Contenu du sommaire : L'Amérique du Nord, versant sud
Revue | Politique Américaine |
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Numéro | No 25, février 2015 |
Titre du numéro | L'Amérique du Nord, versant sud |
Texte intégral en ligne | Accessible sur l'internet |
- Éditorial - Alexandra de Hoop Scheffer, François Vergniolle de Chantal p. 5-7
- Introduction : L'Amérique du Nord, versant sud - James Cohen p. 9-17
- L'ALENA fête ses 20 ans : fondement de l'intégration économique nord-américaine ou victime du repli national ? - Earl Fry, Laure Géant p. 19-35 Il y a eu historiquement beaucoup de résistance, au Canada et au Mexique, à l'idée d'un accord de libre-échange avec les États-Unis. L'entrée en vigueur de l'ALENA a donc constitué un saut important pour la région. Grâce à l'ALENA le commerce et les investissements se sont multipliés au sein de la région et ont ouvert la voie à une forme approfondie d'intégration, bien que le volume des voyages entre les pays n'ait pas augmenté au même rythme. Les mesures sécuritaires prises après le 11 septembre 2001 ont eu pour résultat une « décennie perdue » de régression pour le commerce et de stagnation de l'intégration régionale. L'appareil de sécurité territoriale étatsunien (Homeland Security) agit toujours comme un frein à l'intégration. Une mentalité de forteresse continue de régner aux États-Unis vis-à-vis des voisins. Afin d'être à la hauteur des défis dans un monde toujours plus complexe et compétitif, les trois pays ont besoin de promouvoir plus d'intégration régionale, plus de mobilité des personnes, plus d'autonomie des régions au sein des États, un plus grand rôle pour les acteurs de la société civile. Une grande initiative en faveur de l'« ALENA-Plus » s'impose pour lancer un tel processus. Contrairement à ce que pensait Robert Pastor, il n'y aura pas de monnaie commune et la perspective d'une identité collective régionale reste lointaine, mais les possibilités de décloisonnement économique restent immenses.NAFTA at 20 : Foundation for North American Economic Integration or Victim of Political Parochialism ?
Historically there was much resistance, both in Canada and in Mexico, to the idea of a free-trade agreement with the United States ; it was a major breakthrough when both countries overcame their reticence. With NAFTA, trade and investments have multiplied and opened the way to a deeper form of integration, although travel between the countries has not grown nearly as fast. The security measures taken as a result of 9/11 resulted in a “lost decade” of regression for regional trade and stagnation of regional integration. The Homeland Security apparatus has continued to act as a brake on regional integration ; a fortress mentality continues to reign in relations between the U.S. and its neighbors. In order to rise to the challenge of an ever more complex and competitive world environment, the three countries need to push for greater integration, greater mobility of persons, greater autonomy of regions within the three federal systems, and a greater role for civil society actors. A major political initiative to aim for “NAFTA-Plus” is needed to launch the process. There is no common currency on the horizon and the idea of a common identity is still very far off, but the possibilities for breaking down economic bearers remain immense. - Le Mexique dans l'ALENA : intégration, dépendance et subordination économique - Ilán Bizberg p. 37-52 Si l'économie mexicaine était déjà très liée à celle des États-Unis avant l'ALENA, cet accord a eu pour effet d'approfondir sa dépendance. La complémentarité entre les deux pays est asymétrique. L'accord a accéléré la constitution entre les deux pays d'une entité régionale fondée sur une commune structure économique, la circulation des migrants et de l'argent de leurs salaires ainsi que sur le trafic de drogues. L'ALENA a permis au Mexique de devenir un grand exportateur de biens manufacturés, mais, alors que le surplus du Mexique avec les États-Unis augmente continuellement, le déficit s'accroît avec le reste du monde, notamment avec la Chine. Tandis que les chaînes productives des produits exportés vers les États-Unis sont intégrées, ce n'est pas le cas pour les produits importés du reste du monde. L'ouverture indiscriminée de l'économie mexicaine a provoqué la destruction de pans entiers de l'industrie. Le déficit structurel de la balance commerciale implique une forte dépendance par rapport à l'entrée des capitaux, que ce soit sous la forme d'investissements productifs, de spéculation ou de dette. Une politique délibérée de bas salaires assure l'atonie du marché interne.Mexico in NAFTA – Integration, Dependency and Economic Subordination
While the Mexican economy was already closely tied to that of the U.S. before NAFTA, this agreement has deepened its dependency. The complementary relationship between the two countries is asymmetrical. The agreement accelerated the formation of a regional entity based on a common economic structure, the circulation of migrants, and the remittances they send home, as well as on drug trafficking. While NAFTA has allowed Mexico to become a major exporter of manufactured goods and its surplus with the U.S. has grown continually, its deficit with the rest of the world is growing. While the productive chains of products exported to the U.S. are integrated, that is not the case for products imported from elsewhere. The indiscriminate openness of the economy has provoked the destruction of entire sectors of industry. The structural deficit of the trade balance implies strong dependency on foreign capital, even of a short-term and speculative sort. A deliberate low-wage policy assures a feeble internal market. - L'ordre politique mexicain, la violence et le rôle des États-Unis. Un entretien avec John Ackerman - James Cohen p. 57-71
