Contenu du sommaire : Les relations interorganisationnelles déséquilibrées

La complexité des situations stratégiques est reconnue par tous les décideurs. Elle appelle donc logiquement une pensée, des concepts et des outils aptes à embrasser cette complexité, dotés d'une granularité adéquate. Mais le courant dominant préfère continuer à établir des micro-relations de causalité simples – si A alors B –, souvent pointillistes et extraites des contextes. Ce faisant le corpus se détourne de sa raison d'être : produire des savoirs d'action, des heuristiques dotées d'une granularité adéquate, à même d'aider les décideurs à rendre intelligibles leurs situations stratégiques, au profit d'un scientisme de plus en plus éloigné des questions du moment. Pourtant la longue et robuste tradition de l'épistémologie pragmatiste, en Occident comme en Orient, offre un paradigme alternatif beaucoup plus en accord avec la raison d'être et les spécificités de la stratégie.

Cette recherche s'intéresse à l'intégration d'enjeux sociaux et environnementaux dans les entreprises. Les auteurs mobilisent les développements récents du courant strategy-as-practice et envisagent plus spécifiquement la contribution des cadres intermédiaires. Les résultats de leurs recherches empiriques menées dans le cadre d'une entreprise de travail temporaire détaillent les principales pratiques développées par les cadres intermédiaires afin de mettre en œuvre une démarche de responsabilité sociale. Ils formulent également des propositions sur les compétences cognitives, discursives et politiques que doivent développer les cadres intermédiaires pour contribuer à la fabrique de la responsabilité sociale de leurs entreprises. La mise en évidence de ces compétences et la mobilisation du courant strategy-as-practice ouvrent de nouvelles pistes de recherche en matière de responsabilité sociale des entreprises.

Cet article à pour objectif de savoir si la personnalisation de la gestion de la formation impacte positivement la légitimité des RH en comparant les pratiques de formation de deux établissements, leur stratégie de personnalisation et le regard porté par les acteurs internes sur ces pratiques. Les résultats de cette étude montrent que la légitimité est en lien très étroit avec la culture interne mais son mécanisme semble répondre à un double jugement selon deux systèmes de référence distincts. De là, les auteurs proposent dans quel contexte adopter une stratégie de personnalisation plutôt qu'une autre.

L'évolution de l'environnement concurrentiel, le développement croissant des technologies de l'information et de la communication, les perturbations majeures dues aux crises économiques et financières successives ont eu notamment pour conséquence de modifier la nature des relations interorganisationnelles (RIO). On observe ainsi depuis quelques années une multiplication des logiques d'affrontement tout autant qu'un accroissement des logiques de coopération. En effet, si jusqu'au début des années 1980, le paradigme concurrentiel a dominé le champ de la stratégie, l'interdépendance ne cesse de croître et la nature des RIO évolue pour se faire plus dense et variée. Des approches plus collectives de la stratégie se développent à la suite des travaux d'Astley et Fombrun (1983) et se diversifient autour de relations de coopétition (Nalebuff et Brandenburger, 1996).

Cet article porte sur les relations interorganisationnelles des firmes multinationales. Les auteurs s'attachent à identifier les relations déséquilibrées qui peuvent s'opérer au sein de systèmes de production sans frontières. L'étude empirique a été réalisée auprès de l'entreprise Renault Trucks (groupe Volvo) et ses partenaires internationaux. L'analyse proposée met en relief les enjeux liés aux relations interorganisationnelles verticales. Elle montre comment ces relations peuvent être pilotées et coordonnées dans le cadre de l'usine mondiale.

S'appuyant sur la théorie de la dépendance des ressources, cet article analyse les asymétries d'interdépendance au sein des relations dyadiques verticales. L'objectif est d'identifier les stratégies permettant aux PME de gérer les asymétries de pouvoir et de dépendance. Les résultats, basés sur l'analyse qualitative de quatre relations d'interdépendance symbiotique entre studio et éditeur de jeu vidéo, montrent que les asymétries peuvent être maîtrisées par la mise en place de stratégie de coopération horizontale ou d'intégration de ressources et compétences verticales.

Cet article a pour ambition d'étudier la performance des coentreprises internationales dans un contexte d'asymétrie structurelle, géographique et culturelle, entre des partenaires issus de pays émergents et de pays développés. Cette recherche examine la performance perçue du parent local turc depuis la création de son entité commune. Par ailleurs l'asymétrie, traditionnellement étudiée à travers le différentiel de taille entre les partenaires, est analysée en incluant les critères d'effectif, de chiffre d'affaires, de taux de croissance, de clientèle, de prise de décision et position concurrentielle pour définir la notion de l'asymétrie partenariale. Notre étude a ainsi permis une analyse plus fine des différentes dimensions de l'asymétrie partenariale et de ses effets sur la performance des co-entreprises internationales.

Notre questionnement porte sur les principes fondateurs et l'adaptation du coopérativisme basque. Nous prenons pour référence le cadre théorique de Robert Simons. Les relations de pouvoir et les marges de manœuvre du système coopératif dans les filiales en Amérique latine se trouvent éloignées des valeurs fondatrices du groupe industriel basque. Cette logique ultra-libérale s'avère plus proche d'un usage diagnostique que du coopérativisme selon un mode interactif. Le cas de Mondragon Corporation est analysé selon une logique monographique qualitative longitudinale.

L'objet de cet article est d'étudier des situations de perturbation majeures occasionnant un déséquilibre au sein des relations client-fournisseurs d'interdépendance forte, réputées stables. L'article s'intéresse plus particulièrement aux origines de ces perturbations. Trois perturbations critiques entre client et fournisseurs stratégiques de l'industrie aéronautique sont analysées. Elles mettent en évidence le rôle des parties prenantes dans l'apparition des perturbations, le renforcement de la relation client-fournisseur dans le nouvel équilibre postérieur à la perturbation et le rôle politique du supplier relationship manager.