Contenu du sommaire : Variabilité et inégalités
Revue | Mathématiques et sciences humaines |
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Numéro | no 191, automne 2010 |
Titre du numéro | Variabilité et inégalités |
Texte intégral en ligne | Accessible sur l'internet |
- Introduction au numéro spécial : « Variabilité et inégalités » - p. 5
- Mesure de la dispersion et des inégalités. Quelques idées - Marc Barbut p. 7-32
- Modélisation mathématique, jeux sportifs et sciences sociales - Pierre Parlebas p. 33-50 Les jeux sportifs représentent des pratiques corporelles de portée sociale, propices à la mise en évidence des normes et des valeurs de leur aire culturelle d'adoption. La modélisation mathématique de leur contenu d'action met à découvert les universaux qui en expriment la logique interne par le truchement de graphes et de matrices. De façon contrôlable et souvent très éloquente, sont ainsi soulignées les représentations culturelles dont les jeux sportifs sont en partie le reflet.L'opposition que Claude Lévi-Strauss propose entre rite et jeu sportif est ici récusée, au profit d'une autre opposition entre jeu et sport. Le jeu sportif traditionnel n'est pas systématiquement assimilable à un « jeu à somme nulle » (comme c'est le cas du sport) ; il peut revêtir des logiques internes très diverses, « à somme non nulle », illustrées notamment par les jeux à compétition partageante (et non excluante) et par les jeux paradoxaux.Outdoor games embody physical activities with a social impact, capable of highlighting the norms and values of their cultural sphere of influence. A mathematical model of their content reveals universal values, whose internal logic can be expressed through graphs and matrices. Thus, in a measurable and often striking way, a cultural outlook, of which outdoor games are in part a reflection, is highlighted. The contrast between rituals and outdoor games as suggested by Claude Lévi-Strauss is challenged here, in favour of a different contrast between games and sports. Traditional games cannot be consistently put in the same category as “zero sum games”, as in the case of sport; they may assume very different sorts of “non-zero sum” internal logic, in particular epitomised by competitive (and not exclusive) games, and through paradoxical games.
- Dynamique des entités géographiques et lois d'échelle dans les systèmes complexes : la question de l'ergodicité - Denise Pumain p. 51-63 Les lois invariantes d'échelle mesurées sur des entités géographiques révèlent la forme des processus dynamiques qui engendrent les inégalités de dimension. Deux interprétations de leur application aux systèmes de villes sont ici discutées. Selon des physiciens, la valeur de l'exposant des lois de puissance différencierait les activités urbaines susceptibles de réaliser des économies d'échelle, avec des exposants inférieurs à un, de celles qui sont simplement proportionnelles à la population parce qu'elles satisfont des besoins universels, tandis que d'autres, plus que proportionnelles, seraient porteuses de croissances de plus en plus rapides et de menaces de crises. Cette interprétation de lois transversales dans les termes de la trajectoire longitudinale d'une seule ville, suppose que le système de villes soit ergodique. Cette condition n'est pas vérifiée selon une théorie évolutive des villes qui intègre division spatiale du travail et diffusion hiérarchique des innovations.Scaling laws when measured on geographical entities reveal which types of dynamical processes are generating their mass inequalities. Two interpretations of an experiment with systems of cities are discussed. According to physicists, the exponent value of adjusted power laws would differentiate among urban activities, those performing scale economies, with exponent below one, those satisfying common human needs that are simply proportional to city size, whereas those with exponent greater than one produce hyperexponential growth. Interpreting scaling laws measured on subsystems of different sizes at a given period in terms of the trajectory of a single city over time supposes that the system is ergodic. This hypothesis is contradicted by an evolutionary theory of urban systems and empirical evidence as well.
- Quelques aspects de la statistique en sociologie, 1950-2010 - Louis-André Vallet p. 65-80 L'article argumente que, dans la sociologie empirique contemporaine qui se fonde sur des enquêtes quantitatives à large échelle, l'analyse de la variabilité et de l'inégalité est à la fois conduite et révélée dans le cadre de l'usage d'un modèle statistique. Cet argument est illustré par la présentation de trois exemples importants issus de la littérature empirique sur la stratification sociale : l'usage de l'analyse en pistes causales pour le développement du modèle de l'acquisition du statut dans la sociologie américaine des années 1960 et 1970 ; l'usage du modèle multi-niveau pour l'analyse des effets contextuels ou de voisinage sur le devenir des individus dans la recherche en sciences sociales des années 1990 ; l'usage des modèles log-linéaire et log-multiplicatif d'un tableau de contingence pour mettre au jour et analyser les tendances temporelles de l'inégalité des chances sociales devant l'enseignement au sein d'une société.The paper argues that, within contemporaneous empirical sociology based on large-scale quantitative surveys, the analysis of variability and inequality is both embedded and revealed in the framework of a statistical model. This argument is illustrated with the presentation of three important examples in the empirical literature on social stratification: the use of path analysis for the development of the status attainment model in the 1960s and 1970s American sociology; the use of the multilevel model for the analysis of contextual and neighborhood effects on individual outcomes in the 1990s social science research; the use of the log-linear and log-multiplicative models for contingency tables to discover and analyze historical trends in inequality of educational opportunity within a country.
Analyse bibliographique