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Revue Annales de géographie Mir@bel
Numéro no 647, 2006/1
Texte intégral en ligne Accessible sur l'internet
  • L'éternel retour du Corridor Rhin-Rhône - Raymond Wœssner p. 2-25 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
    Résumé Le Corridor Rhin-Rhône (CRR) constitue un axe identifié par deux projets, une ligne à grande vitesse ferroviaire (LGV) et un canal à grand gabarit. Dans le cadre d'un aménagement du territoire octroyé par l'État, ces projets sont en débat depuis des décennies. Aujourd'hui, ils s'inscrivent dans les nouvelles formes de la gouvernance des territoires. De nouveaux acteurs ont émergé, cherchant à promouvoir tantôt une partie, tantôt l'ensemble du CRR à travers un dialogue avec l'État. La problématique de l'axe de transport s'inscrit dans les capacités des villes et des acteurs économiques à se fédérer et à donner un sens à leurs projets. De taille relativement modeste et marquées par des industries fordistes tenues de l'extérieur, les villes du CRR manquent de fonctions supérieures. Cette région de marge, relativement à l'écart des métropoles et divisée en plusieurs entités qui ont seulement commencé à se découvrir mutuellement, constitue un espace test, aussi bien pour la gouvernance locale que pour l'évolution des relations entre l'État français et ses régions. Si le CRR parvient à mener ses projets à bien, alors il aura su construire un système territorial inédit.
    The Rhine-Rhone Corridor (RRC) is a major transportation axes associated with two important projects: a high speed train line and a large water canal. The region has been waiting for long for their realization and there are indications that the new territorial governance is looking after them. Indeed, local and regional players are showing up in bigger numbers, they try to renew talk with the central government to discuss the projects. A new RRC may emerge trough a clustering around industrial development and town associations. But the RRC region remains divided into many regional entities which have only recently started to establish a common relationship. It is still a marginal region, away from real metropolitan services, but it is also a testing region: if the RRC projects go through, a new regional system will emerge.
  • Les recompositions territoriales face à la faible densité: comparaison des « pays » aquitains et des comarcas aragonaises - Sylvie Clarimont, Julien Aldhuy, Olivier Labussière p. 26-48 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
    Résumé La dernière décennie est marquée par l'essor de la coopération intercommunale en France comme en Espagne. Ces regroupements de communes sont de nature variée en France (SIVOM, SIVU, communautés de communes ou «pays» constitués autour de la promotion d'un projet collectif de développement) ce qui pose de nombreux problèmes (juxtaposition de zonages, lisibilité réduite…). En revanche, dans certaines régions espagnoles (Catalogne, Galice, Aragon…), la comarca s'impose comme l'unique échelon intermédiaire entre la région et la commune. En quoi ces nouvelles politiques de recompositions territoriales sont-elles susceptibles de répondre à la question de la faible densité? Malgré le manque de recul lié au caractère récent et encore embryonnaire du découpage en pays et comarcas, l'article se propose d'apporter quelques éléments de réponse à partir de la comparaison de deux pays du sud-ouest français et de deux comarcas aragonaises.
    The last decade has been marked by the rise of intercommoned cooperation in both France and Spain. These regroupings of communes took various forms in France : SIVU, SIVOM, all communities of communes or "pays" built around the promotion of a collective project of development. They induce many problems, such as the juxtaposition of zonings and a more difficult reading of the regions' intricacies. Differently, in certain Spanish regions, among others Catalonia, Galicia, Aragon, the “comarca” has become the only intermediate level between region and communes. How are these two models of territorial reconfigurations likely to solve the low density problem? We obviously need more time to answer appropriately this question ; nevertheless, in comparing the “pays” and “comarcas” processes, this article explores some elements of the answer.
  • Ruptures économiques sans ruptures sociales: le maraîchage et la santé des paysanneries sénoufo entre résilience et vulnérabilité - Audrey Fromageot, Philippe Cecchi, Florence Parent, Yves Coppieters p. 49-68 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
    Résumé Dans les années 1990, la généralisation du maraîchage à des fins commerciales dans les savanes sénoufo du nord de la Côte-d'Ivoire et de l'ouest du Burkina Faso vérifie les capacités des sociétés rurales à surmonter de nouvelles incertitudes. Pratiqué pendant la saison sèche par des exploitants individuels, le maraîchage participe à la multiplication et à la diversification des activités personnelles rémunératrices. Il est majoritairement investi par les cadets de famille: les femmes et les jeunes hommes. Leurs revenus personnels et la baisse des budgets familiaux entraînent une nouvelle donne des rôles individuels dans la prise en charge de dépenses collectives, en particulier de santé qui ne sont plus assurées exclusivement par les responsables familiaux. Ces transformations à la fois agricoles, économiques et sociales engagent une réflexion sur la notion de résilience, d'usage croissant dans les sciences sociales. L'analyse fine des pratiques des acteurs souligne l'intérêt de renouveler les notions fréquemment opposées de résilience et de vulnérabilité. Il en est proposé une acception élargie, relative et combinée, pour saisir les nouveaux enjeux des mutations des sociétés et des espaces ruraux en Afrique de l'ouest.
