Contenu du sommaire : L'émergence du risque industriel
Revue | Le Mouvement social |
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Numéro | no 249, octobre-décembre 2014 |
Titre du numéro | L'émergence du risque industriel |
Texte intégral en ligne | Accessible sur l'internet |
- L'émergence du risque industriel (France, Grande-Bretagne, XVIIIe - XIXe siècle) - Thomas Le Roux p. 3-20
- Risque d'incendie en milieu urbain et « industrious revolution » : le cas de Londres dans le dernier tiers du XVIIIe siècle - Liliane Hilaire-Pérez, Marie Thébaud-Sorger p. 21-39 À la fin du XVIIIe siècle en Angleterre, l'incendie urbain suscite de nouvelles inquiétudes qui, à mesure que l'industrie investit l'espace urbain, accompagnent l'émergence de sociétés d'assurances, privées et concurrentes, tel que le Sun Fire Office créé en 1710. L'analyse des fonds de cette compagnie a jusqu'à présent fait l'objet d'enquêtes quantitatives macro-économiques basées sur les polices d'assurances. À partir du corpus restreint des « plaintes » individuelles, notre étude est menée à l'échelle micro. Nous avons ainsi pu qualifier dans un premier temps les facteurs de risques à travers l'analyse des profils socio-économiques des victimes : certains sont liés aux outils de production, d'autres aux secteurs d'activités et aux matériaux utilisés. Loin de résulter de l'émergence d'une industrie « lourde » et dangereuse, la principale cause réside dans l'organisation matérielle des modes de production artisanale à Londres, sous l'effet de l'essor économique de la capitale anglaise et de l'élan consumériste des Lumières pour des produits innovants (concentration des ateliers, imbrication des lieux de stockage aux sites de fabrication et d'habitation, multiplication et usage intensif des foyers en tout genre). L'analyse engage alors une autre lecture spatiale de la première modernité de la société du risque durant l'« industrious revolution » et permet d'esquisser une géographie de ces plaintes par la localisation des sinistres à l'échelle de la ville et de son port. Le dernier temps de cette enquête s'attache aux rapports entre les assurés et la compagnie et à la manière dont s'est négociée l'économie du risque à l'échelle des individus, du voisinage et du quartier – en somme, au cœur du système relationnel qui fonde l'économie artisanale. Le Sun Fire Office apparaît alors comme une institution multifonctionnelle, moyen de secours d'urgence et outil de compensation des dommages, révélant les perceptions collectives et différenciées du risque d'incendie dans le monde du travail à Londres au XVIIIe siècle.Urban fire risk and the “Industrious Revolution”: London in the last third of the 18th century
In late 18th century England, the risk of urban fire sparked new fears. As industry increasingly occupied urban space, private and competitive insurance companies emerged, such as the Sun Fire Office, founded in 1710. So far, analysis of this insurance company's archives has entailed quantitative macroeconomic studies based on insurance policies. Our research, based on studying a restricted corpus of individual “claims”, uses a micro approach. In an initial stage, we were able to describe risk factors by analysing the socioeconomic profiles of victims. Some risk factors were related to production tools, while others were linked to business sectors or materials used. Far from resulting from the emergence of “heavy” and dangerous industry, fires were mainly caused by the material organisation of handicraft production in London, due to the city's economic rise and the Enlightenment consumerist enthusiasm for innovative products (with a concentration of workshops, storage sites intermingled with production sites and housing, and an increased number of intensely-used fireplaces of all sorts). Our analysis then undertakes another spatial interpretation of the first modernity of the risk society during the Industrious Revolution, enabling us to map these claims according to the location of fires within the city and its port. Lastly, the final section of this article focuses on the relationship between policyholders and the insurance company, and how the risk economy was negotiated on the individual, neighbourhood and district levels – basically, at the heart of the relational system that gives rise to the craft economy. Thus, Sun Fire Office appears as a multifunctional institution, a means for emergency assistance and a tool for compensating for damage, revealing the collective and differentiated perceptions of fire risk in the working world of 18th century London. - Grenelle 1794 : secourir, indemniser et soigner les victimes d'une catastrophe industrielle à l'heure