Contenu du sommaire : Varia

Revue Afrique & histoire : revue internationale Mir@bel
Numéro vol. 1, no 1, 2003
Titre du numéro Varia
Texte intégral en ligne Accessible sur l'internet
  • Pourquoi l'Afrique, pourquoi l'histoire ? - Jean-Pierre Chrétien p. 7-19 accès libre
  • Varia

    • Saint Louis l'Africain : Histoire d'une mémoire inversée - Yann Potin p. 23-74 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      Saint Louis est un personnage à part entière de l'histoire de l'Afrique. Captif en Égypte et presque-martyr à Carthage, Louis IX, en tentant de rendre l'Afrique romaine à la Chrétienté, a voulu être un conquérant autant qu'un missionnaire. Cet essai se propose de recenser les figures narratives et légendaires d'un Saint Louis africain, saisi à travers l'ensemble des discours écrits ou oraux, indigènes et allochtones. Il s'appuie sur une relecture des chroniques latines et arabes des xiiie et xive siècles comme sur l'analyse critique des légendes orales recueillies au xixe siècle sur les lieux mêmes des événements. Éclairée par ses réminiscences successives, la mémoire du roi se transforme ainsi en geste tutélaire de l'expansionnisme français en Afrique, entre-temps devenue un continent à conquérir.
      Saint Louis is also a figure in the history of Africa. A prisoner in Egypt and almost a martyr in Carthage, Louis the IXth wanted to be a conqueror and a missionary, by restoring Africa to Christendom. Based on a re-reading of Latin and Arabic sources of the xiiith and xivth centuries as well as on a critical analysis of oral legends collected in the xixth century in North Africa, this essay proposes an inventory of the narrative and imaginary facets of an African Saint Louis. Highlighted by such reminiscences, the memories of the king turn into a tutelary epic of French expansionism in Africa.
    • Voyage aux frontières du monde : Topologie, narration et jeux de miroir dans la Rihla de Ibn Battûta - François-Xavier Fauvelle-Aymar, Bertrand Hirsch p. 75-122 avec résumé avec résumé en anglais
      Les fameux voyages de Ibn Battûta sur les frontières de l'œkoumène musulman au xive siècle ont généralement fait l'objet de tentatives d'identifications toponymiques qui ont abouti soit à valider son récit soit au contraire à stigmatiser ses incohérences. La relecture critique de trois itinéraires, vers la Chine, l'Afrique orientale et le Mali, révèle au contraire leur cohérence dans le projet de la Rihla, tandis que les bricolages du voyageur et les libertés prises avec la réalité de son voyage, s'éclairent par sa géographie mentale.
      Ibn Battûta's famous travels to the borders of Islam's world in the xivth century have often been questioned, mainly because of the difficulty in identifying places names. This method resulted in either authenticating his narrative or in pointing to its inconsistencies. A new critical reading of three journeys – to China, Eastern Africa and Mali – reveals their consistence in Ibn Battûta's project, whereas his bricolages are better understood in the frame of his mental geography.
    • Les colons d'Algérie à la lumière du coup d'État de 1851 - Bertrand Jalla p. 123-137 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      Après le coup d'État de Louis-Napoléon Bonaparte le 2 décembre 1851, la résistance des colons d'Algérie est tout à la fois éphémère et réelle. À l'exemple de la métropole, une partie de la population coloniale montre son mécontentement, même si les possibilités d'un soulèvement semblent exclues. Lorsque est acquise la certitude de son échec en France, le courant républicain, ascendant dans la colonie, nourri d'esprit « quarante-huitard » et de socialisme utopique mais déjà acclimaté au particularisme local, disparaît, après un succès notoire lors du plébiscite. L'ordre est maintenu sans difficulté par le « régime du sabre », et la normalisation qui suit souligne les faiblesses de cette frange attachée à la défense de la République.
      After Louis-Napoleon Bonaparte's coup of December 2nd in 1851, in Paris, some settlers in Algeria, like their fellow citizens in the mother country, tried to display their discontent, even though a general upheaval seemed stillborn. After the failure of the resistance in France became known, the republican movement, that had been fed on utopian socialism and was already adapted to local conditions, vanished after a noticeable result at the plebiscite. The order was henceforth maintained with no difficulty by the « regime of the sabre », underlining the weakness of this fringe devoted to the Republic.
