Contenu du sommaire : Pour un Port-Royal contrasté
Revue | Archives de philosophie |
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Numéro | tome 78, no 1, janvier 2015 |
Titre du numéro | Pour un Port-Royal contrasté |
Texte intégral en ligne | Accessible sur l'internet |
Pour un Port-Royal contrasté
- Pour un Port-Royal contrasté : Sémiologie, philosophie de la connaissance et théologie - Joël Biard, Martine Pécharman p. 5-8
- La sémiologie de Port-Royal : Signes, idées, langages - Joël Biard p. 9-28 Cet article examine la Logique de Port Royal en regard des théories médiévales du signe et du langage. Il reprend les célèbres passages consacrés aux signes afin de préciser comment se croisent les notions de représentation et de signification. La Logique de Port Royal récuse la théorie du langage mental, qui était dominante au Moyen Âge tardif, au bénéfice de la force expressive de l'esprit. Celui-ci se subordonne le langage, en une procédure où le langage doit sans cesse s'ajuster à l'idée. L'article montre dans cette conception des rapports entre pensée et langage une présence forte de plusieurs thèses augustiniennes, bien au-delà de la seule définition usuelle du signe. Ni linguistique cartésienne, ni simple théorie cartésienne du jugement, la philosophie du langage de Port Royal se bâtit sur un véritable « augustinisme sémiologique ».The Semiology of Port-Royal. Signs, Ideas, Languages.
This paper examines the Port Royal logic, in comparison with medieval theories of sign and language. It takes up the famous chapters dedicated to signs, to clarify how signification and representation cross each other. The logic of Port Royal challenges the theory, which dominated the Late Middle Ages, of mental language, to the advantage of the expressive force of the mind. The mind subjects to itself the language, through procedures where the language must continuously be adapted to the idea. The article shows in this conception of the relations between thought and language a strong presence of Augustinian themas, beyond the standard definition of the sign. Neither Cartesian linguistics nor simple Cartesian theory of judgement, the philosophy of language of Port Royal is based on a real “semiological augustinism”. - La Logique de Port-Royal, les premiers cartésiens et la scolastique tardive - Roger Ariew p. 29-48 Dans quelle mesure la Logique de Port-Royal peut-elle être considérée comme une logique cartésienne ? Et dans quelle mesure l'Art de penser diffère-t-il des logiques antérieures ? Telles sont les deux questions, étroitement liées l'une à l'autre, auxquelles je souhaite répondre dans cette étude en procédant à une série de comparaisons, d'une part avec ce que Descartes appelait sa logique, d'autre part avec ce que les cartésiens de la première génération entendaient par logique cartésienne, et pour finir avec l'évolution de la logique scolastique au cours du XVIIe siècle. Je conclus que la logique élaborée par les cartésiens est simplement venue confirmer certains des développements de la logique scolastique au XVIIe siècle. La Logique de Port-Royal qui, pour les cartésiens de la fin du XVIIe siècle, représente par excellence la logique cartésienne, a également bien des traits en commun avec une logique néo-scolastique.The Port-Royal Logic, the First Cartesians and the Last
The two related questions I wish to pose are : to what extent can the Port-Royal Logic be considered a Cartesian logic and to what extent it is different than previous logics. My response will consist in a series of comparisons with what Descartes called his logic, with what the self-avowed first generation of followers of Descartes considered to be Cartesian logic, and with developments in seventeenth-century scholastic logic. I conclude that the logic produced by the Cartesians merely reinforced some developments in seventeenth-century scholastic logic. The Port-Royal Logic, that representative Cartesian logic, also looks very much like a Neo-Scholastic work. - Arnauld et la fausseté des idées : De la Troisième méditation aux Quatrièmes objections - Martine Pécharman p. 49-74 Le refus par Arnauld, en 1641, de la thèse cartésienne d'une fausseté des idées, et non des seuls jugements, est habituellement analysé en fonction de l'admission, vue comme un revirement sous l'influence des Quatrièmes réponses, des idées de la sensation comme idées fausses dans la Logique. J'essaie au contraire de rapporter ce refus seulement aux textes des Méditations et des Premières réponses qui lui servent d'appui. Arnauld construit son objection en sorte que la thèse des idées fausses apparaisse en contradiction avec la doctrine cartésienne même des idées. Ce n'est nullement la fausseté des idées de la sensation, mais la fausseté des idées tout court, qui est sa cible, et ses écrits ultérieurs manifestent une forme de continuité avec les raisons de sa critique initiale, plutôt qu'un simple abandon de cette dernière.From the Third Meditation to the Fourth Objections