révolutionnaire - Claire Barillé, Thomas Le Roux, Marie Thébaud-Sorger p. 41-71 Avec environ 1 600 victimes, l'explosion de la poudrerie de Paris le 31 août 1794, dans le quartier de Grenelle, est le plus grave accident industriel de l'histoire de France. Si l'événement n'a eu que très peu d'impact sur la législation des risques, la prise en charge des victimes révèle au contraire un rôle précurseur de l'État qui promeut le droit à compensation. Après des secours d'urgence rapidement et généreusement distribués, les administrations révolutionnaires prennent le temps de constituer les dossiers de pension viagère, quitte à se montrer sévères dans ses attributions et à faire face à de nombreux recours dus notamment à la longueur du processus. Par l'affirmation d'un régime de droits, le traitement des conséquences de l'explosion est un jalon au titre des politiques de secours et de compensation des travailleurs accidentés ou des veuves, et l'expérience constitue une ébauche de l'État protecteur. Par son caractère administratif public ainsi que par le nombre des ouvriers employés à la poudrerie, le suivi prend un caractère différent de ce qui avait cours dans les travaux publics ou dans les mines, où les accidentés du travail étaient jusqu'alors indemnisés selon la libéralité du pourvoyeur de travail ou par des mutualités locales. Localisé et ponctuel, à l'aube de l'industrialisation, l'événement annonce les tensions sur les compromis de la société industrielle du XIXe siècle.Grenelle 1794: Rescuing, compensating and caring for the victims of an industrial disaster during the French Revolution. On 31 August 1794, a gunpowder plant in the Grenelle district of Paris exploded. This accident killed around 1,600 people, making it the most serious industrial disaster in the history of France. While this event had very little impact on risk-related legislation, the aid to victims revealed the State's role as a precursor, promoting the right to compensation. After quickly and generously distributing emergency aid, Revolutionary administrations took the time to build files for lifetime annuities, even if this meant being strict in awarding settlements and having to face many appeals notably due to the lengthy process. By asserting a legal framework, the handling of the consequences of the explosion was a landmark for aid and compensation policies for injured workers or widows, and this experience foreshadowed the protective State. Due to its public administrative nature and the number of workers employed at the gunpowder plant, the follow-up was different from prevailing trends in public works or mines, where work-related accident victims had until then been compensated depending on the generosity of their employer or by local mutualities. A localised, one-off event at the dawn of industrialisation, the gunpowder plant explosion nevertheless suggested the tensions surrounding the compromises of the industrial society of the 19th century.
- L'émergence de la norme technique de sécurité en France vers 1820 - Jean-Baptiste Fressoz p. 73-89 L'idée d'une norme technique de sécurité, c'est-à-dire le projet de sécuriser le monde en imposant une certaine forme aux techniques, a été inventée à l'intersection des mondes administratifs et académiques français des années 1820, en réponse à l'irruption des technologies anglaises de la révolution industrielle. En 1823, le gouvernement français impose aux machines à vapeur et aux gazomètres, qui n'ont encore causé aucun accident en France, une forme particulière définie par l'Académie des sciences. Le but est certes de contenir le risque industriel, mais aussi de le légaliser et de l'imposer à une bourgeoisie urbaine réticente. En prétendant créer une technique parfaite, garantie par l'administration, la norme visait en outre à produire des sujets responsables.The emergence of the technical safety standard in France, c. 1820The concept of a technical safety standard, i.e. the project of making the world safe by requiring technology to have a certain shape, was invented at the crossroads of the French administrative and academic worlds in the 1820s as a response to the appearance of English technologies from the Industrial Revolution. In 1823, the French government required steam engines and gasometers, which had not caused any accidents in France, to comply with a particular shape defined by the Academy of Sciences. Granted, the goal was to limit industrial risk, but also to legalise it and gain acceptance from the reticent urban bourgeoisie. Furthermore, by claiming to create a perfect technology guaranteed by the administration, the technical safety standard aimed to produce responsible subjects.