    • La naissance et le déclin des partis politiques et religieux en Ouganda 1887-2002 - p. 139-167 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      Les partis politiques ougandais au xxe siècle se distinguent par deux éléments, tous deux rares en Afrique : d'une part l'importance des polarités religieuses, d'autre part un enracinement pré-colonial. En effet, s'il n'est pas rare de voir des chrétiens et des musulmans s'affronter, des tensions équivalentes opposant catholiques et protestants sont exceptionnelles. Cette rivalité plonge ses racines au xixe siècle dans les luttes de factions à la cour royale du Buganda; elle se prolonge dans les luttes pour les prébendes de l'État colonial durant la domination britannique, puis dans la lutte pour les électeurs et le pouvoir à l'indépendance. Après un sommet dans les années 1950 et 1960, elle décline jusqu'à ne plus être aujourd'hui la force principale du combat politique.
      Ugandan political parties in the xxth century are remarkable for two main reasons, first because of religious factionalism, then because their origins can be traced back to before colonial rule. Rivalry between Muslims and Christians is fairly common in Africa, for instance in Nigeria or Sudan. However, a very strong opposition between Catholics and Protestants is much rarer. This political and religious rivalry finds its origins in the factions competing for power at the royal court of Buganda in the xixth century. It continued during the colonial rule in Uganda, as the elite fought for positions in the administration and chieftainship. At independence one mainly Catholic party opposes two mostly Protestant ones. After a peak during the 1950s and 1960s, the role of religion slowly declines in politics to become today much less relevant.
    • Revolution has no use for savants : A Fenno-Egyptian view of Afrocentrism - Pekka Masonen p. 169-208 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      Les historiens occidentaux sont souvent accusés de défendre une vision « eurocentrique » du monde. Il est vrai que les méthodes pratiques de la recherche historique moderne ont été véritablement développées en Europe occidentale. La plupart des concepts clés, des principes de la périodisation et des modes d'évaluation de la signification du passé reflètent la tradition occidentale. Dès lors, la question est de savoir s'il existe une façon alternative d'aborder le passé humain. L'afrocentrisme y prétend. Les auteurs afrocentristes affirment que les méthodes occidentales ne peuvent pas être utilisées de façon objective en ce qui concerne l'histoire africaine. Mais le problème est qu'ils ne proposent pas véritablement de méthodologie propre. Ce serait cependant une grave erreur que de simplement rejeter l'afrocentrisme comme une recherche de mauvaise qualité. Une manière plus constructive de comprendre l'afrocentrisme est de le considérer comme un type particulier d'histoire non conventionnelle – ou apohistoire – et comme un mouvement politique. À cet égard, un parallèle historique intéressant est fourni par un courant intellectuel appelé « fennomanie » dans l'historiographie nationale finnoise du début du xxe siècle. La fennomanie met elle aussi l'accent sur la subjectivité de la recherche historique et sur l'importance de l'histoire dans la création d'une conscience nationale et d'une identité ethnique. Les critiques américains de l'afrocentrisme n'ont pas vu cette dimension sociale et politique, peut-être parce que les historiens (blancs) américains n'ont jamais eu à défendre leur existence.
      Western historians are often accused of maintaining a distorted “Eurocentric” view of the world. It is true that the practical methods of modern historical research were developed to the fullest in Western Europe. Many of the key concepts, principles of periodization, and the ways in which the significance of the past are estimated by historians worldwide still reflect the Western tradition. A good question is, whether there exists any alternative way to study the human past, however, without giving up the ideal of objectivity as it is conventionally associated with the (Western) scientific research? Afrocentrism aims to be such an alternative. Afrocentric authors claim that the Western methods cannot be used objectively in the context of African history. The problem of Afrocentrism is that it fails to take the decisive step to construct its own methodology. In their need of an official recognition from the academic community, Afrocentric authors pretend that they are using similar methods to those used by their enemies, the Eurocentric historians, while reserving themselves the right to break the rules whenever it is necessary to support their own cause. However, it would be a grave mistake to reject Afrocentrism simply as bad scholarship. A better way to understand Afrocentrism is to consider it a special category of unconventional history – or “apohistory” – and a political movement. An interesting historical parallel to Afrocentrism is the intellectual movement called Fennomania in Finnish national historiography in the early 20th century. Fennomania also emphasized the subjectivity of historical research and the importance of history in creating national consciousness and ethnic identity. The American critics of Afrocentrism apparently fail to understand its political and social connections, perhaps because the leading American (white) historians have never needed to defend their own existence.
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