- Au-delà du spectacle de la frontière : lutte des classes transnationale et épuisement du régime de migration issu de l'ALENA - David Feldman, Jim Cohen p. 73-89 Il n'existe aucun cadre cohérent de réglementation des flux migratoires du Mexique vers les Etats-Unis, comme l'indique l'échec de la « réforme globale de l'immigration ». Cependant, un mélange de politiques – expulsions plus sélectives, visas de travail, régularisations sélectives – semble indiquer l'émergence d'un nouveau régime, hautement contradictoire, sous l'effet d'une lutte de classes transnationale.Beyond the Border Spectacle : Transnational Class Struggle and the Rise of a Neo-Guest Worker Program in the United States
There is currently no coherent framework of regulation for immigration from Mexico to the U.S., as the failure of “comprehensive immigration reform” illustrates. However, a new regime appears to be emerging through a combination of more selective deportations, work visas and selective regularization. This highly contradictory mix of policies is the effect of a transnational class struggle. - Le régime d'immigration des États-Unis : politiques migratoires, hégémonie, et mouvements sociaux - Mathieu Bonzom p. 91-112 Le « système d'immigration » des États-Unis est souvent considéré comme « en panne », mais cet article entreprend de rendre compte de sa dynamique politique et de ses implications pour les mouvements sociaux des immigrés. À partir des recherches contemporaines sur les politiques migratoires et sur les mobilisations d'immigrés et à la lumière de la philosophie politique d'Antonio Gramsci (concept d'hégémonie, notamment), il est possible de comprendre le régime d'immigration des États-Unis comme une synthèse instable mais fonctionnelle de demandes politiques en partie contradictoires, émanant aussi bien des élites économiques et politiques, que des opposants les plus déterminés à l'immigration de masse, ou des immigrés eux-mêmes. Inégalement satisfaisante pour les parties en présence, une telle synthèse favorise pourtant leur consentement à une même politique, qui entretient une large population d'immigrés aux droits plus ou moins limités, mais disposés à les attendre. Toute analyse des secteurs de la société civile et des mouvements sociaux qui concernent et impliquent les immigrés doit prendre en considération ce fonctionnement complexe, auquel il est plus difficile d'échapper que de contribuer. La théorie du régime d'immigration débouche donc sur un programme de recherche sur les organisations et mouvements pour les droits des immigrés qui envisage sous un jour nouveau l'influence de l'État et des secteurs dominants de la société.
The Immigration Regime in the United States : Immigration Policies, Hegemony and Social Movements
Although the U.S. immigration system is often described as “broken”, this article attempts to account for its political dynamics and its implications for immigrant social movements. Drawing on contemporary research on immigration policy and on immigrant mobilizations, as well as the political philosophy of Antonio Gramsci (in particular, the concept of hegemony), it is possible to understand the U.S. immigration regime as an unstable but functional synthesis of partially contradictory political demands formulated by economic and political elites, determined opponents of mass immigration and by immigrants themselves. Unequally satisfactory to these different parties, such a synthesis nonetheless favors their consent to a common policy, which maintains a large immigrant population with limited rights but who are disposed to wait. Any analysis of the sectors of civil society and social movements with a concern for immigrants must take into account this complex functioning, from which it is difficult to escape and to which it is difficult to contribute. The theory of the immigration regime opens the way to a research program on immigrants' rights movements and organizations that considers in a new light the influence of the state and the dominant sectors of society. - L'État mexicain aux États-Unis : des pratiques politiques extraterritoriales pour construire la nation ? - Françoise Lestage p. 113-125 L'État mexicain n'est pas engagé seulement par la voie de son dispositif diplomatique auprès de ses ressortissants émigrés aux États-Unis. Les autres niveaux de l'État le sont également, notamment les États fédérés qui, après avoir créé des agences publiques dédiées aux émigrés mexicains dans leurs capitales, générant ainsi un espace politico-administratif spécifique, établissent des bureaux dans plusieurs villes étatsuniennes et contribuent donc à prolonger la construction de la nation sur le territoire étatsunien. L'article s'attache à décrire la place des États fédérés mexicains dans le processus d'organisation extraterritoriale de la nation et son renforcement dans les années 2010.The Mexican State in the U.