- Travail des enfants, risques professionnels et législation industrielle dans les industries textiles et minières en Grande-Bretagne au début du XIXe siècle - Peter Kirby p. 91-114 Cet article cherche à comprendre pourquoi l'attention s'est largement focalisée sur le travail des enfants vers la quatrième décennie du XIXe siècle. Il examine quelle a été l'influence de la question de la sécurité au travail sur l'action gouvernementale concernant l'emploi des enfants et dans quelle mesure l'historiographie, qui a mis un accent disproportionné sur les campagnes parlementaires et le travail des « grands réformateurs », a eu tendance à occulter l'effet important du « point de vue de la demande » sur l'emploi des enfants. Or il semble que les réformes concernant les enfants ouvriers adoptés au cours des années 1830 et 1840 sont avant tout le reflet de modifications importantes dans les méthodes de production, et ont servi les intérêts des industriels et propriétaires de mines les plus importants et les plus puissants. Ces lois étaient révélatrices des interrogations à propos de l'émergence de nouveaux risques sur le lieu de travail. La législation visant à protéger les enfants contre les risques professionnels a pris une ampleur extraordinaire au moment où l'utilité de la main-d'œuvre enfantine dans les grands complexes industriels entrait dans une phase de déclin irréversible.Child labour, industrial risk and legislation in the early-nineteenth century British Textiles and Coalmining Industries. This article seeks to understand why attention focused so strongly on child labour around the 1830s. It examines the impact of labour safety issues on government action regarding child labour, and analyses to what degree historiography, by disproportionally emphasising parliamentary campaigns and the work of “major reformers”, has tended to obscure the substantial “demand-side” impact on child labour. Yet reforms involving child labourers in the 1830s and 1840s were mainly a reflection of major changes in production methods, serving the interests of the largest and most powerful industrialists and mine owners. These laws revealed questions about the emergence of new workplace-related risks. Legislation aimed at protecting children from occupational risks took on an extraordinary magnitude at the time when the usefulness of child labour in major industrial complexes began to decline irreversibly.
- Connaître, comprendre et combattre les risques dans les mines de combustibles minéraux (bassin de Bourgogne-Nivernais, 2e moitié du XIXe siècle) - Jean-Philippe Passaqui p. 115-139 En cas d'accident dans une mine, l'administration des mines peut être amenée à inspecter les lieux, afin de comprendre son origine. Au terme de l'enquête, le contrôleur des mines rédige un procès-verbal d'accident, source essentielle de l'histoire des techniques minières. En effet, l'iconographie, si fournie pour les installations de surface, reste l'exception dès que l'on aborde les travaux du fond. Or les procès-verbaux d'accidents surprennent l'ouvrier, qu'il soit piqueur, boiseur ou rouleur, à son chantier. Ils présentent des descriptions minutieuses non pas des méthodes d'exploitation, mais des pratiques quotidiennes des ouvriers. Le corpus utilisé provient des dossiers d'accidents constitués au sein de l'arrondissement minéralogique de Chalon-sur-Saône. Il porte plus particulièrement sur les mines de schistes bitumineux qui se multiplient dans la région d'Autun entre 1850 et 1914 et fournit des informations précieuses sur la typologie des risques miniers et l'amélioration progressive de la prévention. D'abord destiné à la justice, il constitue ensuite, au niveau de l'arrondissement minéralogique puis à l'échelle nationale, la matière première de statistiques de plus en plus précises des accidents. Étudiés et complétés par les ingénieurs des mines, ils peuvent devenir des outils de prévention, pas dans toutes les exploitations cependant, les plus modestes restant notamment à l'écart.Knowing about, understanding and tackling risks in mineral fuel mines (Bourgogne-Nivernais mining basin, 2nd half of the 19th century). Following a mining accident, the Mining Administration could be called in to inspect the site in order to understand the causes of the accident. Following an investigation, the Controller of Mines would write an accident report. These reports are essential sources for the history of mining techniques. Indeed, while visual representations of surface mines are abundant, they are very rare for underground mines. Yet accident reports depict the miners – be they pikemen, shaftmen, barrowmen, etc. – at work in the mine. These reports give detailed descriptions, not of operating methods, but of the daily practices of workers in the pit. The sources used in this article come from accident reports from the Chalon-sur-Saône mining district, and more particularly, the tar sand mines that grew in number in the Autun region between 1850 and 1914. These reports provide valuable information on the types of mining risks and the gradual improvement in prevention. Initially intended for the legal system, the accident report gained wider usefulness, because it then became the raw data for increasingly precise accident statistics for the mining district and then the national level. Reviewed and supplemented by Mining Corps engineers, these reports could become prevention tools, but not for all mining operations, notably the smallest ones.
