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Revue | Sciences Sociales et Santé |
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Numéro | vol.30, no 4, décembre 2012 |
Texte intégral en ligne | Accessible sur l'internet |
- L'infertilité dans les couples hétérosexuels : genre et « gestion » de l'échec - Virginie Rozée, Magali Mazuy p. 5-30 Dans cet article, nous nous intéressons à la « gestion » et au « traitement » d'une infertilité au sein de couples hétérosexuels, dans la société française ; couples qui, avant de rencontrer ces difficultés à concevoir, réunissaient les conditions sociales d'une entrée en parentalité « dans les normes ». Mais l'échec du projet de grossesse place ces couples en dehors des normes dominantes de la procréation, d'entrée en parentalité et de genre. L'analyse de la gestion intime, sociale et médicale des premières années d'infertilité fait apparaître une tendance pour les femmes à multiplier les actions, pour accélérer la concrétisation du projet de grossesse et, ainsi, tenter de se conformer aux normes sociales ; pour les hommes, l'expérience de l'infertilité et, en particulier, de l'infertilité masculine, est moins dicible et plus taboue.Infertility among heterosexual couples: gender and “management” of failure
In this paper, we focus on “management” and “treatment” of infertility among infertile heterosexual couples in French society. Before having such fertility problems, these couples met the social requirements for becoming parents. But the failure of the pregnancy project puts them outside the dominant gendered norms of procreation, that is entry into parenthood. This analysis of intimate, social and medical management during the first years of infertility shows that women tend to develop actions to get pregnant rapidly, and so to conform to social norms. For men, the experience of infertility, especially of male infertility, remains less expressive and more taboo. - L'assistance médicale à la procréation, une technique médico-biologique inscrite dans le champ social : Commentaire - Jacqueline Mandelbaum p. 31-38
- Les échographistes face au dépistage prénatal de la trisomie 21. Le difficile arbitrage entre excellence professionnelle et éthique du consentement - Bénédicte Champenois-Rousseau, Carine Vassy p. 39-63 Le suivi médical des femmes enceintes, en France, comporte aujourd'hui un dépistage de la trisomie 21 fœtale, qui peut déboucher sur une interruption médicale de grossesse. L'une des principales techniques utilisées est l'échographie. Des autorités publiques ont fait des recommandations aux professionnels pour qu'ils demandent à la femme si elle consent au test avant de le réaliser, mais des critiques disent que le dépistage est devenu de fait quasi obligatoire. Notre recherche sociologique dans un cabinet de la région parisienne permet d'étudier le travail d'information effectué par les échographistes et de montrer que ceux-ci se satisfont souvent d'un consentement implicite de la femme enceinte.Ultrasonographers confronted with prenatal screening of Down's syndrome. A difficult arbitration between professional excellence and ethics of consent. Pregnant women in France are routinely offered Down's syndrome screening tests. These tests and further testing to confirm the diagnostic may lead to the decision to terminate the pregnancy. Fetal ultrasound is one of the most frequently used techniques to screen pregnancies. Public authorities have set guidelines for practitioners to ask pregnant women if they consent to Down's syndrome screening before having the test. However, some critics argue that pregnant women have actually no choice anymore but to undergo the test. We have conducted a sociological fieldwork in an ultrasound scanning clinic in Paris area and analyzed what sonographers say to pregnant women. Getting implicit consent from pregnant women is good enough for most sonographers.
- Entre obligation et consentement : l'eugénisme de personne ? : Commentaire - Stéphanie Dupouy p. 65-74
- La relation chirurgien-patient : « J'ai pas fait parleuse » - Emmanuelle Zolesio p. 75-98 La socialisation professionnelle des chirurgiens est génératrice de pratiques et structure un rapport spécifique au patient. Il apparaît que les chirurgiens sont peu attirés par la relation avec le patient, qu'ils ont une faible appétence pour cet aspect de leur pratique, quand bien même ils mettent parfois en œuvre de réelles compétences dans ce domaine. Cet article souligne l'écart entre les rhétoriques professionnelles et les pratiques réelles des praticiens. Loin de suspecter de mensonge les enquêtés lorsqu'ils disent « aimer la relation avec le patient », il faut essayer plutôt d'identifier le type de relation avec le patient qui est appréciée et décrite. Il s'avère que c'est bien souvent la relation « lisse » avec le patient qu'ils apprécient, celle dans laquelle les « choses avancent », où il n'y a ni heurts ni ajustement à opérer de la part du chirurgien.The surgeon-patient relation. “I don't like chit-chat”This paper analyses how the professional socialization of the surgical profession generates practices and strongly structures a specific relationship with patients. Surgeons tend not to be attracted by the relational aspect of their practice, and express not particularly liking their encounters with patients, even when they sometimes have real competences in that field. The paper also underlines the gap between surgeons' professional rhetoric and their actual practices. Far from suspecting surgeons of lying when they say they “love the relationship with patients”, one needs to qualify the kind of relation they actually like and describe. They like a “smooth” relation, one where “things make good progress”, where there are no clashes, or adjustment needed on behalf of the surgeon.
- Chirurgie : une mise à distance nécessaire des émotions ? : Commentaire - Pascale Molinier p. 99-104