Contenu du sommaire : Spiritualité et Management

Revue Revue Interdisciplinaire Management, Homme & Entreprise — RIMHE Mir@bel
Numéro no 8, août-septembre-octobre 2013
Titre du numéro Spiritualité et Management
Texte intégral en ligne Accessible sur l'internet
  • Dossier : Spiritualité et Management

    • L'ouverture à la spiritualité d'un management en quête d'intégrité - Martine Brasseur, Jean-Yves Duyck p. 2 accès libre
    • Don gratuit, spiritualité au travail, sens au travail : Trois théories pour un management non instrumental du travail - Ariane Berthoin Antal, Sandrine Frémeaux p. 3-18 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      Bien que les chercheurs ont depuis longtemps reconnu le besoin humain de donner du sens au travail (Maslow, 1964, 1998), ils n'ont pas encore développé un cadre théorique solide sur le management et la spiritualité au travail. Les logiques rationnelle et instrumentale dominent la théorie managériale, et se concentrent sur une approche réductrice du travail. Dans la mesure où la spiritualité est étudiée dans la littérature managériale, la discussion tend à osciller entre des analyses instrumentales de la spiritualité et du sens au travail d'une part, et la dénonciation de ce risque d'instrumentalisation d'autre part. Cet article adopte une approche différente en ouvrant le cadre de référence à une analyse des théories non instrumentales du travail. Il peut donc être considéré comme une contribution au champ émergent des « économies diverses » (Gibson-Graham, 2008).La première logique non instrumentale que nous explorons dans cette étude est la théorie du don gratuit. Elle se distingue de la logique de l'échange-don (Blau, 1964 ; Caillé et Godbout, 1992 ; Balkin et Richebé, 2007) qui demeure basée sur la réciprocité, même si le calcul est tabou et si la nature et le moment du contre-don sont incertains. Le concept de don gratuit ou de don existentiel est enraciné dans une logique altruiste (Kolm, 1981). Il prend racine dans le besoin humain de donner sans calcul, en laissant le receveur libre d'accepter ou non le don (Frémeaux et Michelson, 2011).Une deuxième logique non instrumentale réside dans les théories de la spiritualité au travail. Des chercheurs ont identifié un éventail de caractéristiques associées à la spiritualité, comme l'expérience personnelle, un sentiment de connexion, le sens du service, la participation au bien de l'humanité (par exemple, Mitroff, 2003). Nous retenons deux principales composantes de la spiritualité au travail : le travail permet aux individus de communiquer avec les autres et avec ce qui est plus grand qu'eux.En troisième lieu, les théories du sens au travail sont également non instrumentales par nature. Les chercheurs remarquent que le sens au travail ne dépend pas exclusivement du management ou des conditions extérieures (Nozick, 1974). Ce sont aux individus de donner du sens à leur travail à tous les niveaux de l'organisation (Michaelson, 2005 ; Weick, 1995).Nous mettons en évidence des éléments de convergence entre ces trois approches en dégageant quatre dimensions similaires : développement personnel, relations aux autres, service aux autres, et idéaux humanistes. Cette approche intégrée ouvre la voie à de nouveaux champs de réflexion managériale. Certes, la gestion du don gratuit est inconcevable, le management de la spiritualité au travail est risqué, le management du sens au travail serait une illusion contre-productive. Mais nous proposons un moyen de sortir de l'univers du management « déshydraté » (Adler, 2010) en suggérant qu'une approche spirituelle peut devenir une source de transformation managériale lorsqu'elle aboutit à rendre possible le développement personnel, les relations de qualité aux autres, le service aux autres, et la réalisation des idéaux humanistes.
