Contenu du sommaire : Démocratie, pouvoirs et propagande en France au XXe siècle
Revue | Cahiers d'histoire. Revue d'histoire critique |
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Numéro | no 86, 2002 |
Titre du numéro | Démocratie, pouvoirs et propagande en France au XXe siècle |
Texte intégral en ligne | Accessible sur l'internet |
- Le mot de la rédaction - Anne Jollet p. 3-5
DOSSIER
- De la propagande à la communication : l'information, enjeu de pouvoir, enjeu pour la démocratie - Guylain Chevrier p. 9-12
- De la propagande à la communication : éléments pour une généalogie - Stéphane Olivesi p. 13-28 L'article se propose de montrer que la communication, dans divers secteurs de la société, s'est imposée à partir du dépassement des formes existantes de propagande. Après avoir clarifié et explicité les problèmes que soulèvent tout recours à ces catégories historiographiques, les analyses éclairent les logiques de ce dépassement en prenant deux objets d'étude : l'espace public médiatique et le monde du travail.
- La nature « antirépublicaine » de la propagande d'État : du mythe mobilisateur à sa réalisation (1918-1944) - Didier Georgakakis p. 29-48 Rares sont les études portant sur les services français d'information et de propagande avant Vichy. Et pour cause. La thèse s'est longtemps imposée d'une incompatibilité de nature entre propagande d'État et « culture républicaine ». Les quelques travaux qui concernent les tentatives de centraliser les services d'information et de propagande et leur échec à la veille de la Seconde Guerre mondiale convergent vers cette analyse . La République mourante aurait été bien incapable d'entrevoir l'enjeu de la propagande et de dépasser ses vieux principes d'un non-interventionnisme symbolique. L'histoire leur donne, d'une certaine façon, raison puisqu'à l'apparente absence d'une propagande d'État à la fin de la Troisième République s'oppose l'investissement massif dans la propagande du régime de Vichy. Pour autant, il faut sans doute aller chercher des réponses moins apparentes à cette thèse.
- Télévision et espace public sous De Gaulle - Jean-Pierre Esquenazi p. 49-61 Le général De Gaulle a inventé, pour son usage exclusif, un espace public monopolistique : l'ORTF est devenue le propagateur de ses décisions. Mais toute monopolisation doit en démocratie justifier ses prétentions à l'universel : les premières émissions politiques, et peut-être les plus riches, de la télévision française, en ont résulté.
- Guerre du Golfe et télévision : un mariage stratégique - Guylain Chevrier p. 63-84 La guerre du Golfe a été l'objet de l'expérimentation d'un nouveau modèle de guerre, inscrit dans la logique d'un monde se réorganisant autour de la puissance américaine, après la fin de la guerre froide. L'image télévisuelle prit une part décisive dans la stratégie globale visant les buts de ce modèle. On y retrouve tous les ingrédients de la communication moderne alliés aux vieilles méthodes de la propagande. La démocratie n'en est pas sortie indemne, la télévision non plus. L'expérience montre tout l'intérêt du rôle de l'historien qui réhabilite l'événement comme élément du passé tombé dans la connaissance.
CHANTIERS
- La personnification de la France dans la littérature de la fin du Moyen-Âge - Thierry Lassabatère p. 87-98 À la frontière de l'histoire et de la littérature, l'étude rhétorique de la personnification de la nation dans la poésie d'Eustache Deschamps et de Christine de Pizan montre combien la création poétique contribua, au tournant des XIVe et XVe siècles, à l'élaboration du concept quasi juridique de la nation comme personne morale intemporelle et supérieure, entretenant avec le roi ou la communauté des relations de personne à personne. Signe d'une fécondité littéraire qui refléterait – voire inspirerait – celle du droit, l'œuvre de ces deux auteurs offre, dans une profusion rare et selon un remarquable principe d'enrichissement poétique, l'ensemble des procédés rhétoriques qui créent la personnification : des plus simples, qui limitent la personne France à une voix désincarnée, aux plus complexes, qui dressent le tableau d'une belle femme désolée, abandonnée, allant jusqu'à l'insérer dans une trame relationnelle qui achève de l'instituer comme personne réelle et indépendante.
- La personnification de la France dans la littérature de la fin du Moyen-Âge - Thierry Lassabatère p. 87-98
DÉBATS
- Les Aufklärer : « misère allemande » ou impuissance structurelle ? - Philippe Goujard p. 101-112 Philippe Goujard propose ici une interprétation globale de la signification comparée des Lumières françaises et allemandes. L'auteur fait retour sur une lecture traditionnelle qui met en avant la faiblesse de la critique sociale des Lumières allemandes, suspectes d'« idéalisme ». Pour comprendre la différence d'impact social entre Lumières françaises et Lumières allemandes, il propose une interprétation qui s'appuie sur l'analyse sociale des sociétés allemandes du XVIIIe siècle, multiples, diverses mais présentant aussi bien des traits communs. Il insiste notamment sur l'importance du morcellement territorial et juridique des états allemands, de l'appartenance confessionnelle dans l'ensemble de ces sociétés, sur les liens entre Aufklärung et noblesse, sur l'étroitesse de la bourgeoisie de talents, sur l'alliance de l'artisanat et de la bourgeoisie marchande autour de l'idée de conservation de l'ordre ancien. Il montre le poids des représentations, qui autour de « marqueurs d'identité », amène des dominants et des dominés à converger vers les mêmes positions de refus de l'Aufklärung et à tenir globalement pour hostiles l'ensemble de ceux qui veulent transformer la société, bourgeoisie éclairée et état moderne.
- Les Aufklärer : « misère allemande » ou impuissance structurelle ? - Philippe Goujard p. 101-112
MÉTIERS
Aux sources de l'Histoire
- Un travail de mémoire de la gauche égyptienne - Didier Monciaud p. 115-123
- Voyage dans les archives du PCF - Alexandre Courban p. 125-130 Cet article est une contribution à l'histoire du communisme. Tout en préparant un doctorat d'histoire consacré au journal l'Humanité, son auteur est chargé de la réalisation des inventaires des archives du PCF de l'entre-deux-guerres. Depuis 1997, il assure le développement d'une base de données des archives de direction. C'est en tant qu'étudiant chercheur et archiviste qu'il s'intéresse aux questions liées aux archives .
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