Contenu du sommaire
Revue | Annales de géographie |
---|---|
Numéro | no 689, 2013/1 |
Texte intégral en ligne | Accessible sur l'internet |
Articles
- Le patrimoine comme chronogenèse. Réflexions sur l'espace et le temps - Stéphane Héritier p. 3-23 Le patrimoine est devenu un terme particulièrement utilisé dans le vocabulaire politique et culturel tout autant qu'il est devenu très usité dans le monde académique. De l'avis de bien des auteurs, tout serait devenu patrimoine. Certains s'inquiètent de cette inflation patrimoniale, considérée comme un symptôme d'un nouveau rapport au temps présent. Cette contribution tente de montrer, en partant du champ d'investigation travaillé par les géographes, que toutes ces approches peuvent en réalité être reconsidérées de manière plus globale. Ce texte pose l'hypothèse qu'elles s'inscrivent dans une chronogenèse, c'est-à-dire une mise en récit des éléments épars grâce à la création d'un discours caractérisé par une accumulation de signes et d'éléments permettant de penser et de se représenter linéairement l'image-temps. En s'inspirant notamment du travail engagé par P. Ricœur sur la notion de temporalité, ce texte défend l'idée que les éléments patrimonialisés participent d'une logique de mise en intrigue, et plus largement d'une mise en cohérence d'éléments hétérogènes, servant à articuler des récits. Ceux-ci autorisent à repenser une certaine unité de l'histoire de l'humanité dans son rapport au monde physique.Heritage as a “chronogenesis”. Reflections on space and time Heritage has become a very common term in political and cultural discourse, as well as a widely used term in the academic world. Numerous authors have pointed out that everything has become heritage, and expressed concern that such terminological inflation can be seen as a symptom of a new relationship to the present. Based on investigations conducted primarily by French geographers, this paper explores this academic research as revealing a process of “Chronogenesis” (Chronogenèse) : in this, scattered elements are embedded into a narrative, creating a discourse characterized by an accumulation of signs and elements that allows a linear conception and representation of the image and time. Inspired by the work of P. Ricœur on the notion of temporality, this article defends the idea that the language of heritage is emplotted by creating coherence out of heterogeneous elements. This process allows the connection of narratives which make it possible to reconsider a certain unity of the history of mankind in its relationship to the physical world.
- Périphéries exploitées ou relais indispensables ? Les petites villes du département d'Izmir (Turquie) dans le projet métropolitain - Benoît Montabone p. 24-46 La croissance urbaine récente et rapide de la Turquie a entraîné un bouleversement des formes et des fonctions des petites villes. Le département d'Izmir connaît un processus de métropolisation qui laisse a priori peu de place aux niveaux intermédiaires de la hiérarchie urbaine, difficiles à identifier. Pourtant, des pôles autonomes existent du fait de dynamiques locales endogènes ou de décisions étatiques qui passent par-delà le niveau métropolitain. Quatre catégories de petites villes sont identifiées, à savoir les relais résidentiels sous influence immédiate de la métropole (Menemen, Urla), les bases productives exploitées au bénéfice de la ville-centre (Aliağa, Torbalı), les porteurs d'image indispensables mais indépendants (Çeşme, Selçuk) et les centres ruraux servant de relais dans la polarisation de l'arrière-pays égéen (Tire, Ödemiş). En parallèle, le processus de régionalisation entraîne une redéfinition du rôle des villes périphériques par rapport aux centres métropolitains, dans la mesure où les plans de développement régionaux ne laissent que peu de place aux villes relais. Interroger la place des petites villes dans le projet régional permet ainsi de remettre en question la délimitation régionale nouvellement mise en place qui partitionne la région métropolitaine d'Izmir.Role and functions of small towns in the metropolitan project of Izmir, Turkey Morphologies and functions of small towns in Turkey have been deeply transformed by the country's recent fast process of urban growth. Metropolization of the city of Izmir has absorbed or left apart many small urban settlements. The urban hierarchy of the province is therefore experiencing a huge transformation, under the influence of the city of Izmir itself, but also of local dynamics and/or State- determined political decisions. À typology of small towns in Izmir province has been defined : residential towns under direct influence of the metropolis (Menemen, Urla), industrial settlements as outlying centres of production for the neighbouring main towns (Aliağa, Torbalı), independent carriers of regional image such as international heritage sites (Çeşme, Selçuk), and rural towns acting as small urban centres in Izmir's hinterland (Tire, Ödemiş). Meanwhile, a regionalization process is transforming the role of the small towns in the local urban hierarchy, because the latter is not given any specific treatment in the regional development plan. Assessing the role of the small towns in the metropolitan project of Izmir reveals the incoherence of the new regional delimitation system and the ambiguities of the public policies for metropolitan development in Turkey.
