Contenu du sommaire : Varia 2014
Revue | Revue de l'OFCE (Observations et diagnostics économiques) |
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Numéro | no 137, janvier 2015 |
Titre du numéro | Varia 2014 |
Texte intégral en ligne | Accessible sur l'internet |
Dossier : À propos du Capital au XXIe siècle de Thomas Piketty
- À propos du Capital au XXIe siècle de Thomas Piketty - Gérard Cornilleau p. 7-8
- Les métamorphoses du capital : Réflexions autour du Capital au XXIe siècle - Thomas Piketty p. 9-29
- La critique du Capital au XXIe siècle : À la recherche des fondements macroéconomiques des inégalités - Guillaume Allègre, Xavier Timbeau p. 31-55 Dans son ouvrage Le capital au XXIe siècle, Thomas Piketty propose une analyse critique de la dynamique de l'accumulation du capital. L'auteur montre que si le rendement du capital (r) est plus élevé que la croissance économique (g), ce qui a pratiquement toujours été le cas dans l'histoire, alors il est presque inévitable que les patrimoines hérités dominent les patrimoines constitués et que la concentration du capital atteigne des niveaux extrêmement élevés. Le livre cherche ainsi des fondements macroéconomiques (r > g) aux inégalités alors que les explications habituelles sont d'ordre micro-économique. Nous soulignons que l'on peut interpréter les faits décrits selon une causalité différente où les inégalités découlent du fonctionnement (imparfait) des marchés, des rentes de rareté et de l'établissement des droits de propriété. Selon cette interprétation, ce n'est pas r > g qui a transformé les entrepreneurs en rentiers, mais la mise en place de mécanismes permettant l'extraction d'une rente perpétuelle qui explique la constance historique r > g. Cette interprétation différente des mêmes phénomènes a des conséquences en termes de politique publique. L'imposition ex post du capital, si nécessaire, ne peut être qu'un choix de second rang : il faut d'abord lever les contraintes de rareté et se préoccuper de la définition des droits de propriété ainsi que des droits des propriétaires et des non-propriétaires.The critique of Capital in the Twenty-First Century
In his book, Capital in the Twenty-First Century, Thomas Piketty offers a critical analysis of the dynamics of capital accumulation. The author shows that if the return on capital (r) is greater than economic growth (g), which has almost always been the case in history, then it is almost inevitable that inherited wealth will dominate self-made wealth and that the concentration of capital reaches extremely high levels. The book thus seeks to explain inequalities through macroeconomic fundamentals (r > g) while the usual explanations are of micro-economic order. We show that the facts described in the book can be interpreted with a different causality where inequalities arise from the functioning of (imperfect) markets, scarcity rents, and the establishment of property rights. According to this interpretation, it is not r > g which turned entrepreneurs into rentiers, but the establishment of mechanisms that enable the extraction of a perpetual rent that explains the historical stability r > g. This different explanation of the same phenomena has consequences in terms of public policy. Ex post capital taxation, if necessary, can only be a second-tier choice : one must first remove the constraints of scarcity and be concerned about the definition of property rights and the rights of owners and non-owners.JEL :D3, D63, E21, E22, E25 - Capital, richesse et croissance : De la recherche empirique aux éclairages théoriques - Jean-Luc Gaffard p. 57-82 Le livre de Thomas Piketty Le Capital au XXIe siècle est ambivalent. D'un côté, une lecture théorique trop simple, fondamentalement a-institutionnelle, retient un taux de croissance définitivement exogène et ignore l'hétérogénéité du capital, faisant de la répartition des revenus et des richesses une donnée technique sans influence en retour sur la croissance elle-même. D'un autre côté, les faits stylisés rassemblés et les intuitions qui y sont associées incitent réfléchir sur les tenants et aboutissants de la répartition des revenus et des patrimoines pour lui redonner une place centrale dans la théorie économique et lui restituer sa dimension sociale.The book of Thomas Piketty "Capital in the XXI Century" is ambivalent. On one hand, too simple theoretical reading, basically a-institutional, considers the growth rate as exogenous, and ignores the heterogeneity of capital, making the distribution of income and wealth a technical data without reverse influence on growth itself. On the other hand, the gathered stylized facts, and insights associated incite to the reflection on the ins and outs of the distribution of income and wealth in the perspective of giving it a central place in economic theory and to restore its social dimension. JEL codes : D30, H20, 040
- Le capital-logement ne contribue-t-il vraiment pas aux inégalités ? : Réponse à O. Bonnet, P.-H. Bono, G. Chapelle et É. Wasmer (2014) - Guillaume Allègre, Xavier Timbeau p. 83-95 Dans une réponse au Capital au XXIe siècle de Piketty, Bonnet et al. (2014) affirment que le patrimoine immobilier devrait être valorisé différemment des autres types de patrimoine, en utilisant les loyers et non les prix de marché. Les auteurs concluent que le poids du capital est resté stable, ce qui contredit les conclusions de T. Piketty. Nous montrons que les auteurs minimisent la contribution du logement aux inégalités en faisant disparaître l'impact des gains en capital et de l'héritage sur les inégalités de revenu et de consommation. Nous soulignons une incohérence théorique dans l'argumentation des auteurs : ils valorisent le capital à la somme des valeurs actualisées des loyers, sous l'hypothèse que ce qui compte c'est le fait d'être logé ; puis utilisent un modèle dynastique dans lequel c'est le fait de transmettre la propriété et non le flux actualisé des loyers qui compte.Does housing wealth contribute to wealth inequality ?
