Contenu du sommaire : Intermédiaires culturels, territoires professionnels et mobilisations collectives dans les mondes de l'art

Revue Le Mouvement social Mir@bel
Numéro no 243, avril-juin 2013
Titre du numéro Intermédiaires culturels, territoires professionnels et mobilisations collectives dans les mondes de l'art
Texte intégral en ligne Accessible sur l'internet
  • Intermédiaires culturels et mobilisations dans les mondes de l'art - Olivier Roueff, Séverine Sofio p. 3-7 accès libre
  • L'organisation des musiciens dans la Grande-Bretagne du XIXe siècle : vers une nouvelle définition de la profession - Angèle David-Guillou p. 9-18 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
    De la tutelle aristocratique, qui protège et régule la profession musicienne et son répertoire jusqu'à la fin du XVIIIe siècle en Grande-Bretagne, émerge, en moins de cent ans, une industrie de la musique à grande échelle qui repose sur le concert et son profit. Afin de faire face à cette évolution, les musiciens britanniques s'organisent et tentent d'agir ensemble. D'un côté, la variété des nouveaux intermédiaires collectifs qu'ils forment est caractéristique du mouvement ouvrier en général. De l'autre, elle reflète les spécificités d'un milieu professionnel extrêmement divisé. En outre, il ne s'agit pas seulement de protéger un statut ou de défendre des droits, mais plus fondamentalement de formuler une définition du travail musical et, pour certaines associations, d'unir la profession. L'étude de ces organisations professionnelles offre un regard inédit sur les changements auxquels les musiciens britanniques sont confrontés au XIXe siècle et met en évidence les différents discours et questionnements de ceux-ci quant aux effets de l'industrialisation de la musique sur la nature de leur activité professionnelle. Cette analyse illustre aussi comment l'action collective peut aboutir à l'élaboration d'une autonomie professionnelle.
    The organisation of musicians in 19th century Britain: towards a new definition of the profession
    A wide-scale music industry based on concerts and the income they generated emerged in less than a century from an aristocratic tutelage which protected and regulated the music profession and its repertoire in Great-Britain until the end of the 18th century. British musicians thus organised themselves and started working together in order to deal with this evolution. On the one hand, the variety of the new collective intermediaries they formed was characteristic of the working class movement in general. On another, it reflected the specificities of an extremely divided professional environment. Furthermore, their goal was not only to protect their status and defend their rights, but fundamentally to formulate a definition of employment in music and – for certain organisations – to unite the profession. The study of these professional organisations offers a novel view on the changes with which British musicians were confronted during the 19th century in that it stresses their different discourses and questionings on the impact of the industrialisation of music on their professional activity. This analysis further illustrates how class action can help create a professional autonomy.
  • Les syndicats du spectacle et le placement dans l'entre-deux-guerres - Vincent Cardon, Mathieu Grégoire p. 19-30 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
    Cet article a pour objet le rapport des syndicats du spectacle à la question du placement dans l'entre-deux-guerres, soit la période de leur histoire durant laquelle leur ambition de maîtrise du marché du travail a été la plus affirmée. Les questions du placement et des intermédiaires du marché du travail sont au cœur des préoccupations syndicales dès l'origine du syndicalisme artistique et la lutte contre les agents artistiques figure parmi ses mots d'ordre les plus anciens et les plus récurrents. S'ils obtiennent en 1928 l'intégration des agences au droit commun du placement, les syndicats ne parviennent pas à les faire interdire. En effet, toutes les tentatives de mise en place de dispositifs de placement gratuit (publiques via l'Agence officielle du spectacle, syndicales ou associatives) éprouvées dans les années 1920 et 1930, échouent. Les agents artistiques conservent donc, entre les deux guerres, une position d'intermédiaire puissant sur le marché du travail. L'impossible substitution d'un dispositif public ou syndical gratuit au placement privé payant tient à la structure de l'emploi artistique, discontinu, à employeurs multiples, mais également à celle du système de production culturelle auquel il est arrimé. Elle-même est discontinue et centrée sur Paris et rayonne ensuite vers la province. Il faut également prendre en compte les difficultés de définition de la qualification et de la professionnalité dans ces univers professionnels pour comprendre cette permanence de l'intermédiaire privé sur le marché du travail artistique.