- La Bolivie, sa mer perdue et la construction nationale - Laetitia Perrier Bruslé p. 47-72 L'année 2011 a été marquée en Bolivie par le retour d'une revendication maritime plus combative. Le pays a perdu, lors de la guerre du Pacifique (1878-1879) qui l'opposa au Chili, sa façade Pacifique au bénéfice de ce pays voisin. En 1904, le traité de Paix et d'Amitié entérinait juridiquement cette perte territoriale. La Bolivie devenait le seul pays andin sans façade pacifique : un pays littéralement méditerranéen, au milieu des terres, pour reprendre l'adjectif le plus souvent employé pour caractériser l'enclavement bolivien. Cette perte du littoral devait marquer jusqu'à aujourd'hui la société bolivienne. La revendication maritime, c'est-à-dire la demande de récupération d'une façade maritime, structure l'imaginaire bolivien et sert de support à la construction nationale. Cet article propose une analyse du retour de la revendication maritime, dans un contexte institutionnel et idéologique nouveau. Depuis 2009, la Bolivie se définit comme un État plurinational et semble avoir abandonné l'équation qui lie la possibilité d'un État bolivien à l'existence d'une nation unique. Dans un deuxième temps, la réflexion se concentre sur la fonction de la mer perdue dans la constitution de la mémoire territoriale bolivienne et sur les moyens mis en place pour construire le dispositif mémoriel commun à tous les Boliviens.Bolivia, its lost sea and national construction In Bolivia, the year 2011 was characterized by the return of a combative approach to a maritime territorial claim. The country lost its Pacific coastline during War of the Pacific (1878-1879) which set Bolivia and Peru against Chile. In 1904, a treaty legally ratified this territorial loss. Bolivia became the only Andean country without a Pacific coastline, a country literally Mediterranean in the sense that it is surrounded by land. Although this territorial loss dates quite far back, it has continued to have a "strong emotional impact that influenced Bolivia until today." (Mesa, Gisbert and Mesa Gisbert 2001:529). The maritime claim, the request for recovery of a coastline, structures Bolivian national imagination and provides support to national construction. This article provides an analysis of this return of the maritime claim, at a time when Bolivia, as a Plurinational State, should have changed his nationalist posture. In a second step, the examination focuses on the function the lost sea has in shaping the territorial memory of Bolivia and the means set up to build the memorial device common to all Bolivians.
- L'entrepreneur et le territoire : une lecture culturelle et multiscalaire de l'ingénierie informatique en Inde - Divya Leducq p. 73-94 Cet article propose de raisonner sur la réciprocité des rapports économie-territoire à partir de la figure de l'entrepreneur dans une puissance émergente, l'Inde. Le but est d'offrir une réflexion sur la capacité de produire, d'attirer ou de retenir des créateurs d'entreprises pour des métropoles régionales situées en Inde du sud, la partie économiquement la plus dynamique du pays. Ainsi, la problématique socio-économique de la création de Sociétés de Services en Ingénierie Informatique interroge la localisation, l'évolution spatiale et l'ancrage des activités de hautes technologies extrêmement labiles. L'article se structure en trois parties. La première dresse à la fois le contexte méthodologique de l'enquête sur l'entrepreneur socialisé et le contexte empirique et culturel du corpus de l'étude. La seconde partie permet de répondre aux questions pourquoi, comment et avec qui entreprend-t-on dans une activité mondialisée – les TIC – en Inde. Enfin, la dernière partie s'attache à décrypter les processus de localisation, d'ancrage et de déploiement régional et urbain, aux prises entre des territoires et des réseaux, à partir d'un regard porté sur trois métropoles régionales de l'informatique.The entrepreneur and territory : a cultural and multi-scale study of ICT services in India This paper aims to examine reciprocity in the relationship between firms and territory, taking the entrepreneur as an emblematic figure in India, an emerging giant. The purpose is to contribute to the debate regarding the capacity tier-two cities have for producing, attracting or keeping business creators, in Southern India, economically the most dynamic part of the country. Through the socio-economic issue of starting a Software and Computing Services Company, we investigate the geographical issues of location, spatial evolution and anchorage of the so-called “footloose” high-tech activities. This paper is organized according to the following outline. The first part sets out the study's methodological context and the empirical and cultural background to the body of research involved. The second part allows us to answer the questions why, how, and with whom do Indian entrepreneurs decide to create their own business in the strongly globalized Information and Communication Technologies sector. The last part elucidates processes of location selection, anchorage and spatial display between territories and networks, from three regional metropolitan areas with a strong ICT sector.
- Le patrimoine comme chronogenèse. Réflexions sur l'espace et le temps - Stéphane Héritier p. 3-23
Note
- Le projet de LGV Bordeaux-Toulouse : des perceptions territoriales différenciées - Florence Laumière, Jean-Pierre Wolff p. 95-107
Au fil de l'actualité
- Les deux options métropolitaines des politiques de développement territorial - Ludovic Halbert p. 108-121
Une rencontre avec...
- Guy Di Méo, Les Murs invisibles - p. 122-127