Contenu du sommaire : Lieux et liens familiaux
Revue | Cahiers critiques de thérapie familiale et de pratiques de réseaux |
---|---|
Numéro | no 37, 2006/2 |
Titre du numéro | Lieux et liens familiaux |
Texte intégral en ligne | Accessible sur l'internet |
- Lieux et liens familiaux : Introduction - Édith Goldbeter-Merinfeld p. 5-8
Dossier
- Le lieu et le lien - Alain Boyer p. 9-16 « Loin des yeux, loin du cœur », le proverbe fait croire que le lieu serait à l'origine du lien. Il n'en est rien. C'est le lien qui donne au lieu sa qualité : ici, où nous sommes ; là, où vous êtes ; là-bas, où règne l'indifférence. Néanmoins, le lieu est nécessaire au lien : comment recevoir si nous ne sommes nulle part, comment rendre visite si vous n'êtes nulle part ?“Far from the eyes, far from the heart.” This French proverb leads to think that the lieu would be at the origin of relation ties. But nothing is less true. It is the tie that qualifies the place: here, where we are; there, where you are; elsewhere where indifference reigns. Nevertheless the place is a necessity to relation ties: after all, how can we welcome you if we are nowhere, and how can we visit you if you are nowhere?
- Dans la peau de la maison - François Vigouroux p. 17-21 RésuméLa maison fait partie de l'identité de son occupant ; en même temps, ce dernier établit avec elle un lien dont la fonction est hautement significative : de mère, de père, de transformation...Home is part of the identity of the people who live in. They establish with their house ties which function is highly significant: mothering, fathering or transformational functions...
- L'inconscient de la maison et la famille - Alberto Eiguer p. 23-33 L'auteur expose son point de vue sur les vécus de l'espace habité qu'il estime étroitement liés à une configuration inconsciente, « l'habitat intérieur ». Celle-ci fonctionne comme une synthèse de la représentation du corps propre et de la groupalité inconsciente, ce qui la prédispose fortement à l'intersubjectivité entre les membres de la famille. Il relève en particulier les traces que l'affectivité et la mémoire laissent sur les objets, les meubles et les murs. Les actions que les personnes accomplissent dans la maison ainsi que les mouvements qu'elles donnent aux objets (« on joue avec ») enrichissent constamment l'habitat intérieur. L'auteur illustre à l'aide du récit d'une expérience vécue au cours de son enfance, une manière de modifier la représentation des frontières de sa propre maison.The author considers that the experience of housing is closely related to an unconscious pattern: the “internal habitat”. This pattern works as a synthesis of real body image and representations of the unconscious group and predisposes strongly family members to inter-subjectivity. The author focuses on the tracks made by affectivity and memory on objects, furniture and walls. The actions made by people in the house, and the moves induced by them in objects (“they play with its”) enrich constantly the internal habitat. The author uses a personal experience made during his childhood to show a way to modify the image of his own home's representation.
- Maisons et liens familiaux - Édith Goldbeter-Merinfeld p. 35-53 Les lieux de vie sont chargés affectivement : ils sont objets de partage et de transmission. Ils sont organisés d'une manière qui reflète les relations entretenues entre leurs habitants, et avec l'extérieur. Les maisons constituent en quelque sorte une métaphore du vécu familial.Places where we live are emotionally loaded: they are subjects of share and transmission. Houses are organized in a way reflecting partly the relational patterns settled between their inhabitants and partly between their inhabitants and outsiders. Houses figure a kind of metaphor of family experiences.
- Maison, maisonnée et famille : trouver sa place - Yveline Rey p. 55-72 Ce texte se propose d'examiner les territoires familiaux à partir de la notion de place (réelle et symbolique). Trouver sa place, prendre ou faire sa place dans la famille, la maison, la maisonnée contribue à la construction du sentiment de soi. À partir de nombreuses illustrations cliniques seront abordés les liens entre place, maison, maisonnée, famille, entre place et usurpation, entre place, pouvoir et puissance. Faire sa place est une question qui relève autant du générationnel que du trans-générationnel.This paper proposes to examine family territories from the notion of place. Finding a place, taking place or making one's place in a family, in a house or in a household participate to the construction of the feeling of what happens. Various clinical situations will illustrate the link between place, house, household and family, between place and usurpation, between place, power and authority. Making one's place is as well a generational question as an inter-generational one.