- Les usines en feu. L'industrialisation au risque des incendies dans le textile (France, 1830-1870) - François Jarrige, Bénédicte Reynaud p. 141-162 La question des incendies offre un excellent laboratoire pour penser l'invention de l'usine au XIXe siècle et les conditions d'acclimatation de l'industrie, en dépit des risques et menaces croissantes qui accompagnent son développement. Comment l'expérience de l'incendie a-t-elle façonné les espaces productifs et les rapports sociaux de travail au début de l'industrialisation ? Cette enquête, menée à partir des rapports des autorités locales de cinq des principaux départements textiles entre 1800 et 1870, invite à interroger l'ampleur de ce risque, ses coûts mais aussi ses effets. Les incendies apparaissent comme l'une des sources majeures de la rationalisation capitaliste du XIXe siècle. Durant cette période de transformations décisives, également traversée de crises industrielles et de nombreuses secousses sociales et politiques, l'usine surgit dans les paysages et les discours. Les spécificités régionales de l'industrialisation modèlent la forme et l'ampleur du risque. Celui-ci façonne en retour les chemins pluriels de l'industrialisation, il accompagne l'invention de l'usine, dans sa dimension tout autant matérielle que sociale. Face à l'accroissement des capitaux mobilisés, au gigantisme des installations, il devient en effet nécessaire de normaliser le travail des hommes et des machines pour affronter un risque omniprésent.Factories on fire. Industrialisation and fire risk in the textile sector (France, 1830-1870)The question of fires is an excellent testing ground for thinking about the invention of the factory in the 19th century and the conditions for becoming accustomed to industry, despite the risks and growing threats that coincided with its development. How did the experience of fire shape manufacturing sites and labour relations in the early industrial period? This research, based on reports from local authorities of the five main textile-manufacturing departments in France between 1800 and 1870, leads us to inquire about the magnitude of this risk, as well as its costs and its effects. Fires were one of the major sources of capitalist rationalisation in the 19th century. During this period of decisive transformations, also marked by industrial crises and numerous social and political upheavals, the factory came to the foreground of landscapes and discourse. The specific regional aspects of industrialisation shaped the form and magnitude of risk. In return, risk shaped the multiple paths of industrialisation, coinciding with the invention of the factory in both its material and social dimensions. Faced with the increased capital used and the gigantic scale of facilities, the work of men and machines had to become standardised in order to contend with an ever-present risk.
