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Revue Revue Française de Science Politique Mir@bel
Numéro vol. 65, no 3, 2015
Texte intégral en ligne Accessible sur l'internet
  • Articles

    • Une autre représentation : Sur les pratiques d'acclamatio dans la France de la seconde à la troisième république - Olivier Ihl p. 381-403 accès libre avec résumé avec résumé en anglais avec indexation
      Le droit de vote n'est ni la première ni la seule forme de représentation politique. Au 19e siècle, sa prééminence lui est disputée par des pratiques qui ont pour nom pavoisement, illumination, hymne ou vivat collectif. Des formes collectives de résolution dont il est difficile rétrospectivement de comprendre la force ou le rôle, sauf à rappeler que la démocratie fut d'abord un gouvernement d'assemblée. Son électoralisation explique pourquoi on ne pavoise et acclame plus guère de nos jours. Cet article s'efforce de comprendre pourquoi, c'est-à-dire ce que ces formes d'expression politique nous apprennent sur la démocratie électorale. L'analyse sociohistorique apporte de précieuses connaissances. Elle montre notamment dans quels termes la représentation-mandat s'est distinguée de la représentation politique dans son ensemble.
      From bravos to ballots
      The right to vote is neither the first nor the only form of political representation. Over the course of the nineteenth century, disputes over its predominance occur between upholders of bunting flags, illuminations, anthems, and bravos. Their density and significance are retrospectively difficult to grasp. Democracy was first and foremost an assembly government. Elections then occulted flags and hurrahs as expressions of political support. This paper offers an understanding of what these “old” forms of political representation can teach us about electoral democracy. With a socio-historical perspective, it shows how the elected representation singled out from political representation in general, and how it gained autonomy by imposing ballots on bravos.
    • En parler ou pas ? : La place des enjeux environnementaux dans les programmes des grands partis de gouvernement - Simon Persico p. 405-428 accès libre avec résumé avec résumé en anglais avec indexation
      La politisation des enjeux environnementaux et le développement des partis écologistes à partir du début des années 1970 ont posé un défi aux grands partis de gouvernement : comment ont-ils répondu à ces évolutions ? Leur stratégie a-t-elle consisté à éviter la question de la protection de l'environnement, ou au contraire à se l'approprier, en s'efforçant de concurrencer les écologistes sur leur propre terrain ? Pour répondre à cette question, cet article étudie les variations de la visibilité de l'environnement dans les programmes électoraux de 58 grands partis de 20 pays de l'OCDE depuis le début des années 1960. Si notre étude vient confirmer l'augmentation significative de la place accordée à l'environnement sur la période, elle met aussi en évidence l'importance du positionnement sur l'axe gauche-droite et de la menace posée par des concurrents écologistes.
      To talk or not to talk about the environment ?
      The politicization of environmental issues and the development of green parties since the early 1970s have challenged the position of big governing parties : how have they reacted to this challenge ? Have they tried to dodge the new environmental questions, or have they rather fought the Greens on their own turf, by emphasizing these issues in their campaigns ? To answer those questions, this article studies the salience of the environment in the electoral manifestos of 58 parties in 20 OECD countries since the early 1960s. This work shows that the salience of the environment has strongly increased over the considered period ; it also sheds light on the role of the Left-Right positions and of the threat posed by green parties in explaining big governing parties' reactions.
    • Une transformation non consensuelle du jeu politique : Autorisation du multipartisme et alternance politique en Turquie (1945-1950) - Benjamin Gourisse p. 429-449 accès libre avec résumé avec résumé en anglais avec indexation
      L'article analyse les modalités de la transformation du régime de parti unique en régime multipartite en Turquie (1945-1950). Il fait l'hypothèse que la transformation ne s'est pas opérée sur les bases d'un consensus entre les concurrents politiques mais résulte d'adaptations du régime aux contraintes de l'après-guerre. L'autorisation du multipartisme ne s'accompagne ainsi d'aucune démarche visant à autonomiser les champs politique et étatique, et c'est la rupture des transactions collusives liant l'ancien parti unique et des secteurs stratégiques de l'État qui rend possible l'alternance en 1950. Le cas turc permet donc de restituer la complexité des configurations politiques pluralistes et oriente vers une démarche analytique multisectorielle attentive aux interactions observables entre agents situés dans de multiples sites de l'espace social.
      Non-consensual transformation of the political game
      The paper analyzes the transformation of the one-party system in multi-party system in Turkey between 1945 and 1950. It shows that this transformation was not made on the basis of a consensus among political competitors. It consists of successive adaptations of the former single party to deal with the constraints of the postwar period. It was accompanied by no steps to disembed political and state fields. This is then the breaking of collusive transactions that linked the former single party and strategic sectors of the State which has made possible the change in power through the ballot box in 1950. Consequently, the Turkish case allows analyzing the complexity of pluralist political configurations and encourages a multi-sectoral analytical approach attentive to the interactions between actors located in multiple social fields.
  • Controverse

    • Systèmes partisans compétitifs : Quelle divergence entre Duverger et Sartori ? - Miroslav Novák p. 451-471 accès libre avec résumé avec résumé en anglais avec indexation
      Ce texte réfute le « sens commun » selon lequel Duverger se contenterait d'une classification banale des systèmes partisans pluralistes (bipartisme-multipartisme). On montre ici, entre autres, que : 1/ dès 1951, Duverger propose une typologie plus raffinée des systèmes partisans qui ressemble à la typologie postérieure de Sartori ; 2/ à l'encontre de ce qu'affirme Hazan, la conception du « paradoxe du centre », formulée par Duverger dès 1951, est tout aussi « contre-intuitive » que la conception de Sartori ; 3/ à l'instar de Sartori, Duverger met l'accent sur le « fonctionnement » des systèmes partisans, mais Sartori a essayé de se démarquer de Duverger en assurant que son approche est profondément divergente ; 4/ il faut revoir nos schémas de l'évolution de la science politique et reconnaître l'apport fondamental de Duverger à la théorie des systèmes partisans.
      Competitive party systems
      This text refutes the conventional wisdom that Duverger's classification of pluralistic party systems is simplistic because it recognizes only bipartism and multipartism as categories. It indicates that : 1. By 1951, Duverger had already introduced a more sophisticated typology of pluralistic party systems, one which resembled the later one by Sartori ; 2. Duverger authored the concept of the “paradox of the centre”, that is no less “counter-intuitive” compared to Sartori's concept ; 3. Like Sartori, Duverger puts emphasis on the “functioning” of party systems ; Sartori, however, dissociated himself from Duverger and tried to propagate the belief that his approach is fundamentally different from Duverger's ; 4. It is necessary to revise the simplistic understanding of the development of political science and to recognize Duverger's contribution to the theory of party systems as fundamental.
  • Chronique bibliographique