- L'institution : quand on n'a plus que son lit comme cabane ! - Jacques Pluymaekers p. 73-83 L'espace est une de ces dimensions dont ni la famille ni l'institution ne peuvent faire l'impasse. Toutes deux ne trouvent à s'inscrire dans la réalité qu'à travers des dispositifs spatiaux, architecturaux et réglementaires.Ces dispositifs ne sont pas neutres ou simplement organisationnels. Pour les membres de ces systèmes, ils représentent des lieux où les liens affectifs et l'identité sont mis en jeu pour le meilleur ou pour le pire.So as the family, the institution has to organize itself in relation with space. These two systems settle in the reality trough architectural setting and rule's setting. These settings are not neutral or simply organizational. For the members of these systems, they represent places where emotional bonds and identity are at work for the worth and the best.
- Conflits de couples : le modèle de la territorialité humaine - Alfons Vansteenwegen p. 85-105 Depuis 1972, nous avons utilisé le modèle de la territorialité humaine dans nos thérapies de couple qui se déroulent en clinique de jour durant trois semaines. Cette modalité thérapeutique comprend des moments didactiques en petit groupe de trois ou quatre couples, des exercices et des séances de thérapie de couple pour chaque couple suivi alors séparément.Après une brève introduction théorique et la description de notre modèle d'intervention, nous présentons les lignes directrices de son application.Since 1972 we use the model of human territoriality in our couple's therapies that are settled in a three-weeks day care. This approach contends didactical periods for small groups of three or four couples, exercises and couple therapy sessions for each couple separately.After a short theoretical introduction and the presentation of our model, we present a guideline of its application.
- Quitter les lieux... - Marie-Annick Grima p. 107-120 Quitter les lieux s'actualise à travers l'acte de migrer. Cet acte met en scène la perte de la terre et métaphorise par ailleurs la perte des liens. Les êtres alors sont en rupture de monde, d'histoire et de famille. Au-delà de la perte et de la rupture provoquée, dans certaines situations, cet acte prend sens dans une histoire familiale marquée par des événements traumatiques. Il est alors attendu de la migration qu'elle mette un terme à une histoire qui n'en finit pas de se répéter. Mais sans rituel organisé, la migration ne peut suffire à cette fonction.Leaving places take places through migration. This action enacts loosing of territory and is a metaphor for loosing of bound. People experience a break with their world, history and family. In some situations, beyond loss and rupture, this action has sense in a family history that includes traumas. One expects migration to give an end to a history that continues to repeat itself without end. But, without organized rituals, migration fails to fulfill this function.
- Devenir mère : transformations des liens et des lieux familiaux lors des grossesses survenant à l'adolescence - Cindy Mottrie, Lotta de Coster, Isabelle Duret p. 121-137 Comment les adolescents s'inscrivent-ils aujourd'hui dans leurs lieux familiaux ? Quelles sont leurs représentations de la famille ? Quels sont les facteurs qui favorisent les processus de transformation des liens ? En envisageant la grossesse à l'adolescence comme une conduite « à risque » au sens d'une recherche de limites susceptibles de provoquer le basculement vers le statut d'adulte, nous avons questionné l'inscription filiative, c'est-à-dire le sentiment d'appartenir à une généalogie familiale chez 4 mères adolescentes. La rencontre avec 4 mères adultes nous a permis de comparer l'inscription filiative quand on devient mère à 17 ans ou lorsqu'on le devient à 27 ans. Au regard des différentes données récoltées (entretiens semi-directifs, génogrammes imaginaire, libre et classique), nous explorons notamment le passage d'une relation nourricière aux parents à une relation filiative impliquant qu'un changement de place soit reconnu dans l'ordre généalogique familial.How do teenagers situate themselves in their families today? Which representations of the family do teenagers have? How do they become adults and which factors are supporting the processes of transformation of the bonds? We propose to consider teenage-pregnancy as a risk behaviour and a search of limits, causing a potential “swing” towards the statute of adult. We compared the “filiative inscription” of 4 teenager mothers who were 17 years old at the moment of birth of their first child and 4 adult mothers aged 27 years. In order to investigate the transition from a “nutritious” dependency towards the parents to a “filiations dependency”, we collected data by semi-directive interviews, imaginary, free and traditional representations of the generations (genograms).