Arnauld's rejection in 1641 of the Cartesian thesis that ideas can be false is usually read through his later characterization of ideas of sensation as false ideas in the Logique, viewed as a reversal under the influence of Descartes' Fourth Replies. I try on the contrary to relate Arnauld's critique only to that which it was relying on in the Meditations and the First Replies. Arnauld constructs his objection in such a way that admitting false ideas would appear to contradict the very Cartesian doctrine of ideas. It is not falsity in ideas of sensation that is his target, but the falsity of ideas tout court. This makes way in Arnauld's later texts for a kind of continuity with the basis of his initial critique, rather than a simple abandonment of his earlier position. - Autour de la notion complète. Le débat entre Leibniz et Arnauld - Jean-Claude Pariente p. 75-110 Dans la lettre où il demande au Landgrave de Hesse-Rheinfels de transmettre à Arnauld le sommaire du Discours de métaphysique, Leibniz, soucieux d'obtenir le sentiment de ce dernier sur ses thèses, souligne l'importance et la variété des questions qu'il y touche : la grâce, le concours de Dieu avec les créatures, les miracles, la cause du péché, l'immortalité de l'âme, etc. Il ne mentionne pas dans cette liste la doctrine de la notion complète, bien qu'elle ne soit étrangère à aucune de ces questions. C'est pourtant à elle qu'Arnauld va immédiatement s'en prendre en demandant comment cette doctrine peut éviter les conséquences nécessitaristes qui en découlent apparemment. Il ouvre ainsi une discussion qui est une des plus approfondies de celles auxquelles Leibniz s'est prêté.Leibniz vs Arnauld on the Complete Notion
In his letter asking Count Ernst von Hessen-Rheinfels to communicate his summary of the Discourse on Metaphysics to Arnauld, Leibniz, eager to learn Arnauld's opinion of his metaphysical theses, emphasizes the importance and the variety of the questions that he touches upon there : grace, God's concurrence with creatures, miracles, the cause of sin, the immortality of the soul, and so on. Yet, despite its links with all those topics, the letter does not mention the doctrine of the complete concept of an individual. Nevertheless, Arnauld immediately attacks Leibniz's thesis about complete individual concepts, asking how such a doctrine will be able to avert the necessitarian consequences which it seems to involve. Arnauld's challenge gives rise to a discussion ranking among the most profound debates into which Leibniz ever agreed to enter. - Liberté, nécessité, contrainte chez Jansénius, Arnauld et Nicole - Michael Moriarty p. 111-130 Les théologiens jansénistes s'évertuent à réconcilier la thèse selon laquelle l'homme est assujetti à une nécessité générale de pécher avec le libre arbitre. Jansénius affirme que, malgré la nécessité générale, nous avons la liberté d'indifférence en ce qui concerne les actes particuliers ; mais il prétend aussi (en dépit d'Aristote) que la concupiscence, source des actes particuliers, se ramène à une forme de contrainte. Arnauld se contente d'affirmer la compatibilité de la nécessité générale de pécher avec l'indifférence, tandis que Nicole s'attaque à la conception de la concupiscence comme une forme de contrainte.Freedom, Necessity, and Compulsion in Jansenius, Arnauld and Nicole
The article deals with Jansenist writers' attempt to reconcile free will with the thesis of a general necessity of sinning. Jansenius argues that though fallen man is under a general necessity of sinning, he has freedom with respect to particular acts ; yet he also seems to argue (contra Aristotle) that concupiscence exerts a constraint (in other words, a particular necessity). Arnauld, however, confines himself to affirming the first point, while Nicole explicitly argues against the assimilation of concupiscence and constraint. - L'ombre de Malebranche : Providence divine et volonté générale dans la correspondance entre Leibniz et Arnauld - Steven Nadler p. 131-151 La première lettre d'Arnauld à Leibniz, le 13 mars 1686, fut écrite peu de temps après la publication de ses Réflexions philosophiques et théologiques contre le Traité de la nature et de la grâce de Malebranche, dans lesquelles il critique la manière dont l'oratorien rend compte de la nature et de l'étendue de la providence divine. Or, bien que les premiers échanges entre Arnauld et Leibniz semblent privilégier la question de la liberté divine, le problème de la providence est lui aussi bien présent. J'essaie de montrer que les positions d'Arnauld sur la providence, d'abord dirigées contre Malebranche dans les Réflexions, aident à jeter une lumière nouvelle sur ce qui constitue l'objet principal de ses préoccupations quand il réagit négativement au sommaire de l'article XIII du Discours de métaphysique, et que les réponses de Leibniz aux objections d'Arnauld ont elles-mêmes été influencées par sa connaissance précise de la controverse entre Arnauld et Malebranche.Malebranche's Shadow. Divine Providence and General Will in the Leibniz- Arnauld Correspondence
Arnauld's first letter to Leibniz (March 13, 1686) was written shortly after the publication of his attack on Malebranche's Treatise on Nature and Grace. A central theme in Arnauld's Philosophical and Theological Reflections on the New System of Nature and Grace is Malebranche's failure to treat the nature and extent of divine providence in an adequate manner. Now while the question of God's liberty seems to have the upper hand in the first couple of exchanges between Arnauld and Leibniz, the question of providence is there as well. I try to show that Arnauld's views on divine providence, as these appear primarily in his attacks on Malebranche in the Reflections, may have much to tell us about what he is really worried about in his initial reaction to the title-summary of article XIII in Discourse on Metaphysics ; and moreover that Leibniz's familiarity with the substantive details of the Arnauld-Malebranche debate influenced how he replied to Arnauld's objections.
Bulletin cartésien XLIV
- Note de lecture - Guy Petitdemange p. 153-155
- Bulletin cartésien XLIV : Centre d'Études Cartésiennes (Paris-Sorbonne) Centro Interdipartimentale di Studi su Descartes e il Seicento - Ettore Lojacono (Università del Salento). Bibliographie internationale critique des études cartésiennes pour l'année 2013 - p. 157-216