Contenu du sommaire : Le tournant numérique... et après
Revue | Socio |
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Numéro | n° 4, avril 2015 |
Titre du numéro | Le tournant numérique... et après |
Texte intégral en ligne | Accessible sur l'internet |
Editorial
- Michel WieviorkaLe dossier : le tournant numérique..., et après ?
- Danan Diminescu, Michel Wieviorka- Introduction : le défi numérique pour les sciences sociales - Danan Diminescu, Michel Wieviorka
- Vie et mort des sciences sociales : le big data m'a tuer ou troisième génération ? - Dominique Boullier
- La carte et le territoire à l'ère numérique - Henri Desbois La géographie a connu de profonds bouleversements avec la généralisation des techniques de cartographie numériques. Leurs effets épistémologiques ont fait l'objet, dans les années 1990, d'un riche débat, dans un contexte de remise en cause de la notion d'objectivité en sciences humaines. Ces discussions n'ont pas ralenti l'adoption des méthodes numériques, parées des attraits de la nouveauté, et favorisées par un contexte économico-politique propice. Avec le GPS, les applications de géolocalisation sur smartphone et la cartographie en ligne, la géographie numérique fait désormais partie de la vie quotidienne. Au-delà de la fascination technologique, il faut chercher à comprendre quelle vision du monde produisent ces nouveaux outils.Geography has undergone significant changes with the generalisation of digital mapping techniques. In the 1990, their epistemological effects were the subject of extensive discussion in a context of challenge to the concept of objectivity in the humanities and social sciences. These discussions in no way slowed down the adoption of digital methods, enhanced by the attraction of novelty and promoted by a favourable economico-political context. With the GPS, smartphone applications of geo-localisation and online mapping, digital geography is now part of everyday life. Beyond the technological fascination, we must endeavour to understand what vision of the world these new tools produce.
- Les enjeux épistémologiques des humanité numériques - Alexandre Gefen
- L'ogre et la toile. Le rendez-vous de l'histoire des archives du web - Valérie Schafer, Benjamin Thierry
- Une "utopie politique" pour les humanités numériques ? Modèles de communication savante et de gestion de la recherche en transformation - Pierre Mounier Depuis plusieurs années les humanités numériques ont pris de l'importance dans le champ des recherches en sciences humaines et sociales et se sont structurées en quasi-discipline. Ces récents développements appellent à questionner la place que prennent aujourd'hui les modèles scientifiques mais aussi la technique au sein des humanités et singulièrement la représentation qu'elles produisent de la vie sociale. Par ailleurs, il semble important de retracer la généalogie historique et géographique de ces nouvelles pratiques de recherche pour y déceler les utopies politiques dont elles sont porteuses et dont les conséquences sur les mutations en cours affectent l'organisation de la recherche. odes adaptées car elles constituent désormais un nouveau continent du social.In recent years the digital humanities have become increasingly important in the field of research in the humanities and social sciences and now constitute a quasi-field of study in their own right. These recent developments call for an examination of the place which scientific models hold today but also of the techniques in the humanities and in particular the representation which they produce of social life. Furthermore, it is important to trace the historical and geographical genealogy of these new research practices to reveal the political utopias of which they are the portents and which will impact on the current changes affecting the organisation of research.
- Le régime de vérité numérique : Débat - Bernard Stiegler, Antoinette Rouvroy
- Les interactions publiques à l'épreuve des technologies de participation à distance : Droit de suite - Christian Licoppe, Laurence Dumoulin L'article analyse l'introduction de la visioconférence comme une mise à l'épreuve de l'idéal normatif de la comparution « corps présent » dans l'audience -judiciaire, et plus généralement comme étant emblématique d'une fragilisation de l'idéal normatif de la coprésence dans les réunions institutionnelles, au titre d'une prise de conscience croissante des coûts, économiques en particulier, de l'organisation de telles réunions. Nous y montrons comment ce dispositif de comparution à distance peut se prêter à deux lectures opposées. Dans la première, il fragilise l'idéal de la coprésence comme forme primordiale de la sociabilité (institutionnelle ou autre), et rend le cadrage des situations sociales vulnérable à toutes sortes de porosités numériques plus ou moins nuisibles. Dans la seconde, il constitue une ressource positive pour réaffirmer la nécessité d'un traitement des personnes, des usagers, des citoyens dans le cadre de situations d'interaction où l'on s'attend à ce qu'ils puissent être entendus, et donc qu'il y arrive quelque chose, ou du moins que cette possibilité soit préservée.This article analyses the introduction of the video-conference as a test of the normative ideal of a “physical” appearance at a court hearing and, more generally, as symbolic of a weakening of the normative ideal of the co-presence in institutional meetings, in the name of a growing awareness of the costs, in particular the economic cost of the organisation of meetings of this type. We show how this arrangement for remote participation can have two opposing interpretations. In the first, the ideal of the joint presence is weakened as a paramount form of sociability (institutional or other) and renders the framing of social situations vulnerable to all sorts of harmful digital inroads. In the second, these technologies constitute a positive resource enabling the re-assertion of the need to deal with people, users and citizens in the context of an interaction where the expectation is that they will be heard and therefore that something will happen, and they contribute to conserving this possibility.