S. : Extra-territorial Political Practices and National Construction
The Mexican federal state, with its diplomatic corps and infrastructure, is not alone in organizing activities directed toward emigrants in the U.S. Other levels of government are also involved, in particular various Mexican states which, after having founded public agencies dedicated to emigrants in their own capitals, have now established offices in several U.S. cities. This article highlights the place of the Mexican states in the extraterritorial organization of the Mexican nation and its reinforcement in the 2010's. Varia
- Politiques d'accueil, politiques de rejet : des « laboratoires » de gestion de l'immigration irrégulière existent-ils ? - Hilary Sanders p. 127-142 Depuis les échecs de la réforme du système d'immigration en 2006 et en 2007, un nombre croissant de gouvernements locaux tente de prendre en charge la gestion des quelque 11 millions de migrants irréguliers installés aux États-Unis. Pour ceux qui réclament davantage de fédéralisme dans le domaine de l'immigration, il s'agit d'une tendance démocratique prometteuse qui permet aux États et aux municipalités de formuler des réponses plus adaptées à leurs flux migratoires. Or, les possibilités d'expérimentation locale sont limitées à plusieurs niveaux : par l'État fédéral qui défend son autorité sur la citoyenneté et la régulation des frontières, par les agents de terrain qui se servent de leur marge de discrétion dans la mise en œuvre des politiques locales, et par les migrants eux-mêmes, qui ne réagissent pas toujours selon les prévisions des gouvernants. Une surestimation de l'autonomie des politiques locales de gestion de l'immigration irrégulière peut ainsi faire perdre de vue le fait que le risque de l'expulsion et les possibilités d'incorporation existent à travers le territoire étatsunien pour les migrants irréguliers.
Policies of Reception, Policies of Rejection : Are there “Laboratories” for the management of Undocumented Immigration ?
Since the failures of immigration reform in 2006 and 2007, a growing number of local governments have tried to assume the management of the estimated 11 million unauthorized migrants living in the United States. For those who call for a more developed system of immigration federalism, this is a promising democratic tendency that allows states and cities to create responses that are better adapted to their migratory flows. However, the possibilities for local experimentation are limited on several levels : by the federal government which upholds its authority over citizenship and border control, by street-level bureaucrats who use their margin of discretion in the implementation of local policies and by migrants themselves, who do not always react according to governmental predictions. Overstating the autonomy of local policies addressing unauthorized immigration can thus obscure the fact that the risk of deportation and the possibilities for incorporation exist for unauthorized migrants throughout the territory of the United States. - La victoire républicaine aux midterms de 2014 : peut-on parler d'une vague ? - Frédérick Gagnon p. 143-157 Analysant les résultats des midterms américaines de 2014, cet article répond à trois questions : comment expliquer la victoire républicaine ? Quel sera son impact sur le reste de la présidence Obama ? Et que signifie-t-elle pour le scrutin de 2016 ? L'article illustre que 2014 fut l'élection jumelle des midterms de 2010 à trois titres. D'abord, les victoires républicaines de 2014 et de 2010 furent occasionnées par des dynamiques et des facteurs semblables (impopularité d'Obama, difficultés de l'économie, etc.). Ensuite, 2014 donnera lieu à des relations aussi tendues entre la Maison-Blanche et le Congrès que celles qui ont suivi le scrutin de 2010. Enfin, tout comme 2010, 2014 indique que le GOP (grand Old Party) a intérêt à se distancier du Tea Party s'il souhaite reconquérir la Maison-Blanche lors des prochaines élections présidentielles.
The 2014 Midterms : What Republican Wave ?
Unpacking the results of the 2014 U.S. midterm elections, this article answers three questions : what explains the victory of the Republican Party ? ; what will be the impact of 2014 on the remainder of the Obama presidency ? ; what does 2014 mean for the 2016 election ? The article argues that 2014 was a redux version of the 2010 elections in three regards. First, the 2014 and 2010 Republican victories were caused by analogous factors and dynamics (Obama's low approval ratings, a struggling economy, etc.). Secondly, 2014 will produce similar tensions and gridlock between the White House and Congress than the ones that occured after 2010. Thirdly, like 2010, 2014 indicates that the Republican Party might need to depart from the Tea Party if it wishes to reclaim the White House in the next presidential elections.
- Politiques d'accueil, politiques de rejet : des « laboratoires » de gestion de l'immigration irrégulière existent-ils ? - Hilary Sanders p. 127-142
Compte-rendu d'ouvrages
- Compte-rendu d'ouvrages - p. 159-171