Contenu du sommaire : Les lois genrées de la guerre
Revue | Clio : Histoires, femmes et société |
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Numéro | no 39, 2014 |
Titre du numéro | Les lois genrées de la guerre |
Texte intégral en ligne | Accessible sur l'internet |
- Éditorial - Fabrice Virgili p. 7-17
- Hommes guerriers et femmes invisibles. Le choix des scribes dans le Proche-Orient ancien - Philippe Clancier p. 19-36 L'analyse de la place des femmes dans les guerres au Proche-Orient ancien est contingente d'un fait essentiel qui est qu'il n'y a pas de droit de la guerre. Il existe cependant des lois visant à permettre aux épouses, dont les maris auraient été faits prisonniers ou seraient considérés comme disparus, de se remarier. C'est donc plutôt dans la pratique de la guerre qu'il faut principalement rechercher la place des femmes. Les reines d'Assyrie, telles Sammuramat (Sémiramis) ou encore Naqi'a/Zakutu furent suffisamment investies dans la gestion de leur État pour avoir leur mot à dire sur les actions militaires. C'est en tout cas très certainement le cas de Sammuramat. C'est cependant surtout dans le cadre des violences faites aux femmes que l'on voit apparaître ces dernières. Et pourtant il n'est pas particulièrement fait mention de mauvais traitements qui leur seraient réservées. Elles suivaient le sort commun des populations vaincues, entre massacres et déportations.
- Au service de la guerre juste. Mathilde de Toscane (XIe-XIIe siècle) - Sophie Cassagnes-Brouquet p. 37-54 Dans l'Europe médiévale, l'art de la guerre est considéré comme spécifiquement masculin. Et pourtant, au détour des chroniques et des documents d'archives, il est possible de croiser des guerrières qui combattent pour défendre leurs fiefs ou s'engagent parmi les rangs des croisés. Cette pratique de la guerre au féminin, très minoritaire, mais avérée, reposait-elle sur un droit, ou, bien au contraire, bravait-elle toutes les interdictions des lois civiles et religieuses ? Si le droit civil l'interdit, la réponse de l'Église semble parfois plus ambigüe. C'est le cas aux XIe et XIIe siècles où, dans le cadre de la Querelle des Investitures, la comtesse Mathilde de Toscane est à l'origine d'une polémique qui a vu s'opposer les partisans de la réforme grégorienne à ceux de l'empereur Henri IV et qui s'est précisément cristallisée sur cette question : les femmes ont-elles le droit de faire la guerre ?
- « Ni pillage ni viol sans ordre préalable ». Codifier la guerre dans l'Europe moderne - Mariana Muravyeva p. 55-81 L'émergence de l'État nation en Europe à l'aube de l'époque moderne s'accompagna d'un contrôle strict du comportement sexuel et de l'apparition d'une interdépendance étroite entre régulation de la sexualité, reproduction et mariage hétérosexuel. Les armées européennes devinrent un champ d'expérimentation pour la création d'hommes et de citoyens modèles ; la sexualité des soldats était strictement contrôlée et toute déviation par rapport à la norme sévèrement punie. Le droit militaire, basé sur le droit naturel, sur le concept de guerre juste et sur une certaine idée de la discipline, fut le premier à développer une approche systématique des agressions sexuelles, à les hiérarchiser et à trouver les moyens de les punir. Le résultat fut que les codes et les tribunaux militaires européens condamnaient toute pratique sexuelle s'écartant de la norme, c'est-à-dire des relations conjugales hétérosexuelles vouées à la reproduction. Ce fut l'un des aspects les plus importants de l'émergence et du développement de l'État nation.