    Show business unions and placing in the interwar period
    This article seeks to examine the views held by show business unions on the issue of placing during the interwar period, which corresponds historically to the period during which their ambition to control the job market was most affirmed. The issues of placing and of job market intermediaries were at the heart of artist unions' concerns from their very emergence onwards and the fight against art agents was always among their most ancient and recurrent priorities. Although they obtained the integration of private agencies to common law placing in 1928, unions were unable to have them banned. Indeed, all attempts to create free placing mechanisms (either public via the Agence officielle du spectacle, or union-based or associative) in the 1920s and 1930s proved to be failures. Art agents therefore remained powerful intermediaries in the job market of the interwar period. The impossible substitution of fee-paying private placing by a free public or union-based mechanism owes to the very structure of art employment – fragmented, with several employers – but also to that of the cultural production system to which it is attached. The latter is itself fragmented and centred around Paris, then spreading in the rest of France. It is furthermore important to consider the difficulties in defining qualifications and professionalism in these professional environments to understand the permanence of the private intermediary on the art job market.
  • Portrait d'un service public en intermédiaire : l'ANPE Spectacle de Paris - Luc Sigalo Santos p. 31-40 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
    En prenant pour objet d'étude l'ANPE Spectacle de Paris, l'auteur examine dans cet article les enjeux propres à l'intervention d'un service public investi d'une mission d'intermédiation sur les marchés du travail artistique, dont les caractéristiques sont a priori éloignées des marchés du travail habituellement investis par l'agence. À partir d'une enquête socio-historique combinant archives administratives et entretiens, il met au jour l'équivocité des objectifs qui président à l'encadrement bureaucratique des positions d'agents artistiques privés d'une part, et à la restriction des conditions d'accès à cette agence spécialisée d'autre part.
    Portrait of a public service as an intermediary: the ANPE Spectacle in Paris
    In his study of the Paris ANPE Spectacle, the author seeks to examine the stakes inherent to the intervention of a public service invested as intermediary in the art job market, the characteristics of which being rather remote from those of job markets usually dealt with by the agency. Based on a socio-historic survey combining both administrative archives and interviews, the article brings to light the equivocal character of the objectives which preside the bureaucratic framing of private art agents on the one hand, as well as access restrictions to this specialised agency on the other hand.
  • La construction sociale d'un territoire professionnel : les agents artistiques - Delphine Naudier p. 41-51 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
    Qu'ils soient qualifiés d'impresarios ou d'agents artistiques, ces acteurs des mondes de l'art occupent depuis la fin du XIXe siècle une fonction d'intermédiaires sur le marché du travail artistique. Il s'agit de montrer comment les agents artistiques ont progressivement construit leur territoire professionnel, oscillant entre absence de règlementation, encadrement et libéralisation de l'activité. D'abord peu encadrée, discréditée en raison de la présomption d'escroquerie qui pèse sur elle, la profession est progressivement contrôlée par les autorités préfectorales et municipales. La construction sociale de la profession s'appuie sur un travail de moralisation et d'encadrement de l'activité qui, après avoir obtenu une dérogation d'exercice alors que les bureaux de placement payants étaient supprimés, aboutit ensuite à sa légalisation par la loi de décembre 1969. Enfin, à partir de 2004, une autre phase est amorcée qui aboutit en 2010, avec l'application de la directive Bolkenstein, à la libéralisation de la profession. De l'activité de placement à celle de la représentation des intérêts professionnels qui élargit la palette de leurs prérogatives, la légalisation de l'activité s'est construite à la croisée des luttes syndicales des artistes et de la structuration interne de ce territoire professionnel très hétérogène et hiérarchisé.
    The social construction of a professional field: art agents
    Whether qualified as impresarios or art agents, these actors of the art world have held the position of intermediaries on the art job market since the end of the 19th century. This article seeks to show how art agents have progressively constructed their professional field, moving from a lack of regulation to the framing and liberalisation of their activity. Initially lacking control and discredited due to suspicions of swindling, the profession was progressively controlled by local and municipal authorities. The social construction of the profession rests on an effort to moralise and frame an activity which, after having obtained an exceptional right of practise while fee paying placing agencies were being abolished, was finally legalised as a profession in December 1969. From 2004 onwards, another phase was initiated, leading to the liberalisation of the profession with the application of the 2010 Bolkenstein directive. The scope of the activity having widened from mere placing to the representation of professional interests, the legalisation of the activity was thus constructed between artist union struggles and the internal structuring of a very heterogeneous and hierarchical professional field.