- D'Ithaque à Ithaque - Annig Segers-Laurent p. 139-155 La maison, comme la famille, serait lieu d'ancrage, lieu de vie et d'échange où se tissent les premières relations et où s'éprouve la sécurité. Elle est un contenant réel et symbolique pour la construction de l'identité et des appartenances et souvent le miroir et l'image-reflet de la famille qui y vit. Il faut une famille et une maison, c'est-à-dire des liens et un lieu où l'appartenance et l'identité puissent se développer.A l'aide d'exemples cliniques, l'article montre comment la maison peut être le miroir-reflet et la métaphore des difficultés que rencontrent certaines personnes, couples et familles, à se construire et à habiter un chez eux. Parfois un long voyage intérieur est nécessaire avant de se trouver et de trouver sa juste place dans la vie et auprès des autres.L'Odyssée est vue ici comme une métaphore de ce voyage intérieur qui mène Ulysse d'Ithaque à Ithaque sans cependant qu'à l'arrivée rien ne soit plus tout à fait comme au moment du départ. Le travail que font Ulysse et Pénélope pour se retrouver, et habiter à nouveau leur couple, est aussi une métaphore du travail thérapeutique mené en vue d'aider les couples qui ne parviennent pas ou plus à se construire une « maison-couple », ou à l'habiter.The house and the family would be place of anchoring, of life and exchange where the first relations are woven and where to test safety. It is a container as much as real than symbolic for the construction of identity and memberships and often is also the mirror and the image-reflection of the family who lives there. One needs a family and a house, i.e. bonds and a place where the membership and the identity can develop.Clinical examples show how the house may perhaps be the mirror-reflection and the metaphor of the difficulties that certain people, couples and families encounter to build and live one.A long interior voyage is sometimes necessary before finding oneself and finding the right place in life and with others. The Odyssey is seen here as a metaphor of this interior voyage which carries out Ulysses from Ithaca to Ithaca without however that at the arrival, things are completely the same as at the time of the departure. The work that Ulysses and Penelope have to do to find themselves and live again in their couple is also a metaphor of the therapeutic work aimed to help couples who do not – or no more – succeed to build a “couple-house”, or to live in it.
- Adoption et construction identitaire - Zoé Rosenfeld, Julie Burton, Lotta de Coster, Isabelle Duret p. 157-171 L'adoption fragilise-t-elle la construction identitaire à l'adolescence ? Malgré le recours de plus en plus croissant à l'adoption et l'intérêt généralisé porté à toutes les questions qui gravitent autour de ce sujet, il existe toujours à ce jour une sorte de « frilosité » quant à la possibilité de croire qu'un enfant adopté puisse être un enfant « comme les autres », susceptible de s'inscrire dans une filiation nouvelle sans trop de difficultés.Cette article tente d'apporter quelques réflexions critiques et quelques arguments au débat en explorant les différences qui peuvent exister dans le vécu comme dans les représentations familiales d'adolescents adoptés. Lutter contre la stigmatisation des familles adoptantes nous semble important pour éviter de dériver vers une sorte de prophétie auto-réalisante où la croyance en un « mauvais départ » induirait rétroactivement sa confirmation.Does the experience of being adopted undermine the construction of identity during the adolescent years? Despite the increasing incidence of adoption and the growing interest for its many issues, the very idea that adopted children may just be like most other children and that they may enter new filiations without excessive problems remains challenging. In this article, we will argue that while there is no doubt that adoption can weaken the construction of identity under certain circumstances, most teenagers do actually face equally high developmental stakes in today's society. We will show how such overgeneralizations are to be identified if further self-fulfilling prophecies are to be prevented.
- Le lieu et le lien - Alain Boyer p. 9-16
Revue des livres
- Revue des livres - p. 175-182