Contenu du sommaire : Le système financier japonais
Revue | Revue d'économie financière |
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Numéro | no 43, octobre 1997 |
Titre du numéro | Le système financier japonais |
Texte intégral en ligne | Accessible sur l'internet |
Le système financier japonais
L'Histoire au présent
Dossier
- La transformation du système financier et la crise contemporaine - Naoki Nabeshima
- La déréglementation financière au Japon - Alain Guillouët Le « Big-Bang », annoncé par le Premier ministre à la fin de l'année 1996, mais étudié depuis 1995 par le gouvernement, est sous sa forme actuelle accueilli par les acteurs étrangers avec un certain scepticisme. Pourtant il apparaît comme prometteur et offre l'avantage de fixer un calendrier, ce qui n'était pas le cas les fois précédentes. Il programme la libéralisation des activités de marché et la facilité de créer librement des instruments financiers nouveaux, la suppression de la réglementation des commissions dans les activités de bourse et, approfondissant l'effort de décloisonnement du système, l'abandon de toutes les mesures restreignant les activités des filiales spécialisées, tout cela devant être réglé au plus tard au début de l'année budgétaire 1999. Plus encore, une ébauche de banque universelle semble prendre forme avec la possibilité qui devrait être offerte aux banques de gérer en direct des activités de titres et de fiducie et aux maisons de titres de développer des activités de dépôt. Enfin, la révision de la loi anti-monopole visant à autoriser la formation de holdings dans tous les domaines d'activité de la finance devrait introduire une nouvelle forme de relations entre acteurs. Si ce plan de déréglementation doit être considéré comme bienvenu, il ne faut pas en masquer les aspects négatifs. Les banques et maisons de titres japonaises, de même que certaines compagnies d'assurance-vie, demeurent très fragiles et l'introduction d'une concurrence accrue pourrait être fatale à certaines d'entre elles. En même temps, la nouvelle configuration de la sphère financière japonaise est porteuse de risques nouveaux et pour le moment, la réflexion sur l'adaptation du cadre prudentiel accuse un certain retard.Financial deregulation in Japan The Big Bang, which was announced by the Prime Minister by the end of 1996 but has been studied by the Government since 1995, is currently welcomed by foreign players with a bit of scepticism. However, it appears to be promising and also provides a schedule, which is something that has not happened before. It provides a timing for freeing market operations, creating easily and freely new financial instruments, suppressing regulation of stock exchange commissions and, by promoting the system's opening up, it leaves aside all measures limiting specialised branches' activities. All this is to be settled at latest by the beginning of budgetary year 1999. Moreover, universal banking seems to be taking shape. Thanks to it, banks will be able to manage directly trust related matters and securities, while security firms will be able to deal with deposits. Finally, anti- monopoly legislation aiming at authorising holdings setting up in all fields of the financial activity should introduce a new kind of relationship among players. If this deregulation plan is to be welcomed, it is important not to conceal its negative aspects. Japanese banks and security firms, as well as some life- insurance companies, remain very weak and the introduction of ever increasing competition could have fatal consequences on some of them. At the same time, the new Japanese financial framework also entails new risks and, for the time being, the discussion on the adaptation of the prudential framework seems to be behind schedule.
