Contenu du sommaire : Varia

Revue Le Mouvement social Mir@bel
Numéro no 251, avril-juin 2015
Titre du numéro Varia
Texte intégral en ligne Accessible sur l'internet
  • Cols blancs et État-providence en France depuis 1945

    • Ce que la société et la politique font aux (petits) cols blancs - Patrick Fridenson p. 3-13 accès libre
    • La grande distribution et le repos dominical. Aux origines d'une controverse vieille de 45 ans - Tristan Jacques p. 15-32 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      L'ouverture des magasins le dimanche est un sujet de controverse qui revient périodiquement dans le débat public. Si l'histoire de la lutte syndicale pour le repos dominical est bien connue des historiens, l'origine du débat dans ses termes actuels n'a jamais été étudiée. À la fin des années 1960, l'essor de la grande distribution, et particulièrement des grandes surfaces spécialisées dans l'ameublement, a exacerbé les difficultés d'application de dispositions législatives acceptant un grand nombre de dérogations et d'exceptions. Cet article vise à étudier les différents rôles des organisations professionnelles, ainsi que la position changeante et complexe des pouvoirs publics, notamment des ministères des Finances, du Commerce et du Travail, et de leurs directions, cherchant à juguler l'inflation par une modernisation du commerce et défendant donc une déréglementation du repos dominical dans les commerces.
      The Retail Sector and Sunday Shopping. The Origins of a 45-Year-Old Controversy
      Whether shops should be allowed to open on Sundays is a controversial topic that recurs periodically in public debate. While historians are very familiar with the labour movement's struggle to make Sunday a day of rest, nobody has ever studied the origins of this debate in its present form. In the late 1960s, the rise of the retail sector – and especially large furniture retailers – exacerbated the difficulties enforcing legislation that contained a large number of derogations and exceptions. This paper aims to study the various roles of trade organisations, along with the changing and complex stance of the public authorities, notably the Ministry of Finance, Ministry of Commerce, Ministry of Labour, and their administrations, seeking to stamp out inflation by modernising trade and thus defending deregulation of Sunday shopping.
    • État-providence, rationalisation bureaucratique et traitement du social : l'« efficacité » des caisses de Sécurité sociale et de leurs agents en question (1945-années 1980) - Christophe Capuano p. 33-58 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      Cet article interroge la notion d'« efficacité » et les indicateurs financiers et gestionnaires destinés à évaluer la réussite ou les échecs des caisses de Sécurité sociale et de leur personnel durant la phase d'essor de l'État-providence, de 1945 aux années 1980. Ces organismes locaux doivent, dans ce cadre, à la fois enregistrer de nouveaux assurés, mettre en œuvre une certaine justice sociale par la redistribution, mais aussi maintenir un équilibre financier entre recettes-cotisations et dépenses. En se fondant principalement sur l'analyse de témoignages d'une cohorte d'anciens agents de la Sécurité sociale, cette recherche vise à mettre au jour les obstacles mais aussi les atouts dont leurs institutions ont pu disposer pour mener à bien leurs missions. Ce personnel joue en effet un rôle déterminant à plusieurs titres. Il parvient à pallier, au prix d'un investissement important, une productivité structurellement limitée. Il réussit surtout à donner à la protection sociale un « visage humain », tout au moins jusqu'à ce que les caisses soient contraintes, dans un contexte de déséquilibre financier, de réduire leurs coûts de gestion et de fonctionnement.
      The Welfare State, Bureaucratic Rationalisation and Social Benefits : Questioning the “Efficiency” of Social Security Offices and their Staff (1945-1980s). This paper investigates the notion of “efficiency” and financial and management indicators to assess the success or failures of Social Security offices and their staff during the heyday of the Welfare State, from 1945 to the 1980s. In this context, local Social Security offices had to register new beneficiaries, implement a certain degree of social justice through revenue redistribution, while also maintaining a financial balance between contributions and expenses. Based mainly on an analysis of first-hand accounts from a cohort of former Social Security employees, this research paper aims to cast light on the obstacles that these institutions faced, as well as their assets, in completing their mission. Social Security staff played a decisive role in many respects. They were able to overcome structurally limited productivity thanks to substantial dedication to their tasks. In particular, they successfully gave social benefit programmes a “human face”, at least until financial imbalances forced these offices to cut back on overheads.
  • Histoires et mémoires de soldats