- Désirs condamnés. Punir les « homosexuels » en Alsace annexée (1940-1945) - Régis Schlagdenhauffen p. 83-104 Cet article questionne la fabrique de la décision pénale en temps de guerre et en situation d'annexion. Il s'appuie sur les jugements pour homosexualité rendus par le tribunal de Strasbourg entre 1942 et 1945. Les données statistiques recueillies permettent d'établir que les Alsaciens jugés durant cette période sont majoritairement jeunes et appartiennent aux classes populaires. Ils sont condamnés pour la plupart à de lourdes peines de prison pouvant aller jusqu'à la perpétuité et cela « dans l'intérêt de la préservation du peuple ». Effet arbitraire de l'« annexion sexuelle », certains sont poursuivis pour des faits antérieurs à l'introduction du droit pénal allemand en Alsace, d'autres immédiatement internés en camp au lendemain de leur libération. Mais plus que simplement des actes, ce sont des identités déviantes qui sont jugées. D'une part au moyen d'une comptabilité des orgasmes qui serait but et preuve d'une activité sexuelle « anormale » ; d'autre part en établissant une hiérarchie des masculinités déviantes qui tend à faire exister le criminel avant le crime.
- Le héros et la martyre ou le viol effacé (Lituanie 1944-2000) - Alain Blum, Amandine Regamey p. 105-128 En juin 1959, Elena Spirgevičienė, de Kaunas (Lituanie), saisit le comité central du parti communiste d'Union soviétique d'une plainte contre l'attribution à titre posthume du titre de Héros de l'URSS au partisan Alfonsas Čeponis. En 1944, affirme-t-elle, cet homme faisait partie d'une bande qui a assassiné sa sœur, l'a violée elle-même, et a tenté de violer puis a tué sa fille. Fondé en particulier sur des documents d'archives originaux publiés dans ce même numéro de Clio, cet article retrace les différentes étapes de l'affaire et les récits contradictoires qu'elle met en jeu. Il oppose la figure du héros soviétique Čeponis à sa déconstruction par la plaignante qui le dépeint comme un bandit. Il montre le retournement qui a lieu lors de l'examen de la plainte par le Comité central du parti communiste de Lituanie : non seulement le viol commis contre la plaignante est nié, mais c'est elle qui se retrouve en position d'accusée. Enfin, il retrace comment la tentative de viol de la fille, suivie de son assassinat, est utilisée par le discours lituanien dissident dans les années 1970, dominant aujourd'hui, pour construire une nouvelle figure de martyre
- Le Tribunal international des femmes de Tokyo en 2000. Une réponse féministe au révisionnisme ? - Christine Lévy p. 129-150 L'article examine les conditions qui ont permis la tenue du Tribunal international des femmes de Tokyo pour juger du système de l'esclavage sexuel institué par l'armée impériale japonaise pendant la guerre d'Asie-Pacifique (1937-1945). Il considère qu'il a été à la fois une réponse aux besoins des victimes et au révisionnisme ambiant sur les questions des violences commises pendant la guerre d'Asie-Pacifique et jugées lors du procès militaire de Tokyo en 1946-1948. Moment important pour la reconnaissance et la condamnation des violences exercées à l'encontre des femmes en temps de guerre et lors des conflits armés, il est à la fois l'aboutissement de nouveaux paradigmes en histoire des femmes et histoire orale, et le point de départ pour un soutien actif aux femmes victimes de violence.
Regard complémentaire
- À propos des femmes dans les procès du nazisme - Annette Wieviorka p. 151-156 Les femmes ont-elles été jugées pour des crimes perpétrés pendant la période nazie ? Pour tenter de répondre à cette question, il convient de faire la distinction entre les procès qui se sont déroulés très vite après la capitulation allemande, dans les diverses zones d'occupation et ceux qui se font à Nuremberg, selon un nouveau droit international. Les seconds visent des criminels ayant un degré de responsabilité dans les divers appareils de l'État nazi, responsabilité alors interdite aux femmes. Les premiers, qui se font selon le droit déjà établi, concernent ceux qui ont commis de leurs propres mains des violences meurtrières. On apprendra donc par cet article que de très jeunes femmes furent condamnées à mort et exécutées pour les crimes qu'elles ont commis dans les camps.