      Although scholars have long recognized the human need to experience work as a meaningful experience (Maslow, 1964, 1998), they have not yet developed a theoretically sound framework to address management and spirituality at work. The logics of rationality and instrumentality dominate management theories and are based on a reductionist understanding of work. In so far as spirituality is dealt with the management literature, the discussion tends to oscillate between instrumental analyses of spirituality and meaning at work on the one hand, and denunciations of these risks of instrumentalization on the other hand. This article takes a different approach by opening the frame of reference to include non-instrumental logics. It can therefore be considered a contribution to the emerging field of “diverse economies” (Gibson-Graham, 2008).The first non-instrumental logic explored here is the theory of the gratuitous gift. It differs from the logic of gift exchange (Blau, 1964; Caillé et Godbout, 1992; Balkin et Richebé, 2007), which is based on an underlying expectation of reciprocity, even if there is a taboo on calculating the value of the gift, and timing and content of the counter-gift are uncertain. By contrast, the concept of the gratuitous or existential gift is rooted in an altruistic logic (e.g., Kolm, 1981). It is rooted in the human need to give without calculating, leaving the recipient free to accept the gift or not (Frémeaux et Michelson, 2011).A second non-instrumental logic is to be found in theories of spirituality at work. Scholars have identified a broad range of characteristics associated with spirituality, such as personal experience, a feeling of connection, a sense of serving and participating in humanity (e.g., Mitroff, 2003). We retain two principal elements relating work and spirituality: work can enable people to connect with others and with something greater than themselves.Third, theories related to the meaning of work are also non-instrumental in nature. Scholars in this field note that “meaningful work” does not depend entirely on management or external conditions (Nozick, 1974). They position individuals as capable of creating meaning and making sense of their work for themselves in all walks of life, at all levels of organization (Michaelson, 2005, Weick, 1995).We highlight the convergence between these three approaches and identify four similar dimensions: personal development, relations with others, service to others, and humanist ideals. The model reveals the avenues open to management in this context, after specifying that the management of spirituality is risky, just as the management of the gratuitous gift is unconceivable, and management control of sensemaking at work is a counterproductive illusion. We offer a way out of the problem of “dehydrated” management (Adler, 2010) by suggesting that taking a spiritual approach can become a source for transforming management into the intentional pursuit of creating the collective conditions for freedom of development, quality relations, service to others, and the realization of humanist ideals.
    • Les coopératives, un lieu idéal pour développer sa spiritualité au travail ? : Leçons à tirer de la philosophie du travail de Simone Weil - Séverine Le Loarne-Lemaire, Christine Noël-Lemaître p. 19-39 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      L'enjeu de cet article est d'interroger les liens existants entre le mode d'organisation du travail émergeant d'une structure de l'économie sociale et solidaire, la coopérative, et les conditions de « pensabilité » d'une véritable spiritualité au travail. Certains voient, en effet, dans l'économie sociale et solidaire une sorte de lieu protégé, dans lequel les salariés pourraient devenir acteur de leur travail et espérer atteindre une forme d'épanouissement professionnel et personnel. Ces espoirs semblent légitimes au regard de la définition même de l'économie sociale et solidaire qui ambitionne de placer la personne humaine au centre du développement économique et social. Dans le champ de l'économie sociale et solidaire, les coopératives constituent un modèle alternatif de gouvernance et d'organisation du travail particulièrement intéressant qui suscite à l'heure actuelle un regain d'intérêt de la part des chercheurs en management et des entrepreneurs. Sur un plan purement théorique, la coopérative, en particulier, devrait favoriser la mise en place d'un management centré sur la dimension sociale de l'entreprise tout en visant à atteindre des objectifs économiques classiques. En garantissant la sécurisation de l'emploi grâce au contrôle de la stratégie de l'entreprise par les salariés et non par des parties prenantes externes, comme des fonds de pension, le recours à la forme coopérative est présenté a priori comme un moyen d'éviter les délocalisations ou les fermetures de l'activité pour cause de rentabilité trop faible. Au-delà de ces motivations « sécuritaires », des recherches récentes sur les coopératives mettent en évidence une attente de bien-être au travail de la part des salariés. Pourtant, ces attentes sont-elles réalistes ? Peuvent-elles être toujours satisfaites ? En reprenant une lecture de la spiritualité au travail par le philosophe Simone Weil, cet article tend à montrer que la coopérative ne constitue pas en soi un instrument garantissant la démocratie organisationnelle et l'épanouissement de l'homme au travail.
      This article questions the existing links between working conditions within cooperatives and the possibility to achieve a real spiritual experience within such organizations. Cooperatives, and generally speaking firms within the social business sector, are, thus, often perceived as to be a protected world, in which workers can express and develop themselves freely. Hence, they could fulfill themselves through work. Such an attempt is not original per se and is aligned with the definition of social business, whose raison d'être relies on giving the core place to individuals within working organizations. In the social business field, cooperatives offer/suggest an interesting twist to existing governance structures of working organizations and start to interest many scholars. On a purely theoretical level, cooperatives should combine traditional economic imperatives and human-based management. By securing jobs thanks to the control of the strategy of the organization by workers themselves, and not by any other stakeholder such as pensions funds, cooperatives are perceived as to be the alternative, avoiding relocations and factory closings due to little low profitability. Far beyond these motivations for more secure jobs, recent research sheds light on the motivation for a better well-being at work. However, it is really true? Here the article questions the concept of spirituality at work in cooperatives through the philosophy of Simone Weil, who precisely worked on such a topic during the 30's.