    • Quelle mémoire pour les soldats alsaciens-lorrains de la Grande Guerre ? - Raphaël Georges p. 59-74 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      Dans l'étude de la Première Guerre mondiale en France, les soldats alsaciens-lorrains tiennent une place particulière. Contrairement aux soldats des autres régions, ils ont en effet combattu en grande majorité dans le camp adverse, au sein de l'armée allemande, avant de devenir français après 1918. Un siècle plus tard, cette singularité a largement été oubliée du grand public, et fondue dans la figure nationale du poilu. Quand ce n'est pas le cas, on s'en souvient encore comme d'hommes contraints de porter l'uniforme allemand pour combattre leur patrie de cœur, la France. Or, l'historiographie récente, de même que nombre de projets menés dans le cadre du centenaire, tendent aujourd'hui à nuancer cette lecture nationale de leur expérience de guerre. On peut toutefois se demander pourquoi et comment cette image s'est fixée dans la mémoire nationale. C'est ce que nous nous proposons d'analyser dans cet article, en tentant de remonter aux origines de cette construction mémorielle et en suivant ses évolutions jusqu'à nos jours.
      What Memory for Soldiers of the First World War from Alsace and Lorraine ?
      In studying the First World War in France, soldiers from Alsace and Lorraine hold a special place. Unlike those from other regions, the vast majority of soldiers from Alsace and Lorraine fought for the other side, within the German Army, before becoming French after 1918. A century later, the general public has largely forgotten this singularity, with such soldiers being assimilated to the national figure of the “Poilu”, or First World War infantryman. When they are not merely forgotten, such soldiers are remembered as men forced to wear the German uniform to fight against their true homeland, France. However, recent historiography, as well as projects carried out as part of the First World War centenary, now tend to give a more nuanced view of this national interpretation of their wartime experience. Nevertheless, we can wonder why and how this image became set in the nation's memory. This is what we endeavour to analyse in this paper, by attempting to trace this constructed memory back to its origins and to follow how it has evolved until today.
    • Le Parti communiste français et les soldats du contingent pendant la guerre d'Algérie : prôner l'insoumission ou accepter la mobilisation ? - Marc Giovaninetti p. 75-97 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      Une quarantaine de « soldats du refus » issus des rangs du Parti communiste français se sont distingués par leur refus de combattre pendant la guerre d'Algérie, entre les années 1956 et 1959. Cet acte d'insubordination, qui valut à la plupart d'entre eux deux ans de prison, était pourtant contraire à la vulgate léniniste qui préconisait que les communistes restent parmi leurs camarades soldats mobilisés. Un jeune communiste rompit avec cette règle, et après une année de désaveu, il fut soutenu par une campagne du PCF et de ses organisations satellites, certains autres militants étant alors encouragés à suivre son exemple, avant que le secrétaire général Maurice Thorez ne recommande expressément de suspendre l'action. Ces hésitations et volte-face furent diversement reçues dans les rangs du PCF, souvent avec amertume, et dénotent aussi certaines dissensions au sommet de l'appareil. Un lourd silence s'est ensuite refermé sur le destin de ces militants. Leur action et les directives erratiques de leur parti restent encore un sujet de tensions entre les vétérans lorsque parfois ceux-ci les expriment.
      The French Communist Party and French Contingent Soldiers during the Algerian War : Favour Insubordination or Accept Mobilisation ?Around 40 “refusing soldiers” from the ranks of the French Communist Party (PCF) became known for their refusal to fight during the Algerian War, between the years 1956 and 1959. This act of insubordination, for which most of them had to serve two years in prison, was nevertheless contrary to the Leninist vulgate, which called for Communists to fight alongside their comrades sent into combat. One young Communist broke with this rule, and after being disavowed for a year, was supported by a campaign by the PCF and its satellite organisations, with some militants then encouraged to follow his example, until Secretary General Maurice Thorez expressly recommended that this action be suspended. These hesitations and turnabouts received various reactions in the ranks of the PCF, often bitterly, and also indicated certain dissensions at the top of the party apparatus. Then, a heavy silence fell over the destiny of these militants. Their actions, and the erratic orders of their party, remain a source of tension between veterans when they sometimes speak about this subject.
  • Organiser le travail dans l'Argentine contemporaine