- À propos des femmes dans les procès du nazisme - Annette Wieviorka p. 151-156
Actualités de la recherche
- Penser les guerres du XXe siècle à partir des femmes et du genre. Quarante ans d'historiographie - Françoise Thébaud p. 157-182 Cet article propose une synthèse historiographique de quarante années de recherches sur le thème « Femmes, genre et guerres », notamment à propos des deux conflits mondiaux du XXe siècle : d'une histoire au féminin qui se développe parallèlement à une histoire sociale des nations en guerre à une histoire genrée de la guerre concomitante de l'affirmation d'une histoire culturelle de la Grande Guerre. Attentif aux sources mobilisées, il présente les questionnements et les principales conclusions de ces approches, pour souligner in fine les convergences actuelles sur quelques thèmes d'études : les sorties de guerre, l'intime en guerre, les violences sexuées et sexuelles.
- Les femmes et le droit (pénal) international - Isabelle Delpla p. 183-204 Alors que le Tribunal de Nuremberg n'avait pas traité spécifiquement des crimes sexuels ou du genre des victimes, depuis une vingtaine d'années, l'évolution du droit international, notamment pénal, a été marquée par une prise en compte de la dimension sexuée des crimes de guerre, des crimes contre l'humanité et des génocides. Les tribunaux pénaux internationaux pour l'ex-Yougoslavie (TPIY), celui pour le Rwanda (TPIR) et la Cour pénale internationale (CPI) ont porté une attention particulière aux violences sexuelles et aux femmes victimes de guerre. Pourtant les femmes ne sont pas dans une simple relation binaire aux lois de la guerre, en position de victimes (potentielles) ou d'actrices (moins probables) de leurs violations. Elles peuvent avoir d'autres rôles d'actrices de leur élaboration ou application, à titre d'enquêtrices, procureures, avocates ou juges, témoins ou expertes. Cet état de la recherche considérera d'abord les tribunaux internationaux comme producteur et médium de la recherche sur les femmes et les lois de la guerre. Il envisagera ensuite la diversité des figures féminines, sujets ou objets de ce droit et de cette justice : juristes, criminelles, victimes ou combattantes. Significativement, des questionnements semblables se retrouvent dans ces différents cas : la « féminité » est-elle un facteur explicatif spécifique ou finalement secondaire, un stéréotype à déconstruire ? Y a-t-il une continuité entre temps de paix et temps de guerre dans le rapport des femmes à la violence criminelle ? La limitation des rôles féminins est-elle le produit d'un droit international étatique ou l'expression plus large d'une domination masculine dans les pratiques guerrières ?
- Penser les guerres du XXe siècle à partir des femmes et du genre. Quarante ans d'historiographie - Françoise Thébaud p. 157-182
Documents
Témoignage
- Une communauté de femmes en prison pendant la guerre d'Algérie - Christiane Klapisch-Zuber p. 219-232
Portrait
- Rita Thalmann (1926-2013),pionnière de l'histoire des femmes - Marie-Claire Hoock-Demarle p. 233-238
Varia
- Au temps du Test du crapaud. Justice et avortement (Argentine, mi-XXe siècle) - Agustina Cepeda p. 239-254 En 1954, la Cour d'appel de Buenos Aires acquitte Elena Teotina Haedo de Gaitán et la sage-femme Catalina Fuccia du délit d'avortement en invoquant la figure juridique de la « tentative d'avortement impossible », la grossesse étant scientifiquement et médicalement impossible à vérifier. Cet article examine l'application de la législation anti-avortement dans l'Argentine du milieu du XXe siècle, une Argentine considérée par l'historiographie comme pronataliste. L'analyse des processus judiciaires à l'œuvre permet également d'examiner les formes de tutelle sur le corps et la reproduction des femmes.