    • La spiritualité dans l'expérience de magasinage : Cadre théorique et exploration empirique - Max Poulain, Olivier Badot, Sandra Camus p. 40-56 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      Cette recherche a pour objectif de comprendre et d'analyser la place de la spiritualité dans l'expérience de consommation et en particulier, dans le champ de la distribution, dans les expériences de magasinage (Bonin, 2002). La première partie de ce travail, au travers du cadre d'analyse théorique, présente la place de la spiritualité dans le champ du marketing mais préalablement elle cerne les contours du concept de spiritualité. Ainsi la spiritualité se distingue tout à la fois du sacré et de la religion. La spiritualité peut se définir comme un processus individuel fondé sur l'expérience, les caractéristiques de l'expérience spirituelle reposant elle-même sur quatre caractéristiques. L'objectif général de cet article est de comprendre dans quelle mesure des dimensions caractérisant l'expérience spirituelle peuvent être ou non transposables dans le contexte d'une expérience d'achats sur certains points de vente. Au travers du socle théorique mobilisé, une investigation empirique qualitative a été conduite auprès de 29 consommateurs portant sur l'expérience de magasinage dans les enseignes Biocoop et Nature & Découvertes et dans des magasins monastiques. La seconde partie de la recherche suggère une esquisse de l'« expérience de magasinage spirituelle » autour de trois composantes : les motivations, les dimensions constitutives et les conséquences pour le consommateur. L'identification des motivations de « l'expérience de magasinage spirituelle » a fait émerger quatre axes : se relier à soi, se relier à l'extérieur de soi (l'autre, la nature), la recherche de transcendance et la recherche de sens. Concernant les conséquences de l'expérience de magasinage spirituelle, la recherche a permis d'identifier trois axes : le bien-être et la paix intérieure, trouver du sens à son existence et la sagesse et l'accomplissement de soi. Ce travail cherche finalement à conceptualiser la spiritualité dans l'espace du point de vente, en définir les caractéristiques, comprendre ses influences et ses liens. « Spiritualité et point de vente » relève a priori de l'oxymore même si nous savons que les produits jouent un rôle bien supérieur à celui de la stricte utilité ou de leur valeur marchande (Marx, 1867 ; Holt, 1997) dans un contexte de recherche de sens de la part des consommateurs et même d'une tentative de réinvention de celui-ci (Thompson et Arsel, 2004).
      This research aims at understanding and analyzing the place of spirituality in the consumption experience and more specifically in the field of retailing and in the shopping experiences (Bonin, 2002). The first part of this work, through the theoretical framework shows the place of spirituality in the field of marketing but before it identifies the contours of the concept of spirituality. Thus spirituality distinguishes itself from the Sacred and religion. Spirituality can be defined as an individual process based on experience. The characteristics of the spiritual experience are established on four characteristics. The overall objective of this paper is to understand how the dimensions characterizing the spiritual experience may or may not be applied in the context of a shopping experience in some outlets. Through the theoretical base mobilized a qualitative empirical investigation has been conducted with a panel 29 consumers on the shopping experience in Biocoop, Nature & Discoveries and in monastic stores. The second part of the research suggests a sketch of the “spiritual experience shopping” around three components: the motivations, the component dimensions and the consequences for the consumer. Identifying the motivations of “spiritual experience shopping” has given rise to four axes: connect to oneself, to connect to the outside oneself (the other, nature), the search for transcendence and the quest for meaning. Concerning the consequences of spiritual shopping experience, research has identified three areas: the well-being and inner peace, find meaning in life and the wisdom and self-fulfillment. This work ultimately seeks to conceptualize spirituality in the space of points of sale, to define the characteristics, understand its influences and links. “Spirituality and point of sale” is a priori an oxymoron even if we know that products have a much higher role than the strict utility or part of their market value (Marx, 1867, Holt, 1997) in the context of consumers' quest for meaning and even an attempt to reinvent it (Thompson and Arsel, 2004).