  • Les associations professionnelles de marchands d'art après 1945 : lobbying et modernisation à Paris et à New York - Julie Verlaine p. 53-65 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
    Après la Seconde Guerre mondiale sont créées, dans les deux capitales mondiales du marché de l'art que sont Paris et New York, des associations professionnelles regroupant les marchands d'art moderne et contemporain : le Comité professionnel des galeries d'art (1947) et l'Art Dealers Association of America (1962). Leurs archives reflètent les débats intenses qui agitent la profession des deux côtés de l'Atlantique autour des questions de compétitivité internationale et de reconnaissance du rôle du marché dans le monde de l'art. Ces associations, représentatives de la frange la plus ambitieuse des galeries, se spécialisent dans des actions de lobbying auprès des instances politiques et artistiques, tout en menant une réflexion normative sur la profession de marchand d'art et sa déontologie. Elles sont moins efficaces, en revanche, dans la codification des relations commerciales entre galeristes et artistes. L'histoire de ces structures intermédiaires collective livre une approche originale de la rivalité artistique entre Paris et New York, et permet de comprendre d'après quels modèles se développent depuis les années 1970 les multiples associations de marchands créées dans le monde occidental puis extra-occidental.
    Art dealers' professional associations after 1945 : lobbying and modernisation in Paris & New York
    Professional associations gathering modern and contemporary art dealers – Comité professionnel des galeries d'art (1947) and Art Dealers Association of America (1962) – were created in the two world art capitals that were Paris and New York after the Second World War. Their archives reflect the intense debates that shook the profession on both sides of the Atlantic Ocean on issues such as international competition and the acknowledgement of the role played by the market in the art world. These associations, representative of the most ambitious galleries, specialised in lobbying activities to art and political authorities while leading a normative rethinking of the art dealing profession and its deontology. They were less efficient, however, in their codification of trade relations between gallery owners and artists. The history of these collective intermediary structures constitutes a novel approach to the artistic rivalry between Paris and New York and enables a certain understanding of the models after which the various art dealers' associations were created in the western and then non-western world after the 1970s.
  • Le Syndicat national des entreprises artistiques et culturelles (SYNDEAC), miroir et moteur des transformations de l'univers théâtral - Marjorie Glas p. 67-77 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
    Cet article propose de s'intéresser à la genèse et à l'évolution de ce qui est devenu le principal syndicat d'employeurs du spectacle vivant, le SYNDEAC (syndicat national des entreprises artistiques et culturelles). Fondé en 1971 par les directeurs de théâtres publics, il se constitue comme interlocuteur patronal des syndicats de personnels et revendique son indépendance vis-à-vis des pouvoirs publics. L'évolution du SYNDEAC et de ses présidents est un miroir pertinent des transformations qui ont émaillé le champ théâtral ces quarante dernières années et qui ont vu, malgré l'opposition des compagnies indépendantes, la monopolisation du pouvoir par les directeurs d'établissement, corroborant la montée en puissance des figures du metteur en scène et du programmateur dans le théâtre public français. Le SYNDEAC, à travers ses membres, représente largement cette domination et contribue à l'asseoir en devenant un intermédiaire privilégié entre État et directeurs de théâtre, tandis que ses liens avec les syndicats de personnel se détériorent. Interlocuteur influent, ayant prise sur la construction des politiques publiques comme des conventions collectives, le SYNDEAC contribue également à consolider la différenciation de la fonction de directeur ainsi que les dispositifs de hiérarchisation et de consécration des acteurs du champ théâtral.