- Le politique face au numérique : une fascination à hauts risques. Chantiers - Françoise Thibault, Clément Mabi Cet article souhaite présenter les éléments théoriques pour initier une approche critique du « numérique » qui prenne en compte sa dimension politique et les relations de pouvoir structurant son déploiement et pour mettre à distance un certain nombre d'« allants de soi ». L'objectif est de réussir, dans une démarche d'archéologie des discours, à articuler une première analyse centrée sur les jeux d'acteurs et de pouvoir à l'œuvre dans l'élaboration des politiques publiques et une seconde qui considère les artéfacts techniques en tant que « traces » de projets politiques.This article aims to focus on some theoretical elements to initiate a critical approach of digital artefact that takes into account its political dimension and power relations that structure its deployment, usually taken for granted. In a archaeological perspective of discourses, we will try to articulate an analysis about power relationships in the development of public policies and a second that considers technical artefacts as “traces” of political projects.
Entretien
Varia
- Hannah Arendt : Jew and Cosmopolitan - Natan Sznaider Cet article traite de la différence entre universalisme et cosmopolitisme. Ce qui rend le cosmopolitisme singulier est qu'il est toujours enraciné dans une identité donnée, qu'il prend en compte son particularisme et tente toujours de tolérer les autres identités. L'universalisme, lui, est fondé sur l'illusion qu'il peut dépasser les identités particulières – il essaie, en fait, d'imposer une identité unique à tout le monde. Cet article vise à ramener l'expérience juive particulière d'Arendt dans l'équation de ses horizons universels et, de cette manière, à montrer comment elle naviguait constamment entre l'universalisme et le particularisme par sa compréhension du jugement politique, de la tradition révolutionnaire, du républicanisme fédéral et d'autres questions qu'elle a examinées à travers le prisme du destin juif.This paper deals with the difference between universalism and cosmo-politanism. If I understand correctly, what makes cosmopolitanism distinctive is that it is always rooted in a specific identity which realizes that it is specific, and always endeavours to tolerate all other identities. Universalism on the other hand is based on the illusion that it can transcend specific identities—and in fact endeavours to impose a single identity on everyone. The focus of this paper is to set Arendt's specifically Jewish experience back in the context of her universal horizons, and in doing so to show how she constantly navigated between universalism and particularism through her understanding of political judgment, the revolutionary tradition, federal republicanism, and other issues which she examined through the prism of Jewish destiny.
- "Race" et racisme au Brésil - Rebecca Lemos Igraja, Lilia Magalhaes Tavolaro Les relations raciales sont, depuis très longtemps, le sujet privilégié de réflexions et d'investigations scientifiques au Brésil. Ce n'est cependant que récemment que le dilemme posé par la notion de « race » en tant que catégorie d'interprétation locale et catégorie analytique a gagné du terrain au sein des chercheurs. Spécifiquement dans le contexte de discussions sur la politique de discrimination positive, sociologues, anthropologues, historiens ou généticiens se soucient de trouver les clefs interprétatives adéquates pour expliquer ce phénomène social. Plus de dix ans après l'introduction des premières politiques de quotas raciaux au Brésil, cet article propose de reprendre le débat sur les catégories raciales et le rôle des chercheurs en sciences sociales dans leurs définitions. Il s'agit de mener ici une réflexion sur le moment actuel et de comprendre les défis qui s'imposent encore à un programme de recherche sur la race et le racisme.Race relations have long been a key issue for reflection and scientific investigations in Brazil. However, it was not until recently that the dilemma posed by the notion of “race” as both a designation and an analytical category came to the fore amongst researchers. Specifically within the context of discussions on affirmative action policies, sociologists, anthropologists, historians or geneticists alike are concerned by the need to find the proper interpretative keys to understand and explain this social phenomenon. Over ten years after the introduction of the first racial quotas policies in Brazil, this article seeks to return to the debate on racial categories and on the role of social science researchers in defining them. Our aim here is to engage in careful reflection on the present times and the challenges which are still to be met in a research program on race and racism.
- Pour une approche philosophique globale des inégalités - Alain Renaut, Jean-Cassien Billier Trois transformations caractérisent aujourd'hui une approche philosophique des injustices continuant à se vouloir normative, mais prenant ses distances avec les versions « kantiennes » dominantes depuis les années 1970. Cette approche nouvelle, réarticulée aux sciences sociales, est globale plutôt que sociale, non idéale plutôt qu'idéale, et il lui faut partir bien davantage de données que de principes. Cette étude se propose en conséquence, tout en redéfinissant le statut et la fonction des principes en philosophie politique, de réfléchir aux conditions et à la portée d'une démarche ancrée dans les situations d'inégalisation extrême, sous les rubriques de la pauvreté, de la violence et du risque.Today three transformations characterise a philosophical approach to injustice which, while continuing to be prescriptive, is moving away from the “Kantian” versions dominant since the 1970s. This new approach, re-articulated with the social sciences, is global rather than social, non-ideal rather than ideal, and there is a greater insistence on starting with data, rather than with principles. Consequently, while redefining the status and function of principles in political philosophy, this study intends to consider the conditions and the scope of an approach based on situations of extreme inequality, under the headings of poverty, violence and risk.
- Hannah Arendt : Jew and Cosmopolitan - Natan Sznaider
Droit de suite