    • La spiritualité et l'entreprise : Principaux concepts et outils de mesure - Jean-Yves Duyck, Ikram Mhenaoui p. 57-70 accès libre
  • Dossier : Varia

    • La construction de l'engagement dans le secteur de l'intérim - Isabelle Galois-Faurie p. 71-87 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      La fidélité du salarié à l'entreprise a été longuement étudiée en psychologie du travail et sciences de gestion. Les salariés embauchés à temps plein et en contrat à durée indéterminée ont été la première population cible de ces études. Aujourd'hui, la fidélité du salarié à l'entreprise concerne d'autres catégories de salariés, et notamment les salariés intérimaires. Les agences d'intérim cherchent à attirer et fidéliser les intérimaires qui ont une valeur sur le marché de l'emploi intérimaire. A partir des années 1990, plusieurs études se sont intéressées à l'engagement des intérimaires vis-à-vis de l'entreprise utilisatrice ou de l'agence d'intérim. Le soutien de l'agence perçu ou le sentiment de justice informationnelle et interactionnelle apparaissent comme des facteurs explicatifs de l'engagement des intérimaires vis-à-vis de l'agence. Malgré la richesse de ces travaux, il semble que la littérature ne prend pas suffisamment en compte les différences de profils des intérimaires dans la compréhension de la construction de leur engagement vis-à-vis de l'agence d'intérim. Cet article propose d'explorer les ressorts de l'engagement des intérimaires vis-à-vis des agences d'intérim en faisant l'hypothèse que la construction de l'engagement diffère selon le profil de l'intérimaire, c'est-à-dire selon le fait qu'il ait choisi ou pas de travailler en intérim. Sur le plan théorique, nous montrons comment la théorie de la conservation des ressources et la théorie de l'échange social permettent de mieux comprendre la fidélité de l'intérimaire à l'agence d'intérim. Sur le plan méthodologique et empirique, nous présentons les résultats d'une étude qualitative menée auprès de 25 intérimaires et responsables de recrutement d'une grande ETT. Le traitement des données qualitatives a été réalisé avec le logiciel NVIVO. Les résultats indiquent qu'il se dégage des « profils » d'intérimaires, ce qui nous permet de confirmer notre hypothèse de recherche de départ.
      The loyalty of employees to their firms has been considerably studied in work psychology and management sciences. Employees in full-time employment and with permanent contracts have been the main targets for these studies. Today, other categories of employees are also concerned by this loyalty to their firms and particularly temporary workers. Temporary employment agencies try to attract and win the loyalty of temporary workers who have a value in the temporary employment market. Since the 1990's, several studies have looked at the commitment of temporary workers to user companies or temporary employment agencies. The perceived support from the agency or the feeling of informational or interactional justice, appear to be factors that explain the commitment of temporary workers to their agencies. Despite the depth of these studies, it seems that the literature does not take the differences in the temporary workers' profiles sufficiently into account to understand the development of their commitment to the temporary employment agencies. This article proposes exploring the extent of temporary workers' commitment to temporary employment agencies by making the hypothesis that the development of commitment differs according the temporary worker's profile, that is to say, according to whether he has chosen to work as a temporary worker or not. From a theoretic point of view, we show how the conservation of resources theory and the social exchange theory enable a better understanding of temporary workers' loyalty to the temporary employment agencies. From a methodological and empirical viewpoint, we present the results of a qualitative study carried out with 25 temporary workers and recruitment managers in a large temporary employment company. The qualitative data was processed using NVIVO software. The results show that temporary worker ‘profiles' emerge that thereby enable us to confirm our original hypothesis.