    The generalization of market-gardening that occurred in the Senoufo savannahs of the North of the Ivory Coast and the West of the Burkina Faso in the 1990s, has confirmed the rural societies' ability to overcome uncertainties. Practiced by individual farmers during the dry season, market-gardening activities take part in a multiplication and diversification process of personal profit-making. It is mainly practiced by women and young men, who do not occupy the leading parts in their respective families. In the context of a diminished family revenue, their incomes have radically changed individual involvements in the collective expenses, especially in health care, which family leaders are no longer exclusively in charge. Such transformations, concerning not only agriculture but also the economy and the society in general, have triggered a reflection on the notion of resilience, increasingly used in the social sciences. A detailed analysis of the various practices of market-gardening enhances the interest of considering anew the often opposed notions of resilience and vulnerability. More extensive and complex meanings are needed to embrace the new issues at stake in the mutation of rural societies and spaces in West Africa.
  • Le foncier urbain en Afrique: entre informel et rationnel, l'exemple de Nouakchott (Mauritanie) - Armelle Choplin p. 69-91 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
    Résumé À la fois enjeu, source de tensions et de rente, le foncier urbain est aujourd'hui incontournable pour comprendre les dynamiques et mutations des villes d'Afrique. À travers l'exemple de Nouakchott, capitale de la Mauritanie, ce papier présente les stratégies d'acteurs, les réseaux et autres liens qu'entretiennent le politique et l'urbain. Créée ex-nihilo en 1957, Nouakchott compte aujourd'hui près d'un million d'habitants. Dans cette partie du Sahara, l'explosion urbaine a entraîné une pression sur l'espace et une anarchie généralisée. Les autorités ont tenté de maîtriser cette urbanisation, notamment en contrôlant l'accès au sol. De nombreuses lois ont à ce titre été publiées mais, d'un point de vue pratique, elles sont souvent transgressées. Les habitants ont intériorisé cette législation dense mais ils la contournent, selon certains codes et logiques. «Informalisation» et illégalité entourent donc la question foncière. Au final, ce secteur relèverait d'«un informel rationalisé».
    Source of conflicts as well as of revenues, urban land has become the inevitable prism to understand the dynamics and mutations at play in the African cities. Through the example of the Mauritanian capital, Nouakchott, this article focuses on the actors' strategies, for one part, and on the networks and links existing between politics and urbanization, on the other. Created in 1957, Nouakchott is today inhabited by one million persons. In this section of Sahara, urban sprawl leaded to a general anarchy in spatial use. Authorities have intended to control urbanization, notably by limiting land access. Several laws have been published but, actually, they are frequently ignored. People know the legislation, but they also learnt how to infringe it, in following a few codes and ways of doing. Misinformation and illegality are thus linked to the urban land question. At the end, it can be called a rational informal sector.
  • La petite industrie rurale indienne et l'enjeu du développement : Évolution des politiques et pertinence actuelle - Hélène Guétat-Bernard, Loraine Kennedy p. 92-112 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
    Résumé Le retour au pouvoir d'un gouvernement de centre-gauche en Inde est l'occasion de revisiter la politique de soutien au petit secteur industriel rural. Dès les années 1950, cette politique est reconnue dans le champ des débats sur le développement comme innovante car elle se préoccupe très tôt de la meilleure articulation possible entre la valorisation de pôles de croissance et le souci de prise en considération du poids économique et social de ce secteur majeur d'emplois. C'est donc tout à la fois dans le cadre de l'articulation intersectorielle (agriculture/industrie, petite et grande industrie mais aussi petite industrie traditionnelle et moderne) que dans celui de la prise en considération de l'importance de ces activités comme soutien des grands équilibres démographiques qu'il est intéressant aujourd'hui de rouvrir le débat sur la place de la petite industrie rurale dans l'enjeu du développement. En s'appuyant sur les trois temps de l'encadrement de ce secteur et en les articulant avec les paradigmes de l'économie politique, nous montrons que c'est le projet du développement territorial national qui est questionné. Dans le cadre de l'inscription de l'économie indienne dans la mondialisation, ce débat permet de revenir sur l'évolution contemporaine qui s'accommode aujourd'hui d'une forte hiérarchisation spatiale.
    Since coming to power in 2004, the coalition government of India, led by the Congress Party, has reiterated its commitment to deliver "development with a human face" and to address in particular the needs of the rural poor, largely excluded from the gains of faster growth during the last decade. This political context provides the backdrop for this study of development strategies designed to support rural small-scale industries, and their spatial implications. Using an historical perspective, three major periods are identified, starting with the policies of the 1950s which are considered quite innovative because of their comprehensive approach, notably their attention to balanced regional development, while promoting growth poles. The focus of these policies on inter-sectorial linkages (between agriculture and industry, between large- and small-scale industries, and also between traditional and modern types of small-scale manufacturing), as well as their consideration of broad demographic issues (e.g. migration, urbanisation) justify revisiting the debate on the role of small-scale industries within an overall development strategy. The major components of these polices are analysed for each period and situated with respect both to major development paradigms and to broad national development goals, taking into consideration their spatial repercussions. For instance, starting in the mid-1980s there was a gradual shift in the focus of support measures in favour of the more competitive segments of the small-scale sector, a decision which benefited the "modern" units, more likely to be located in urban areas, and more integrated into national and international markets than the "traditional" sector. The major relevance of this discussion is that it allows new insights into India's current political economy, at a time when it is pursuing market reforms and becoming increasingly integrated into global economic processes. It underscores the challenges facing policy-makers who are committed to promoting competition in the country, and who recognize at the same time that current industrial development, characterised by spatial polarisation, is increasingly marginalizing many regions and their populations.