist Networks in the City of Algiers, 1931-1940The Association of Muslim Ulamas in Algeria (AUMA in French) was created in 1931 after many years of exchanges between Arab-speaking Muslim intellectuals. Rather than choose popular politics, it sought to promote its conception of an Arab and Islamic Algerian identity through a network of mosques and schools, clubs and charitable organisations. This network was difficult to pin down as it constantly underwent change. In the 1930's, its location moved from the Casbah to the European area of Belcourt. While it once recruited from the old Muslim establishment, it increasingly drew on new social classes for its membership. Finally in terms of politics, its religious and cultural reformism gradually gave way to a radical nationalist agenda.
    • Presse et journalistes « indigènes » en Algérie coloniale (années 1890-années 1950) - Philipp Zessin p. 35-46 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      Par leur niveau social et d'éducation et leur intervention dans un secteur massivement européen, les journalistes « indigènes » auraient pu être des représentants du mince « monde du contact » qui put exister dans la société coloniale d'Algérie. En réalité, le journalisme « indigène » était fortement politisé et il ne fut que tardivement et partiellement professionnalisé. Ses acteurs, qu'ils soient francophones ou non, étaient exposés à une discrimination professionnelle à base ethnique, ainsi qu'à la surveillance et la répression des autorités. Dans un contexte où l'expression des revendications des colonisés était limitée, la presse « indigène » joua cependant un rôle décisif. En assurant leur diffusion, elle contribua à forger une « opinion publique musulmane ».
      “Indigenous” Journalism in Colonial Algeria (1890's-1950's). Because of their high social and educational levels as well as their engagement in an overwhelmingly European sector of society, “indigenous” journalists could have played an important role in the “colonial encounter” between Europeans and Muslims in Algeria. In reality, however, “indigenous” journalism was profoundly politicized and only partially professionalized. Whether French or Arabic-speaking, its participants suffered surveillance and repression as well as a professional discrimination which was ethnically-based. In a context where the colonized population had few outlets to express their demands, the “indigenous” press in fact played a decisive role; it served as an instrument for the emergence of a Muslim public opinion.
    • « Pour moi, l'Algérie, c'est les Béni-Boudouane, le reste j'en sais rien » : Construction, narrations et représentations coloniales en Algérie française - Giulia Fabbiano p. 47-60 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      Cet article s'intéresse aux Béni-Boudouane, population qui fut le vivier du recrutement des harkis du bachaga Boualem pendant la guerre d'indépendance. À partir d'archives coloniales et d'une enquête ethnographique au Mas Thibert, en Provence, où ils se sont installés à l'indépendance, il s'agit d'interroger la nature, l'ampleur et la forme des contacts coloniaux dans une région d'où les Français étaient physiquement absents. La colonisation s'y manifesta essentiellement par la formalisation de l'existence des Béni-Boudouane en tant que tribu et par l'application restreinte des lois forestières les dépossédant. Les Béni-Boudouanais vécurent à l'écart de l'Algérie des Français, dont l'irruption fut tardive, au moment de la guerre. Jusque-là, les quelques auxiliaires locaux de l'administration française étaient l'incarnation de l'Algérie coloniale, perçue toutefois par la mémoire collective comme une réalité quotidienne et normalisée.
      “For me, Algeria is the Beni-Boudouane, I don't know anything else”This article deals with the Beni-Boudouane, a population which formed the breeding ground for the recruitment of bachaga Boualem's harkis during the Algerian war for independence. Through archival and ethnographic research in Mas Thibert, Provence, where this population settled after independence, this study tries to understand the nature, importance and form of colonial contacts in a region where the French were physically absent. There colonization appeared through the formalization of the Beni-Boudouane's existence as a tribe and through the application of forest laws which served to deprive the population of property. The Beni-Boudouane lived apart from French Algeria until the war. Until then, a few local auxiliaries of the French administration embodied colonial Algeria. In collective memory, this government was perceived as an everyday, normalized reality.
  • Afrique : après les indépendances

    • Madagascar 1972 : l'autre indépendance : Une révolution contre les accords de coopération - Françoise Blum p. 61-87 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      Les événements de mai 1972 à Madagascar révèlent le caractère inachevé de l'indépendance proclamée en 1960. Le parti au pouvoir est issu des élites coloniales tandis que la vie politique, sociale et culturelle de la Grande Île reste étroitement liée à l'influence et à l'interventionnisme de la France à travers les accords de coopération, comme l'illustre la situation de l'enseignement supérieur. C'est dans les écoles et les universités que naît un mouvement de contestation, rejoint par le reste de la population, qui révèle la profondeur et le poids des divisions ethniques et sociales nées de la période coloniale. Les formes de la contestation et les langages de la mobilisation confirment cet effort pour atteindre une vraie indépendance, débarrassée du néo-colonialisme.
      Madagascar, 1972: The Other Independence
      The events of May 1972 in Madagascar revealed the superficiality of the Independence proclaimed in 1960. The ruling party was formed by local elites, while political, social and cultural life in the Great Island was still strongly influenced by French power and its intervention through various cooperation agreements. The higher education system was a case in point. It was in the schools and universities that a nationalist movement had been born, then joined in support by the rest of the population. But the system was characterized by profound social, political and ethnic gaps which divided Malagasy society – gaps which were a legacy of colonial domination. Forms of rebellion and languages of mobilization in 1972 underline the effort to attain a real independence – one freed from all forms of neo-colonialism.
  • Chronique

    • Une lecture de la révolution tunisienne - Leyla Dakhli p. 89-103 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      Issue d'une observation sur le vif des événements qui se sont déroulés en Tunisie du 17 décembre 2010 à la fin mai 2011, cette chronique sur la « révolution tunisienne » propose quelques pistes de réflexion et ouvre sur des questions qui se posent pour l'historien, en particulier face à la profusion de sources numériques et face à l'étude de réseaux de contestation et de mobilisation à travers les outils du web 2.0.
      Reading the Tunisian Revolution
      Following an observation of the events that took place in Tunisia from 17 December 2010 to late May, this column on the “Tunisian revolution” gives some insights on facts and addresses some open questions to historians. In the context of profusion of digital sources, they have to face the study of networks of dissent and mobilization through the tools of Web 2.0.
  • Notes de lecture

  • Informations et initiatives