    • Le métier de pharmacien titulaire d'officine face à l'incertitude du marché de la santé - Grégory Reyes p. 88-104 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      Le secteur de la santé subit actuellement plusieurs évolutions dont les conséquences sont importantes pour les patients mais également pour les praticiens. Cet article propose de se pencher sur le métier de pharmacien titulaire d'officine. C'est un acteur important dans le canal de distribution du médicament car il bénéficie d'un monopole sur la dispensation du médicament. Cependant sa rémunération dépend essentiellement pour le moment de son activité commerciale. Ainsi, il a l'originalité d'avoir un statut hybride entre santé et commerce. Cette situation est de moins en moins confortable pour le pharmacien car ce marché fermé s'est peu à peu ouvert au rythme des réformes des pouvoirs publics (déremboursement, baisse de marges...), d'une concurrence plus agressive de la part des grands distributeurs, d'une distribution par Internet pour certains produits et d'un comportement du consommateur qui évolue. Tous ces changements semblent avoir un impact important sur la pratique de son métier. En étudiant les caractéristiques de son métier au travers des compétences détenues et des missions assumées, l'objectif est de mettre en lumière leur nature et d'envisager les défis auxquels le titulaire doit faire face. Les enjeux managériaux sont de taille pour le pharmacien titulaire s'il compte maîtriser l'incertitude croissante de son environnement. Cette recherche s'appuie sur le concept de métier et la notion de compétence individuelle pour traiter des évolutions de cette profession. En effet le concept de métier fait référence à un ensemble de savoir, savoir-faire et savoir être relatif à des compétences individuelles détenues par un individu. Elles s'évaluent en situation professionnelle. Il semble intéressant d'analyser le métier du pharmacien au regard de son statut hybride et des compétences requises. La problématique est la suivante : quelles sont les caractéristiques du métier de pharmacien titulaire d'officine ? En pleine phase de changement dans son exercice officinal et dans la façon de gérer son affaire, le pharmacien est en train de faire évoluer son métier. La démarche est exploratoire. Une méthodologie qualitative par étude comparative de quatre cas est retenue. Vingt quatre entretiens semi-directifs, des observations des lieux de travail et l'analyse de documents secondaires ont permis de collecter les informations. Il ressort de l'analyse de contenu que le métier de pharmacien repose sur trois éléments majeurs : piloter son entreprise, garantir une certaine mission dans le canal de distribution du médicament et détenir des compétences techniques et managériales. Ainsi, en dépit d'orientations stratégiques simples le titulaire de l'officine fait pourtant preuve d'une capacité d'adaptation aux évolutions du marché importantes avec une bonne connaissance de celui-ci. De plus, l'ambivalence de ses missions (santé et distribution) montre la difficulté à gérer deux facettes de son métier nécessitant une double compétence. Il articule alors l'utilisation de compétences techniques et managériales pour la pratique de son métier. Il semble que la combinaison de ses compétences et leurs évolutions relève des orientations stratégiques données à l'officine et des missions assumées par le dirigeant. Ces résultats ouvrent plusieurs points de discussion. Ce travail permet d'approfondir le concept de métier individuel et participe à lui accorder une place importante dans le management des organisations. En revenant sur les caractéristiques du métier de pharmacien titulaire, il participe à affirmer que son analyse ouvre des pistes pour envisager son futur. Par ailleurs, cette recherche souligne l'importance d'appréhender les compétences individuelles sous l'angle d'attributs et de processus. Ce dernier est utile pour comprendre la compétence dans son contexte. En effet, c'est l'action en situation de travail qui valide la compétence. A cet effet il est constaté que pour le pharmacien titulaire c'est bien au travers des différentes missions assumées que s'expriment ses compétences.
      The health sector is currently undergoing several changes which have important implications for patients but also for practitioners. This article proposes to examine the profession of pharmacist. This one is a major player in the drug distribution channel because it has a monopoly on drug dispensing. However, their salary mainly depends for the time being on their business activity. Thus, their originality is to have a hybrid status between health and trade. This situation is less and less comfortable for the pharmacist as this closed market has gradually opened up with the government reforms (delisting, lower margins ...), with a more aggressive competition from large retailers, with an Internet distribution for certain products and a changing consumer behavior. All these changes seem to have a significant impact on the practice of their profession. By studying the characteristics of their business through the skills they have and the missions they undertake, the aim is to highlight the nature of it and consider the challenges the incumbent has to face. The managerial challenges are more and more daunting for the pharmacist if they expect to master the increasing uncertainty of the environment. This research is based on the concept of business and on the concept of individual competence to deal with the changes in the profession. Indeed, the concept of trade refers to a set of knowledge, expertise and inter-personal skills connected with the individual competences held by a person. These are evaluated in a professional situation. It seems interesting to analyze the pharmacist's profession in terms of their hybrid status and the required skills. The problem is: what are the characteristics of the profession of a pharmacist who holds a pharmacy? Right in a period of change in their officinal practice and in the way they manage their business, the pharmacist is contributing to the evolution of their profession. The approach is exploratory. A qualitative methodology through the comparative study of four cases is retained. Twenty-four semi-structured interviews, observations of workplaces and an analysis of secondary documents have allowed the collection of the information. It is clear from the content analysis of that the profession of pharmacist is based on three major components: managing your business, ensuring a certain mission in the drug distribution channel and holding technical and managerial competences. Thus, in spite of simple strategic orientations the owner of the dispensary yet demonstrates a large ability to adapt to market changes with a good knowledge of it. In addition, the ambivalence of their missions (health and distribution) shows how difficult it is to manage two aspects of their profession requiring a double competence. They then link the use of both technical and managerial skills for the practice of their profession. It seems that the combination of those competences and their development is of strategic guidance to the pharmacy and the missions undertaken by the manager. These results open up several points of discussion. This work allows further insights into the concept of individual business and helps give it an important place in the management of organizations. Going back over the characteristics of the profession of an incumbent pharmacist we can see that they participate in saying that their analysis opens up onto new pathways to consider its future. Moreover, this research highlights the importance of understanding individual competences in terms of attributes and process. This one is useful to understand the competence in context. Indeed, it is the action in a work situation that validates competence. For this purpose, it is found that for the incumbent pharmacist their competences do express themselves through the various missions undertaken.