In a response to Piketty's Capital in the twenty-first century, Bonnet et al. (2014) argue that housing wealth should be valued differently than other types of wealth, using rent and not market prices. The authors conclude that capital/income ratios have remained stable, which contradicts the conclusions of Piketty. We show that the authors minimize the contribution of housing to inequality by hiding the impact of capital gains and bequests on income and consumption inequality. We emphasize a theoretical inconsistency in the authors' main argument : they value housing capital as the sum of the present values of rents, under the assumption that what matters is the housing service, then they use a dynastic model in which what matters is the transmission of wealth. JEL :D31 ; D63 ; E01 - Les Français et la justice fiscale - Michel Forsė, Maxime Parodi p. 97-132 Cet article analyse les résultats d'un sondage d'opinions sur la fiscalité réalisé en France par la SOFRES en 2013. On y observe tout d'abord que les Français s'accordent à penser que les impôts et les taxes sont trop élevés en France en général ou en ce qui concerne ceux qu'ils payent eux-mêmes. Cette critique ne remet cependant pas radicalement en cause le consentement à l'impôt. Simplement, les plus démunis ont le sentiment d'être délaissés et de ne pas recevoir suffisamment en regard de ce qu'ils payent. Pour réduire les inégalités, la progressivité de l'impôt est considérée par une large majorité de Français comme un outil privilégié. Ce principe est partagé, même si c'est pour des raisons différentes, par les différentes catégories sociales ou opinions politiques. La critique de la fiscalité actuelle, l'injustice qui semble la caractériser, n'est pas faite au nom de la défense d'un intérêt personnel. C'est plutôt le fait que, d'une manière ou d'une autre, par des fraudes diverses, de trop nombreuses personnes échappent à l'impôt qui mine l'accord sur les principes fiscaux.The French and fair taxation
This article analyzes the results of a survey on taxation conducted in France by SOFRES in 2013. It first observes that the French agree that taxes and fees are too high in France in general or regarding those they themselves pay. This criticism does not, however, call into question the consent on taxation. Simply, the poor have the feeling of being neglected and not receiving enough compared to what they pay. To reduce inequality, progressive taxation is considered by a large majority of French as a preferred tool. This principle is shared, albeit for different reasons, by different social groups or political opinions. Criticism of the current fiscal unfairness is not made on behalf of the defense of self-interest. The agreement on tax principles is rather undermined by the fact that, in one way or another, by various frauds, too many people avoid taxes. JEL :D63, H31, Z13. - Réforme des retraites 2013 : La contribution implicite du pouvoir d'achat des retraités - Stéphane Hamayon, Florence Legros p. 133-149 Moins de trois années après la réforme des retraites de 2011, le gouvernement a procédé à de nouveaux ajustements, début 2014, devant aboutir à une réforme qualifiée de « pérenne et équitable » par ses promoteurs. L'article qui suit examine les hypothèses sous-jacentes au retour à l'équilibre prévu dans la réforme de 2014 ; elle procède aussi à une analyse de la sensibilité des résultats aux hypothèses macroéconomiques retenues. La seconde partie examine très précisément le rôle équilibrant de la détérioration du pouvoir d'achat des retraités et conclut sur des perspectives inquiétantes quant à ce pouvoir d'achat.2013 pension reform
Less than three years after the last reform that took place in 2011, the French government proceeded to new adjustments, early in 2014, and qualified the reform as a durably sustainable and fair reform. This paper examines the underlying assumptions that are leading to the pension scheme balance and also proceeds to a sensitivity analysis to the macroeconomic hypothesis. The second part examines rather precisely the how the retirees' purchasing power decrease participates in the pension scheme re-balance. It also concludes that this decrease in the retirees' purchasing power is somehow concerning. Classification JEL : E17, H55, I38, J11. - Revisiting the Greenbook's relative forecasting performance - Paul Hubert p. 151-179 Since Romer and Romer (2000), a large literature has dealt with the relative forecasting performance of Greenbook macroeconomic forecasts of the Federal Reserve. This paper empirically reviews the existing results by comparing the different methods, data and samples used previously. The sample period is extended compared to previous studies and both real-time and final data are considered. We confirm that the Fed has a superior forecasting performance on inflation but not on output. In addition, we show that the longer the horizon, the more pronounced the advantage of Fed on inflation and that this superiority seems to decrease but remains prominent in the more recent period. The second objective of this paper is to underline the potential sources of this superiority. It appears that it may stem from better information rather than from a better model of the economy. JEL Classification: E52, E58, E37
- Politique budgétaire et stabilité macroéconomique en Union économique et monétaire : Le cas de l'UEMOA - Mamadou Diop, Adama Diaw p. 181-209 Cet article met en évidence les fonctions de réaction de l'activité économique des pays de l'UEMOA à la suite des chocs budgétaires à travers un modèle vectoriel auto-régressif structurel (SVAR) à 2 décalages. Il montre ainsi comment les chocs de politique budgétaire se propagent dans l'activité économique des États de l'Union et tente à cet effet de ressortir ses mécanismes de transmission. Face au Pacte de convergence, de stabilité, de croissance et de solidarité adopté en 1999, cette étude apporte quelques réflexions pour l'amélioration de la stabilité macroéconomique dans la zone UEMOA et évalue, de ce fait, la capacité des finances publiques des États de l'Union à atténuer les chocs conjoncturels.Fiscal policy and macroeconomic stability in economic union and monetary
The aim of this paper is to shed light on to reaction functions of economic activity in WAEMU (West African Economic and Monetary Union) countries following government spending shocks through a two gaps structural vector autoregressive model (SVAR). We show how fiscal policy shocks spread into economic activity of the States of the Union and we attempt to draw transmission mechanisms. In the context of the adoption of the Convergence, Stability, Growth and Solidarity Pact in 1999, our study provides a few recommendations for the improving macroeconomic stability in WAEMU, thus evaluating the capacity of public finances of the WAEMU members to accommodate cyclical shocks. Code JEL : E6, C5