Contenu du sommaire : Max Weber. Réception, diffusion de sa sociologie du droit.
Revue | Droit et société |
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Numéro | no 9, mai 1988 |
Titre du numéro | Max Weber. Réception, diffusion de sa sociologie du droit. |
Texte intégral en ligne | Accessible sur l'internet |
Dossier : Max Weber
- Le droit comme activité sociale : pour une approche wébérienne des activités juridiques - Evelyne Serverin, Pierre Lascoumes p. 165-187 La sociologie du droit de Max Weber est encore très mal connue des spécialistes français. Trop historique, trop comparatiste, trop théorique aussi, elle s'inscrit mal dans les "écoles" françaises, que ce soit celle de Gurvitch ou celle de Durkheim. On lui reproche surtout d'avoir trop respecté la science juridique dogmatique. De plus, pendant longtemps, on n'a trop su comment appliquer au secteur juridique sa sociologie compréhensive. Nous montrerons cependant que l'on trouve dans ses travaux les instruments nécessaires pour, d'une part, dépasser la querelle des points de vue "interne/externe" qui oppose encore souvent juristes et sociologues et, d'autre part, pour analyser les activités juridiques en tant qu'interactions sociales.French scholars and researchers on law are often unaware of Weber 's sociology of law. For them, this book seems to be too historical, comparatist and theoritical also, they find it hard to relate it with Gurvitch 's or Durkheim 's problematics. One of the biggest reproach, t'a the place given to the dogmatical approach on law in Weber's analysis. Moreover, during the same time, no sociologist ever tried to apply his comprehensive approach to legal practices. This paper emphasizes on the fact that it is possible to use Weber's sociology of law in two ways : to overtake internal/external point of view dispute, wich often opposes lawyers and sociologists, and, also, to analyse legal activities as social interactions.
- La place de Max Weber dans le champ intellectuel français - Michaël Pollak p. 189-201 Cette analyse de la réception de Max Weber en France permet de dégager un modèle plus général : parce qu'elle risque de mettre en question des traditions théoriques et les hiérarchies établies dans un champ intellectuel donné, l'introduction d'une oeuvre étrangère coïncide généralement avec des moments de crise et l'avènement de nouvelles générations intellectuelles.This analysis of Max Webers' reception in France proposes a general model of interpretation. The introduction of a foreign theorist tends to question the established traditions and hierarchies in a given intellectual field. Therefore their reception usually coincides with moments of crisis and generational changes.
- La place de Max Weber dans la sociologie du droit allemande contemporaine - Hubert Treiber p. 203-254 Cet article décrit et analyse la réception de la sociologie du droit de Max Weber par la sociologie du droit allemande d'après-guerre. Tant les juristes que les sociologues s'intéressant à cette discipline, nous soulignerons l'histoire de la réception de la sociologie du droit de Weber par la jurisprudence (y compris l'histoire du droit et du droit comparé), et par les sciences sociales. Nous prendrons comme point de départ pour notre étude l'année 1947, date de publication de la 3ème édition d'Economie et Société. Nous insisterons particulièrement sur la situation actuelle. La reconnaissance de Weber comme penseur classique devient évidente, même si sa sociologie du droit ne suscita, pendant longtemps, qu'un intérêt mineur. Ce n'est que depuis les années 70 qu'un changement s'est produit. Ainsi, l'introduction de la sociologie du droit comme discipline d'enseignement universitaire a, en ce qui concerne le domaine juridique, entraîné la publication de manuels et de présentations en sociologie juridique, marquant ainsi la reconnaissance de Weber et de sa sociologie du droit. Il faut également préciser, cependant, que rares sont les juristes à "travailler" sur Weber. D'un autre côté, la sociologie du droit de Weber a attiré l'attention des sociologues dans la mesure où ses principaux interprètes se sont intéressés à la reconstruction de sa théorie de la rationalisation. A part quelques exceptions, concernant directement la sociologie du droit de Weber (dans le sens d'une reconstruction du processus juridique de rationalisation, l'examen des thèses héritées de Weber soulevant encore les mêmes questions), cette dernière occupe ainsi une place particulière dans les sciences sociales, étant insérée dans de plus grands ensembles théoriques (théories de la rationalisation, théories sur l'origine de la modernité. . .). C'est ce qui apparaît à travers les théories de Habermas, Schluchter et Mûnch, présentées dans cet article. Nous ne nous limiterons pas uniquement à tracer