    • La RSE comme source d'innovation dans les entreprises de service public en réseau - Corinne Delpuech p. 105-123 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      En considérant la Responsabilité sociétale de l'Entreprise (RSE) ou le Développement Durable (DD) comme un paradigme novateur et réformateur, du moins potentiellement, nous avons cherché à comprendre au travers de cette recherche si ces concepts étaient sources d'innovation dans les entreprises de service public (SP) en réseau. Notre cadre théorique centré sur les théories de l'innovation et la théorie de l'acteur réseau d'Akrich, Callon et Latour nous conduit à poser la question de recherche suivante : le concept de RSE-DD dans les entreprises de mission de service public en réseau est-il porteur d'innovations, incrémentales, perturbatrices ou de rupture sachant que le succès des innovations dépend du réseau d'acteurs humains et non humains qu'elles mobilisent ? Pour conduire cette recherche, nous avons fait le choix d'une méthodologie qualitative en étudiant deux cas : La Poste et GDF SUEZ, en suivant les préconisations de Yin (1994). Ces entreprises ont en commun l'ouverture récente de leurs marchés et le fait d'exercer encore une partie de leurs activités conformément à un contrat de SP conclu avec l'État.A partir d'une étude documentaire et de 60 entretiens, nous montrons dans cet article que les concepts de RSE et de Développement Durable sont sources d'innovations environnementales et sociétales, en prolongeant ou étendant les notions d'intérêt général héritées du Service Public (SP). L'intégration du questionnement sociétal et environnemental conduit La Poste et Gaz de France à développer de nouveaux produits et à identifier de nouveaux clients. Nos travaux prouvent que le concept de RSE-DD est source d'innovation dans ce type d'entreprises, incrémentales en majorité, mais aussi perturbatrices, et parfois de rupture (économie circulaire, économie de la fonctionnalité, social business, prestations de proximité hors du cœur de métier). Nous mettons en lumière le fait que ces innovations émergent lorsqu'elles s'appuient sur un réseau d'alliés, parmi lesquels l'État tient une place majeure. Nous soutenons l'idée d'une appropriation plus substantielle de la RSE-DD dans ces entreprises de mission de Service Public pour deux raisons principales :la présence étatique qui arbitre les intérêts sociétaux d'une part, l'État demeurant au travers des contrats de service public un acteur majeur du réseau socio-technique soutenant les innovations,les représentations cognitives et culturelles des acteurs centrées sur des valeurs rattachées au concept de SP, qui cimentent l'identité de ces entreprises, ce qui renforce l'institutionnalisation de la RSE et du DD d'autre part.Nous avons eu conscience tout au long de nos travaux que nous n'aurions pu mener ce type d'investigation il y a quelques années car le processus d'apprentissage organisationnel de la RSEDD est trop récent dans ces entreprises (2003 pour le siège et 2008 pour le déploiement en région par le biais de délégués régionaux et de correspondants locaux). Il s'agit là de la principale limite de nos travaux de recherche. Nous pensons qu'une analyse longitudinale du processus d'institutionnalisation devrait être poursuivie à l'avenir pour comprendre comment ces grands groupes s'approprient en termes d'innovation les thématiques de la RSE-DD avec le temps.