    The SYNDEAC, mirror and engine of transformations in dramatic arts
    This article seeks to examine the genesis and evolution of what would become the main employers' union in dramatic arts, the SYNDEAC (Syndicat national des entreprises artistiques et culturelles). Founded in 1971 by the managers of public theatres, it became the employers' representative for staff unions and demanded its independence from public authorities. The evolution of the SYNDEAC and of its presidents represents a pertinent mirror of the transformations experienced by dramatic arts during the last 40 years, which witnessed – in spite of independent companies' resistance – the monopolisation of power by theatre managers who in turn contributed to the increasing importance of directors and programmes managers in French public theatres. The SYNDEAC and its members largely represent and establish this domination as they have now become the main intermediary between the State and theatre managers, while their relations with staff unions become increasingly difficult. The SYNDEAC is a prominent agent exerting influence over the elaboration of public policies and collective conventions and contributing to consolidating the differentiation of the managerial position as well as of hierarchical and recognition mechanisms among the various actors of dramatic arts.
  • Représenter les commissaires d'exposition d'art contemporain en France : une intermédiation collective impossible ? - Laurent Jeanpierre, Isabelle Mayaud, Séverine Sofio p. 79-89 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
    On estime généralement que la représentation collective pose de nombreux problèmes dans les métiers de la culture pour les raisons suivantes : individualisation du travail et des carrières, précarité de l'emploi, faible syndicalisation et forte différenciation des métiers. Nous avons éprouvé ce constat en étudiant une association créée en 2007 visant à défendre les intérêts des commissaires d'exposition d'art contemporain en France. Notre enquête se fonde sur des archives de l'association, l'observation de ses assemblées générales et sur les résultats d'une enquête sociologique récente sur l'activité de commissaire d'exposition dans le monde de l'art contemporain français. Développée au cours de ces trente dernières années en France, cette activité est aujourd'hui peu formalisée et particulièrement dynamique. Le nombre de personnes concernées a pu être évalué à quasiment un millier, dont une majorité sont des travailleurs indépendants ne vivant pas, ou très difficilement, de cette activité. Nous nous interrogeons ici sur les conditions sociales et politiques de naissance de l'association étudiée et sur les obstacles qu'elle rencontre pour se développer, en particulier au sein de la population des commissaires d'exposition. Il ressort de cette étude de cas que, plutôt que des facteurs sociaux génériques censés entraver l'action et la représentation collective dans les métiers de la culture, deux facteurs doivent être pris en compte pour expliquer ces difficultés : l'écart entre les propriétés sociales des candidats à la fonction de porte-parole et celles de leurs représentés potentiels ; le rôle de l'État, qui n'est pas toujours en mesure d'investir dans la durée les ressources nécessaires à l'autonomie des représentants dont il a pourtant favorisé l'émergence, comme dans le cas de l'association étudiée.
    Representing contemporary art exhibition curators: an impossible collective mediation?
    It is generally considered that collective representation poses many problems in cultural professions for the following reasons: the individualisation of work and careers, employment insecurity, a weak unionisation and a strong differentiation between jobs. This view has been tested in the study of an association created in 2007 in order to defend the interests of contemporary art exhibition curators in France. Our analysis is based on the archives of the association, studies of its general meetings and the results of a recent sociological survey on the exhibition curator profession in French contemporary art circles. Developed during the last thirty years, this activity is little formalised today and particularly dynamic. The number of people involved in this activity was estimated close to a thousand, a majority of which being independent workers who do not make a living from it, or with difficulty. We wish to question the social and political conditions that led to the creation of the association studied as well as the obstacles that it met as it developed, particularly among exhibition curator circles. This case study brings to light two factors necessary to explain these difficulties rather than the generic social factors held responsible for limiting action and collective representation in cultural professions: the gap between the social characteristics of the candidates to spokesperson positions and of those that they potentially represent; the role of the State, which is not always in a position to invest in the long term the resources necessary to the autonomy of the representatives whose emergence it nevertheless supported, as is the case of the association studied here.
  • La Fédération internationale des associations de producteurs de films : un acteur controversé de la promotion du cinéma après 1945 - Caroline Moine p. 91-103 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
    Dans le processus de médiation des films et du cinéma à l'échelle internationale après 1945, un acteur se distingue, la Fédération internationale des associations de producteurs de cinéma (FIAPF). Son histoire, de son essor à la fin des années 1940 jusqu'au tournant des années 1970, permet de mesurer le rôle qu'elle joue concernant les débats sur le statut des producteurs et sur la libre circulation des films, leurs mode de valorisation et de promotion. En pleine guerre froide et alors que les majors américaines en deviennent un membre influent, son action s'inscrit dans des enjeux tout à la fois économiques, politiques et diplomatiques, comme l'atteste la manière dont elle cherche à réguler les festivals internationaux de cinéma en Europe qui deviennent l'un de ses principaux espaces d'influence. Au tournant des années 1970 elle fait l'objet de critiques de plus en plus fortes de la part de réalisateurs, et cette situation conduit à la création d'une Fédération des producteurs indépendants en 1973.