l'histoire de la réception de Weber, mais nous aborderons aussi la question des conditions de cette réception. Nous évoquerons également les thèmes dont la réception de la sociologie du droit de Weber a favorisé l'émancipation (p. ex. l'inflation législative), et qui caractérisent le débat actuel en R.F.A.This contribution describes and analyses how Maw Weber's sociology of law was received by German post-war Rechtssoziologie. Since this discipline is covered both by jurists and social scientists, we outline the history of how Weber's sociology of law was received both by jurisprudence (including the history of law and comparative law) and by the social sciences. We begin with 1947, the year when the third edition of Economy and Society was published. Particular attention is paid to the present situation. It becomes clear that Weber is acknowledged as a classical thinker, even though little notice was taken of his sociology of law for a long time. It is only recently, since the Seventies, that a change has taken place in this respect. In the case of jurisprudence in such a way that, with the establishment of the sociology of law as a discipline in university teaching, textbooks and introductions to the sociology of law came on the market which acknowledged Weber and his sociology oflaw. It has also to be stated, however, that it is generally rare for jurists to "work" with Weber. Within the social sciences, Weber's sociology of law has received attention to the extent that the leading interpreters of Weber became involved with the reconstruction of Weber's theory of rationalisation. With a few exceptions, which deal directly with Weber's sociology of law (in the sense of a reconstruction of the legal process of rationalisation, the examination of the theses inherited from Weber, taking up again the questions that he prompted), Weber's sociology of law thus occupies a special place in the social sciences, since it is presented as being embedded in greater theoretical contexts (theories of rationalisation, theories concerning the origins of the modem age). This can be proved with the aid of the theoretical drafts of Habermas, Schluchter and Muench that are presented in this paper. We do not restrict ourselves exclusively to describing the history of its reception, but with the aid of the extensive material we also deal with the question of the conditions for the reception of this classic study by Weber. Attention is also paid to the question of which subjects (e.g. increasing legalization or "explosion of statutory law") have become independent through the reception of Weber's sociology oflaw, and which determine the present discussion in the Federal Republic of Germany.
- La réception de l'œuvre de Max Weber dans la sociologie du droit aux Etats-Unis - Guy Rocher p. 255-280 L'accueil de la sociologie de Max Weber par les sociologues américains a été plutôt lent. Quatre périodes peuvent être distinguées : tout d'abord, la diffusion de la pensée de Weber par Talcott Parsons dans les années 1930 ; puis, après la Seconde Guerre mondiale, deux décennies durant lesquelles les travaux de Weber ont été traduits. Ensuite, une période de discussion de la pensée de Weber ; enfin, les quinze dernières années, marquées par un grand intérêt pour l'œuvre de Max Weber et de nombreuses publications la commentant. Quant à sa sociologie du droit, elle fut la partie de ses travaux la plus longue à être reconnue. Karl Llewellyn fut le premier juriste américain à reconnaître l'influence de Weber dans les années 1930. Mais c'est seulement depuis les années 1970 que les juristes et les sociologues américains se sont intéressés à la sociologie juridique de Weber. Son influence actuelle peut se sentir spécialement dans trois courants de pensée : les théories évolutionnistes du droit, le Critical Legal Studies Movement et la sociologie du droit phénoménologique.Max Weber 's sociology was received slowly by the American sociologists. Four periods can be distinguished : first, the diffusion of Weber 's thought by Talcott Parsons in the 1930's ; then, two decades of English translations of Weber 's works after World War II ; thirdly, a period of discussion of Weber 's thought ; and finally, the last fifteen years marked by an active interest in, and a great many publications on Max Weber. As to his sociology of law, it was his work that took more time to be recognized. Karl Llewellyn was the first American jurist to acknowledge Weber 's influence in the 1930 's. But it is only since the 1970's that American jurists and sociologists have turned to Weber 's legal sociology. His present influence can be traced especially in three currents of thought : the evolutionist theories of law, the Critical Legal Studies Movement and phenomenological sociology of law.