    • Mouvement syndical et péronisme (1943-1955) : pour une nouvelle interprétation - Marcos Schiavi p. 99-113 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      Cet article souhaite participer à la construction d'une nouvelle interprétation de la relation entre gouvernement péroniste et mouvement syndical. L'étude est centrée sur la Confédération générale du travail (CGT), seule centrale des travailleurs argentins. Notre hypothèse vise, à partir d'une remise en question des thèses classiques, à établir et étayer plusieurs propositions. D'une part, montrer que la dialectique politique à l'œuvre entre le gouvernement et la CGT n'a jamais cessé durant cette période. D'autre part, remettre en cause la thèse selon laquelle la centrale ouvrière aurait fait partie de l'État, ainsi que celle qui voudrait qu'elle ait été entièrement contrôlée par les hautes sphères politiques du péronisme.
      The Labour Movement and Peronism (1943-1955) : A Reinterpretation
      This paper aims to contribute to a reinterpretation of the relationship between the Peronist government and the labour movement. The research focuses on the General Confederation of Labour (CGT), the only labour union for Argentinian workers. Our hypothesis challenges traditional theses and aims to establish and provide evidence for several arguments. Firstly, we will endeavour to show that the political dialectic at work between the government and the CGT was never interrupted during this period. Secondly, we will endeavour to challenge the thesis that the CGT was part of the state, as well as the thesis that it was entirely controlled by the upper political spheres of Peronism.
    • Les contours pluriels de la notion de travail. Activités solidaires et productives des mouvements piqueteros argentins (années 1990-2000) - Pía Valeria Rius p. 115-131 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      Durant les années 1990, le monde du travail en Argentine est bouleversé par des changements de régime économique et un processus de polarisation sociale aiguë. Des mobilisations sociales se mettent en place, notamment menées par des travailleurs sans emploi dénommés piqueteros. L'article rend compte dans un premier temps du contexte sociopolitique qui induit cette forte précarisation des travailleurs, du rôle de l'État et de celui de ces nouvelles organisations dans le développement de politiques sociales. Il analyse dans un second temps des activités « solidaires » (cantines, goûter pour enfants, etc.) et « productives » (potagers, boulangeries, ateliers de menuiserie, etc.) menées par ces organisations, qui permettent de saisir la transformation de la vie des habitants et de leur milieu. Souvent méconnues, ces activités induisent une circulation de compétences, contribuant à la genèse de nouvelles capacités de travail et de participation.
      The Concept of Work Challenged by Unemployment. Productive and Solidarity Activities within Argentinian Piqueteros Movements (1990s-2000s)During the 1990s, the world of work in Argentina underwent upheavals due to changes in the economic regime and a process of acute social polarisation. Labour movements came into being, notably led by unemployed workers known as piqueteros. The first part of this paper focuses on the socio-political context that resulted in this sharp increase in precarious living conditions for workers. It also analyses the role of the state and of these organisations themselves in developing new social policies. The second part analyses “solidarity” activities (including canteens, snacks for children, etc.) as well as “productive” activities (vegetable gardens, bakeries, woodworking workshops, etc.) that were set up, enabling us to grasp the transformation affecting residents and their own surroundings. These little-known activities prompted a circulation of skills and the genesis of new working and participative capacities.
  • Républicains et communistes en Catalogne au XIXe siècle

    • Les admirateurs catalans d'Étienne Cabet : républicains et communistes à Barcelone, 1838-1856 - Genís Barnosell Jorda p. 133-147 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      Étienne Cabet a exercé une influence considérable sur les républicains et les communistes barcelonais entre 1838 et 1856. L'article étudie la culture et l'action politiques de ces groupements dans leur relation avec la vie politique française du temps, dans un contexte marqué par les effets sociaux de la révolution industrielle en Catalogne et en un temps où les engagements radicaux ne sont pas exempts de dimensions religieuses. Les figures du républicain Abdon Terradas et du communiste Narcis Monturiol sont particulièrement intéressantes pour analyser les transferts culturels et intellectuels des idées de Cabet à Barcelone et mieux comprendre les mouvements politiques qui s'y déploient.
      The Catalan Admirers of Étienne Cabet : Republicans and Communists in Barcelona, 1838-1856Between 1838 and 1856, Étienne Cabet exerted a very strong influence on Republicans and Communists in Barcelona. This paper analyses the political culture and actions of these groups in their relations with contemporary French politics, against a backdrop of the social effects of the Industrial Revolution in Catalonia and during a time when radical ideas were not exempt from religious dimensions. Republican Abdon Terradas and Communist Narcis Monturiol are particularly interesting in analysing these cultural and intellectual transfers of ideas from Cabet to Barcelona and seeking to understand better the political movements that were active there.
    • Notes de lecture - p. 149-175 accès libre
    • Informations et initiatives - p. 177-182 accès libre