      By considering Corporate Social Responsibility (CSR) and Sustainable Development (SD) like a new and, at least potentially, reforming paradigm, we have tried to understand through this research whether these concepts were sources of innovation for network companies with a public service mission.Our theoretical framework based on innovation theories and Akrich, Callon and Latour's Network Theory bring us to the following question: Is the CSR-SD concept a source of incremental, disturbing and disrupting innovations for network companies with a public service mission, knowing that the success of these innovations depends on the network of players and stakeholders they are mobilizing.To drive this research, we have chosen a qualitative method considering two cases: La Poste and GDF-SUEZ by following Yin's recommendations. These companies have in common the recent opening of their markets and the fact that they have a part of their activities in a public service contract concluded in the framework of the French government.After a documentary study and 60 interviews, we are showing in this article that CSR and SD concepts are sources of environmental and societal innovations by spreading and enlarging general interest notions inherited from “Public Service”. The integration of environmental and societal questions have led La Poste and Gaz de France to develop new products and to identify new clients. Our work is showing that CSR-SD concept is a source of innovations in this type of companies, especially incremental even some can be perturbing or disrupting (circular economy, functionality economy, social business, non core-business proximity services). We are highlighting the fact that these innovations appear when raised from a network of actors in which the State plays a significant role. We are defending the idea of a more substantial appropriation of CSR and SD in these network companies with a public service mission for two principal reasons:On the one hand, the State arbitrating societal interest and remaining, thanks to public service contracts, a major player of (actor from) the socio-technical network which is helping innovations;On the other hand, the cognitive and cultural backgrounds of the players, developed within the social framework of the public service, cementing the identity of these companies and strengthening the institutionalization of corporate social responsibility and sustainable development.We are aware, all along our research, that it would have been impossible to conduct this type of research a few years ago because of the too recent process of organizational learning of CSR-SD in these companies (2003 for the board of directors and 2008 for the regional deployment of delegates and local correspondents). This is the main limit of our research. We think that a longitudinal analysis of the institutionalization process should be followed in the future in order to understand how these large companies are appropriating the CSR and SD innovation with time.
    • Exploiter une enquête de satisfaction pour identifier les principaux facteurs de fidélisation des personnels : Le cas du centre hospitalier de Versailles - Christophe Baret, Florence Dumas, Chantal Mairesse, Sophie Randon p. 124-134 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      La fidélisation des personnels, et notamment des soignants, est une préoccupation majeure des hôpitaux publics. Il est donc essentiel pour une direction des ressources humaines d'identifier les pratiques qui favorisent la fidélisation. Nous réalisons une revue de la littérature académique internationale pour identifier les nombreuses pratiques qui ont un effet positif sur la fidélisation. Mais vu le nombre de pratiques mentionnées, nous montrons que des études complémentaires au niveau de l'établissement doivent être réalisées afin d'y définir les priorités du projet social. En pratiquant une analyse en composante principale suivie d'analyses de régression linéaire hiérarchique sur les données des enquêtes de satisfaction 2005 et 2010 du Centre hospitalier de Versailles, nous mettons en évidence que l'évolution professionnelle, l'alignement des compétences, les conditions de travail et les relations hiérarchiques sont les principaux prédicteurs de la loyauté des personnels dans cet établissement. Compte tenu de ces résultats, nous recommandons aux établissements de mettre en place une gestion des compétences pour que l'offre de formation et de mobilité suivent les transformations des métiers. Une formation de l'encadrement, notamment des services techniques, au management est aussi souhaitable pour améliorer les relations hiérarchiques.
      Personnel retention is a major concern for French public hospitals. Human resources managers must identify the HR practices which have a positive impact on retention. The international academic literature on employee retention reveals a long list of such practices. Therefore, in order to define priorities, surveys should be completed in each hospital to identify the practices which may have the strongest impact. Some hospitals implemented periodic work satisfaction surveys, can they use them to identify these practices? We analyse the data collected through the 2005 and 2010 work satisfaction surveys achieved at the city of Versailles general hospital. An exploratory factor analysis using principal components solution with varimax rotation is previously conducted to discover the structure of the data set. Then, the results of hierarchical linear regression analysis reveal that the main predictors of employee loyalty are career developement, job-competence fit, working conditions and quality of relationships with management. Considering these results, we recommand HR managers to implement competence management practices. Training sessions and job mobility may then be adapted to job evolutions. The management skills of unit managers should also be reinforceed.