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Revue | Sciences Sociales et Santé |
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Numéro | vol. 32, no 4, décembre 2014 |
Texte intégral en ligne | Accessible sur l'internet |
- Faire une loi, pour faire la loi. La loi de Santé publique d'août 2004 - Henri Bergeron, Constance Nathanson p. 5-32 Le Parlement français a adopté une loi en août 2004, considérée par ses promoteurs comme la première loi de santé publique depuis celle de 1902. À partir du cadre théorique défini par Abbott, l'analyse qui suit se fonde principalement sur l'étude d'archives et d'interviews réalisées avec ceux qui ont participé à son élaboration. Elle montre que les raisons au principe de la formation de la loi sont multiples : la loi signe la compétition entre des élites administratives et des experts de la santé publique et de l'épidémiologie sur ce que signifie une politique de santé publique ; elle vise également à responsabiliser les individus, les enjoignant d'adopter des comportements bénéfiques à leur santé ; elle est, enfin, l'instrument par lequel un nouveau ministre de la Santé entend se distinguer d'initiatives ministérielles précédentes. Finalement, les processus sociopolitiques de conception de cette loi, par un réseau élitaire resserré, dessinent une morphologie typique des processus d'inscription sur l'agenda des questions de santé publique en France. Nous discutons en conclusion la question des modes de légitimation de l'action publique contemporaine.Writing the law to lay down the law : the public health law of August, 2004The French parliament in August 2004 passed a law “concerning public health policies,” labeled by its authors as the “first” public health law since 1904. Grounded in the sociology of Abbott, our analysis based on documentary sources and interviews both with participants in the law's construction and with knowledgeable observers, show that the motives for this law were complex. It was a marker laid down by a new health minister in a competition between professional epidemiologists and administrative elites about what “public health” should be and do. It was intended to mobilize the French population to more actively engage in preventive health behaviors, thereby (by implication) reducing the costs of medical care. It was an opportunity for a new health minister to put his name on a law, on a par with the loi Veil and the loi Evin. We conclude by commenting, first, on what has become a characteristic pattern in France of public health laws created “top-down” by tiny elite networks, and, second, on the question of how public action is legitimated in a neoliberal environment.
- Par-delà la loi, renouveler les pratiques de la santé publique : Commentaire - Denis Roy p. 33-41
- Un test rudimentaire mais pratique. Enquête sur le succès du Mini-Mental State Examination - Baptiste Brossard p. 43-70 Le Mini-Mental State Examination (MMSE) est, à l'échelle internationale, le test neuropsychologique le plus utilisé dans le processus diagnostique des démences liées à l'âge ainsi que dans les recherches médicales traitant de ces thématiques. Cet article propose de comprendre ce succès en revenant sur l'histoire de ce test et sur son appropriation, notamment, par les chercheurs en médecine, les gériatres et les autorités de santé. Il aboutit à la conclusion que, si le MMSE est souvent décrit comme rudimentaire par les acteurs en question, ce test suscite une « convergence de sens pratiques », c'est-à-dire qu'il correspond particulièrement aux attentes professionnelles de ces groupes.A basic but practical test. An inquiry into the success of the Mini Mental State Examination
The Mini-Mental State Examination (MMSE) is internationally the most widely used test in medical practice to screen age-related dementia or in medical researches dealing with this topic. This paper proposes to understand this success through a historical analysis of the test and of its appropriation, especially by medical researchers, geriatricians and health authorities. It concludes that, although the MMSE is often described as a rudimentary test by involved actors, it gives rise to a “convergence of practical senses”, which is to say that it fits specifically with the professional expectations of these groups regarding age-related dementia. - Le Mini-Mental State, un incontournable de la neuropsychologie : Commentaire - Bernard Croisile p. 71-77
- Maladies chroniques, handicap et gestion des situations de travail - Anne-Marie Waser, Dominique Lhuilier, Guillaume Huyez-Levrat, Frédéric Brugeilles, Pierre Lénel p. 79-106 La prise en compte conjointe des points de vue des travailleurs, de l'encadrement et des directions d'entreprises sur la question de la gestion des situations de travail de salariés concernés par la maladie chronique ou le handicap montre des intérêts différents des dispositifs accompagnant l'obligation légale d'emploi de personnes handicapées. L'étude de deux entreprises, l'une dans le secteur du nettoyage, l'autre dans les métiers de caisse ou de logistique, montre que les bénéfices de ces dispositifs sont réels et, dans une certaine mesure, partagés car ils accompagnent une relative « paix sociale » entretenue par certaines tolérances (retards, absences imprévues, faible productivité). Ces bénéfices, ainsi qu'une gestion de ces personnels reconnue comme humaine et des conditions d'emploi perçues comme favorables (contrat à durée indéterminée, recrutement de salariés ayant une reconnaissance de leur handicap, maintien dans l'emploi) ont pour conséquence de masquer la pénibilité du travail. Ne pouvant guère prétendre à des emplois plus valorisant ou échapper à cette relation de subordination, le maintien ou l'accès à l'emploi de ces personnels cumulant des handicaps se font au risque des conséquences sur la santé d'un travail pénible, usant où finalement peu d'actions sont engagées pour l'amélioration des conditions du travail.Chronic illness, disability and managing work place adjustments
The consideration of French employees', supervisors' and company managements' views on the management of work limitations and work situation adjustments for employees with chronic illness or disability shows that their interests differ from the proposed measures accompanying the legal obligations to employ disabled persons. The study of two companies, one in the cleaning sector and the other in the checkout or logistics sector, reveals that the benefits of these measures are “real” and to a certain extent shared as they result in a relative “social stability” maintained by certain acceptances (lateness, unplanned absences, low productivity). These benefits, together with a recognized human approach to personnel management and favourable employment conditions (fixedterm contracts, official recognition of a person's status as a worker with disability, job retention) have in fact camouflaged arduous working conditions. Hardly in a position to lay claim to higher-status jobs or to escape from this relationship of subordination, access to or retention in arduous, fatiguing employment poses serious health risks for employees with work limitations and disabilities, and few measures are in reality undertaken to improve working conditions. - Le droit des salariés malades : entre maintien dans l'entreprise, inaptitude et éviction (ou mise à l'écart) : Commentaire - Nathalie Ferré p. 107-112