- La réforme du système financier japonais - Michel Aglietta Le système financier japonais a de grandes difficultés à s'adapter à la globalisation. La réforme a été conduite sans cohérence. La libéralisation des marchés, fragmentaire et échelonnée, a précipité la crise bancaire. La résolution de la crise et la poursuite des réformes sont des sujets de controverse et des enjeux de pouvoir, à cause de l'hostilité à l'utilisation des fonds publics et de la prééminence contestée du ministère des finances. Fondamentalement les modes de régulation du capitalisme japonais ne sont pas ceux d'un système financier ouvert et concurrentiel. La transformation complète implique d'améliorer radicalement la rentabilité des institutions financières pour servir aux épargnants des rendements compétitifs. Il n'est pas sûr que l'intention d'accélérer la réforme par un big-bang produise ce changement de logique. Car la maîtrise du risque de crédit, condition d'une meilleure rentabilité, passe par une refonte du dispositif prudentiel à l'intérieur des établissements et dans les autorités de tutelle, que le gouvernement ne paraît pas disposé à engager.The reform in the Japanese financial system The Japanese financial system has great difficulty in adapting itself to globalization. Change has taken place with no coherence at all. Market liberalisation, both partial and gradual, has brought about the banking crisis. Crisis solution and the aim of change are controversial subjects and lead to struggle for power, because of hostility towards the use of public funds and questioning of Ministry of Finance's power. Essentially, Japanese capitalism regulation ways are not those of an open and competitive financial system. The complete transformation requires to improve drastically the financial institutions performance in order to provide savers with competitive returns. It is not sure whether the intention to speed up reform by means of a big-bang could provoke such a change in behaviours ; given that credit risk control, which is necessary for a better yield, requires reforming the prudential mechanism within the organisms and supervising authorities, which is something the government does not seem inclined to tackle.
- " Big Bang " et compétition financière internationale - Claude Meyer Dans la compétition internationale, la finance japonaise souffre actuellement d'un double handicap : les institutions sont fragilisées et les structures du système financier n'ont pas évolué au rythme de la globalisation des marchés et des métiers. L'apurement des créances douteuses constitue la tâche la plus urgente. La gestion de la crise a pris un tournant décisif à la fin de 1995 avec pour objectif un règlement définitif à l'horizon de l'an 2000 ; l'effort d'assainissement semble désormais bien engagé, comme en témoigne le provisionnement massif effectué sur les exercices 1995 et 1996. Parallèlement, la réforme du système financier conditionne la compétitivité internationale des institutions et des marchés financiers japonais : le « Big Bang » résulte ainsi de la pression de la concurrence financière à l'échelle mondiale. Cette déréglementation accélérée, qui s'articule autour de deux grands axes — réformes de structure (système de régulation, décloisonnement des institutions) et libéralisation des marchés — , devrait entraîner une concentration du secteur et stimuler la nécessaire reconquête de la rentabilité. Si l'assainissement et la réforme du système financier sont menés à bien, le Japon pourra pleinement utiliser les atouts dont il dispose dans la compétition financière internationale, notamment d'énormes actifs financiers à gérer et d'importants excédents courants à recycler.The Big Bang and the International financial competition Amid international competition, Japanese finance is presently handicapped in two respects : the institutions' balance sheets are fragilized and the structures of the financial system did not change at the same rhythm as globalization of the markets and of the financial activities. The cleansing of the doubtful loans represent the most urgent task. At the end of 1995, a major turning point occurred in the handling of the banking crisis, when the target was fixed for a final settlement by the year 2000. Active measures have been taken to clean the non performing loans, in particular huge provisionings and write-offs in FY 1995 and 1996. In parallel, the reform of the financial system constitutes a condition for restoring the international competitiveness of the Japanese financial institutions and markets ; thus the « Big Bang » results from the pressure of worldwide competition in finance. This accelerated deregulation, which will be implemented along two main axes — structural reforms (supervision system, dismantling of barriers between institutions) and liberalization of markets — , should bring about a concentration of the financial sector and stimulate the necessary recovery in terms of profitability. If the cleansing of the bad loans and the reorganization of the financial system are carried out, Japan will be able to fully utilize its comparative advantages in the international financial competition, in particular huge financial assets to manage and important current surplus to recycle.