- Le genre du bonheur (France, 1945-années 1970) - Rémy Pawin p. 255-270 Sur le plan des expériences, une première éthique féminine, centrée sur l'idéal de la mère au foyer, est souvent efficacement intériorisée et influencent les sentiments. Ces normes sexuées informent des idéaux auprès desquelles les femmes mesurent leurs réalisations, si bien qu'ils participent de la couleur des romans personnels. Après 1970 apparaît une nouvelle éthique féminine concurrente qui a multiplié les chemins du bonheur pour les femmes dans un monde social devenu plus ouvert.
- Au temps du Test du crapaud. Justice et avortement (Argentine, mi-XXe siècle) - Agustina Cepeda p. 239-254
Clio a lu
- Elizabeth D. Heineman (dir.), Sexual Violence in Conflict Zones. From the Ancient World to the Era of Human Rights : Philadelphia, University of Pennsylvania Press, 2011 - Fabrice Virgili p. 271-273
- Adrien Dubois, La Violence des femmes en Normandie à la fin du Moyen Âge (Cahiers Léopold Delisle, Société parisienne d'Histoire & d'archéologie normandes, tomes LIV-LV, 2005-2006) : Le Havre, 2010 - Didier Lett p. 273-276
- Dominique Fouchard, Le Poids de la guerre. Les Poilus et leur famille après 1918 : Rennes, Presses universitaires de Rennes, 2013 - Françoise Thébaud p. 276-278
- Anna Bravo, La Conta dei salvati. Dalla Grande Guerra al Tibet : storie di sangue risparmiato : Roma-Bari, Laterza, 2013 - Maurizia Morini p. 279-281
- Mary Louise Roberts, What Soldiers Do. Sex and the American GI in World War II France : Chicago and London, The University of Chicago Press, 2013 - Danièle Voldman p. 282-284
- Anna Krylova, Soviet Women in Combat. A History of Violence on the Eastern Front : Cambridge, Cambridge University Press, 2010 - Amandine Regamey p. 285-287
- Raphaëlle Branche & Fabrice Virgili (dir.), Viols en temps de guerre : Paris, Payot, 2011 - Anne-Claire Rebreyend p. 287-290
- Stéphane Audoin-Rouzeau, Quelle histoire. Un récit de filiation (1914-2014) : Paris, EHESS-Gallimard-Seuil, 2013 - Fabrice Virgili p. 291-294
- Julie Le Gac, Vaincre sans gloire. Le Corps expéditionnaire français en Italie (novembre 1942-juillet 1944) : Paris, Les Belles-Lettres /ministère de la défense-DMPA, 2013 - Yannick Ripa p. 294-296
- Michela Ponzani, Guerra alle donne. Partigiane, vittime di stupro, « amanti del nemico ». 1940-1945 : Torino, Einaudi, 2012 - Julie Le Gac p. 296-298
- Maria Porzio, Arrivano gli alleati ! Amori e violenze nell'Italia liberata : Roma, Bari, Laterza, 2011 - Fabrice Virgili p. 298-301
- Regina Mühlhäuser, Eroberungen. Sexuelle Gewalttaten und intime Beziehungen deutsche Soldaten in der Sowjetunion, 1941-1945 : Hambourg, Hamburger Edition, 2010 - Elissa Mailänder p. 301-304
- Sönke Neitzel & Harald Welzer, Soldats. Combattre, tuer, mourir : procès-verbaux de récits de : Paris, Gallimard, 2013 - Valérie Dubslaff p. 304-307
- Christian Langeois, Marguerite. Biographie de Marguerite Buffard-Flavien (1912-1944) : Paris, Le Cherche-Midi, 2009 - Françoise Thébaud p. 307-309
Clio a reçu
- Clio a reçu - p. 311-313
Compléments en ligne : Clio a lu