    The international federation of film producers' associations: a controversial party in the promotion of cinema after 1945One party distinctly emerges from the post-1945 film and cinema mediation process on the international scene: the international federation of film producers' associations (Fédération internationale des associations de producteurs de cinema). The history of the FIAPF, its development from the 1940s to the early 1970s, brings to light the role it played in the debates on producers' status as well as the free circulation of films, their modes of development and promotion. In the midst of the Cold War, as American majors became influent members, it became active in economic, political and diplomatic circles as suggested by the way it sought to regulate the international film festivals in Europe, which became its main fields of influence. It was subject to increasing criticism from directors at the turn of the 1970s and led to the creation of the federation of independent producers in 1973.
  • Penser le rôle des foires internationales dans la mondialisation de l'édition : L'exemple des éditeurs québécois à la Buchmesse de Francfort - Hervé Serry, Josée Vincent p. 105-116 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
    Depuis les années 1950, les foires internationales du livre sont devenues des lieux décisifs pour la structuration des marchés du livre dans une dynamique de mondialisation des marchés de l'édition. Depuis la renaissance de la Buchmesse de Francfort, au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, les foires du livre organisent plus que des échanges de droit. À partir de cet épicentre allemand, des pratiques commerciales, des modèles professionnels, des règles économiques, des comportements normés d'échanges, des formes esthétiques et cognitives se sont diffusées. Une foire du livre situe les marchés et les acteurs nationaux dans un ensemble hiérarchisé et contraignant. À partir du cas des investissements québécois à Francfort, il s'agit de voir comment s'articulent les dimensions locales et globales, comment un acteur dominé, c'est-à-dire périphérique du point de vue de la langue et de la notoriété de sa production, peut exister sur le marché mondial des livres. L'étude s'appuie sur la consultation de plusieurs fonds d'archives déposés à Bibliothèque et Archives nationales du Québec et sur le dépouillement de la revue professionnelle Vient de paraître, publiée par le Conseil supérieur du livre de 1965 à 1978. Ainsi, nous montrerons qu'au-delà de la reconnaissance d'une littérature ou d'une culture considérée comme encore « marginale », la présence des éditeurs québécois à Francfort marque aussi la volonté d'imposer l'image d'une nation en devenir. La question se pose enfin de la circulation des modèles professionnels et des formes d'intégration de ceux-ci par le biais de ces espaces hiérarchisés que sont les foires du livre comme Francfort. Et donc des processus de rationalisation des pratiques éditoriales.
    Considering the role of collective intermediaries on culture markets
    International book festivals have become decisive places for the structuring of book markets within the globalized dynamics of publishing markets since the 1950s. Book festivals have organised more than just property rights exchanges since the Frankfurt Buchmesse renaissance that emerged after the Second World War. Starting from this German epicentre, trading standards, professional models, economic rules, normative exchange behaviours, aesthetic and cognitive forms spread. A book festival anchors markets and national players in a hierarchical and restrictive position. Based on the case of Quebecois investments in Frankfurt, this article seeks to analyse in what ways the local and global dimensions are structured, and how a dominated player – that is peripheral from the point of view of language and production notoriety – is able to exist on the world book market. This study is based on the inquiry of several archive collections of the Bibliothèque et Archives nationales du Québec as well as the analysis of the professional review Vient de Paraître published by the Conseil supérieur du livre from 1965 to 1978. We thus aim to stress that, more than the recognition of a literature or culture yet considered marginal, the presence of Quebecois publishers in Frankfurt also marks the will to impose the image of a nation in becoming. The issue also concerns the circulation of professional models and their forms of integration through the hierarchical spaces that book festivals such as Frankfurt's represent, and therefore the rationalisation processes of publishing practises.
  • Notes de lecture - p. 117-141 accès libre
  • Informations et initiatives - p. 143-147 accès libre