- Max Weber et la théorie du droit des contrats - Jean-Guy Belley p. 281-300 Weber a consacré une part très significative de sa sociologie du droit à l'évolution de la pensée juridique occidentale relative au contrat. On a surtout retenu de cette contribution la thèse d'une correspondance générale entre le droit moderne des contrats et les besoins de l'économie capitaliste. L'auteur propose ici une analyse plus détaillée du chapitre sur "les formes de création des droits subjectifs". Après en avoir dégagé les prémisses épistémologiques spécifiques, il met en évidence les principaux aspects de la conception wébérienne du contrat et de son évolution. Il montre l'intérêt de cet apport wébérien dans le contexte actuel du renouvellement critique de la théorie du droit des contrats, plus particulièrement dans les pays anglo-saxons.Weber devoted a very significant part of his sociology of law to the transformation of western legal thought relating to contract. Weber's commentators have tended to restrict his contribution to the thesis of a general correspondence between the modem theory of contracts and the needs of capitalist economy. This paper provides a more detailed analysis of the chapter on "the forms of creation of subjective rights". Identifying their specific epistemological foundations, the author stresses the main outlines of Weber's conception of contract and his understanding of the evolution of contract theory. Given the current dynamics of critical contract law scholarship, particularly in Common Law countries, the author exemplifies the lasting interest of Weber's contribution.
- Le droit comme activité sociale : pour une approche wébérienne des activités juridiques - Evelyne Serverin, Pierre Lascoumes p. 165-187
Nouvelles du monde / Bibliographie
- Nouvelles du Monde - p. 303-309
Chronique bibliographique
Opinions
- Paul Amselek, Science et déterminisme. Ethique et liberté. Essai sur une fausse antinomie, 1988. Avant-propos de Georges Vedel. Préface de Jean Hamburger - Jean-François Perrin, André-Jean Arnaud p. 311-317
Lu pour vous...
- Annales de Vaucresson, Vaucresson (CRIV), 27-1987/2, Familles, interventions et politiques - Arnaud André-Jean p. 318-320
- Dictionnaire encyclopédique de théorie du droit et de sociologie juridique, sous la dir. de A.J. Arnaud, J.G. Belley, J.A. Carty, J. Commaille, A. Devillé, E. Landowski, F. Ost, J.F. Perrin et J. Wroblewski, 1988 - Van Houtte Jean p. 320-322
- Hans Kelsen, Théorie pure du droit. 2ème édition revue et mise à jour, adaptée de l'allemand par Henri Thevenaz, suivie de L'influence de Kelsen sur les théories du droit dans l'Europe francophone, par Michel van de Kerchove, 1988 - Perrin Jean-François p. 322-323
- Vladimir Kubes, Ontologie des Rechts, 1986 - Troper Michel p. 323-325
- Jacqueline Rubellin-Devichi (Dir.), Droit du logement et stratégies familiales/Centre du Droit de la Famille, 1988 - Fontaine Monique p. 325
Repères
- AA. VV., Arguments d'autorité et arguments de raison en droit, Etudes publiées par Patrick Vassart, sous la dir. de Guy Haarscher, Léon Ingber et Raymond Vanderelst, 1988 - p. 326
- AA.VV., La culture des revues juridiques françaises, sous la dir. de A.J. Arnaud, 1988 - p. 326-327
- AA. VV., Le sujet et la loi. La petite délinquance. Approche juridique et psychanalytique. Colloque des 13 et 14 juin 1987, 1988 - p. 327-328
- Masaji Chiba et al, Law and Culture in Sri Lanka. A Research Report on Asian Indigeneous Law, 1984 - p. 328
- O Direito Achado na Rua, Cours de l'Université de Brasilia, 1987 - p. 328-329
- Michel van de Kerchove, François Ost, Le système juridique entre ordre et désordre, 1988 - p. 329
- Kalman Kulcsar, Modernization and Law, Theses and Thoughts, 1987 - p. 329
- Charles Malamoud (dir.), Lien de vie, nœud de mort. Les représentations de la dette en Chine, au Japon et dans le monde indien, 1988 - p. 329-330
- Jacques-Henri Robert, Droit pénal général, 1988 - p. 330
- Jacqueline Rubellin-Devichi, Brigitte Trillat (présent.) et al, Le droit. 1. Fondements et pratiques, 1988 - p. 330-331
- Louis Sala-Molins, Le Code Noir ou le calvaire de Canaan, 1987 - p. 331
- Pierre de Senarclens, La crise des Nations Unies, 1988 - p. 331
- Claude Thomasset, La Régie du Logement à découvert, 1987 - p. 331
- Jean van Houtte, M. Gysels, A.M. Cootjans, S. Vandewaerde, Gezin en (ge)reckt : feiten en rechtsnormen in rechtssociologisch perspectief (La famille et la Justice : normes et faits sociaux dans une perspective socio- juridique), 1988 - p. 332
- Au fil des revues... - p. 333-338
- Reçu au bureau de la rédaction - p. 339-341
- Etat des articles parus dans Droit et Société - p. 343-347