Contenu du sommaire : Revue des livres

Les professionnels de la relation d'aide, qu'ils exercent dans le champ psychiatrique, social, judiciaire de la protection de l'enfance, ou dans des structures spécialisées pour enfants ou adultes handicapés, sont presque toujours confrontés à une situation paradoxale. En effet, leur mission professionnelle, leur mandat ou ceux du service dans lequel ils travaillent leur enjoignent de proposer une « aide contrainte » à des personnes qui n'ont pas demandé cette aide, ou qui la refusent avec véhémence.Comment est-il possible de recourir à l'aide contrainte voire même à l'injonction thérapeutique, tout en respectant le patient, sa famille et son entourage ? Au cours de cet article nous détaillerons plusieurs contextes d'intervention issus de l'approche familiale systémique, qui permettent de répondre à ces questions.

La prise en charge de familles sous contrainte judiciaire oblige les intervenants à s'interroger sans cesse sur les stratégies, les processus relationnels à mettre en œuvre pour tenter de les convaincre d'accepter les aides qui leurs sont imposées. Dans cet article, je propose dans un premier temps d'envisager trois étapes susceptibles de favoriser cette affiliation en lien avec trois concepts ou apports théoriques : la théorie du common knowledge, le concept d'intersubjectivité et la notion d'attachement désorganisé. Dans un deuxième temps, nous verrons comment l'utilisation de certains objets flottants, en particulier le jeu de l'oie, peut favoriser l'élaboration d'un récit dans lequel inscrire les faits de violence qui ont nécessité l'intervention du magistrat. Ainsi, au-delà des aspects techniques, l'idée générale présentée dans cet article est que les intervenants doivent avant tout considérer leur fonction symbolique de passeurs d'humanité auprès de personnes qui bien souvent luttent pour garder leur place dans la communauté.

Les auteurs retracent l'évolution de leur pratique avec des familles envoyées en consultation par les autorités de l'aide et de la protection de la jeunesse au cours de ces vingt dernières années. Ils commencent par faire part des changements méthodologiques qu'ils ont opérés dans leur travail sous mandat et de l'évolution du contexte social.Ensuite, ils abordent plus concrètement trois axes de travail utiles pour amener des parents contraints de consulter à opérer des changements dans l'intérêt de leurs enfants : le travail autour de la contrainte, le processus d'affiliation et enfin la question de la responsabilisation.

Ce texte de l'équipe du Sairso vous introduit dans son quotidien avec les familles. À chaque étape, la capacité d'adaptation est un atout : lors de la première rencontre avec la famille, lors de la rédaction de rapports et lors du travail en co-intervention. Des vignettes cliniques illustreront la manière dont l'équipe s'ajuste au système (famille, mandant, intervenants) afin de créer un espace relationnel au plus près des besoins de la famille, lequel servira de terreau à l'émergence de la guidance.Tout au long de l'accompagnement, l'équipe cherche à rebondir grâce à une souplesse et une liberté d'esprit... et de cœur.

Est-il possible de mener à bien une thérapie sous contrainte ? Quelles sont les conditions pour que les thérapies ordonnées par la justice soient efficaces ? Ou faisons-nous fausse route en posant la question de cette façon ? En tout état de cause, le travail avec les jeunes envoyés par le Tribunal des Mineurs et leurs familles oblige les thérapeutes de la FONDATION PHENIX à repenser leur position dans le système de traitement. Les auteurs prennent appui sur 3 ans d'intense collaboration avec le Tribunal des Mineurs de Genève et une riche expérience qui émane d'une recherche randomisée menée conjointement avec 5 pays européens.

Cet article aborde le problème de la rechute chez les personnes qui ont commis des crimes de nature sexuelle. Les auteurs évoquent différents types de crime sexuels et les objectifs d'une intervention thérapeutique systémique et de réseau pour de tels cas. Ils présentent l'évolution de groupes thérapeutiques de délinquants sexuels au cours de leur incarcération. Ils soulignent la nécessité de travailler en souplesse avec ces sujets qui sont forcés à entreprendre un parcours de réhabilitation. Les auteurs décrivent en particulier les changements émotionnels observés chez les délinquants sexuels lorsqu'ils sont amenés à recourir au langage analogique.

La loi de Défense Sociale spécifie que les délinquants qui, au moment des faits, présentaient un état de démence les rendant incapables du contrôle de leurs actes doivent être internés. L'Établissement de Défense Sociale de Tournai accueille 350 internés, dont près de 150 délinquants sexuels. Conscients des limites des prises en charge existantes, nous avons développé le projet « Épicéas ». Composé de soignants provenant d'horizons divers, notre projet développe une approche globale, tout en insistant sur les aspects humanistes et systémiques. L'abord des patients délinquants sexuels et de leurs familles, dans le cadre de la contrainte de l'internement, est un champ encore peu balisé par les systémiciens. Mais à côté des approches plus classiques, nous affirmons ici que l'outil systémique est particulièrement adapté à nos patients et à leurs familles.

L'auteur analyse plusieurs cas cliniques pour réfléchir aux différentes conséquences d'un abus sexuel subi dans l'enfance sur le développement ultérieur de sujets masculins. Trois types d'évolution sont observés : la transformation classique de la victime en agresseur, son maintien dans une position de victime, et l'attitude de spectateur qui concerne les frères des victimes de sexe féminin. Les ressources du système d'attachement (fournies par le parent protecteur mais aussi par le parent abuseur) jouent un rôle déterminant dans l'évolution de l'enfant abusé, de même que l'impact terrorisant de l'événement traumatique.