- Sandra Boehringer & Violaine Sebillotte Cuchet (dir.), « Des femmes en action. L'individu et la fonction en Grèce antique », : Métis. Anthropologie des mondes grecs anciens, hors série 2013, 225 p. - Lydie Bodiou
- Anaïs Dufour, Le pouvoir des « dames ». Femmes et pratiques seigneuriales en Normandie (1580-1620) : Rennes, Presses universitaires de Rennes, coll. « Mnémosyne », 2013 - Sophie Vergnes
- Danièle Haase-Dubosc & Marie-Elisabeth Henneau (dir.) Revisiter la « querelle des femmes ». Disco : Saint-Étienne, Publications de l'Université de Saint-Etienne, coll. « L'école du genre », 2013, 275 p. - Isabelle Brouard Arends
- Xenia von Tippelskirch, Sotto controllo. Letture femminili in Italia nella prima età moderna : Roma, Viella, 2011, 301 p. - Isabelle Matamoros
- Mary Wollstonecraft, Lettres de Scandinavie. Lettres écrites durant un court séjour en Suède, en Norvège, et au Danemark : Aix-en-Provence, Presses universitaires de Provence, coll. « Textuelles. Écritures du Voyage », 2013, traduction et critique par Nathalie Bernard et Stéphanie Gourdon. - Marie-Odile Bernez
- Karen Offen (dir.), Globalising Feminisms 1789-1945 : Londres & NewYork Routledge, coll. « Rewriting Histories », 2010 - Myriam Boussahba-Bravard
- Jean-Louis guereña, Les Espagnols et le sexe, xix : Rennes, Presses universitaires de Rennes, Coll. Mondes Hispanophones, 2013 - Brice Chamouleau
- Françoise Barret-Ducrocq, Florence Binard, Guyonne Leduc (dir.), Comment l'égalité vient aux femmes, Politique, Droits et Syndicalisme en Grande-Bretagne, aux États-Unis et en France : Paris, L'Harmattan, 2012 - Helen Harden Chenut
- Elizabeth C. MacKnight, Aristocratic Families in Republican France : Manchester & New York, Manchester University Press, 2012, 252 p. - Jean Elisabeth Pedersen
- Felicia Gordon, Constance Pascal (1877-1937). Authority, Femininity and Feminism in French Psychiatry : University of London, Institute of Germanic & Romance Studies, vol. 8, 2013, 253 p. - Nicole Edelman
- Marguerite Bodin, L'Institutrice. Une féministe militante de la Belle Époque : Paris, L'Harmattan, 2012, 347 p. Avant-propos de Denise Karnaouch - Rebecca Rogers
- Cécile Duvignacq-Croisé, L'école de banlieue. L'enseignement féminin dans l'est parisien. 1880-1960 : Rennes, Presses universitaires de Rennes, 2013, 359 p. - Marie-Anne Thivend
- Delphine Dulong, Christine Guionnet & Erik Neveu, Boys Don't Cry ! Les coûts de la domination masculine : Presses Universitaires de Rennes, 2012, 332 p. - Marlaine Cacouault-Bitaud
- Christine Morin-Messabel (dir.), Filles/Garçons. Questions de genre, de la formation à l'enseignement : Lyon, Presses universitaires de Lyon, 2013, 502 p. - Eleanor L. Rivera
- Catherine Driscoll, Girls: Feminine Adolescence in Popular Culture and Cultural Theory / : New York, Columbia University Press, 2002, 377 p. Gainesville, University Press of Florida, 2010, 280 p.Oxford & New York, Berg, 2011, 198 p. - Fanny Lignon
- Emmanuel Désveaux, Avant le genre. Triptyque d'anthropologie hardcore : Paris, Éditions de l'EHESS, coll. « Cas de figure », 2013, 292 p. - Agnès Fine
- Sandrine Dauphin & Réjane Sénac (dir.), Femmes-Hommes : penser l'égalité : Paris, La Documentation française, 2012, 201 p. - Manda Green