- Restructuration financière au Japon : entre prêteur en dernier ressort et solidarités bancaires - Patrice Geoffron et Marianne Rubistein L'objectif de l'article est d'analyser le processus de déréglementation financière au Japon en soulignant ses liens avec les différents stades de la crise financière. De façon plus prospective, il s'agit d'examiner le projet de Big Bang qui devrait modifier sur 1997-2001 les modalités de la concurrence au sein de la sphère financière nippone, tout en identifiant les caractéristiques qui différencient ce projet des réformes entreprises par les Anglo-Saxons. Nous soulignons enfin les principaux effets de ces évolutions sur les relations banque-industrie et, en particulier, sur le « système de la banque principale ». En accroissant l'autonomie des sphères financières et productives, la poursuite de la déréglementation apparaît ainsi comme une des données fondamentales de la recomposition du modèle économique japonais.Financial reform in Japan : between lender of last resort and banking solidarities The aim of the paper is to analyse the process of financial deregulation in Japan and its links with the different steps of the financial crisis. We also focus on the project of Big Bang which will increase competition in the Japanese financial system. Finally, we underline the main effects on the relations between banks and industrial corporations in the so-called « main bank system ». Obviously, this next step of the financial deregulation is one of the most important components of the new Japanese model.
- L'assurance japonaise, colosse aux pieds d'argile ou phénix ? - Pierre Bollon et Philippe Brahin
- Les fonds de pension au Japon - Jean-François Estienne
- L'adaptation du Japon aux nouvelles règles de mesure et de contrôle des risques liés aux activités de marché - Ambroise Marquis et Benjamin Sahe L'extension du ratio Cooke aux risques de marché, ainsi que le développement de diverses autres nouvelles règles et « bonnes pratiques » de contrôle des risques liés aux activités de marché, ont déclenché un processus d'adaptation des institutions financières, des marchés et de leurs régulateurs dans de nombreux pays. Au Japon, ce processus prend une ampleur importante. Il y est en effet lié au repositionnement de l'organisme de contrôle des banques et plus généralement au projet de réforme de la place financière nippone. La réaction des banques japonaises à l'extension du ratio Cooke est par ailleurs intéressante à observer dans le cadre de la restructuration amorcée du secteur bancaire nippon et des changements en cours dans les méthodes de gestion de l'industrie bancaire. Cette étude présente en outre, brièvement, différents types de modèles de mesure des risques de marché.Japan's adaptation to new market related risk control and assessment regulations The extension of Cooke's ratio to market risks as well as the development of many other new rules and market related risk control « good practices » have triggered an adaptation process from financial institutions, markets and their regulators in a number of countries. In Japan, this process has been very spectacular. It is in fact related to the repositioning of the entity controlling the banking sector and, more generally, to the Nippon financial market reform project. Moreover, Japanese banks reaction to the Cooke's ratio extension is interesting to look at within the framework of the restructuring initiated by the Nippon banking sector and the current changes in the banking industry management methods. This study also briefly presents different kinds of market risk assessment models.
- Comportements d'épargne dans les six grands pays en 1996 - Agnès Quéron, Bruno Séjourné et Sylvette Verne Malgré la volonté de réduction des déficits publics affichée dans l'ensemble des six grands pays, le besoin de financement global des économies du G6 s'est accru de 34 milliards de dollars en 1996. Cette détérioration de l'équilibre Épargne/Investissement est imputable à la nouvelle réduction de l'excédent courant japonais. Inversement, l'Italie et la France ont conforté leurs positions prêteuses sur la période en dépit d'une contribution des ménages moins forte qu'en 1995. Car tandis que l'effort d'épargne des ménages anglo-saxons s'est très légèrement redressé en 1996 dans un contexte d'appréciation de leur revenu réel, les taux d'épargne des ménages étaient orientés à la baisse dans les quatre autres pays.Savings behaviour in the six major countries in 1996 In spite of the will to reduce public deficits shown by all six major countries, the need of G6 global economies financing has increased by 34 billion dollars in 1996. Such a deterioration of Saving /Investment ratio is due to the new cut in Japanese current surplus. Conversely, Italy and France have strengthened their lending positions over this period, despite a lesser contribution from households than in 1995. Given that, while Anglo-Saxon household saving effort has lightly increased in 1996, within a context of appreciation of their actual income, household saving rates have decreased in all the other four countries.