- Les plans d'assurance incendie de Goad : cartographie des risques d'incendie et normalisation des risques industriels (1885-1903) - Niels van Manen p. 163-185 Cet article conteste l'idée selon laquelle une évaluation scientifique du risque d'incendie et une ingénierie rationnelle de la sécurité incendie étaient unanimement acceptées à partir de la fin du XIXe siècle en Angleterre et en Amérique du Nord. Il démontre que des convictions rationalistes coexistaient avec des positions plus sceptiques en désaccord avec les stratégies empiriques systématiques. L'auteur se penche sur les origines des plans d'assurance incendie (cartes représentant la localisation des risques dans les centres urbains et industriels) et sur leur prépondérance dans les débats des années 1880 à 1900 entre rationalistes et sceptiques sur la sécurité industrielle au Royaume-Uni. Il s'appuie sur les archives de Goad Ltd, qui joua un grand rôle dans la diffusion des plans d'assurance incendie en Grande-Bretagne dans les années 1880 et qui continua de dominer le marché durant la première moitié du XXe siècle. Ces archives comprennent une vaste collection de cartes des risques et des sinistres, une correspondance avec des assureurs, des industriels et des ingénieurs, des rapports d'inspections, des croquis et des plans. Ont également été utilisés les documents et archives du British Fire Prevention Committee (Comité britannique de prévention des incendies), afin de reconstituer cet épisode fascinant et déterminant de l'histoire des risques urbains et industriels. Cet article fait état de la coexistence d'une multitude de comportements et de pratiques face aux risques industriels et urbains. Le point de vue historique adopté s'inscrit plutôt dans le cadre du « régime du risque industriel » défini par Melling et Sellers que dans la perspective sociologique évolutionniste de la « société du risque » de Beck.Goad's fire insurance plans: mapping industrial fire hazards, normalising industrial risks (1885-1903)This article challenges the view that the decades around 1900 saw the unconditional celebration of scientific fire risk assessment and fire safe engineering in Britain and North America. It demonstrates that ‘rationalist' convictions co-existed with sceptical voices critiquing systematic, empirical strategies. It does so by reconstructing the long-term origins of fire insurance plans – maps visualising the distribution of fire hazards in urban and industrial centres – and their prominence in disputes between ‘rationalists' and ‘sceptics' about the proper direction of industrial fire safety in Britain between the 1880s and 1900s. It draws on the rich archives of Goad Ltd., which introduced insurance plans on a wide scale in Britain during the 1880s and continued to dominate the market through the first half of the twentieth century, including an extensive collection of risk and damage maps, correspondence with insurers, factory owners and engineers, and surveyors' notes, sketches and schedules. It combines these materials with insurance archives and documents from the British Fire Prevention Committee to recreate this fascinating and important episode in the history of urban and industrial hazards. The article finds a multitude of contrasting attitudes and practices towards urban and industrial hazards coexisting. This promotes a historical view in line with the “industrial hazard regime” framework by Melling and Sellers rather than the evolutionary sociological perspective of Beck's “risk society”.
- La (re)découverte du risque professionnel : l'indemnisation des ouvriers britanniques dans la perspective d'une histoire croisée, vers 1850-1900 - Julia Moses p. 187-204 Cet article examine les relations entre les évolutions épistémiques en matière de droit, de probabilité et de responsabilité individuelle et les évolutions à la fois technologique et disciplinaire qui marquent la seconde moitié du XIXe siècle : de nouvelles approches juridiques et scientifiques du « risque professionnel » émergent en Europe, en lien avec les expériences croisées d'un changement économique, social et juridique d'une part et, d'autre part, avec la multiplication des échanges et des observations dépassant le cadre national. Cette étude de cas, centrée sur la Grande-Bretagne, la « première nation industrielle » et également le seul État d'Europe occidentale ayant une longue tradition de droit coutumier, se situe cependant dans une perspective comparative à l'échelle européenne. Elle montre à quel point la découverte du risque professionnel est un acte de constante redécouverte : au cours de cette période – et même après la promulgation des premières lois sur l'indemnisation des travailleurs –, la notion de risque professionnel ne cesse d'évoluer car elle est par essence malléable et sujette à réinterprétation.The (Re)discovery of Occupational Risk: British workmen's compensation within an ‘histoire croisée', c. 1850-1900This article examines the ways in which epistemic change about law, probability and notions of personal responsibility related to both technological and disciplinary transformation in the latter half of the nineteenth century. It suggests that novel legal and scientific conceptions of ‘occupational risk' emerged across Europe due, on the one hand, to convergent experiences of economic, social and legal change and, on the other, to communication and observation across national borders. It focuses on a case study of Britain, which is set against a transnational and comparative European context. This article thereby reflects on how the ‘first industrial nation', and the only state in Western Europe with a comprehensive common law tradition, dealt with these issues. It argues that the discovery of occupational risk was an act of constant rediscovery. Ideas about occupational risk were constantly changing during this period – even after laws on compensation were enacted – because they were inherently malleable and open to reinterpretation.
- Notes de lecture - p. 205-230
- Informations et initiatives - p. 231-236